26/12/2025/H00:41:52
Le système de redistribution a un effet massif en France. En 2021, la fiscalité directe et les prestations sociales non contributives - comme les allocations familiales ou le RSA - ont permis de diminuer d'un tiers le nombre de personnes pauvres, montre une étude de la Drees, le service de recherche et statistique des ministères sociaux, réalisée à partir d'une enquête de l'Insee. Elles étaient en 9,1 millions en France contre 13,5 millions dans un scénario sans redistribution. Cela représente une baisse de presque 7 points du taux de pauvreté national, passant de 21,4 % à 14,5 %.
Sont considérées comme pauvres les personnes dont le niveau de vie n'atteint pas 60 % du niveau de vie médian. Un seuil fixé, en 2021, à 1.158 euros par mois pour une personne seule et 2.432 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. L'étude montre que la redistribution permet de réduire fortement les inégalités : elle ramène de 8,2 à 4,5 le rapport entre le niveau de vie des 20 % les plus riches et celui des 20 % les plus pauvres.
Près de 40 % du revenu disponible des plus pauvres
L'effet de la redistribution est le plus fort pour les familles monoparentales, avec un écart de 20,5 points entre les scénarios avec et sans redistribution. Viennent ensuite les inactifs (-13 points), les familles nombreuses (-12 points), les chômeurs (-12 points), les moins de 20 ans (-11,5 points) et les adultes handicapés (-10 points).
Mais ces catégories qui bénéficient le plus de la redistribution restent parmi les plus pauvres, souligne la Drees. Leurs taux de pauvreté sont très nettement supérieurs à la moyenne, atteignant plus de 20 % chez les moins de 20 ans, 35 % chez les chômeurs et 39 % pour les membres de familles monoparentales avec au moins 2 enfants.
Chez les 9,1 millions de personnes pauvres que comptait la France en 2021, les prestations sociales non contributives représentaient en moyenne 38 % du revenu disponible. Une population particulièrement sensible, de ce fait, aux variations du montant de certaines prestations.
A l'inverse, l'effet de la redistribution est moins marqué chez les retraités (-3,5 points), qui sont nettement moins concernés par la pauvreté. « Le niveau de vie des personnes âgées par rapport au reste de la population est assez bon aujourd'hui », rappelle l'économiste Lionel Wilner, du Centre de recherche et études statistiques (Crest).
Redistribution « élargie »
Une autre approche consiste à observer les effets de la redistribution « élargie », en tenant compte des prestations sociales comme les retraites et le chômage. « Ces dernières ont une vocation plutôt assurantielle mais, ce faisant, elles contribuent aussi à la redistribution », estime Lionel Wilner.
La redistribution « élargie » tâche également de quantifier le bénéfice que chacun tire des services publics, par rapport à sa contribution. « On fait la comptabilité des prestations de santé, d'éducation, de justice… Dans cette analyse, le niveau de vie des ménages les plus aisés est 18 fois supérieur à celui des ménages les plus pauvres sans aucune redistribution, et 3 fois supérieur lorsqu'on intègre la redistribution élargie. »
https://www.lesechos.fr/economie-france/social/sans-redistribution-la-france-compterait-44-millions-de-personnes-pauvres-supplementaires-2113355
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