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elsenews:spot-2024:09:dzmafia [15/10/2024/H13:05:27] 127.0.0.1 modification externe |
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| ====== Le Monde – La DZ Mafia, une PME de la drogue devenue un label criminel aux ambitions mafieuses ====== https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/15/la-dz-mafia-une-pme-de-la-drogue-devenue-un-label-criminel-aux-ambitions-mafieuses_6352104_3224.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default | |
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| https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/15/la-dz-mafia-une-pme-de-la-drogue-devenue-un-label-criminel-aux-ambitions-mafieuses_6352104_3224.html | |
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| SOCIÉTÉ | |
| La DZ Mafia, une PME de la drogue devenue un label criminel aux ambitions mafieuses | |
| Le gang marseillais, au pouvoir d’attraction très fort chez ses jeunes recrues, est monté en puissance ces derniers mois, en diversifiant ses activités et en devenant prestataire de services, de la gestion des points de deal jusqu’à la sous-traitance d’assassinats. | |
| Par Luc Leroux (Marseille, correspondant) et Thomas Saintourens | |
| Par Luc Leroux (Marseille, correspondant) et Thomas Saintourens | |
| Par Luc Leroux (Marseille, correspondant) et Thomas Saintourens | |
| Aujourd’hui à 05h44, modifié à 08h21 | |
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| Le lieu où a été retrouvé le corps du chauffeur de VTC, encastré dans le mur de l’école élémentaire Saint-Charles-2, à Marseille, le 4 octobre 2024. Le commanditaire du meurtre serait un détenu de la prison d’Aix-Luynes qui se revendique membre de la DZ Mafia. PENNANT FRANCK / LA PROVENCE / MAXPPP | |
| Plan fixe. Intérieur nuit. La vidéo montre une quinzaine d’hommes encagoulés, tous vêtus de noir. Ils font bloc autour de leur leader, posté derrière un autel de fortune recouvert d’un drap blanc floqué de leur label en lettres capitales : « DZ MAFIA ». Quand l’homme dressé au milieu de l’assemblée prend la parole, d’une voix caverneuse trafiquée par ordinateur, il ne s’agit pas d’invoquer une messe noire ou de proférer une quelconque menace. Le groupe se filme ici pour dénoncer une usurpation de sa « marque ». | |
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| Dans cette conférence de presse déroutante, diffusée sur les réseaux sociaux mercredi 9 octobre, le groupe criminel marseillais conteste avoir mandaté l’adolescent de 14 ans qui a tué, le 4 octobre à Marseille, un chauffeur de VTC, énième victime collatérale du narcobanditisme. Son commanditaire, détenu à la prison d’Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), avait pourtant revendiqué son appartenance à la DZ Mafia. « Nous avons assez d’hommes, de véhicules, de moyens pour agir si nous en étions obligés », affirme l’homme qui parle sur la vidéo, soucieux de restaurer l’image écornée de son organisation criminelle. | |
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| LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ | |
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| Exalté par ce décorum rappelant les revendications d’organisations clandestines, ce discours n’assoit pas la puissance d’un clan hiérarchisé installé de longue date, mais il met en lumière l’inquiétante montée en puissance éclair d’une entreprise criminelle à visée hégémonique. La première fois que la « marque » DZ Mafia, apparaît aux yeux des enquêteurs, c’était à peine un an et demi plus tôt – déjà sur une publication partagée sur les réseaux sociaux. Pas question alors de se dédouaner de l’usage de la violence. En mars 2023, ce sont les images de l’incendie du corps d’une victime tuée à la Busserine, une cité du 14e arrondissement de Marseille, qui sont accompagnées de la dénomination DZ Mafia. DZ comme Dzayir, « Algérie » en arabe. | |
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| « Une visée expansionniste » | |
| Si la DZ Mafia s’est fait connaître d’un large public avec le meurtre du chauffeur de VTC, suivi de cette conférence de presse énigmatique, les Marseillais, tout au long de 2023, en ont entendu parler presque chaque semaine, au rythme des 49 narchomicides commis cette année-là, dont plus de 80 % sont attribués à la « DZ ». Nombreux ont été perpétrés par de jeunes recrues, enrôlées par le biais du réseau social Snapchat, des mercenaires parfois issus de familles bourgeoises. A l’image d’un autre garçon recruté pour jouer le rôle de chauffeur. Trois ou quatre assassinats plus tard, il décide de quitter le gang car « ça commence à faire beaucoup de morts ». Surtout, explique-t-il en garde à vue en août 2023, il a atteint la somme qu’il s’était fixée : 20 000 euros. « Avec les sous, j’ai acheté la voiture et des habits. » | |
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| « On a réellement basculé dans un univers criminel vertigineux », déplore Franck Rastoul, procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour qui, la DZ Mafia « n’est pas la Camorra ou ’Ndrangheta, mais, si on n’arrive pas à inverser une évolution, rien ne dit que nous ne serons pas demain dans une forme de cartellisation ». Un adversaire brûlé vif, enfermé dans un coffre de véhicule, un corps décapité dans un box de garage quelques mois plus tôt avaient déjà alerté, en 2021, sur un risque de « mexicanisation » du narcobanditisme marseillais. | |
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| Avec l’interpellation d’un grand nombre de ses « soldats », ainsi appelés dans le narcotrafic, et de commanditaires d’assassinat, la police judiciaire a appris à connaître ce gang criminel. « La DZ Mafia est le début d’un système mafieux, analyse Philippe Frizon, directeur interdépartemental de la police judiciaire des Bouches-du-Rhône. Avec une visée expansionniste, elle fait des choses qui n’ont jamais été faites avant, que ce soit cette spectaculaire communication, mais aussi des actes d’intimidation sur des agents pénitentiaires, sur les familles des adversaires. » | |
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| Cet embryon mafieux est observé de près par la juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco). Les magistrats constatent qu’il n’est pas organisé sur un modèle clanique comme les mafias italiennes traditionnelles, inféodées à un système hiérarchique vertical. « Ces nouveaux groupes criminels sont structurés de façon plus horizontale, par sources d’influences et de pouvoirs multiples et non par une source unique d’autorité, souligne Eric Serfass, procureur adjoint chargé de la Junalco. Cela les rend plus instables dans leur composition, mais plus agiles dans leur action, leur recomposition et leur recrutement. » Dans un tel cas, l’omerta pourrait être moins prégnante, mais l’organigramme, mouvant, est particulièrement complexe à décrypter. | |
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| « La médiatisation les intéresse » | |
| La DZ Mafia, en tant qu’organisation composite, mélange ainsi des caractéristiques et des modus operandi propres à certains des groupes criminels étrangers dont elle s’inspire. Le recours aux tueurs inexpérimentés évoque les paranze du Naples des années 2010, où des jeunes sicaires exaltés étaient recrutés par les clans camorristes pour constituer les groupes de feu. Le choix de certains pseudonymes, mais aussi la division du travail, faisant la part belle aux « groupes de sécurité », renvoient aussi aux cartels mexicains. | |
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| Au-delà de ces références, c’est de la mer du Nord, et de certains des partenaires commerciaux du gang, que l’influence est la plus directe. « Leur modèle, c’est la Mocro Maffia », affirme un enquêteur, selon lequel des liens existeraient avec ces trafiquants passés maîtres dans l’acheminement de la cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe. « La DZ Mafia est un cartel au sens que c’est bel et bien une entente, une fédération d’associations criminelles, ce qui permet à d’autres d’obtenir de sa part, selon les cas, un appui logistique avec fourniture de main-d’œuvre, un soutien ou un simple “laisser-faire” tant qu’il n’y a pas d’opposition d’intérêts », estime un bon connaisseur de ce phénomène. | |
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| Loin de faire profil bas, les figures de la DZ Mafia ne boudent pas une forme de starisation. « La médiatisation les intéresse, explique un magistrat marseillais. Ils comprennent qu’ils vont passer de nombreuses années en prison, au moins ils ont leur heure de gloire. » Cette communication inédite se double d’une utilisation intensive des réseaux sociaux : Telegram pour diffuser les vidéos des assassinats et des enlèvements, jetés sur la Toile comme des trophées. Snapchat pour les initiés et les recrutements. | |
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| Devenu un label, voilà la « DZ » victime de son succès. Les canaux de discussions reprenant son nom, sous différentes déclinaisons, vendent aussi bien des faux documents administratifs que des drogues en tout genre. Sur les murs des points de deal, on a retrouvé des références aussi loin qu’à Rennes mais, là encore, la signature de peinture, parfois simplement « DZ », n’est pas une marque déposée, et les usurpateurs sont légion. | |
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| « Un projet criminel réfléchi » | |
| La DZ Mafia, c’est « un projet criminel d’envergure, estime M. Frizon, il a été réfléchi et défini par plusieurs personnes qui forment la coupole de l’organisation » et sont issues d’anciennes équipes marseillaises. Certains opèrent depuis leur cellule de prison, d’autres sont en liberté ou en cavale à l’étranger, en particulier aux Emirats et au Maghreb. L’ambition est l’hégémonie sur le trafic de stupéfiants à Marseille. Car c’est bien le développement commercial sur les points de vente de la métropole marseillaise qui sous-tend la montée en puissance de la « DZ ». | |
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| En 2019, à l’issue d’une « guerre » qui les a opposés aux Gitans, l’équipe dite des Blacks de la cité des Lauriers a raflé les gros points de stupéfiants, a passé des accords avec d’autres gangs, s’est déployée dans les Bouches-du-Rhône et a implanté des antennes à Nîmes ou dans le Var. Mais la police les a affaiblis, beaucoup sont incarcérés. A partir de l’été 2021, il n’y a pas un mois où un membre des Blacks n’est assassiné. Au printemps 2022, l’embryon de ce que sera la DZ Mafia a les coudées franches – « un boulevard », dit un enquêteur. | |
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| Dans cette recomposition du marché de la drogue, deux camps se dessinent. A partir de février 2023, ils vont s’affronter sans merci. Le champ de bataille principal, la cité de la Paternelle, voit s’opposer la DZ Mafia, qui tient le point de vente dit des Magasins, aux gérants du réseau de la Fontaine. Là, en bas de la Paternelle, peint sur un mur, un tag représente le maître des Jedi dans Stars Wars. L’adversaire de la « DZ » y trouve son nom, ce sera Yoda. On est loin de cette légende urbaine racontée à longueur de procès-verbaux qui voudrait que les hostilités aient débuté à Phuket, en Thaïlande, lorsque les deux jeunes chefs des clans adverses s’y croisent. Dans un séduisant effet papillon, le jet d’un glaçon à la figure de l’autre, « pour une meuf », aurait sonné le début des hostilités à Marseille. | |
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| A Marseille, la guerre entre deux réseaux de trafiquants de drogue, DZ Mafia et Yoda, est de plus en plus meurtrière | |
| En octobre 2023, Yoda rend les armes, faute de combattants. Son chef présumé, Félix Bingui, alias « le Chat », attend depuis mars dans une geôle marocaine d’être extradé. Les pactes de non-agression ou les alliances nouées par la DZ Mafia avec d’autres groupes criminels, comme les réseaux de la Castellane ou des Oliviers A, lui permettent une diversification de ses activités : l’extorsion de commerces, le racket des rappeurs et de leurs labels, l’infiltration de secteurs économiques comme celui de la sécurité. | |
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| Mais, avant tout, DZ Mafia devient prestataire de services. Les chefs présumés du gang vendent le savoir-faire, de la gestion des points de deal jusqu’à la sous-traitance d’assassinats. « En détention, ils nouent des contacts avec des narcobandits d’autres villes, d’autres régions, explique M. Frizon. Les Marseillais donnent des coups de main, monnayent les actions violentes pour permettre de récupérer ou de conserver un point de vente, à Avignon, Valence, Toulouse et perçoivent une dîme. » | |
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| « Une chimère providentielle » | |
| A la Junalco, on confirme que la revendication d’un label ou d’une allégeance n’est pas dans les habitudes des organisations de trafic de stupéfiants, et qu’il est difficile de cartographier leur implantation sur l’ensemble du territoire national. Néanmoins, les flux de produits entrants (notamment depuis les grands ports français) et les flux financiers sortants (vers des destinations de blanchiment) connectent la DZ Mafia à un environnement criminel mondialisé. | |
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| Les dernières enquêtes douanières montrent que les narcotrafiquants marseillais savent se connecter avec les fournisseurs espagnols, belges ou néerlandais, pour assurer un approvisionnement continu et multiproduit. « Ce qui fait leur force, c’est cette capacité à travailler en flux tendu, à monter sur un coup, à se saisir de la moindre opportunité, en lien avec les flux logistiques », précise un représentant de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières à Marseille. | |
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| La DZ Mafia, incubateur d’autoentrepreneurs ? Cet angle de vue est souvent adopté, au tribunal de Marseille, où l’on se familiarise avec ces nouveaux « narcos » qui « poussent comme des champignons », selon des magistrats. Il n’est pas rare sur des opérations violentes d’entendre crier, armes à la main : « On est la “DZ”, on est chez nous ! » Comme il y a quelques mois à Aix-en-Provence, où des hommes armés ont fait irruption dans un bar à chicha pour annoncer que le point de vente du quartier était tombé dans leur escarcelle. | |
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| « Le pouvoir d’attraction est très fort chez certains jeunes, prêts à faire allégeance », analyse un avocat qui défend quelques-unes de ces recrues de la DZ Mafia enrôlées pour commettre des assassinats. Selon lui, le groupe criminel « ne cible pas la précarité mais la vulnérabilité de certains jeunes séduits par une charte graphique, la construction d’un discours, l’utilisation d’un langage – on s’appelle “Le N”, “Le F”… Mais DZ Mafia est une chimère providentielle à laquelle s’arriment des gamins fragiles en quête d’identité ». La fascination perdure en prison. | |
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| « Tu ne sais pas à qui tu t’adresses, dehors je tue des gens », a récemment lancé l’un d’eux à un surveillant de prison, comme le rapporte un procès-verbal d’incident. « Ces nouveaux tueurs, explique M. Frizon, se lancent dans des séries d’assassinats, sans jouer aucun rôle dans le clan. On leur donne une arme, une photo de la cible, un point GPS. Souvent, ils ne savent pas sur qui ils tirent. » | |
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| D’autres cibles alimentent, aussi, les craintes sur le développement de la DZ Mafia. Celles que l’on ne vise pas avec des calibres, mais en proposant pots-de-vin et dessous-de-table. Le risque corruptif, qu’il concerne le milieu économique ou politique, est à la mesure de la surface financière présumée des hommes forts de cet embryon mafieux. « Sans véritable opposition, ceux qui tiennent ce cartel vont multiplier les extorsions au-delà des rappeurs et, pourquoi pas, demain financer des campagnes électorales pour s’attirer la complaisance de certains politiques », s’inquiète une source au palais de justice de Marseille. Une infiltration dans le monde légal qui donnerait à l’organisation un pouvoir inédit, et la rapprocherait plus encore de la définition de « mafia », comme l’autoproclame son label. | |
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