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-====== Le Monde – La Chine mise sur l’Afrique pour redessiner l’ordre mondial ====== https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/04/la-chine-mise-sur-l-afrique-pour-redessiner-l-ordre-mondial_6303370_3210.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default
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-INTERNATIONAL
-La Chine mise sur l’Afrique pour redessiner l’ordre mondial
-Une cinquantaine de dirigeants africains sont reçus à Pékin pour le Forum sur la coopération sino-africaine, qui s’ouvre mercredi.
-Par Harold Thibault (Pékin, correspondant)
-Par Harold Thibault (Pékin, correspondant)
-Par Harold Thibault (Pékin, correspondant)
-Aujourd’hui à 05h30, modifié à 08h17
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-Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, à son arrivée à l’aéroport international de Pékin, le 2 septembre 2024. TINGSHU WANG / REUTERS
-Les bannières « Ensemble pour un avenir meilleur » ont été installées tous les 20 mètres sur les grandes artères de Pékin, tandis que la police armée du peuple veille sur les ponts. La Chine n’a rien laissé au hasard pour le plus important événement diplomatique qu’elle ait organisé depuis la fin de la pandémie de Covid-19 : le Forum de la coopération sino-africaine (Focac), son grand rendez-vous trisannuel avec l’Afrique, un continent qu’elle juge comme un allié indispensable pour refondre un ordre international trop imprégné à ses yeux des valeurs occidentales.
-Le Nigérian Bola Tinubu, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le Congolais Félix Tshisekedi… Un nombre impressionnant de chefs d’Etat ont fait le déplacement à Pékin. Ils doivent être accueillis lors d’un grand banquet au Palais du peuple, mercredi 4 septembre, avant un discours solennel du président chinois le lendemain.
-De cet événement, la Chine espère afficher un message d’unité et montrer qu’elle est suivie dans sa lutte pour redéfinir les priorités internationales. A l’heure où les Etats-Unis assument de plus en plus explicitement une politique de blocage des transferts de puces électroniques et de composants de haute technologie vers leur principal concurrent stratégique, et où l’Europe érige des barrières douanières à l’encontre de ses produits, la Chine veut souligner qu’elle partage avec le continent africain le combat pour se faire accepter à sa juste place.
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-« Le monde connaît des transformations profondes, portées par l’ascension du Sud global », a souligné mardi devant la presse le représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines, Liu Yuxi. « Notre histoire ne retournera pas aux vieux jours du colonialisme », a-t-il assuré, dénonçant également la « montée de la mentalité de guerre froide ».
-Des liens constants
-Pour cette raison, la Chine ne lésine sur aucune attention à l’égard des cinquante-trois pays africains qui la reconnaissent – un dernier, l’Eswatini (ex-Swaziland), maintient toujours des liens avec Taipei. Le discours est conçu sur-mesure : au colonel Assimi Goïta, chef de la junte malienne, Xi Jinping a assuré mardi que la Chine « sout[enai]t l’autodétermination des peuples africains dans le choix de leur future destinée », référence aux leçons de morale venues de France notamment.
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-Ces égards ne durent pas que le temps d’un sommet, les liens sont constants. Xi Jinping s’est rendu cinq fois en Afrique ; rien que depuis l’an dernier, il a reçu, et avec les honneurs, vingt chefs d’Etats africains. Depuis trente-quatre ans, les ministres des affaires étrangères chinois réservent leur premier déplacement de l’année au continent, qui ne relève pas que de l’appareil diplomatique : chaque ministère, chaque branche majeure du Parti communiste chinois (PCC), chaque province a la responsabilité d’un pan de la coopération.
-Ainsi, d’Addis-Abeba (Ethiopie) à Abuja (Nigeria), de nouveaux « Ateliers Luban », qui relèvent du ministère de l’éducation, offrent un enseignement professionnel accessible, ce qui revient à promouvoir ses normes et faire advenir une génération sensible aux réussites chinoises. Un navire-hôpital de l’Armée populaire de libération, l’Arche-de-la-paix, réalise une mission dans treize pays pour soigner gratuitement. En escale au Cap, en Afrique du Sud, du 22 au 28 août, il a attiré les foules. Dans les couloirs du Palais du peuple, lors d’événements officiels, on croise des journalistes du Burkina Faso et d’autres Etats d’Afrique de l’Ouest, invités pendant plusieurs mois, tous frais payés, à constater par eux-mêmes le fonctionnement de la Chine.
-Partage de « valeurs démocratiques »
-Conséquence de ces multiples attentions, les Etats africains restent largement silencieux lorsque Européens ou Américains tentent, aux Nations unies, de dénoncer la brutale reprise en main de Hongkong ou le sort réservé à la minorité ouïgoure internée dans des camps de rééducation au Xinjiang (nord-ouest).
-Mais, derrière cet alignement apparent, les Etats africains parviennent pour beaucoup à tirer profit de la concurrence des grandes puissances. A l’image du Kenya, dont le président, William Ruto, est présent au Focac, mais était également reçu dans le bureau Ovale, à la Maison Blanche en mai, où étaient annoncés 250 millions de dollars (226 millions d’euros) de nouveaux investissements américains sur le sol kényan, et était réaffirmé un partage des « mêmes valeurs démocratiques ».
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-Alors que Joe Biden ne s’est pas rendu en Afrique durant sa présidence, ce déplacement, première visite d’Etat d’un président africain aux Etats-Unis depuis quinze ans, avait souligné le fossé existant avec la constance des égards chinois. Mercredi, les sept membres du comité permanent du bureau politique du PCC seront présents au dîner de gala offert aux dirigeants africains.
-Derrière l’affichage diplomatique d’unité, le grand rendez-vous de Pékin soulignera les défis actuels auxquels doivent faire face les relations sino-africaines. Parmi ceux-ci, le net ralentissement de l’économie chinoise et les difficultés que rencontre sa population, entre chute du marché immobilier et hausse du chômage des jeunes. De sorte que la Chine a bien moins les moyens de financer des projets d’ampleur – lignes ferroviaires, stades ou gratte-ciel – en Afrique, tandis que beaucoup de pays africains s’inquiètent de risques de surendettement pour des chantiers à la rationalité économique parfois discutable. Les ambitions sont relativisées, les prêts chinois à l’Afrique ont connu leur pic en 2016.
-Surtout, le déséquilibre de la relation peut mécontenter les opinions locales, alors que nombre de pays africains rêvent d’une industrialisation plus rapide. La grande percée de la Chine dans les technologies de la transition ne fait qu’accélérer ce phénomène. Ses entreprises multiplient les prises de position dans des mines de cobalt en République démocratique du Congo, dans celles de lithium au Zimbabwe, à mesure qu’elles creusent leur avantage dans le secteur des batteries. Mais cette chaîne de valeur ne redescend pas, pour l’heure, vers le continent africain : l’assemblage, les emplois et le savoir-faire qui vont avec restant en Chine. Pour rééquilibrer cette relation, la cinquantaine de dirigeants africains présents au Focac devront obtenir plus que des déclarations d’amitié.
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-Harold Thibault (Pékin, correspondant)
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