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-======  Le Monde – « La France semble avoir pris des vacances d’elle-même » : la première semaine des JO vue de l’étranger  ======
- https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/08/06/la-france-semble-avoir-pris-des-vacances-d-elle-meme-la-premiere-semaine-des-jo-vue-de-l-etranger_6269315_3242.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default
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-SPORT
-« La France semble avoir pris des vacances d’elle-même » : la première semaine des JO vue de l’étranger
-Si la cérémonie d’ouverture continue de susciter ici ou là des critiques dans les rangs conservateurs, nombreux sont les pays qui saluent « l’extase collective » soulevée partout dans le monde par la quinzaine olympique.
-Par Service international
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-Dans un centre commercial de Hongkong, devant un écran diffusant en direct les JO de Paris, le 30 juillet 2024. LI ZHIHUA / CHINA NEWS SERVICE / VCG
-Les Jeux olympiques, que ce soit à travers leur cérémonie d’ouverture, l’ambiance qui règne en France ou certains de leurs à-côtés, ne cessent de nourrir les commentaires internationaux, dans les médias, au sein des hautes sphères politiques, mais aussi dans tous les cafés et restaurants de la planète. L’occasion d’un tour d’horizon mondial des louanges, des critiques et des cancans.
-En Allemagne, la presse reste frappée par « l’extase collective qui règne à Paris », comme l’a titré, samedi 3 août, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Impressionné par la « frénésie patriotique » qui a accompagné les exploits d’un Léon Marchand ou d’un Félix Lebrun, le grand quotidien allemand de centre droit observe que « la joie exprimée par cette France prise de passion pour les JO a même fait capituler les défaitistes de droite qui, encore récemment, prédisaient le chaos dans les transports, de gros problèmes de sécurité et des défaites en série pour les athlètes français ».
-« Comme pendant l’été du Mondial de foot 1998, le pessimisme n’est soudain plus de mise dans le débat public », poursuit la FAZ, qui prévoit toutefois des lendemains qui déchantent : « L’euphorie suscitée par la Coupe du monde de 1998 a été suivie dans les urnes par la qualification de Jean-Marie Le Pen [alors président du Front national] au second tour de la présidentielle de 2002. » Le succès des Jeux est observé avec d’autant plus d’intérêt que l’Allemagne, fin juillet, a annoncé qu’elle était candidate à l’organisation des JO de 2040 pour marquer le 50e anniversaire de sa réunification.
-Dans cette perspective, la France « montre comment cela peut fonctionner », titre lundi 5 août, le groupe de presse RND, pour qui « Paris a démontré combien le sport peut s’intégrer magnifiquement dans une métropole », estimant que la capitale française « est synonyme de nouveaux Jeux olympiques, où d’énormes sommes d’argent ne sont plus dépensées pour construire des stades de compétition qui pourrissent une fois les Jeux terminés ».
-« Paris est redevenue une ville de fête »
-Aux Etats-Unis, The New York Times note aussi que « chacun des exploits de Léon Marchand à la natation est salué par un délire incontrôlé, non seulement à l’intérieur de Paris La Défense Arena, mais dans toute la ville. Le tumulte du stade des Invalides, où se déroulent les épreuves de tir à l’arc, pourrait réveiller Napoléon ».
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-« Cela a pu surprendre les Parisiens eux-mêmes. Les semaines et les mois qui ont précédé les Jeux ont été marqués par un flot continu de plaintes et d’inquiétudes », poursuit le quotidien qui remarque que « cet air de fatalisme rancunier et de désintérêt s’est évaporé presque aussitôt que [le judoka] Teddy Riner et [l’ancienne athlète] Marie-José Perec ont allumé la flamme qui a soulevé la vasque olympique dans l’enceinte des Tuileries. La pluie qui s’était abattue durant la cérémonie d’ouverture a cessé et Paris est redevenue une ville de fête ».
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-En Espagne, le quotidien El Pais écrit, le 5 août, que « la France semble avoir pris des vacances d’elle-même ». « Les champions du pessimisme se préparaient au pire depuis des années », et finalement, la ville est gagnée par « la bonne ambiance et la joie », l’euphorie et les sourires – y compris sur les visages des policiers, souligne le principal journal espagnol. Si le journaliste qui signe l’article se demande si l’effet durera au-delà du 11 août, il insiste sur combien les Français avaient besoin de ce « souffle d’air frais », dans un contexte de paralysie politique et de fantasmes identitaires.
-Quelques critiques néanmoins : dans un long article, le site d’information libéral El Confidencial s’est interrogé sur l’interdiction du voile pour les athlètes françaises de confession musulmane, une mesure perçue comme une « injustice » par les sportives et une forme de « discrimination » grave par les ONG. D’autres médias, comme le quotidien El Mundo, se sont aussi interrogés sur cette disposition, largement incomprise en Espagne.
-« La dégoûtante cérémonie d’ouverture »
-Enfin, après la forte émotion exprimée dans la plupart des médias espagnols à la vue du tennisman Rafael Nadal recevant la flamme olympique des mains de Zinédine Zidane lors de la cérémonie d’inauguration, de nombreux articles sont revenus ces derniers jours sur l’obsession coûteuse de la maire de Paris de rendre la Seine baignable et émis des doutes sur la qualité réelle de l’eau, à la suite des troubles gastriques présentés par une athlète belge.
-En Italie, la cérémonie d’ouverture a occupé plusieurs jours durant l’extrême droite au pouvoir, galvanisée par son combat contre une supposée « culture woke » dont « l’arsenal » aurait défilé à Paris, selon Carlo Fidanza (Fratelli D’Italia, national-conservateur). « J’ai beaucoup apprécié la cérémonie de la Gay Pride. Vous savez quand est prévue celle des Jeux olympiques ? », a ironisé, sur X, Nicola Procaccini, un autre cadre du parti.
-Des fans du sprinter italien, Marcell Jacobs, réunis devant la finale du 100 m hommes des JO de Paris, au parc aquatique des Nymphéas, à San Martino della Battaglia (Italie), le 4 août 2024. RICCARDO BORTOLOTTI / LAPRESSE / SHU
-Lundi 5 août, soit dix jours après les faits, le vice-président du conseil, Matteo Salvini (chef de la Ligue, extrême droite), revenait encore à la charge, espérant que « la cérémonie de clôture soit plus respectueuse et olympique que la dégoûtante cérémonie d’ouverture ». Entre-temps, c’est bien sûr le procès en masculinité d’Imane Khelif qui a mobilisé la droite après le forfait face à la boxeuse algérienne de l’Italienne Angela Carini. De passage à Paris le 2 août, Mme Meloni n’a d’ailleurs pas manqué de se faire photographier consolant Mme Carini, victime des « folies de l’idéologie woke », selon Matteo Salvini.
-Du côté du Vatican, les réactions à la cérémonie d’ouverture sont arrivées samedi 3 août pour indiquer que le Saint-Siège avait été « attristé par certaines scènes » et qu’il ne pouvait que « s’unir aux voix (…) qui déplorent l’offense faite à tant de chrétiens et de croyants d’autres religions ».
-« De nouveaux récits sur la vie des femmes »
-En Grèce aussi, le débat continue de faire rage à Athènes autour de la cérémonie d’ouverture, alors que le chef de la toute-puissante Eglise grecque orthodoxe, Hiéronyme II, a, lui aussi, qualifié le spectacle de « totalement méprisant » pour les chrétiens. Pour le Journal des rédacteurs (Efimerida Ton Syntakton, gauche), cette « cérémonie comportait des risques » et « la dispute autour de l’événement a mis la question esthétique au second plan, l’idéologie l’emportant ».
-Le plus célèbre caricaturiste grec, Arkas, qui publie ordinairement dans l’hebdomadaire de centre droit To Vima a dessiné une tour Eiffel avec à ses pieds un chapiteau de cirque. Un message explicite repris par le ministre conservateur de la santé, Adonis Georgiadis, sur le réseau social X. « En regardant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris, je me suis senti fier de notre cérémonie de 2004… » Le leader d’extrême droite et président du parti Solution grecque, Kyriakos Velopoulos a estimé que « les organisateurs français n’ont pas montré le respect requis à l’égard de la Grèce, en tant que berceau des Jeux olympiques ».
-Le quotidien de centre droit Ta Nea, géant de la presse grecque, se fait aussi l’écho du « chaos à Paris, qui a chassé les habitants ». « Pour échapper à la galère des transports, les Parisiens ont fui… notamment en Grèce », note le journal, qui annonce une hausse de 2,5 % des touristes français dans le pays durant la période des Jeux olympiques.
-Un restaurant diffuse les épreuves de natation des JO de Paris, à Pékin, le 1ᵉʳ août 2024. ADEK BERRY / AFP
-En Pologne, le supplément féminin du plus grand quotidien national, le libéral Gazeta Wyborcza, a choisi un angle original et salue des Jeux olympiques particulièrement féministes. « Les Jeux de Paris sont les premiers de l’histoire où hommes et femmes concourent à égalité », se réjouit la publication, qui souligne la mise en place d’une crèche et l’apparition « de nouveaux récits sur la vie des femmes », abondamment relayés. Ainsi, la sabreuse venue d’Egypte, Nada Hafez, a confié sur le réseau social Instagram être enceinte de sept mois, après avoir été battue en huitièmes de finale. Une escrimeuse, la Brésilienne Nathalie Moellhausen, atteinte d’une tumeur cancéreuse bénigne, s’est battue jusqu’au bout, quitte à subir un malaise en pleine compétition.
-« Vision du communisme »
-A rebours des politiciens nationaux-conservateurs qui ont cru y voir une attaque aux valeurs chrétiennes, la critique polonaise a apprécié la cérémonie d’ouverture de ces Jeux. La polémique est cependant allée bon train autour d’un commentateur sportif connu de l’audiovisuel public polonais, Przemyslaw Babiarz, qui avait qualifié la chanson Imagine, de John Lennon, – interprétée par Juliette Armanet et Sofiane Pamart – de « vision du communisme ». Suspendu dans un premier temps, le journaliste a dû être réhabilité quelques jours plus tard face à la grogne suscitée.
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-En Côte d’Ivoire, les Jeux olympiques sont loin de susciter le même engouement que la Coupe d’Afrique des nations (CAN). La plupart des bars et des restaurants de rue ne diffusent pas la compétition, dont la télévision nationale a pourtant obtenu les droits audiovisuels. C’est sur le terrain de la morale que les Jeux de Paris ont été le plus abondamment commentés. Le tableau de la cérémonie d’ouverture mettant en scène Philippe Katerine en Dionysos entouré de drag-queens ayant été interprété comme une parodie de la Cène, les internautes ont été nombreux à accuser la France de faire à la fois la « promotion de l’homosexualité » et du blasphème.
-Le parti de l’opposant en exil Guillaume Soro, qui a par ailleurs condamné l’exclusion des athlètes russes de la compétition, a dénoncé une « provocation gratuite, mais gravement offensante pour tous les chrétiens du monde entier ». Un éditorialiste ivoirien a même accusé le président camerounais Paul Biya d’avoir « trahi les Africains » par sa simple présence dans les tribunes, alors qu’il « aurait dû se lever » et « prendre la parole publiquement pour dénoncer cette parade homo » (sic).
-« Le schtroumpf » Katerine
-En Chine, la scène la plus controversée de la cérémonie d’ouverture n’a pas été censurée. Mais fut accompagnée du long silence gêné des commentateurs de la télévision nationale. Les réseaux sociaux ont alors largement réagi : certains pour critiquer le côté trop « woke » à leur goût de cette cérémonie, d’autres, au contraire, pour s’emparer du personnage incarné par Philippe Katerine, dont ils ont apprécié le côté absurde et rigolo. Renommé « le Schtroumpf », parce que vêtu de bleu, il a été dessiné façon cartoon, sculpté en pâte à modeler ou même dans des légumes, en version comestible.
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-Depuis le début des épreuves, ce sont les exploits sportifs des athlètes chinois qui priment. Après une semaine d’olympiade, la Chine pointe en haut du tableau des médailles d’or, et juste derrière les Etats-Unis pour le total des médailles. De quoi susciter l’enthousiasme des fans face aux prouesses de leurs athlètes en gymnastique, au tennis de table au tir ou en natation, où le champion Pan Zhanle a dominé le 100 m nage libre et battu son propre record du monde.
-Une performance qui a fait grincer quelques dents chez ses concurrents, alors que des faits de dopage impliquant vingt-deux membres de l’équipe de Chine, étouffés par l’Agence mondiale antidopage, ont été révélés peu avant les Jeux par The New York Times. Informations qualifiées de « fallacieuses » par Pékin.
-Des fans de boxe rassemblés devant le combat opposant la Brésilienne Jucielen Cerqueira Romeu à la Turque Esra Yildiz, en quart de finale des JO de Paris, au gymnase MM Boxe, à Sao Paulo (Brésil), le 4 août 2024. IGOR DO VALE / ZUMA PRESS WIRE / SHU
-Outre ces faits de compétition, c’est aussi le relatif manque d’intérêt des Chinois pour ces JO qui a surpris les commentateurs. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont dénoncé la débauche de moyens attribués à la préparation et à la participation aux Jeux, où la délégation chinoise compte 405 athlètes et 311 coachs et accompagnants. Le projet annoncé d’envoyer des climatiseurs pour leurs chambres a suscité de vives critiques chez les internautes, au point que les autorités chinoises ont dû le démentir. En plein marasme économique national, la course aux médailles à tout prix ne fait plus l’unanimité.
-« Usage excessif de la force »
-De l’autre côté du détroit, à Taïwan, alors que les sportifs ne sont autorisés à concourir par le Comité international olympique (CIO) que sous le nom « Taipei chinois », le ministère des affaires étrangères s’est exprimé, le 3 août, au sujet de deux incidents survenus lors d’un match de badminton et dont les images ont enflammé les réseaux sociaux taïwanais.
-Pendant la demi-finale du double hommes de badminton qui avait vu s’affronter la veille les Taïwanais Lee Yang et Wang Chi-lin contre leurs adversaires danois, une supportrice taïwanaise, brandissant une affiche verte en forme du pays et titrée « Allez Taïwan ! » se l’est violemment fait ôter des mains par un homme soupçonné d’être chinois. Au cours du même tournoi, les agents de sécurité ont également arraché à un supporteur une serviette verte sur laquelle était marqué le mot « Taïwan ».
-Dans un communiqué, le gouvernement taïwanais a qualifié la violence saisie de l’affiche de « méprisable », d’atteinte à l’esprit olympique et à la liberté d’expression. Le bureau de représentation de Taïwan en France a rajouté que l’affaire avait été signalée à la police. Par ailleurs, le ministère des affaires étrangères a demandé à son bureau français – équivalent de l’ambassade – de déposer une plainte auprès du CIO pour « usage excessif de la force » au sujet de la confiscation de la serviette par les agents. En dépit de ces incidents, les joueurs de badminton taïwanais Lee et Wang ont fini champions olympiques, triomphant, le 4 août, de leurs adversaires chinois lors de la finale et suscitant d’enthousiastes réactions dans l’île.
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