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-======  Le Monde – Les parents consommateurs à l’école : « L’établissement nous plaît de l’extérieur, nous aimerions visiter pour savoir si on mettra notre enfant ici »  ====== https://www.lemonde.fr/intimites/article/2024/09/08/les-parents-consommateurs-a-l-ecole-l-etablissement-nous-plait-de-l-exterieur-nous-aimerions-visiter-pour-savoir-si-on-mettra-notre-enfant-ici_6306989_6190330.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-https://www.lemonde.fr/intimites/article/2024/09/08/les-parents-consommateurs-a-l-ecole-l-etablissement-nous-plait-de-l-exterieur-nous-aimerions-visiter-pour-savoir-si-on-mettra-notre-enfant-ici_6306989_6190330.html 
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-OLIVIER BONHOMME 
-Les parents consommateurs à l’école : « L’établissement nous plaît de l’extérieur, nous aimerions visiter pour savoir si on mettra notre enfant ici » 
-Par Violaine Morin 
-Par Violaine Morin 
-Par Violaine Morin 
-Aujourd’hui à 04h30, modifié à 06h05 
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-ENQUÊTE Ils se comportent à l’école comme des clients rois, exigent et contestent à tout-va. Ils agacent prodigieusement les enseignants – qui tiennent à les distinguer d’autres familles, celles qui alertent sur les carences au nom d’un service public de qualité. 
-Lecture 8 min 
-Régulièrement, dans son école maternelle de l’est de Paris, Astrid (le prénom a été modifié) voit se présenter un type de famille bien particulier. Des parents, en général « plutôt aisés », viennent lui faire des compliments. Ils disent : « Je me suis renseigné, vous êtes la meilleure école de Paris. » Ou encore : « L’école nous plaît de l’extérieur, nous aimerions visiter pour savoir si on mettra notre enfant ici. » Avec une quarantaine d’années de carrière au compteur, dont vingt comme directrice d’école, Astrid n’est pas du genre à se laisser impressionner par ces parents qui jaugent leur établissement de secteur « comme on visiterait un appartement ». Au contraire, cette méprise sur la nature du service public d’éducation la fait plutôt rire. « Les gens n’ont toujours pas compris qu’on ne choisit pas son école, s’amuse-t-elle. Je leur réponds que ça ne marche pas comme ça, et que ce n’est pas parce qu’ils me flattent que leur enfant sera inscrit. » 
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-Astrid les appelle les « consommateurs d’école ». D’autres parlent de « parents clients ». Aux 3 ans de leur enfant, ils entrent à l’éducation nationale comme dans un magasin, exigent le planning des sorties scolaires, critiquent la qualité des ateliers proposés, et parfois même les méthodes. Puis, l’âge avançant, ils contestent les notes, les sanctions, les suggestions d’orientation. 
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-Selon de nombreux enseignants interrogés, le phénomène est en progression, même si ces parents clients ont toujours existé. La crise liée au Covid-19, qui a contraint les familles à mettre plus le nez dans les apprentissages pendant les confinements, et donc dans les méthodes des enseignants, n’y est peut-être pas pour rien. Elle a, en tout cas, poussé jusqu’au point de non-retour la communication sous forme numérique avec les familles. Les messages sur les plates-formes, vite tapés et vite envoyés – y compris sous le coup de l’émotion, y compris la nuit –, ont nettement accentué le sentiment des professeurs d’être sous la pression constante de parents contestataires. 
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-Dans son rapport annuel diffusé le 17 juillet, la médiatrice de l’éducation nationale, Catherine Becchetti-Bizot, notait l’explosion des saisines pour des différends entre parents et enseignants. Les conflits entre familles et établissements constituant désormais 40 % du volume annuel des saisines (soit le double d’il y a cinq ans), elle s’alarmait de l’apparition d’une « culture du rapport de force, aux antipodes de l’alliance éducative nécessaire pour assurer l’accompagnement et la qualité du parcours des élèves ». Plutôt qu’une crise de l’autorité, la médiatrice préférait parler d’une « crise de confiance ». « Les familles se méfient des personnels de l’éducation », insistait-elle. 
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-« Planning sur mesure » 
-En arrière-plan de ce phénomène se lisent donc des transformations plus profondes : l’érosion, désormais incontestable, du statut de l’enseignant, mais aussi le stress accru des familles au sujet de la réussite de leurs enfants. Le tout sur fond d’une dégradation du service public de l’éducation désormais visible un peu partout, en particulier sur la question des absences non remplacées. C’est ce qui fait dire aux enseignants que, s’ils honnissent les parents clients, ils sont aussi reconnaissants envers ces autres parents mobilisés contre les carences du système scolaire, qui savent frapper aux bonnes portes (rectorats, élus locaux et parfois la presse) pour réclamer ce qui leur est dû : une école de bonne qualité. 
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-Selon les âges des enfants, les parents clients n’exigent pas les mêmes choses. Mais, dès la maternelle, « ils sont repérés à la réunion de prérentrée, en juin », s’amuse Salomé (le prénom a été modifié), qui enseigne dans une classe de moyenne section du nord-est de la capitale. Ces parents « bien informés », très au fait du fonctionnement du système scolaire, commencent déjà à faire des réclamations. « Il y a l’enjeu de la sieste, par exemple, qui est obligatoire en petite section, poursuit Salomé. Certains parents considèrent que, comme leurs enfants sont du début d’année et qu’ils ne dorment plus, ils doivent aller avec les moyens et les grands faire d’autres activités. Ils ne comprennent pas qu’on ne puisse pas faire un planning sur mesure. » 
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-Lire le reportage (2022) 
-Atsem : éduquer, nettoyer, câliner… Vingt-quatre heures avec les petites mains des écoles maternelles, en mal de reconnaissance 
-Cette enseignante constate également, à chaque fin d’année, que des familles cherchent à négocier qui sera leur professeur pour l’année suivante. « Il y a des effets de réputation dans les écoles, assure-t-elle. Les parents savent que telle maîtresse fait plus de projets, et ils vont parlementer pour que leur enfant soit dans sa classe. » Johanna Cornou, directrice d’une école élémentaire au Havre (Seine-Maritime) et référente direction d’école au SE-UNSA, a dû prendre le taureau par les cornes. « J’ai d’abord expliqué que les affectations dans les classes n’étaient pas négociables, puis je me suis mise à constituer les listes au dernier moment pour ne pas recevoir d’appels de négociation, détaille-t-elle. Les parents parvenaient à déduire le nom de l’enseignant à partir des listes de la cantine ! » 
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-De nombreux parents nous ont dit connaître au moins une famille « consommatrice », mais aucune n’a voulu témoigner. « Personne ne voudra assumer d’être “relou” avec la maîtresse de son gamin », prévenait une mère d’élève, qui requiert l’anonymat. De l’avis général, en revanche, les parents clients ont toujours le même profil. Plutôt « bobos », voire carrément aisés, on n’en trouve presque jamais dans les catégories populaires – lesquelles peuvent se trouver en tension avec l’école, mais pour d’autres raisons. « Les familles défavorisées sont déjà impressionnées par le fait d’avoir un rendez-vous avec l’enseignant, résume Salomé. Pour elles, réclamer plus d’informations ou, pis, un passe-droit, c’est inimaginable. » Johanna Cornou confirme : « Les parents qui ont un niveau d’éducation moins important ne viennent jamais contester la pédagogie. Ils peuvent être mécontents, mais cela proviendra plutôt d’un sentiment d’injustice que d’une critique de fond sur les méthodes du professeur. » 
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-« Climat d’anxiété et de stress » 
-Les années avançant, la pression sur les contenus d’enseignement, et surtout sur les notes, prend le dessus. Dès le collège, les équipes pédagogiques y sont confrontées. « J’ai eu des parents qui ont envoyé un courrier au rectorat pour se plaindre de ce qu’avait dit un enseignant, sans même m’en informer », témoigne Audrey Chanonat, principale dans un collège plutôt huppé de Cognac (Charente) et responsable du collège au SNPDEN-UNSA, qui confirme qu’elle ne rencontrait pas ce problème dans les établissements plus défavorisés où elle a travaillé auparavant. « Ce sont des parents très présents, que l’on n’a pas à aller chercher pour les réunions, et c’est plutôt une bonne chose, nuance-t-elle. En revanche, ils considèrent qu’ils peuvent venir chez vous et vous apprendre les lois. Ils savent interpréter, ils savent écrire, et n’hésitent pas à prendre la plume. » 
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-Les enseignants de lycée sont évidemment les plus concernés par les contestations de notes. Lors de la réforme du baccalauréat, mise en place à partir de la rentrée 2019, les syndicats avaient alerté sur le risque d’une plus forte pression sur la notation du fait que chaque note compte pour l’obtention du diplôme, désormais évalué à hauteur de 40 % en contrôle continu. L’effet de cette réforme, conjuguée à Parcoursup, où l’admission dans le supérieur repose sur le dossier de l’élève, n’a pas tardé à se faire sentir. « Il y a désormais un climat d’anxiété et de stress, confirme Valérie Piau, avocate spécialisée dans le droit de l’éducation. Je vois arriver des contestations de note, parce que la note a une incidence sur la moyenne et que la moyenne est dans Parcoursup. Avant, les parents ne seraient pas allés voir un avocat pour une note… Parcoursup a créé ce type de contentieux. » 
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-La médiatrice de l’éducation nationale insistait, elle aussi, mi-juillet, sur les réclamations des familles dans ce domaine, qui sont en hausse constante auprès des médiateurs depuis cinq ans (+ 150 %). Que les notes soient le premier point de friction avec les professeurs traduit le fait que, si les parents clients sont agaçants, ils sont peut-être aussi – et avant tout – très angoissés. Et sans doute avec raison, dans un système toujours structuré par l’élitisme scolaire – où peu d’élèves auront accès aux formations les plus cotées et où le poids du diplôme continue d’affecter fortement les trajectoires professionnelles et les niveaux de rémunération. 
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-Erosion du statut des enseignants 
-Savoir pourquoi les parents clients se multiplient « mériterait trois heures de table ronde », s’amuse Grégoire Ensel, le vice-président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Il tente néanmoins une analyse : « Dans l’océan d’incertitudes dans lequel on vit, plus personne ne maîtrise grand-chose, rappelle-t-il. Dans ce contexte, il y a un aspect qu’on essaie de ne pas louper : l’éducation et la trajectoire scolaire de son enfant. Les parents s’accrochent à ce qu’ils peuvent maîtriser et mettent la pression sur l’école. » 
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-Autre hypothèse : si les parents dits « consommateurs » sont éduqués, leur nombre augmente mécaniquement, puisque le niveau général d’instruction a progressé rapidement au sein de la société française. Ainsi, en 2019, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, 27,5 % des 34-44 ans étaient diplômés du « supérieur long » (au minimum bac + 2), contre seulement 13 % des Français âgés de 55 à 64 ans. Les parents d’aujourd’hui ont donc beaucoup plus de chances d’avoir le même niveau d’études que les enseignants (bac + 5) que dans les générations précédentes. Un facteur régulièrement avancé – parmi d’autres – par les observateurs du système éducatif pour expliquer l’érosion du statut des enseignants. « Il est évident que notre statut a changé, remarque Audrey Chanonat, non sans amertume. Il y a encore quelques années, certains parents n’auraient jamais osé me parler sur le ton qu’ils emploient aujourd’hui. » 
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-Lire aussi 
-Enseignement : les concours ne font pas le plein, la crise du recrutement se poursuit 
-A une meilleure compréhension du système par des parents plus diplômés s’ajoute une plus grande transparence de l’éducation nationale elle-même – et une progression, au moins théorique, du « cas par cas ». Ce qui est, sur le principe, une bonne chose. « Autrefois, les programmes, c’était une feuille de papier. Les familles ne pouvaient pas se renseigner sur [le site] Eduscol pour connaître le déroulement de l’année, relève Johanna Cornou. En formation, on insiste également sur le dialogue avec les parents, sur leur droit à être informés. Par ailleurs, ils savent que l’école accueille des enfants en situation de handicap, pour lesquels on est censés faire du sur-mesure. Ils peuvent se demander pourquoi on ne fait pas la même chose pour leur enfant. » 
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-La FCPE, par le biais de son vice-président, regrette par ailleurs « l’affaiblissement progressif des corps intermédiaires », dont les associations de parents d’élèves. « Les parents élus permettent aussi de faire le lien entre les familles et les enseignants, et donc d’apaiser d’éventuelles tensions, développe Grégoire Ensel. Nous savons comment l’école fonctionne et les équipes pédagogiques nous ouvrent toujours la porte. » 
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-« Débloquer des situations » 
-Le phénomène est encore redoublé par le fait que le système français est peu performant pour résorber les inégalités de départ, rappelle M. Ensel, qui prend l’exemple de l’aide à l’orientation – un domaine dans lequel les niveaux d’information d’une famille à l’autre sont très inégaux. « Les cinquante-quatre heures d’orientation prévues au lycée sont appliquées très aléatoirement, voire inexistantes, dénonce-t-il. C’est donc le principe de la débrouille familiale et locale qui prime. Cela ne justifie en rien le comportement des familles consommatrices, mais aide à comprendre le mécanisme : comme l’école faillit à sa mission d’aider les élèves à s’orienter, tout le monde essaie de maîtriser une stratégie. Une école qui ne tient pas ses promesses autorise les parcours individuels et les négociations, parce qu’elle échoue à construire un collectif. » 
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-Car, parfois, l’école faillit « pour de vrai » – quand les enseignants ne sont pas remplacés, que les AESH, les assistants d’élèves en situation de handicap, ne sont pas là ou en nombre insuffisant, qu’un contractuel peu formé prend en charge les enfants ou que les classes sont surchargées… Astrid, la directrice d’école parisienne, dit d’ailleurs voir se multiplier les départs dans l’enseignement privé – phénomène particulièrement marqué à Paris – dès le CP. « S’il y a un nouvel enseignant avec qui cela s’est mal passé ou qu’on a mis n’importe qui devant les élèves, les parents sont souvent écœurés, ce que je comprends », explique-t-elle. 
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-La différence entre le parent client et celui qui exige une qualité du service public est donc parfois ténue. Dans l’école parisienne de Salomé, des parents ont alerté le rectorat au sujet d’une enseignante qui faisait « faire du coloriage » aux enfants. « Au bout de quelques mois, ils se sont rendu compte qu’il n’y avait rien dans les classeurs, pas de contenus pédagogiques, se souvient-elle. Ils étaient dans leur bon droit d’alerter. » La frontière se situerait donc là, selon Salomé : « Il y a le parent qui exige pour son enfant, et celui qui exige pour toute la classe. » 
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-Violaine Morin 
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