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| - | ====== Grillons et tour à champignons : ils vivent en autonomie dans un studio parisien | ||
| - | Vivre le plus sobrement possible grâce à des low-tech ? Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz ont l’habitude. Cette fois, ils ont installé plantes, tour à champignons et élevage de grillons dans un studio des Hauts-de-Seine. | ||
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| - | Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), | ||
| - | La porte s’entrouvre à peine que, déjà, l’odeur du basilic pétille dans nos narines. Puis monte, dans nos oreilles, le chant des grillons. « Cri-cri, cri-cri », stridule une flopée d’insectes couleur sable. Nous ne sommes pourtant pas dans la garrigue, mais dans un appartement de 28 m2 à Boulogne-Billancourt, | ||
| - | À deux pas de la Seine, l’ingénieur Corentin de Chatelperron et la designeuse Caroline Pultz ont décidé d’implanter leur dernière « biosphère low-tech ». Entendez : un habitat truffé d’innovations utiles, durables et accessibles, | ||
| - | L’appartement – mis à disposition par la mairie – a des airs d’écosystème miniature. © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | Au printemps 2023, le couple d’explorateurs avait passé quatre mois dans le désert mexicain, dans un îlot de bois et de jute. Cette fois, ils ont choisi de réitérer l’expérience en zone urbaine, où presque sept personnes sur dix devraient vivre d’ici le mitan du siècle, selon les projections de la Banque mondiale. L’expérience, | ||
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| - | 1 kilo de pleurotes par semaine | ||
| - | L’idée : montrer à quoi pourrait ressembler la vie en ville, en 2040, en émettant moins de 2 tonnes d’équivalent CO2 par personne et par an. Soit l’objectif permettant, selon les scientifiques, | ||
| - | Entre les luminaires en cuir de champignon doux comme de la mousse, les meubles en bois clair, les rebords de fenêtres garnis d’aromates, | ||
| - | Un élevage de grillons leur permet de manger des protéines. © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | Dans la salle de bain, par exemple. Les deux explorateurs ont installé une douche brumisante. Elle est reliée à un ballon d’eau chaude, fonctionnant grâce à des panneaux solaires installés sur le toit. Grâce à ce système, ils peuvent se doucher avec 5 litres d’eau, contre 60, en moyenne, avec un pommeau classique. « Tu te laves dans un crachin breton, mais chaud », sourit l’ingénieur. Ces quelques litres suffisent « largement », car le débit est faible. Au fur et à mesure, « la douche devient de plus en plus froide. Ça te force à t’arrêter, | ||
| - | La fonction de cette pièce ne s’arrête pas à l’hygiène. L’humidité fait le bonheur de quatre grosses tours à champignons, | ||
| - | Pour la première fois, le couple a choisi de s’appuyer sur un réseau local et de ne pas viser l’autonomie à 100%. © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | Des grillons grillés à l’huile | ||
| - | Les plantes, justement. Une trentaine de pots de menthe, basilic, ciboulette, persil et aneth fleurissent l’appartement. Cultivées en « raft » – ou radeau flottant –, leurs racines s’épanouissent dans un bassin de 300 litres d’eau. Un guppy grignote les œufs de larve de moustique qui auraient la mauvaise idée de s’y loger. L’eau est enrichie avec un soupçon d’urine, récupérée dans leurs toilettes sèches et transformée en engrais par des bactéries « nitrifiantes ». « Elles viennent toutes seules et se mettent sur les billes d’argile, explique Corentin de Chatelperron. Elles transforment l’ammoniac en nitrates, ça n’a aucune odeur. » | ||
| - | Juste en face de leurs plantations, | ||
| - | La ferme leur procure des fruits et légumes en échange d’une demi-journée de maraîchage par semaine… et de quelques larves de mouches soldat noires. Son statut d’éleveur de larves — elles dévorent, dans leur biosphère, le contenu des toilettes sèches — a fait de Corentin de Chatelperron une star chez les gallinacés. « Maintenant, elles me reconnaissent. Elles sont devenues addicts, rit-il. Je suis le dealer des poules. » | ||
| - | L’implication d’autres personnes est l’une des grandes nouveautés de ce projet. Que ce soit au Mexique ou en Thaïlande – où l’ingénieur avait vécu pendant quatre mois sur un radeau, en 2018 – les précédentes « biosphères low-tech » des deux inventeurs étaient pensées pour fonctionner en autarcie. « Comme il y a beaucoup de monde en ville, on s’est dit que cette fois, on allait diviser le travail, créer des filières », explique le quadragénaire. En tout, le couple collabore avec une quinzaine de voisins, chacun impliqué dans la bonne marche des différents « maillons » de leur écosystème. Dans le reste de la France, 1 200 volontaires vont également essayer de reproduire chez eux des « briques » de la biosphère. | ||
| - | Une marmite norvégienne encastrée leur permet de dépenser peu d’énergie pour cuire leurs aliments. © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | En 2040, espère Caroline Pultz, « chacun se spécialisera dans une low-tech. Ça permet de se partager les tâches, et de rendre les choses fun ». Un microbiologiste et deux familles boulonnaises se chargent ainsi de leur procurer des substrats de champignon ; des habitants du quartier les fournissent en jeunes grillons ; d’autres préparent des produits lactofermentés avec les surplus de récolte. Autant de manières de créer du lien social, et réhumaniser la ville. | ||
| - | « Quitte à vivre dans une des zones les plus denses du monde, autant ne pas avoir un mode de vie individualiste », pense Corentin de Chatelperron. Il raconte avoir été « très frappé », en découvrant la vie en ville pour la première fois de son existence, par l’isolement qu’elle peut engendrer. « Il n’y a rien qui te force à avoir des interactions. Tout est marchand : dès que tu sors, tu dois payer quelque chose. » | ||
| - | Même internet a sa version low-tech | ||
| - | Cette envie de mettre la low-tech au service de la vie en communauté se retrouve dans leur approche du numérique. Les deux inventeurs se sont inspirés des « intranets » qu’ils ont vu à Cuba lors de leur « tour du monde des low-tech » en catamaran. Une borne wifi spécialement conçue par des étudiants ingénieurs sera prochainement installée au milieu de leur carré d’immeubles. | ||
| - | « Tous ceux qui ont des fenêtres pourront capter le signal, explique Corentin de Chatelperron. Il y aura un service de messagerie pour que les gens puissent se rendre des services, s’échanger des outils… Et ils pourront aussi regarder les documentaires et les films que l’on mettra dessus. Ce sera une sorte de Netflix low-tech. » | ||
| - | Plus besoin d’ordinateur ! © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | Sur un service de streaming classique, les données font des milliers de kilomètres de datacenter en datacenter, explique l’ingénieur, | ||
| - | Le duo d’explorateurs ne prévoit pas pour autant de laisser sa consommation d’énergie s’envoler. Dans la « biosphère », on cuisine sobrement, notamment grâce à une marmite norvégienne. Dans la cour, un biodigesteur alimenté par leurs déchets organiques produit, « dans les meilleures conditions », assez de gaz pour cuire pendant une à deux heures. Son lancement a été plus compliqué que prévu : « Normalement, | ||
| - | Ils ont transformé un rameur de salle de sport en machine à laver. © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | Au sous-sol, une « salle de fitness utile » est en cours de construction. Elle permettra aux habitants du bloc de concilier séances de sport et tâches ménagères. « C’est un club privé », rit l’ingénieur. On y trouve déjà un rameur-machine à laver le linge et, bientôt, un appareil de musculation permettant de travailler ses biscotos tout en pétrissant de la pâte. | ||
| - | « C’est enthousiasmant ! » | ||
| - | Pour tout le reste, les deux inventeurs disposent d’une batterie, alimentée par leurs deux panneaux photovoltaïques de 2 m2 – l’appartement étant coupé du réseau électrique classique. Des voyants vert, orange et rouge les alertent sur la quantité d’énergie dont ils disposent, et que le soleil peut encore fournir. « En 2040, il faudra s’adapter un peu plus au temps qu’il fait dehors. Et vivre un peu plus comme une marmotte l’hiver, parce qu’il y a moins d’énergie », prévoit Corentin de Chatelperron. Pour ce faire, l’appartement a été soigneusement isolé avec des blocs de laine de chanvre. « L’idée, c’est de ne pas avoir besoin de chauffage ni de clim. » | ||
| - | Dur de trouver des aliments bio et locaux à un prix accessible | ||
| - | Pour le moment, l’expérience suit bien son cours. Les premiers jours ont été difficiles, après plusieurs années passées sur l’océan, puis dans le désert, au contact direct de la vie sauvage. « J’ai l’impression d’être une poule élevée en plein air qu’on aurait mise en cage », résume Corentin de Chatelperron. | ||
| - | « Ce qui est dur, poursuit-il, | ||
| - | En 2040, espère Caroline Pultz, « chacun se spécialisera dans une low-tech. Ça permet de se partager les tâches, et de rendre les choses fun ». © NnoMan Cadoret/ | ||
| - | Ils espèrent y parvenir d’ici l’automne. Pour le reste, ils disent réussir à vivre « normalement », en réduisant considérablement leur empreinte écologique. Exemple le plus frappant : ils ne consomment que 33 litres d’eau par jour à deux, soit dix fois moins que la moyenne nationale. La « maintenance » de la biosphère ne leur prend qu’une quinzaine de minutes par jour, qu’ils accordent avec plaisir. « Se lever le matin et s’occuper de plantes et de grillons, c’est enthousiasmant, | ||
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| - | Si vous souhaitez découvrir des astuces pour vivre low-tech en ville, Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz ont créé des comptes Instagram et TikTok dédiés. Ils y publient, tous les mercredis, des vidéos documentant leur expérience. | ||
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