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| - | ====== Le Monde – Alain Delon, étoile du cinéma français, est mort ====== https:// | ||
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| - | Alain Delon, en 1964, sur le tournage de La Rolls-Royce jaune, du réalisateur britannique Anthony Asquith. | ||
| - | SUNSET BOULEVARD / CORBIS VIA GETTY IMAGES | ||
| - | Alain Delon, étoile du cinéma français, est mort | ||
| - | Par Thomas Sotinel | ||
| - | Par Thomas Sotinel | ||
| - | Par Thomas Sotinel | ||
| - | Nécrologie Incarnation de l’acteur par excellence, personnage tout autant qu’artiste, | ||
| - | En 2010, une campagne de publicité faisait ressurgir un visage de 1968, un homme brun aux yeux bleus, d’une indicible beauté. Les quelques mouvements retenus pour vendre un parfum en trente secondes faisaient surgir des adjectifs convenus, mais inévitables : félin, sensuel, irrésistible. En 2010, Alain Delon avait 75 ans. L’image faisait ressortir l’incarnation définitive de l’acteur, et l’ultime (peut-être la seule) étoile masculine universelle du cinéma français. La publicité utilisait quelques images de La Piscine, un long-métrage inquiétant que l’acteur avait tourné en 1968. | ||
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| - | Réalisé par l’un des cinéastes d’élection d’Alain Delon, Jacques Deray, La Piscine faisait luire toutes les facettes de l’acteur, le talent dramatique – troublant –, l’imagerie de luxe et de débauche, la confusion entre vie publique et vie privée (pour ce film, il avait exigé d’avoir pour partenaire la jeune fille qui fut sa fiancée officielle à ses débuts – Romy Schneider) et le scandale. Alors qu’Alain Delon tournait La Piscine à Saint-Tropez, | ||
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| - | Luchino Visconti et Alain Delon, à Paris, en mars 1961. | ||
| - | Luchino Visconti et Alain Delon, à Paris, en mars 1961. MP / LEEMAGE | ||
| - | Alain Delon, mort dimanche 18 août à l’âge de 88 ans, est ainsi une figure avant d’être un artiste, un visage avant d’être une personne. Il a été l’artisan – pas toujours conscient – de cette construction sans égale dans le paysage français, qui a souvent éclipsé son travail. Peu d’acteurs se sont consacrés avec autant d’intensité au cinéma. Il avait à peine commencé sa carrière qu’il s’est donné tout entier à René Clément dans Plein soleil (1960), à Luchino Visconti dans Rocco et ses frères (1961), marquant les bornes d’un registre (le criminel, selon Patricia Highsmith, la figure dostoïevskienne, | ||
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| - | Défrayer la chronique | ||
| - | A ce travail, il faut ajouter la part qu’Alain Delon a prise à la conception des films dans lesquels il a joué, pour le meilleur – L’Insoumis (1964), d’Alain Cavalier, Monsieur Klein (1976), de Joseph Losey –, et pour le reste. Mais le travail de l’artiste est passé par le filtre de l’opinion publique. Un spectateur né en 1940 se souviendra de l’éphèbe aux yeux bleus qui paraissait plus souvent qu’à son tour dans les prétoires ; né en 1970, on se rappelle l’imprécateur qui proclamait aussi bien son amitié pour Jean-Marie Le Pen que son engagement pour la paix en Nouvelle-Calédonie. | ||
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| - | Car Alain Delon n’a jamais pu se contenter de faire son métier. A moins que celui-ci ne fût de défrayer la chronique. Prétoires, salles des ventes, champs de courses furent ses royaumes, partout, il pouvait se prévaloir de son sang bleu, celui des stars. En 2013 encore, il exaspérait avec une sortie contre le mariage pour tous « contre nature », lui qui naquit au cinéma sous les auspices de Jean-Claude Brialy et Luchino Visconti. Avant de reprendre la route des théâtres de province, où il jouait chaque soir en compagnie de sa dernière-née, | ||
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| - | Mais comment être un patriarche quand on a été un enfant mal aimé ? Alain Delon est né le 8 novembre 1935 à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, | ||
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| - | Départ en Indochine | ||
| - | A 15 ans, le garçon décide de partir pour Chicago en compagnie d’un condisciple, | ||
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| - | Le jeune homme se souvient avoir vu Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker, avec Jean Gabin, rue Catinat, à Saïgon. Il admet avoir emprunté une Jeep sans autorisation et l’avoir laissée dans un fossé, avoir volé du matériel, ce qui lui vaut de passer ses 20 ans en prison. De retour en métropole en 1956, il remonte à Paris, où il est tour à tour serveur et fort des Halles, tout en passant ses nuits à Pigalle. Il s’introduit dans les milieux germanopratins, | ||
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| - | Alain Delon au festival de Cannes, le 6 mai 1958. | ||
| - | Alain Delon au festival de Cannes, le 6 mai 1958. LUC FOURNOL / PHOTO 12 | ||
| - | Là, Alain Delon est repéré par Henry Willson, agent hollywoodien spécialisé dans les beaux gosses (Rock Hudson, Tab Hunter). Willson envoie le jeune homme à Rome, où il passe un bout d’essai devant David O. Selznick, qui lui propose un contrat de sept ans, à condition que le Français apprenne l’anglais. Delon regagne Paris et accepte en même temps la proposition d’Yves Allégret, qui lui offre un rôle de petite frappe dans Quand la femme s’en mêle (1957). « Moi, ça ne m’intéressait pas tellement. Alors, Yves a dû se battre, non seulement avec ses producteurs pour m’imposer, | ||
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| - | Premiers rôles | ||
| - | Dans un même mouvement, Alain Delon enchaîne quelques films mineurs : Sois belle et tais-toi (1958), de Marc Allégret, le frère d’Yves, Christine (1958), de Pierre Gaspard-Huit, | ||
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| - | Romy Schneider et Alain Delon dans « La Piscine », en 1968. | ||
| - | Romy Schneider et Alain Delon dans « La Piscine », en 1968. SCREEN PROD / PHOTONONSTOP | ||
| - | La presse a remarqué le physique et la présence du garçon, si bien que René Clément se décide à lui offrir le rôle de Ripley dans Plein soleil, qu’il s’apprête à adapter du roman de Patricia Highsmith. Tourné en 1959, aux côtés de Maurice Ronet et Marie Laforêt, Plein soleil est pour Delon un apprentissage. René Clément est un directeur d’acteur d’une précision irréfutable, | ||
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| - | A peine le film est-il sorti à grand fracas, début 1960, que Delon, qui a séduit le comte italien lors de leur première entrevue, entame le tournage de Rocco et ses frères sous la direction de Visconti. Plus encore que celui de Ripley, le rôle de Rocco, l’émigré méridional arrivé à Milan avec sa tribu, est un défi. Delon est doublé, entouré d’une distribution impressionnante (Renato Salvatori, Annie Girardot, Claudia Cardinale), incarnant un personnage de paysan déraciné aux antipodes de son expérience. Il triomphe modestement, | ||
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| - | Théâtre et comédies | ||
| - | Rentré à Paris, il tente aussitôt l’aventure de la scène, toujours sous la direction de Visconti, qui monte, en 1961, Dommage qu’elle soit une putain, au Théâtre Marigny. Delon a pour partenaire Romy Schneider, sa compagne depuis le tournage de Christine. Les critiques sont partagés. Dans Le Monde, Bertrand Poirot-Delpech évoque « les contorsions nerveuses [des jeunes acteurs] qui laissent apparaître leur pauvre insuffisance », tout en saluant leur beauté. | ||
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| - | Delon enchaîne sur l’une de ses très rares comédies, Quelle joie de vivre (1961), de René Clément, et un sketch dans Les Amours célèbres, qui lui fait partager le plateau avec Brigitte Bardot. Il est pressenti par David Lean pour tenir le rôle du prince Ali dans Lawrence d’Arabie, mais si le rôle va à Omar Sharif, ce n’est pas grave, puisque Antonioni lui a demandé d’être le partenaire de Monica Vitti dans L’Eclipse, | ||
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| - | Ce n’est sans doute pas par hasard que ce début de carrière suffit à lui assurer une renommée durable au Japon, que le futur interprète du Samouraï visite pour la première fois en 1963. Non seulement ses films y font recette, mais l’acteur peut compter désormais sur sa notoriété nippone pour lui assurer une source stable de revenus, grâce à l’utilisation de son image dans de nombreuses publicités. | ||
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| - | Le triomphe du « Guépard » | ||
| - | Au printemps 1963, juste avant que Le Guépard ne soit présenté à Cannes, sort Mélodie en sous-sol, d’Henri Verneuil, dans lequel il côtoie le même Gabin qu’il avait admiré dans Touchez pas au grisbi. Il se rapproche ainsi du cinéma commercial français, dont il deviendra bientôt l’un des piliers. En attendant, c’est l’heure du triomphe du Guépard, dans lequel il incarne Tancrède, qui professe que « tout doit changer pour que rien ne change ». Delon tient son rang aux côtés de Burt Lancaster (qui incarne son oncle, le vieux prince), tire Claudia Cardinale (la roturière qu’il veut épouser par amour autant que par calcul) vers le haut et contribue puissamment au triomphe d’un film, devenu en un instant un classique du cinéma, couronné d’une Palme d’or. | ||
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| - | Il tourne ensuite Les Félins, avec Jane Fonda, sous la direction de René Clément, avant d’investir comme producteur dans un film audacieux, L’Insoumis, | ||
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| - | A sa sortie, L’Insoumis, | ||
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| - | Rencontre avec Melville | ||
| - | C’est à ce moment qu’il rompt avec Romy Schneider et, en compagnie de son épouse Nathalie, tente de s’acclimater à Hollywood, où naît leur fils, Anthony. Là-bas, la nouvelle étoile peine à trouver ses marques. Il est question qu’il tourne une adaptation de Chéri, de Colette, d’abord avec George Cukor, puis avec Tony Richardson. Finalement, il doit se contenter des Tueurs de San Francisco, de Ralph Nelson, de Texas Across The River, de Michael Gordon avec Dean Martin, et des Centurions, de Mark Robson, film contre la guerre d’Algérie, | ||
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| - | En 1967, Jean-Pierre Melville se rend chez les Delon, un scénario à la main. Le metteur en scène a raconté que le comédien a interrompu la lecture en lui disant : « Ça fait sept minutes que vous lisez votre scénario, et il n’y a pas encore l’ombre d’un dialogue. Cela me suffit. Je fais ce film. Comment s’appelle-t-il ? » C’est ainsi qu’Alain Delon devient Jeff Costello, dit « Le Samouraï », un tueur solitaire, au bord de la schizophrénie. | ||
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| - | Les deux hommes collaboreront encore deux fois, pour Le Cercle rouge (1970) et Un flic (1972), l’ultime long-métrage de Melville, qui meurt l’année suivante. Le Cercle rouge sera un immense succès populaire, comme Le Samouraï, alors qu’Un flic est une déception. C’est dans ces films qu’Alain Delon façonne ce personnage de solitaire, flic ou truand, qui oppose au monde une violence froide, une indifférence qui séduit presque par accident. Il usera ce modèle jusqu’à la corde sous la direction de cinéastes de moindre importance que Melville : Deray, José Giovanni, José Pinheiro. | ||
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| - | L’affaire Markovic | ||
| - | La tourmente de Mai 68 trouve Alain Delon sur scène, où il joue Les Yeux crevés, une pièce de Jean Cau. L’acteur a beau avoir soutenu Henri Langlois dans le conflit qui l’a opposé à André Malraux, ministre de la culture, au début de l’année, il n’a aucune sympathie pour les étudiants et les grévistes. Il tente de maintenir sa pièce à l’affiche avant que son théâtre ne soit fermé. Il fonde alors, avec les acteurs Raymond Gérôme et Jacques Dacqmine, une éphémère Union professionnelle du spectacle. | ||
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| - | On n’est qu’au printemps, et l’année n’en a pas fini avec Alain Delon. Le 1er octobre, on découvre dans la décharge d’Elancourt (Yvelines) le cadavre de Stefan Markovic, qui fut le garde du corps, le secrétaire d’Alain et de Nathalie Delon. L’enquête révèle bientôt que ce truand yougoslave, recueilli à sa sortie de prison par le couple, a écrit, peu avant sa mort, des lettres à son frère, demeuré à Belgrade, dans lesquelles il explique que s’il lui arrive quelque chose, il faudra « chercher du côté d’A.D. » et de François Marcantoni, ancien résistant, figure du milieu parisien et ami de l’acteur. | ||
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| - | Convoqué à de multiples reprises par le magistrat instructeur, | ||
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| - | Salles des ventes et champs de courses | ||
| - | D’autres se seraient mis à l’abri des regards, Delon préfère alterner les premières de ses films et les entrées spectaculaires quai des Orfèvres, tout en imposant sa présence dans les salles des ventes et sur les champs de courses. En juillet 1969, il fait l’acquisition pour 700 000 francs de l’un des derniers dessins de Dürer encore sur le marché. C’est le début d’une collection faite d’abord de dessins (il tourne bientôt son intérêt vers le XIXe siècle français, Millet, Géricault), | ||
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| - | En attendant, il achète un poulain, à Deauville, en 1970, pour la moitié du prix du Dürer. L’écurie de Delon connaît certains succès, mais cette histoire-là finit aussi au prétoire, en 1978, lorsque l’entraîneur qu’il a choisi, Pierre-Désiré Allaire, comparaît dans une affaire de paris frauduleux. Delon se fait aussi promoteur de matchs de boxe, organisant des rencontres pour le championnat du monde des poids moyens entre Jean-Claude Bouttier, mort le 3 août 2019, et Carlos Monzon (1972 et 1973) et entre Monzon et Jose Napoles (1974), à Paris et à Puteaux. La seconde rencontre est un succès financier – la recette est de 6 millions de francs. | ||
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| - | En 1970, c’est aussi en homme d’affaires qu’il lance la production de Borsalino, inspiré d’un livre sur les truands marseillais Carbone et Spirito, qui sévirent dans les années 1930. Le scénario surfe sur la vague rétro née aux Etats-Unis quelques années plus tôt avec Bonnie and Clyde. Delon convainc son rival Belmondo de partager l’affiche avec lui. Efficace mais peu inspiré, le film, réalisé par Jacques Deray, attire près de 5 millions de spectateurs. | ||
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| - | Fabrication en série de films noirs | ||
| - | Belmondo est furieux, son contrat lui garantissait que son nom serait en haut de l’affiche. C’est vrai en ce qui concerne l’ordre de présentation des acteurs, mais au-dessus, il y a le nom du producteur : « Alain Delon présente ». Belmondo intente un procès, et Delon remarque aimablement, | ||
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| - | Au sommet du box-office, Borsalino permet à Delon, producteur, de lancer la fabrication en série de films noirs (Borsalino and Co, 1974, Flic Story, 1975, Le Gang, 1977, Trois Hommes à abattre, 1980, Pour la peau d’un flic, 1981, Le Choc, 1982, Ne réveillez pas un flic qui dort, 1988…), dont la litanie se terminera enfin à l’orée du XXIe siècle. Cette production abondante ne doit pas obscurcir le côté plus aventureux de sa filmographie. | ||
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| - | Dès 1971, il s’essaie à la comédie, sans grand succès, avec Doucement les basses, de Deray, puis tourne Le Professeur, portrait d’un homme à la dérive, sous la direction de Valerio Zurlini. Il y a aussi des bizarreries, | ||
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| - | Des films hors normes | ||
| - | Surtout, en 1976, il rencontre Joseph Losey, qui peine à monter la production de Monsieur Klein. Quatre ans plus tôt, Delon a déjà été à l’affiche d’un film du vieil exilé américain, L’Assassinat de Trotski, dans lequel il joue l’agent soviétique Ramon Mercader, chargé d’exécuter le dirigeant révolutionnaire, | ||
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| - | Sur le tournage de « Monsieur Klein », en 1976. | ||
| - | Sur le tournage de « Monsieur Klein », en 1976. BOTTI / GAMMA | ||
| - | Un quart de siècle plus tard, dans ces colonnes, l’acteur évoque un « film écrit par un Italien et réalisé par un Américain blacklisté. Heureusement qu’il y a Joseph Losey pour réaliser Monsieur Klein et moi pour le produire. Monsieur Klein est une référence, | ||
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| - | Cette lucidité jette un éclairage plus flatteur sur la dernière partie du parcours d’Alain Delon que la seule lecture de sa filmographie. Car jusqu’au bout, il glisse entre les alignements de « flic stories » des films étranges, hors norme, pas toujours choisis à bon escient : Un amour de Swann (1984), de Volker Schlöndorff, | ||
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| - | Un échec commercial et un César | ||
| - | Ses projets policiers, eux, évoluent aussi au gré de sa vie privée : au début des années 1980, Anne Parillaud succède à Mireille Darc à l’écran comme à la ville. Il passe même à la réalisation pour la diriger dans Pour la peau d’un flic, adaptation-trahison d’un roman de Jean-Patrick Manchette. Après Manchette, ce sera Fajardie qui fournira le combustible de la machine Delon, et l’on verra notre héros lutter contre le groupe Fidélité de la police (inspiré du très réel Honneur de la police, embryon d’escadron de la mort à la française) dans Ne réveillez pas un flic qui dort. | ||
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| - | Sur la scène politique, Delon fait pourtant tout pour assurer sa réputation d’homme de droite. En 1984, il affirme son amitié pour Jean-Marie Le Pen, tout en qualifiant la rivalité Giscard-Chirac de « querelle de gonzesses ». Deux ans plus tard, il reçoit les insignes de commandeur des arts et des lettres des mains de Jack Lang, que les élections viennent de chasser du pouvoir. Juste avant le scrutin, le ministre socialiste avait promu l’acteur, et celui-ci tient à témoigner de sa reconnaissance, | ||
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| - | Il ne lui reste plus que deux grands rendez-vous cinématographiques. En 1985, il accepte de tourner dans Notre histoire, de Bertrand Blier, sur les instances de Nathalie Baye, qui sera sa partenaire. Il incarne un banlieusard abruti par l’alcool et l’ennui. Le film est d’abord ignoré par le comité de sélection du Festival de Cannes, que Delon abreuve d’injures, | ||
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| - | « Parce que vous êtes Godard… » | ||
| - | Cinq ans plus tard, en 1990, Alain Delon revient enfin à Cannes. L’année précédente, | ||
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| - | Dans « Nouvelle Vague », de Jean-Luc Godard, en 1990. | ||
| - | Dans « Nouvelle Vague », de Jean-Luc Godard, en 1990. PROD DB / SARA FILMS / PERIPHERIA / DR | ||
| - | Sur le plateau, il se plie aux caprices du metteur en scène. « J’étais parfois un peu décontenancé, | ||
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| - | Deux ans plus tard, retour à Cannes, mais cette fois avec Le Retour de Casanova, d’Edouard Niermans, film en costumes qui n’excite guère la curiosité. Il reste quelques polars à venir, Un crime (1993) et L’Ours en peluche (1994), ses deux dernières collaborations avec le fidèle Jacques Deray et, enfin, Une chance sur deux, tentative malheureuse de reconstitution du duo de Borsalino avec Belmondo sorti en 1998. Le film est un échec cuisant, et Delon annonce sa retraite du cinéma. Il tiendra presque parole, n’apparaissant que dans Les Acteurs, de Bertrand Blier (2000), et Astérix aux Jeux olympiques (2008), en Jules César égotiste. | ||
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| - | Succès sur le petit écran | ||
| - | Il passe ensuite au petit écran, d’abord en incarnant Fabio Montale, le héros des romans du Marseillais Jean-Claude Izzo. La seule annonce de sa présence dans le rôle déchaîne la fureur des lecteurs d’Izzo, figure de gauche, qu’il tente d’apaiser en leur assurant que le romancier aurait été heureux de le voir dans ce rôle. Diffusée sur TF1 début 2002, la série rassemble 12,5 millions de spectateurs, | ||
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| - | Il présente ensuite sa fille Anouchka aux téléspectateurs dans une adaptation du Lion de Kessel, puis revient à la police en 2003 et 2004 dans la peau d’un énième flic solitaire, Frank Riva, cette fois pour le service public. Le succès est moindre, en dessous des ambitions de Delon, qui s’était fixé pour objectif de faire mieux que Christian Clavier en Napoléon. Il annonce alors sa retraite de la télévision. | ||
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| - | Delon a fait son retour sur les planches en 1996, dans les Variations énigmatiques d’Eric-Emmanuel Schmitt, avec Francis Huster. En 2011, il monte Une journée ordinaire, un duo pour père et fille écrit sur commande par Eric Assous. Alain et Anouchka Delon emmèneront le spectacle en tournée jusqu’à la fin 2013. On voit aussi Delon faire de la publicité pour des lunettes, présider un concours de Miss France ou apparaître dans des talk-shows. C’est le même homme ombrageux, qui détonne dans ces décors trop ordinaires pour lui. Il faut une campagne d’affichage pour un parfum pour revenir à l’origine de la légende de l’étoile. | ||
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| - | Alain Delon en quelques dates | ||
| - | 8 novembre 1935 Naissance à Sceaux (Hauts-de-Seine) | ||
| - | 1953 S’engage dans l’armée. Il est envoyé en Indochine | ||
| - | 1957 « Quand la femme s’en mêle », premier film | ||
| - | 1960 « Plein soleil » | ||
| - | 1963 « Le Guépard », palme d’or au Festival de Cannes | ||
| - | Octobre 1968 Début de l’« affaire Markovic » | ||
| - | 1969 « La Piscine », avec Romy Schneider | ||
| - | 1976 « Monsieur Klein » | ||
| - | 1984 « Notre Histoire », film pour lequel il reçoit le César du meilleur acteur en 1985 | ||
| - | 1990 « Nouvelle Vague », de Jean-Luc Godard | ||
| - | 2008 « Astérix aux Jeux olympiques » | ||
| - | 2019 Reçoit une Palme d’honneur au Festival de Cannes | ||
| - | 18 août 2024 Mort à Douchy (Loiret) | ||
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| - | Thomas Sotinel | ||
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