26/12/2025/H00:31:31
Le mot “squat” vient de l'anglais et signifie “s’asseoir sur les talons”. Squatter en français, c’est en somme occuper les plates-bandes de quelqu'un d'autre sans autorisation. Les cas désespérés de propriétaires ayant vu des individus entrer par effraction et occuper un local, un appartement ou une maison sont pléthore. Celui de Selim, 86 ans, commerçant de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) à la retraite, est comme bien d’autres effrayant.
En septembre 2022, Le Parisien a rencontré cet octogénaire qui venait tout juste de récupérer son petit immeuble après quatre années de squat. Cette bataille harassante pour obtenir l’expulsion des intrus, il a dû s’y lancer alors qu’il devait “s’occuper de son épouse, rescapée d’Auschwitz, lourdement handicapée avant sa mort”, a détaillé Daniel, son fils.
Des squatteurs investissent l'immeuble de cet homme âgé de 86 ans
Sur place, tout était dans un état déplorable. “Au sol, il est par endroits impossible de se frayer un chemin entre les matelas éventrés, les cadavres de bouteilles et les cartons de pizza. Là, sur une montagne de déchets, une table basse gît les quatre fers en l’air, à quelques mètres d’une valise couchée sur le flanc”, a ainsi pu décrire le quotidien.
“Je suis parti de zéro. J’ai commencé en vendant du vin à la tireuse. Petit à petit, nous sommes devenus un café”, a expliqué l’ancien commerçant franco-turc installé dans l’un des locaux commerciaux de l’immeuble dès 1967. En 1977, il s’endette pour racheter les murs de son commerce : un grand pavillon de 180 m² sur deux étages. “C’était un investissement pour ma retraite, qui n’est pas lourde : 400 euros par mois. Cet immeuble, c’est le fruit de mon travail”, a-t-il déclaré.
crédit photo : Shutterstock Le squat, un fléau pour les propriétaires
Les squatteurs “ont vraisemblablement laissé les robinets couler 24 heures sur 24”
Après s’être heurtée à la crise sanitaire, la procédure judiciaire pour obtenir l’expulsion de ces individus s’étant possiblement servis de l’endroit comme point de deal a abouti à l’été 2022. Ces derniers n’en sont pas restés là. En effet, les squatteurs “ont vraisemblablement laissé les robinets couler 24 heures sur 24” pour se venger de Selim, s’est indigné Maître Xavier Bouillot, l’avocat du propriétaire.
“Je vous déconseille la cave”, a d’ailleurs prévenu Daniel. Avant d’ajouter : “L’agent de Veolia qui est passé après l’expulsion des squatteurs a refusé d’y descendre. Il nous a dit qu’il y avait 20 cm d’eau au sol, et qu’elle était infestée de rats”.
Les squatteurs laissent 100 000 euros de facture d’eau au retraité
L’ardoise finale s’est révélée plus que salée pour le propriétaire squatté. Axa Assurance a indiqué ne pas rembourser les dégâts liés à un squat. Le fournisseur d'eau Veolia, quant à lui, a adressé une mise en demeure au retraité pour un montant de 97 852 euros.“Une facture de 100 000 euros laissée par des squatteurs. Je n’avais encore jamais vu ça de ma carrière”, a soulevé l’avocat de Selim. “Ce n’est pas un choc, c’est un tremblement de terre”, a de son côté déploré le propriétaire.
Selim a affirmé avoir prévenu Veolia dès juin 2018 que son immeuble avait été investi illégalement. “Nous voulions que l’eau soit coupée, pour faire fuir les squatteurs”, a indiqué Daniel. Toutefois, le géant mondial de l’eau lui aurait opposé une fin de non-recevoir. Pour rappel, un fournisseur d’eau a l’interdiction de couper l’accès à l’eau d’une résidence principale, même si les factures ne sont plus payées. Un propriétaire qui tenterait de couper l’eau lui-même risque gros : trois ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
https://www.mariefrance.fr/actualite/societe/retraite-86-ans-regler-100-000-euros-facture-deau-lexpulsion-squatteurs-maison-1063405.html
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