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| ====== Le Monde – Gouvernement : pourquoi Emmanuel Macron n’en finit pas de prendre son temps ====== https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/08/17/gouvernement-pourquoi-emmanuel-macron-n-en-finit-pas-de-prendre-son-temps_6284366_823448.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default | |
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| https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/08/17/gouvernement-pourquoi-emmanuel-macron-n-en-finit-pas-de-prendre-son-temps_6284366_823448.html | |
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| POLITIQUE | |
| Gouvernement : pourquoi Emmanuel Macron n’en finit pas de prendre son temps | |
| ANALYSE | |
| Solenn de Royer | |
| La nomination du nouveau premier ministre interviendra la semaine suivant une consultation des partis le 23 août, malgré le désir d’alternance exprimé dans les urnes le 7 juillet. Une façon, pour le chef de l’Etat, de repousser le spectre de son effacement programmé. | |
| Aujourd’hui à 11h00, modifié à 12h04 | |
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| Emmanuel Macron à l’Arena Bercy, à Paris, le 10 août 2024. LAURENCE GEAI / MYOP POUR « LE MONDE » | |
| La fumée blanche, enfin. Ou presque. Cinq jours après la clôture des Jeux olympiques (JO), entre deux cérémonies commémoratives dans le Var – à Saint-Raphaël jeudi et à Bormes-les-Mimosas samedi, pour les 80 ans du débarquement en Provence –, Emmanuel Macron a dévoilé son calendrier : il recevra les chefs de parti et de groupe parlementaire le 23 août à l’Elysée, avant de nommer un premier ministre la semaine suivante. L’Elysée explique qu’il s’agit d’une date « concertée » avec les intéressés, qui ne seraient pas tous rentrés de vacances. Quelles que soient les explications invoquées, le président de la République a clairement choisi de prendre son temps pour acter le vote des Français, sept semaines après qu’ils se sont exprimés, le 7 juillet. « Il faut faire les choses dans l’ordre, soit un temps de décantation avant celui de la coalition », a-t-il argué en privé. | |
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| Au lendemain du second tour des législatives, son silence avait surpris, alors que la menace d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite venait d’être écartée, sur le fil. Après avoir mis brutalement le pays sous tension, en imposant des élections législatives précipitées, mal préparées, qui ne laissaient pas aux candidats le temps de se retourner, encore moins de débattre sur le fond, Emmanuel Macron avait semblé se désintéresser du verdict des urnes aussitôt les élections passées. | |
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| Comme s’il s’en lavait les mains, peu pressé d’acter sa défaite et celle de son camp (rejeté deux fois, aux européennes et aux législatives), laissant les Français, qui s’étaient pourtant déplacés en nombre pour voter, sur leur faim, d’une certaine manière « snobés ». Soudain, parce qu’il en avait ainsi décidé, il devenait urgent d’attendre… | |
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| Parenthèse enchantée | |
| Mercredi 10 juillet, avec sa lettre aux Français, puis mardi 23 juillet, sur France 2, il avait encore gagné du temps, imposant une « trêve olympique » après avoir renvoyé les partis et les groupes parlementaires – qu’il a appelés à former une coalition, dont il se permettait de définir lui-même les contours – à leurs « responsabilités », oubliant que la sienne, constitutionnelle (article 8), l’oblige à tirer les leçons du scrutin et à nommer un premier ministre, quand bien même aucune majorité claire ne se dégage. | |
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| Un mois et demi après sa défaite, Emmanuel Macron fait comme s’il avait gagné et que tout dépendait encore de lui, et la France n’a toujours pas de nouveau gouvernement. Un délai inédit et troublant qui place le pays dans une situation totalement inhabituelle, avec des ministres chargés des « affaires courantes » mais qui continuent de prendre des décisions cruciales (la préparation du prochain budget, par exemple), tout en participant aux premiers votes de l’Hémicycle (sur la répartition des postes, en juillet), au mépris de la séparation des pouvoirs. | |
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| « On n’a pas envie que la vie reprenne ses droits », a lâché Emmanuel Macron lundi 12 août devant les acteurs des JO, reçus à l’Elysée pour les remercier pour cette réussite exceptionnelle, laissant entrevoir dans cet aveu déconcertant le fond de sa pensée. Ravi de cette parenthèse enchantée, où l’air lui a semblé « plus léger ». De facto, il n’est plus encombré par ce jeune premier ministre qu’il ne pouvait plus supporter, ne rend de comptes à personne… Au fond, c’est comme s’il voulait arrêter le temps, ou le voir s’étirer indéfiniment. | |
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| Emmanuel Macron a toujours revendiqué ce statut de « maître des horloges », expression désormais galvaudée qu’il a lui-même convoquée avant d’arriver à l’Elysée. « Je resterai le maître des horloges, il faudra vous [les médias] y habituer, j’ai toujours fait ainsi », avait-il lancé, bravache, en avril 2017. Promesse tenue. En la matière, le bon vouloir présidentiel s’est illustré d’innombrables fois, frôlant la désinvolture. | |
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| « Il n’est même pas fichu d’arriver à l’heure… » | |
| Il lui avait fallu deux semaines pour remplacer Gérard Collomb à Beauvau, en 2018. Trois semaines – un record sous la Ve République ! – pour nommer Elisabeth Borne, au lendemain de sa réélection, en 2022. Tout comme il a fait durer indéfiniment un certain nombre de nominations, notamment dans le secteur culturel : plusieurs établissements ont ainsi attendu pendant des mois leur dirigeant, restant suspendus à l’aval de l’Elysée. | |
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| « Il se prend pour un roi, mais il n’est même pas fichu d’arriver à l’heure… », s’était désolé auprès du Monde un ancien combattant présent aux commémorations du Débarquement en Normandie, le 6 juin, alors que le chef de l’Etat, réputé pour ses retards, tardait à arriver, sans s’inquiéter de faire attendre les vétérans. Ce jour-là, le chef de l’Etat avait même réussi l’exploit de froisser les Britanniques, arrivant en retard à la cérémonie que ces derniers organisaient à leur mémorial de Ver-sur-Mer (Calvados), et qu’ils ont donc commencée sans lui, en présence du roi Charles. | |
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| « D’ici à la fin de l’été », « d’ici à l’automne », « après Noël »… : le macronisme a abusé de ce subterfuge temporel, tout comme le président de la République est passé maître dans l’art d’entretenir un suspense sur ses intentions, annonçant pour plus tard telle « initiative politique » ou un « rendez-vous avec la nation », faisant ainsi diversion. Un rideau de fumée derrière lequel s’abriter. Maîtriser le temps, c’est la forme aboutie du contrôle. Emmanuel Macron aime l’étirer par confort personnel, parce qu’il déteste qu’on lui dicte son tempo. Pour affirmer son pouvoir, parfois sans considération pour autrui. Pour occuper l’espace et donner le sentiment qu’il va régler un sujet, alors qu’il ne fait que repousser son traitement. | |
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| « Quand il y a un problème, il faut le régler tout de suite, ne jamais remettre au lendemain ce qu’on ne fera pas le surlendemain », répétait Jacques Chirac, cité par Franz-Olivier Giesbert dans le dernier tome de son Histoire intime de la Ve République (Gallimard, 2023). Son jeune successeur a du temps un usage échappatoire, moyen de s’exonérer de toute responsabilité dans l’instant. Même sa dissolution, qui aurait pu très mal tourner alors que le Rassemblement national était au plus haut électoralement, il n’a pas voulu en assumer la responsabilité : « Ce ne sera la faute de personne le soir du deuxième tour. Ce sera la responsabilité des Français », a-t-il plaidé le 24 juin. | |
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| « Sentiment de mépris et de déconnexion » | |
| Emmanuel Macron a toujours entretenu un rapport singulier au temps. « Du temps court au temps long, quelle temporalité du politique ? », s’interrogeait-il en 2011 dans la revue Esprit, où il décrivait l’action politique « écartelée entre ces deux temporalités » : « Le temps long qui condamne à la procrastination ou l’incantation, et le temps court qui appelle l’urgence imparfaite et insuffisante. » En se faisant élire à 39 ans, alors qu’il était inconnu des Français trois ans plus tôt, il s’est affranchi des règles temporelles. « Des gardiens du temps lui ont répété que l’élection présidentielle nécessitait de s’inscrire dans la durée, mais il n’était pas d’accord. Son arrivée au pouvoir, c’est ça : il a concentré le temps », rappelle un conseiller élyséen, selon lequel le temps est une réalité « plus subjective qu’objective », car « il se modèle en fonction du récit que l’on veut imposer ». | |
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| « Il vous obsède, le temps qui passe ? » lui avait demandé Laurent Delahousse fin 2017 sur France 2. « Le rapport au temps est une question plus large qui m’a toujours obsédé, avait concédé le président de la République tout juste élu. Je pense qu’on ne s’engage pas en politique si l’on n’a pas un certain rapport au temps. (…) On a une fonction à la fois symbolique d’impulsion, de gardien du temps et donc des accélérations nécessaires. » A l’époque, il s’agissait d’aller vite en réformant au pas de charge le code du travail par ordonnances. | |
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| Aujourd’hui, c’est l’inverse : Emmanuel Macron veut ralentir le temps, pour se donner l’illusion de rester maître du jeu, au lendemain d’une défaite électorale sévère pour lui et son camp, alors qu’il est confronté au rejet des Français et à la compétition pour sa succession, qui a commencé. « Il est devenu le spectateur du sablier », a résumé le 8 août dans Le Monde le communicant Robert Zarader, qui reproche au chef de l’Etat – qu’il a jadis conseillé – de « ne provoquer plus qu’un sentiment de mépris et de déconnexion ». | |
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| Si Emmanuel Macron n’est pas pressé de dévoiler son choix pour Matignon, c’est aussi parce qu’il sait qu’à la minute où le nouveau premier ministre formera un gouvernement censé refléter le vote des Français – qui ont manifesté un profond désir d’alternance –, il commencera à s’effacer, devenant dépendant du jeu parlementaire, relégué sur son Aventin élyséen. « Bientôt ce sera : le Parlement décide, le gouvernement exécute », pronostique un conseiller de l’exécutif. Si le président de la République prend son temps, c’est donc aussi pour échapper au spectre de sa disparition programmée. Au détriment d’une certaine idée de la démocratie. | |
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