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-====== «L’Agence Innovation Santé doit être la boussole de l’innovation», selon sa directrice générale, Lise Alter ====== 
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-Attirer les investissements, promouvoir la compétitivité française et accompagner des projets d'avenir. Ce sont ces raisons d'être qui guident l'Agence Innovation Santé (AIS) depuis sa création en novembre 2022. Rattachée au Secrétariat général pour l’Investissement et travaillant en étroite collaboration avec les ministères de la Santé, de la Recherche et de l’Industrie, l’AIS pilote le déploiement du plan Innovation Santé, l’un des volets du plan France 2030. Composée d’une quinzaine de personnes, elle supervise les avancées des secteurs des biotechnologies, de la medtech et de la santé numérique, avec des missions d’accompagnement et d’accélération des projets. Entretien avec Lise Alter, sa directrice générale.  
- L'Usine Nouvelle - L’Agence Innovation Santé a été créée fin 2022. Quel premier bilan tirez-vous, un an et demi plus tard ?  Lise Alter - Nous avançons bien. Sur le volet Santé 2030, 3 milliards d’euros sur un total de 7,5 milliards d’euros ont déjà été investis. Au total, 300 projets ont été soumis. Nous avons mis en place un véritable accompagnement personnalisé des start-up, et les appels à projets dans le cadre de France 2030 se poursuivent dans les quatre domaines prioritaires : biomédicaments et bioproduction, maladies infectieuses émergentes et risques NRBC [nucléaire, radiologique, biologique et chimique, ndlr], numérique en santé et dispositifs médicaux innovants. En ce qui concerne les demandes d’accompagnement des projets, nous pouvons aujourd'hui garantir un rendez-vous d’une heure sous 15 jours.  
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- Sur l’axe de la bioproduction, c’est environ 50% de l’enveloppe prévue déjà engagée. Nous menons également des actions fortes sur l’axe de la recherche biomédicale, pour accélérer la recherche académique, l’accès au marché et l’industrialisation, et avons créé un axe sur la prévention. Nous avons aussi contribué à la création de 5 bioclusters, de 12 nouveaux instituts hospitalo-universitaires et de 22 chaires d’excellence. Nous sommes vraiment sur notre mission d’accélérer le déploiement des innovations en santé.   
- Au sujet de la bioproduction, c'est-à-dire la fabrication des biomédicaments, vous dites que la moitié des financements prévus ont été engagés. Comment les choses progressent-elles ?  L’enjeu est important, car la France accusait un retard dans ce domaine. Mais nous avons gagné une place en Europe en matière de biomédicaments en cours de développement. Nous sommes désormais deuxièmes, derrière le Royaume-Uni mais devant l’Allemagne. Nous suivons des projets innovants comme TreeFrog dans les thérapies cellulaires ou Whitelab Genomics, une start-up qui cherche à accélérer le développement de cibles médicamenteuses via l’utilisation de l’IA. Il faut poursuivre les efforts, et c’est pourquoi nous nous intéressons à l’ensemble de la chaine de valeur - dont l’outil de bioproduction - avec des financements spécifiques tant pour le développement de nouveaux procédés de production que pour l’extension de capacités.   
- L'État accompagne ainsi, en lien avec la DGE, le projet CellForCure, que Seqens a repris auprès de Novartis pour en refaire un sous-traitant de la bioproduction. Il y a également un volet financement pour accompagner le LFB dans l’augmentation de ses capacités de bioproduction à Alès (Gard) ou encore le soutien à des entreprises qui développent de nouveaux procédés comme la société CellQuest, qui miniaturise les bioprocédés, ou la société Nétri avec son usine de production d’organes sur puces. Les choses avancent, avec plusieurs acteurs.  
- Sur les projets industriels, c’est l’AIS qui déclenche les financements ?  Non. L’opérateur de France Santé 2030 pour les financements reste Bpifrance, avec qui nous collaborons étroitement.  
- À la fin de l’été 2023, la mission interministérielle sur le système de financement et de régulation des produits de santé a rendu plusieurs conclusions. L’AIS a-t-elle intégré certaines préconisations de cette mission ?  Nous pilotons, avec la DGE, le guichet dédié à la relocalisation de médicaments matures, mais nous pilotons surtout la mise en œuvre de l’axe innovation. Notre plan d’action se concentre sur l’accès à l’innovation, par exemple tout ce qui relève de l’accès précoce aux médicaments ainsi qu’aux dispositifs médicaux innovants, donc qui permettent un accès à des produits qui ne sont pas encore autorisés sur le marché. Ce qui est unique au monde, l’accès précoce n’existe qu’en France !  
- L’agence travaille aussi sur le numérique, comme pour la structuration du système national des données de santé et le développement de nouvelles technologies. En réalité, à chaque étape de la chaîne de valeur, notre objectif est d’essayer de compresser toutes les phases. Mais sans risques. Le but est d’éviter les pertes de chance pour les patients. Sur le thème de la recherche clinique, nous travaillons beaucoup sur la digitalisation et la décentralisation, car l’optimisation passe aussi par la diffusion de l’innovation, par exemple pour étendre les structures de soins capables de développer ou d’accueillir des innovations.  
- On vante toujours les qualités des cerveaux et de la recherche en France, mais pas du manque de moyens et de la fuite des innovations à l’étranger, surtout outre-Atlantique. A-t-on les moyens de changer la donne ?  On l’espère. Nous avons mis en place le dispositif de chaire d’excellence en innovation santé, avec 80 millions d’euros dédiés pour attirer des chercheurs d’envergure internationale pour conduire des projets sur 5 ans, avec des financements de 2 à 5 millions d’euros par projet. Notre souhait est de retenir nos chercheurs et aussi d’attirer ceux de l’étranger. Il y a déjà eu 22 lauréats de cette chaire d’excellence. Comme la franco-algérienne Yasmine Belkaid, devenue directrice générale de l’Institut Pasteur. Ou l’épigénéticien italien Giacomo Cavalli pour une chaire d’excellence à Montpellier.  
- Comment travaillez-vous sur le sujet des financements privés qui manquent encore en France et en Europe dans le domaine des biotechnologies pour justement conserver ici l’innovation ?  C’est le nerf de la guerre. Nous avons mis en place, avec France Biotech notamment, une formation sur l’investissement dans les start-up de biotech, de medtech et de numérique en santé. L’idée est de donner davantage de visibilité et de rassurer sur ce type d’investissements - dont les caractéristiques restent les temps de développement longs, même si c’est plus rapide dans le numérique en santé. Mais cela reste rentable. Encore faut-il bien connaître les enjeux et les débouchés, savoir «dé-risquer» au mieux les projets. Nous essayons aussi de mettre les acteurs en relation, singulièrement à Choose France, où l’on œuvre pour mettre en contact les porteurs de projets innovants avec la big pharma et les investisseurs privés.  
- Et sur l’attractivité du territoire pour les laboratoires étrangers, est-ce que ça s’améliore ?  On travaille avec Business France sur ce sujet pour mieux expliquer et montrer à quel point la stratégie en France, en matière de régulation, de financement, et de l’accueil de l’innovation, peut répondre aux enjeux. Ce n’est encore parfois pas bien compris depuis l’étranger. Il y a pourtant de beaux exemples comme les grands projets industriels de Novo Nordisk à Chartres, Eli Lilly en Alsace et Evotec à Toulouse. Et de belles opérations comme TreeFrog avec Vertex ou Amolyt acquise par AstraZeneca. Nous représentons désormais la France au congrès annuel BIO aux États-Unis, pour présenter la stratégie globale et montrer tout ce qu’on fait ici.  
- L’Agence existe pour impulser, insuffler, donner le rythme, être la boussole et le garant de la vision stratégique de l’innovation en santé en France, y compris à l’international. Notre objectif est de réussir à faire en sorte que l’innovation soit un vrai levier pour transformer notre système de santé.  
-https://www.usinenouvelle.com/article/l-agence-innovation-sante-doit-etre-la-boussole-de-l-innovation-selon-sa-directrice-generale-lise-alter.N2216154 
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