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Plutôt que de s’étonner du mépris de classe de Mélenchon qui accuse les habitants d’Hénin-Beaumont de « transpir(er) l’alcool dès le matin » de « sent(ir) mauvais » et d’être « presque tous obèses », 20 minutes a judicieusement choisi de se demander si le chef de file de La France insoumise avait raison. L'article a finalement été retiré pendant que nous écrivions ces lignes.
« Des propos de Jean-Luc Mélenchon rapportés par le dissident de LFI, François Ruffin, suggèrent qu’Hénin-Beaumont est rempli d’alcooliques obèses qui sentent mauvais et s’expriment mal. Est-ce vrai ? » se demandait avec une insondable pertinence le site 20 minutes le 13 septembre dans sa rubrique « FAKE OFF », avant de dépublier (pratique d'ailleurs rarissime parmi les sites d'information) en catastrophe et sans explication. Dans le texte que nous avons toutefois eu le temps de nous infliger, le média pose d'emblée que ces « clichés « méprisants » » ne « tiennent pas (tous) la route ». Les guillemets et la parenthèse sont utiles.
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Comme tout fact-checkeur digne de ce nom, le journaliste en charge de l’article va prendre une par une les affirmations de Jean-Luc Mélenchon rapportées par François Ruffin dans son ouvrage pour les mettre à la forme interrogative sans aucune distance. Cela donne par exemple : « Boit-on davantage à Hénin qu’ailleurs ? », « Est-on plus gros à Hénin qu’ailleurs ? » ou encore « Se lave-t-on moins à Hénin qu’ailleurs ? » Hélas, faute de journalistes d’investigation disponibles, on ne saura pas en revanche si on se coupe moins les ongles à Hénin qu’ailleurs.
De la précarité dans le Nord ?
« Faut-il vraiment répondre à ce genre d’allégations méprisantes ? », se désole dans l’article le docteur Emmanuel Brunelle, chef du pôle addictologie du groupement des hôpitaux publics de l’Artois. Manifestement, c’est une question que 20 minutes ne s'est pas posé une seconde.
S’appuyant sur un document révisé en 2022 de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), le média précise : « Le taux de décès avant 65 ans “par alcoolisme et cirrhose du foie” est deux fois plus élevé dans les Hauts-de-France qu’au niveau national. » On est à deux doigts de découvrir que l’alcoolisme est souvent plus répandu dans les régions pauvres.
En ce qui concerne l’obésité, là encore, la surprise est de taille puisqu’on apprend que « plus de la moitié (52,4 %) des habitants des Hauts-de-France de 18 ans et plus se trouve en situation de surpoids », et que « c’est une personne sur cinq (19,9 %) qui présente une obésité dans la région ». À force d'« investigation », on va finir par apprendre un jour que les habitants d'Hénin-Beaumont ne se nourrissent pas uniquement de mets rares et délicats ?
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La non info : une info comme une autre
Mais c’est sans doute sur la question de l’hygiène que le papier de 20 minutes est le plus riche d’enseignements puisque le média nous révèle : « Ce n’est pas facile de répondre à cette question puisqu’il n’existe pas de statistiques à ce sujet, et encore moins de chiffre à l’échelle d’une villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia. » C’est déjà édifiant mais ce n’est pas tout puisque le journaliste ajoute que « 96,4 % des logements étaient équipés d'une salle de bain avec baignoire ou douche » et que « le chiffre monte à 96,6 % en 2021. » Pour les statistiques sur les logements équipés de toilettes, il faudra attendre le prochain article de fact-checking.
Enfin, en ce qui concerne la qualité de l’expression des habitants d’Hénin-Beaumont, 20 Minutes choisit d’aller encore plus loin dans l’information : « Sur une hypothétique prévalence des troubles du langage dans le secteur, il n’existe aucune donnée. Certes, la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia d’Hénin-Beaumont dispose d’une dizaine d’orthophonistes installés sur son territoire, mais c’est une densité moyenne au regard de la répartition nationale selon le ministère de la Santé. Dans le Nord, par exemple, il y a entre 43 et 56 orthophonistes pour 100.000 habitants. » C’est également la phrase de conclusion de l’article. Dans les formations au fact-checking, on enseigne sans doute qu’il est primordial d’achever son article par une information choc.
https://www.marianne.net/agora/humeurs/boit-on-plus-a-henin-beaumont-qu-ailleurs-verification-y-a-t-il-plus-con-quun-article-de-fact-checking
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