26/12/2025/H02:45:21
L'espoir d'une reprise rapide de l'économie est en train de s'évanouir outre-Rhin. En l'espace de quelques jours, les grands instituts économiques du pays viennent de revoir à la baisse leurs prévisions pour 2024 et 2025.
Alors qu'ils anticipaient en juin une croissance de 0,3 à 0,4 % en 2024, les instituts Ifo, DIW et IWH tablent désormais sur une stagnation du Produit intérieur brut allemand (PIB) cette année. L'institut IfW de Kiel estime même que l'économie allemande pourrait se contracter de 0,1 %, après avoir déjà reculé de 0,3 %, en 2023.
Sur 2025, une croissance allant de 0,5 % à 1 % est attendue par les experts. « L'économie allemande est enlisée et patauge dans le marasme », constate Timo Wollmershäuser, directeur des enquêtes conjoncturelles de l'Institut Ifo.
Une production industrielle en recul
Cette mise à jour des prévisions de croissance résulte en grande partie de la faiblesse des investissements. Si les investissements publics, notamment les dépenses militaires, restent élevés, les dépenses d'équipement des entreprises se sont effondrées en raison de la faiblesse de leurs carnets de commandes.
Longtemps fer de lance de l'économie allemande, l'industrie pâtit de coûts de l'énergie élevés et d'un volume de commandes insuffisant. Les stocks accumulés durant le covid ont tendance à s'épuiser. « La demande de biens industriels allemands reste faible en Allemagne et à l'étranger et le manque de commandes devient de plus en plus problématique », souligne Geraldine Dany-Knedlik, responsable conjoncture chez l'institut DIW.
En juillet, la production industrielle est tombée à son plus bas niveau depuis mai 2020, souligne HSBC dans une note de recherche, avec une baisse particulièrement forte dans l'automobile (-8,1 %). « C'est une douche froide pour tous ceux qui espéraient un rebond rapide », constate Carsten Brzeski, chef économiste chez ING.
L'automobile notamment est sous pression. Brisant un tabou, Volkswagen vient d'annoncer qu'il avait au moins deux usines de trop en Allemagne, tandis que des géants comme Continental ou ZF ont d'ores et déjà mis en oeuvre des restructurations.
La filière est désormais confrontée à une lourde concurrence en Chine et le marché des voitures électriques est en berne en Allemagne, après la suppression du bonus écologique. Sur les huit premiers mois de l'année, les immatriculations ont plongé de 32 %.
Une forte baisse de l'inflation
Pour beaucoup d'experts, la consommation privée devait participer à la relance de l'économie. L'inflation devrait en effet tomber à 2,2 % en 2024 et les augmentations de salaires obtenues par les syndicats dans le secteur public ou l'industrie métallurgique vont nettement améliorer le pouvoir d'achat des ménages.
Las ! Les consommateurs se montrent très prudents après des années 2022 et 2023, où il a fallu se serrer la ceinture. « Même le championnat d'Europe de football n'a pas réussi à stimuler la consommation privée », explique Geraldine Dany-Knedlik. « Les gains de pouvoir d'achat que nous observons conduisent non pas à une hausse de la consommation, mais à une augmentation de l'épargne, car les gens sont inquiets », juge Timo Wollmershäuser.
Selon l'Ifo, le taux d'épargne des Allemands s'élève désormais à 11,3 %, soit un chiffre plus élevé que la moyenne décennale (10,1 %) avant le Covid. Selon la Banque de France, le taux d'épargne financière des Français était de 8,5 % au premier trimestre 2024.
https://www.lesechos.fr/monde/europe/lallemagne-senlise-dans-la-crise-et-se-dirige-vers-une-croissance-zero-en-2024-2117412
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