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-====== Le Monde – Alain Delon, étoile du cinéma français, est mort  ====== https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2024/08/18/alain-delon-etoile-du-cinema-francais-est-mort_6285257_3382.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-Alain Delon, en 1964, sur le tournage de La Rolls-Royce jaune, du réalisateur britannique Anthony Asquith. 
-SUNSET BOULEVARD / CORBIS VIA GETTY IMAGES 
-Alain Delon, étoile du cinéma français, est mort 
-Par Thomas Sotinel 
-Par Thomas Sotinel 
-Par Thomas Sotinel 
-Nécrologie Incarnation de l’acteur par excellence, personnage tout autant qu’artiste, Alain Delon, qui aura vécu son art avec une intensité sans égale, est mort dimanche à l’âge de 88 ans, selon une déclaration de ses trois enfants à l’Agence France-Presse. 
-En 2010, une campagne de publicité faisait ressurgir un visage de 1968, un homme brun aux yeux bleus, d’une indicible beauté. Les quelques mouvements retenus pour vendre un parfum en trente secondes faisaient surgir des adjectifs convenus, mais inévitables : félin, sensuel, irrésistible. En 2010, Alain Delon avait 75 ans. L’image faisait ressortir l’incarnation définitive de l’acteur, et l’ultime (peut-être la seule) étoile masculine universelle du cinéma français. La publicité utilisait quelques images de La Piscine, un long-métrage inquiétant que l’acteur avait tourné en 1968. 
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-Réalisé par l’un des cinéastes d’élection d’Alain Delon, Jacques Deray, La Piscine faisait luire toutes les facettes de l’acteur, le talent dramatique – troublant –, l’imagerie de luxe et de débauche, la confusion entre vie publique et vie privée (pour ce film, il avait exigé d’avoir pour partenaire la jeune fille qui fut sa fiancée officielle à ses débuts – Romy Schneider) et le scandale. Alors qu’Alain Delon tournait La Piscine à Saint-Tropez, il dut regagner Paris pour témoigner (avant d’être placé en garde à vue) dans l’affaire Markovic, du nom de son garde du corps et factotum, assassiné. 
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-Luchino Visconti et Alain Delon, à Paris, en mars 1961. 
-Luchino Visconti et Alain Delon, à Paris, en mars 1961. MP / LEEMAGE 
-Alain Delon, mort dimanche 18 août à l’âge de 88 ans, est ainsi une figure avant d’être un artiste, un visage avant d’être une personne. Il a été l’artisan – pas toujours conscient – de cette construction sans égale dans le paysage français, qui a souvent éclipsé son travail. Peu d’acteurs se sont consacrés avec autant d’intensité au cinéma. Il avait à peine commencé sa carrière qu’il s’est donné tout entier à René Clément dans Plein soleil (1960), à Luchino Visconti dans Rocco et ses frères (1961), marquant les bornes d’un registre (le criminel, selon Patricia Highsmith, la figure dostoïevskienne, selon Visconti) qui a presque toujours été sous-estimé. 
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-Défrayer la chronique 
-A ce travail, il faut ajouter la part qu’Alain Delon a prise à la conception des films dans lesquels il a joué, pour le meilleur – L’Insoumis (1964), d’Alain Cavalier, Monsieur Klein (1976), de Joseph Losey –, et pour le reste. Mais le travail de l’artiste est passé par le filtre de l’opinion publique. Un spectateur né en 1940 se souviendra de l’éphèbe aux yeux bleus qui paraissait plus souvent qu’à son tour dans les prétoires ; né en 1970, on se rappelle l’imprécateur qui proclamait aussi bien son amitié pour Jean-Marie Le Pen que son engagement pour la paix en Nouvelle-Calédonie. 
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-Car Alain Delon n’a jamais pu se contenter de faire son métier. A moins que celui-ci ne fût de défrayer la chronique. Prétoires, salles des ventes, champs de courses furent ses royaumes, partout, il pouvait se prévaloir de son sang bleu, celui des stars. En 2013 encore, il exaspérait avec une sortie contre le mariage pour tous « contre nature », lui qui naquit au cinéma sous les auspices de Jean-Claude Brialy et Luchino Visconti. Avant de reprendre la route des théâtres de province, où il jouait chaque soir en compagnie de sa dernière-née, Anouchka, en bon père de famille, lui qui s’est fâché régulièrement et publiquement avec ses fils aînés. 
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-Mais comment être un patriarche quand on a été un enfant mal aimé ? Alain Delon est né le 8 novembre 1935 à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, banlieue prospère où son père tenait un petit cinéma, le Régina, et où sa mère, Edith, d’origine corse, travaillait dans une pharmacie. Quand il a 4 ans, ses parents se séparent, et il se retrouve très vite en pension à Issy-les-Moulineaux. L’acteur a raconté que dans l’un des établissements dont il se faisait régulièrement renvoyer, il avait fait partie de la chorale et que celle-ci avait reçu la visite d’Angelo Roncalli, nonce apostolique et futur pape Jean XXIII, qui avait félicité le jeune soprano Alain Delon. 
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-Départ en Indochine 
-A 15 ans, le garçon décide de partir pour Chicago en compagnie d’un condisciple, mais les deux garçons sont rattrapés à Châtellerault, dans la Vienne. Placé en apprentissage chez son beau-père, charcutier à Bourg-la-Reine, Alain Delon obtient son certificat d’aptitude professionnelle. Il est suffisamment mécontent de sa condition pour chercher à s’engager. L’aviation ne pouvant l’accepter avant plusieurs mois, il choisit la marine. En janvier 1953, à 17 ans, Alain Delon signe un contrat de trois ans et le prolonge de deux afin de suivre ses camarades fusiliers marins en Indochine, où il est envoyé sur le théâtre des opérations. 
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-Le jeune homme se souvient avoir vu Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker, avec Jean Gabin, rue Catinat, à Saïgon. Il admet avoir emprunté une Jeep sans autorisation et l’avoir laissée dans un fossé, avoir volé du matériel, ce qui lui vaut de passer ses 20 ans en prison. De retour en métropole en 1956, il remonte à Paris, où il est tour à tour serveur et fort des Halles, tout en passant ses nuits à Pigalle. Il s’introduit dans les milieux germanopratins, séduit l’actrice Brigitte Auber, se lie d’amitié avec Jean-Claude Brialy, qui le décide à descendre à Cannes, pour l’édition 1957 du Festival. 
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-Alain Delon au festival de Cannes, le 6 mai 1958. 
-Alain Delon au festival de Cannes, le 6 mai 1958. LUC FOURNOL / PHOTO 12 
-Là, Alain Delon est repéré par Henry Willson, agent hollywoodien spécialisé dans les beaux gosses (Rock Hudson, Tab Hunter). Willson envoie le jeune homme à Rome, où il passe un bout d’essai devant David O. Selznick, qui lui propose un contrat de sept ans, à condition que le Français apprenne l’anglais. Delon regagne Paris et accepte en même temps la proposition d’Yves Allégret, qui lui offre un rôle de petite frappe dans Quand la femme s’en mêle (1957). « Moi, ça ne m’intéressait pas tellement. Alors, Yves a dû se battre, non seulement avec ses producteurs pour m’imposer, mais avec moi. Pratiquement, j’ai accepté de tourner pour lui faire plaisir », explique Delon, peu de temps après. 
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-Premiers rôles 
-Dans un même mouvement, Alain Delon enchaîne quelques films mineurs : Sois belle et tais-toi (1958), de Marc Allégret, le frère d’Yves, Christine (1958), de Pierre Gaspard-Huit, sur le plateau duquel il rencontre et tombe amoureux de Romy Schneider, et Faibles Femmes (1959), de Michel Boisrond, qui lui offre un premier rôle et constitue autour de lui un entourage, le journaliste Georges Beaume, qui devient son manageur, l’agente Olga Horstig, qui lui fait rencontrer Luchino Visconti, en 1959. L’acteur s’inquiète déjà de son destin, refusant l’étiquette de jeune premier romantique, alors qu’il se sait « le contraire ». 
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-Romy Schneider et Alain Delon dans « La Piscine », en 1968. 
-Romy Schneider et Alain Delon dans « La Piscine », en 1968. SCREEN PROD / PHOTONONSTOP 
-La presse a remarqué le physique et la présence du garçon, si bien que René Clément se décide à lui offrir le rôle de Ripley dans Plein soleil, qu’il s’apprête à adapter du roman de Patricia Highsmith. Tourné en 1959, aux côtés de Maurice Ronet et Marie Laforêt, Plein soleil est pour Delon un apprentissage. René Clément est un directeur d’acteur d’une précision irréfutable, il mène Delon sur le chemin de la perversion de Tom Ripley, en fait un séducteur vénéneux. 
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-A peine le film est-il sorti à grand fracas, début 1960, que Delon, qui a séduit le comte italien lors de leur première entrevue, entame le tournage de Rocco et ses frères sous la direction de Visconti. Plus encore que celui de Ripley, le rôle de Rocco, l’émigré méridional arrivé à Milan avec sa tribu, est un défi. Delon est doublé, entouré d’une distribution impressionnante (Renato Salvatori, Annie Girardot, Claudia Cardinale), incarnant un personnage de paysan déraciné aux antipodes de son expérience. Il triomphe modestement, à force d’abnégation et d’inventivité. Son Rocco, boxeur qui se voue à la rédemption de son clan, est une création stupéfiante. Présenté à Venise, le film remporte le Lion d’argent et affirme la réputation internationale de sa jeune star. 
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-Théâtre et comédies 
-Rentré à Paris, il tente aussitôt l’aventure de la scène, toujours sous la direction de Visconti, qui monte, en 1961, Dommage qu’elle soit une putain, au Théâtre Marigny. Delon a pour partenaire Romy Schneider, sa compagne depuis le tournage de Christine. Les critiques sont partagés. Dans Le Monde, Bertrand Poirot-Delpech évoque « les contorsions nerveuses [des jeunes acteurs] qui laissent apparaître leur pauvre insuffisance », tout en saluant leur beauté. 
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-Delon enchaîne sur l’une de ses très rares comédies, Quelle joie de vivre (1961), de René Clément, et un sketch dans Les Amours célèbres, qui lui fait partager le plateau avec Brigitte Bardot. Il est pressenti par David Lean pour tenir le rôle du prince Ali dans Lawrence d’Arabie, mais si le rôle va à Omar Sharif, ce n’est pas grave, puisque Antonioni lui a demandé d’être le partenaire de Monica Vitti dans L’Eclipse, présenté à Cannes en 1962. De cette expérience avec le maître moderniste, Delon dira que « ce n’était pas un rôle très passionnant pour moi, mais j’avais l’occasion d’être dirigé par Antonioni, de pénétrer dans son œuvre ». 
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-Ce n’est sans doute pas par hasard que ce début de carrière suffit à lui assurer une renommée durable au Japon, que le futur interprète du Samouraï visite pour la première fois en 1963. Non seulement ses films y font recette, mais l’acteur peut compter désormais sur sa notoriété nippone pour lui assurer une source stable de revenus, grâce à l’utilisation de son image dans de nombreuses publicités. 
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-Le triomphe du « Guépard » 
-Au printemps 1963, juste avant que Le Guépard ne soit présenté à Cannes, sort Mélodie en sous-sol, d’Henri Verneuil, dans lequel il côtoie le même Gabin qu’il avait admiré dans Touchez pas au grisbi. Il se rapproche ainsi du cinéma commercial français, dont il deviendra bientôt l’un des piliers. En attendant, c’est l’heure du triomphe du Guépard, dans lequel il incarne Tancrède, qui professe que « tout doit changer pour que rien ne change ». Delon tient son rang aux côtés de Burt Lancaster (qui incarne son oncle, le vieux prince), tire Claudia Cardinale (la roturière qu’il veut épouser par amour autant que par calcul) vers le haut et contribue puissamment au triomphe d’un film, devenu en un instant un classique du cinéma, couronné d’une Palme d’or. 
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-Il tourne ensuite Les Félins, avec Jane Fonda, sous la direction de René Clément, avant d’investir comme producteur dans un film audacieux, L’Insoumis, d’Alain Cavalier. On est en 1964, la guerre d’Algérie n’est finie que depuis deux ans, mais Delon n’hésite pas à incarner un soldat perdu de l’OAS qui enlève une avocate proche du FLN. Cavalier a raconté : « Je n’ai pas fait L’Insoumis sur l’Histoire ou l’Algérie, j’ai fait L’Insoumis parce que je voulais tourner un film avec Delon. J’ai parlé avec lui, il m’a raconté sa vie, et le plus intéressant pour moi était cette période très incertaine qu’il a passée en Indochine, pendant trois ans. » 
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-A sa sortie, L’Insoumis, qui est amputé d’une vingtaine de minutes à la suite d’un procès, est ignoré par le public. Quelques mois plus tôt, en mars, Henri Langlois, le directeur de la Cinémathèque, a organisé une rétrospective Alain Delon, un geste sans précédent qui fait peser sur un acteur de 29 ans tout le poids de la gloire. 
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-Rencontre avec Melville 
-C’est à ce moment qu’il rompt avec Romy Schneider et, en compagnie de son épouse Nathalie, tente de s’acclimater à Hollywood, où naît leur fils, Anthony. Là-bas, la nouvelle étoile peine à trouver ses marques. Il est question qu’il tourne une adaptation de Chéri, de Colette, d’abord avec George Cukor, puis avec Tony Richardson. Finalement, il doit se contenter des Tueurs de San Francisco, de Ralph Nelson, de Texas Across The River, de Michael Gordon avec Dean Martin, et des Centurions, de Mark Robson, film contre la guerre d’Algérie, d’après Jean Lartéguy. En 1966, il revient en France pour être Jacques Chaban-Delmas dans Paris brûle-t-il ?, de René Clément. 
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-En 1967, Jean-Pierre Melville se rend chez les Delon, un scénario à la main. Le metteur en scène a raconté que le comédien a interrompu la lecture en lui disant : « Ça fait sept minutes que vous lisez votre scénario, et il n’y a pas encore l’ombre d’un dialogue. Cela me suffit. Je fais ce film. Comment s’appelle-t-il ? » C’est ainsi qu’Alain Delon devient Jeff Costello, dit « Le Samouraï », un tueur solitaire, au bord de la schizophrénie. 
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-Les deux hommes collaboreront encore deux fois, pour Le Cercle rouge (1970) et Un flic (1972), l’ultime long-métrage de Melville, qui meurt l’année suivante. Le Cercle rouge sera un immense succès populaire, comme Le Samouraï, alors qu’Un flic est une déception. C’est dans ces films qu’Alain Delon façonne ce personnage de solitaire, flic ou truand, qui oppose au monde une violence froide, une indifférence qui séduit presque par accident. Il usera ce modèle jusqu’à la corde sous la direction de cinéastes de moindre importance que Melville : Deray, José Giovanni, José Pinheiro. 
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-L’affaire Markovic 
-La tourmente de Mai 68 trouve Alain Delon sur scène, où il joue Les Yeux crevés, une pièce de Jean Cau. L’acteur a beau avoir soutenu Henri Langlois dans le conflit qui l’a opposé à André Malraux, ministre de la culture, au début de l’année, il n’a aucune sympathie pour les étudiants et les grévistes. Il tente de maintenir sa pièce à l’affiche avant que son théâtre ne soit fermé. Il fonde alors, avec les acteurs Raymond Gérôme et Jacques Dacqmine, une éphémère Union professionnelle du spectacle. 
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-On n’est qu’au printemps, et l’année n’en a pas fini avec Alain Delon. Le 1er octobre, on découvre dans la décharge d’Elancourt (Yvelines) le cadavre de Stefan Markovic, qui fut le garde du corps, le secrétaire d’Alain et de Nathalie Delon. L’enquête révèle bientôt que ce truand yougoslave, recueilli à sa sortie de prison par le couple, a écrit, peu avant sa mort, des lettres à son frère, demeuré à Belgrade, dans lesquelles il explique que s’il lui arrive quelque chose, il faudra « chercher du côté d’A.D. » et de François Marcantoni, ancien résistant, figure du milieu parisien et ami de l’acteur. 
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-Convoqué à de multiples reprises par le magistrat instructeur, placé en garde à vue, Alain Delon se défend farouchement, d’autant plus que l’affaire prend un tour politique. Bientôt parviennent aux rédactions des photographies censées avoir été prises pendant des parties fines qu’organisait Markovic. La rumeur savamment distillée laisse entendre qu’on y voit la femme de Georges Pompidou, qui n’est plus premier ministre. Alain Delon est impliqué dans ce règlement de comptes interne au camp gaulliste, qui se conclura par un non-lieu à l’endroit de Marcantoni, contre qui pèsent pourtant de lourdes présomptions. 
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-Salles des ventes et champs de courses 
-D’autres se seraient mis à l’abri des regards, Delon préfère alterner les premières de ses films et les entrées spectaculaires quai des Orfèvres, tout en imposant sa présence dans les salles des ventes et sur les champs de courses. En juillet 1969, il fait l’acquisition pour 700 000 francs de l’un des derniers dessins de Dürer encore sur le marché. C’est le début d’une collection faite d’abord de dessins (il tourne bientôt son intérêt vers le XIXe siècle français, Millet, Géricault), puis de Fauves et enfin de sculpteurs animaliers modernes, au premier rang desquels Bugatti. Acquéreur impulsif (« j’ai acheté par passion, jamais par investissement », explique-t-il), il dispersera l’essentiel de sa collection dans les années 1990. 
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-En attendant, il achète un poulain, à Deauville, en 1970, pour la moitié du prix du Dürer. L’écurie de Delon connaît certains succès, mais cette histoire-là finit aussi au prétoire, en 1978, lorsque l’entraîneur qu’il a choisi, Pierre-Désiré Allaire, comparaît dans une affaire de paris frauduleux. Delon se fait aussi promoteur de matchs de boxe, organisant des rencontres pour le championnat du monde des poids moyens entre Jean-Claude Bouttier, mort le 3 août 2019, et Carlos Monzon (1972 et 1973) et entre Monzon et Jose Napoles (1974), à Paris et à Puteaux. La seconde rencontre est un succès financier – la recette est de 6 millions de francs. 
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-En 1970, c’est aussi en homme d’affaires qu’il lance la production de Borsalino, inspiré d’un livre sur les truands marseillais Carbone et Spirito, qui sévirent dans les années 1930. Le scénario surfe sur la vague rétro née aux Etats-Unis quelques années plus tôt avec Bonnie and Clyde. Delon convainc son rival Belmondo de partager l’affiche avec lui. Efficace mais peu inspiré, le film, réalisé par Jacques Deray, attire près de 5 millions de spectateurs. 
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-Fabrication en série de films noirs 
-Belmondo est furieux, son contrat lui garantissait que son nom serait en haut de l’affiche. C’est vrai en ce qui concerne l’ordre de présentation des acteurs, mais au-dessus, il y a le nom du producteur : « Alain Delon présente ». Belmondo intente un procès, et Delon remarque aimablement, dans le New York Times, « c’est une réaction féminine ». Dans le même entretien, il explique, à propos de l’affaire Markovic : « Je suis corse [sa mère l’était à moitié], et, dans des endroits comme celui-là, on a encore le sens de l’honneur et de la parole donnée. Je ne me soucie pas de ce que mes amis font. » 
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-Au sommet du box-office, Borsalino permet à Delon, producteur, de lancer la fabrication en série de films noirs (Borsalino and Co, 1974, Flic Story, 1975, Le Gang, 1977, Trois Hommes à abattre, 1980, Pour la peau d’un flic, 1981, Le Choc, 1982, Ne réveillez pas un flic qui dort, 1988…), dont la litanie se terminera enfin à l’orée du XXIe siècle. Cette production abondante ne doit pas obscurcir le côté plus aventureux de sa filmographie. 
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-Dès 1971, il s’essaie à la comédie, sans grand succès, avec Doucement les basses, de Deray, puis tourne Le Professeur, portrait d’un homme à la dérive, sous la direction de Valerio Zurlini. Il y a aussi des bizarreries, comme Soleil rouge (Terence Young, 1971, western cosmopolite dans lequel il a pour partenaire Toshiro Mifune) ou ce Zorro de pacotille qu’il fait réaliser à Duccio Tessari en 1975, pour faire plaisir à son fils qui a alors 10 ans. 
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-Des films hors normes 
-Surtout, en 1976, il rencontre Joseph Losey, qui peine à monter la production de Monsieur Klein. Quatre ans plus tôt, Delon a déjà été à l’affiche d’un film du vieil exilé américain, L’Assassinat de Trotski, dans lequel il joue l’agent soviétique Ramon Mercader, chargé d’exécuter le dirigeant révolutionnaire, qu’incarne Richard Burton. Le film n’a pas été un succès, même si Delon y campe un personnage d’une opacité et d’une abjection fascinantes. Cette fois, il s’agit d’incarner un homme solitaire et arrogant qu’une homonymie précipite dans les rouages de la machine d’extermination nazie. 
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-Sur le tournage de « Monsieur Klein », en 1976. 
-Sur le tournage de « Monsieur Klein », en 1976. BOTTI / GAMMA 
-Un quart de siècle plus tard, dans ces colonnes, l’acteur évoque un « film écrit par un Italien et réalisé par un Américain blacklisté. Heureusement qu’il y a Joseph Losey pour réaliser Monsieur Klein et moi pour le produire. Monsieur Klein est une référence, un classique, même s’il n’a fait que 200 000 entrées à Paris. Je savais dès le départ que j’allais perdre tous mes ronds avec Monsieur Klein. Je prenais l’argent de Flic Story pour faire Monsieur Klein. Flic Story ou Parole de flic, je les faisais en me brossant les dents. Pour Monsieur Klein, il faut que je me concentre un peu, que je compose. Sinon, pour filer un coup de pied dans une porte et tirer un coup de revolver, je n’ai pas besoin de me concentrer. » 
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-Cette lucidité jette un éclairage plus flatteur sur la dernière partie du parcours d’Alain Delon que la seule lecture de sa filmographie. Car jusqu’au bout, il glisse entre les alignements de « flic stories » des films étranges, hors norme, pas toujours choisis à bon escient : Un amour de Swann (1984), de Volker Schlöndorff, à la sortie duquel la critique hurle à la trahison de Proust, tout en saluant la composition de Delon en baron de Charlus, ou Le Passage (1986), de René Manzor, qui mêle animation et prises de vues réelles. Le summum de la bizarrerie étant atteint avec Le Jour et la Nuit, de Bernard-Henri Lévy, présenté au Festival de Berlin en février 1997, qui vaut à son interprète de figurer désormais et durablement sur la liste des pires navets jamais produits. 
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-Un échec commercial et un César 
-Ses projets policiers, eux, évoluent aussi au gré de sa vie privée : au début des années 1980, Anne Parillaud succède à Mireille Darc à l’écran comme à la ville. Il passe même à la réalisation pour la diriger dans Pour la peau d’un flic, adaptation-trahison d’un roman de Jean-Patrick Manchette. Après Manchette, ce sera Fajardie qui fournira le combustible de la machine Delon, et l’on verra notre héros lutter contre le groupe Fidélité de la police (inspiré du très réel Honneur de la police, embryon d’escadron de la mort à la française) dans Ne réveillez pas un flic qui dort. 
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-Sur la scène politique, Delon fait pourtant tout pour assurer sa réputation d’homme de droite. En 1984, il affirme son amitié pour Jean-Marie Le Pen, tout en qualifiant la rivalité Giscard-Chirac de « querelle de gonzesses ». Deux ans plus tard, il reçoit les insignes de commandeur des arts et des lettres des mains de Jack Lang, que les élections viennent de chasser du pouvoir. Juste avant le scrutin, le ministre socialiste avait promu l’acteur, et celui-ci tient à témoigner de sa reconnaissance, en présence du leader d’extrême droite. Alain Delon participe à la campagne présidentielle de Raymond Barre en 1988, avant de prendre position pour le oui au référendum sur les accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie. 
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-Il ne lui reste plus que deux grands rendez-vous cinématographiques. En 1985, il accepte de tourner dans Notre histoire, de Bertrand Blier, sur les instances de Nathalie Baye, qui sera sa partenaire. Il incarne un banlieusard abruti par l’alcool et l’ennui. Le film est d’abord ignoré par le comité de sélection du Festival de Cannes, que Delon abreuve d’injures, avant de connaître un échec public cinglant. Si bien que Delon boude la cérémonie des Césars, début 1986, bien qu’il ait été nommé, et ne peut jouir devant les caméras de télévision de la reconnaissance de ses pairs, qui lui décernent le César du meilleur acteur. 
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-« Parce que vous êtes Godard… » 
-Cinq ans plus tard, en 1990, Alain Delon revient enfin à Cannes. L’année précédente, il a contacté le producteur Alain Sarde dans l’espoir que celui-ci lui propose un projet capable de redorer son blason de comédien. Sarde le met en contact avec Jean-Luc Godard, qui vient de faire tourner Johnny Hallyday dans Détective. L’acteur accepte « parce que vous êtes Godard et que je suis Delon ». 
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-Dans « Nouvelle Vague », de Jean-Luc Godard, en 1990. 
-Dans « Nouvelle Vague », de Jean-Luc Godard, en 1990. PROD DB / SARA FILMS / PERIPHERIA / DR 
-Sur le plateau, il se plie aux caprices du metteur en scène. « J’étais parfois un peu décontenancé, mais j’ai forcé ma nature, sinon le film ne se serait pas fait », explique-t-il à Libération. Le résultat est magnifique et abscons, mais au moins Nouvelle Vague (1990) est retenu en compétition à Cannes. Delon y arrive en hélicoptère, se montre avec le danseur étoile Patrick Dupond, son partenaire dans Dancing Machine, qui sort en novembre 1990. Certes, le film n’est pas primé, mais il attire l’attention sur l’autre face de Delon, ce personnage fragile, vieillissant, auquel on fait répondre à la question « Tu fais quoi ? – Je fais pitié ». 
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-Deux ans plus tard, retour à Cannes, mais cette fois avec Le Retour de Casanova, d’Edouard Niermans, film en costumes qui n’excite guère la curiosité. Il reste quelques polars à venir, Un crime (1993) et L’Ours en peluche (1994), ses deux dernières collaborations avec le fidèle Jacques Deray et, enfin, Une chance sur deux, tentative malheureuse de reconstitution du duo de Borsalino avec Belmondo sorti en 1998. Le film est un échec cuisant, et Delon annonce sa retraite du cinéma. Il tiendra presque parole, n’apparaissant que dans Les Acteurs, de Bertrand Blier (2000), et Astérix aux Jeux olympiques (2008), en Jules César égotiste. 
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-Succès sur le petit écran 
-Il passe ensuite au petit écran, d’abord en incarnant Fabio Montale, le héros des romans du Marseillais Jean-Claude Izzo. La seule annonce de sa présence dans le rôle déchaîne la fureur des lecteurs d’Izzo, figure de gauche, qu’il tente d’apaiser en leur assurant que le romancier aurait été heureux de le voir dans ce rôle. Diffusée sur TF1 début 2002, la série rassemble 12,5 millions de spectateurs, un succès colossal. 
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-Il présente ensuite sa fille Anouchka aux téléspectateurs dans une adaptation du Lion de Kessel, puis revient à la police en 2003 et 2004 dans la peau d’un énième flic solitaire, Frank Riva, cette fois pour le service public. Le succès est moindre, en dessous des ambitions de Delon, qui s’était fixé pour objectif de faire mieux que Christian Clavier en Napoléon. Il annonce alors sa retraite de la télévision. 
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-Delon a fait son retour sur les planches en 1996, dans les Variations énigmatiques d’Eric-Emmanuel Schmitt, avec Francis Huster. En 2011, il monte Une journée ordinaire, un duo pour père et fille écrit sur commande par Eric Assous. Alain et Anouchka Delon emmèneront le spectacle en tournée jusqu’à la fin 2013. On voit aussi Delon faire de la publicité pour des lunettes, présider un concours de Miss France ou apparaître dans des talk-shows. C’est le même homme ombrageux, qui détonne dans ces décors trop ordinaires pour lui. Il faut une campagne d’affichage pour un parfum pour revenir à l’origine de la légende de l’étoile. 
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-Alain Delon en quelques dates 
-8 novembre 1935 Naissance à Sceaux (Hauts-de-Seine) 
-1953 S’engage dans l’armée. Il est envoyé en Indochine 
-1957 « Quand la femme s’en mêle », premier film 
-1960 « Plein soleil » 
-1963 « Le Guépard », palme d’or au Festival de Cannes 
-Octobre 1968 Début de l’« affaire Markovic » 
-1969 « La Piscine », avec Romy Schneider 
-1976 « Monsieur Klein » 
-1984 « Notre Histoire », film pour lequel il reçoit le César du meilleur acteur en 1985 
-1990 « Nouvelle Vague », de Jean-Luc Godard 
-2008 « Astérix aux Jeux olympiques » 
-2019 Reçoit une Palme d’honneur au Festival de Cannes 
-18 août 2024 Mort à Douchy (Loiret) 
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-Thomas Sotinel 
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