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| ====== Gros Dossier : Le Monde – Le député LR-RN du Gard Alexandre Allegret-Pilot suspecté d’avoir tenté d’escroquer un vigneron en détresse ====== | |
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| POLITIQUE | |
| Le député LR-RN du Gard Alexandre Allegret-Pilot suspecté d’avoir tenté d’escroquer un vigneron en détresse | |
| De nouvelles informations du « Monde » étayent les soupçons pesant contre ce haut fonctionnaire du ministère de l’économie devenu parlementaire d’extrême droite. Bercy va saisir la justice. | |
| Par Vanessa Schneider et Ivanne Trippenbach | |
| Par Vanessa Schneider et Ivanne Trippenbach | |
| Par Vanessa Schneider et Ivanne Trippenbach | |
| Aujourd’hui à 15h50, modifié à 16h01 | |
| Lecture 7 min | |
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| Le député LR-RN du Gard, Alexandre Allegret-Pilot (au centre de l’image) lors de l’ouverture de la 17ᵉ législature à l’Assemblée nationale, à Paris, le 18 juillet 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » | |
| Le nouveau député d’extrême droite Alexandre Allegret-Pilot (Les Républicains rallié au Rassemblement national), coutumier des vidéos provocatrices sur son compte Facebook, s’est amusé de l’enquête parue dans Le Monde le 11 juillet, révélant l’aide de 1,3 million d’euros qu’il avait accordée à une société inexistante. Haut fonctionnaire à Bercy, doté du pouvoir de signer de tels actes au nom du ministre, il avait pris un étrange arrêté en pleine campagne électorale, à l’avant-veille de son élection. | |
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| Lire aussi | |
| L’étrange prêt de 1,3 million d’euros autorisé par un député ciottiste du Gard, haut fonctionnaire de Bercy | |
| Deux jours après notre publication, il paradait en vidéo, en chemise bleue sur fond de dorures : « Liquidation des stocks avant fermeture ! Je viens d’apprendre grâce au journalisme d’investigation de haut vol du “Monde” que j’étais en mesure moi tout seul (…), avec mes petits doigts et mon petit PC, d’ordonner des virements de plusieurs millions d’euros à des sociétés inconnues. » Il ajoutait, hilare : « Et bien autant en profiter, je vais lancer une grande opération au bénéfice des Français : envoyez-moi votre RIB, mettez le montant qui vous convient et demain matin, vous aurez certainement une bonne surprise. » | |
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| M. Allegret-Pilot, député de la 5e circonscription du Gard, ne va probablement pas rire très longtemps. Depuis nos révélations, le ministère de l’économie a annulé son arrêté suspect et lancé une enquête interne pour percer le mystère des agissements de cet homme de 35 ans, en poste jusqu’au 7 juillet à la mission de « restructuration des entreprises » de Bercy. Alexandre Allegret-Pilot jure avoir agi sur ordre du pouvoir, invoquant des consignes du ministre, Bruno Le Maire, et d’Emmanuel Macron en personne. « Moi je ne suis pas docteur en droit, on m’a demandé de le faire, je le fais, insiste-t-il. Je suis loyal, j’étais fonctionnaire de Bercy, j’ai pris l’arrêté qu’on m’a demandé de prendre. » | |
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| Ces allégations sont fermement démenties par le cabinet de Bruno Le Maire, qui rappelle que la société Vitis Gallica, bénéficiaire de l’aide en question, n’existe pas. « L’entreprise, elle existe, elle va changer de nom. C’est un viticulteur de l’Ain qui va restructurer sa boîte, si ça vous intéresse il n’y en a pas quinze mille », nous avait lancé M. Allegret-Pilot juste avant la publication du premier article, tout en refusant de dire qui se cachait derrière Vitis Gallica. | |
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| « Hommes de paille » | |
| Il faut se rendre sur les coteaux pentus du Haut-Bugey, dans l’Ain, pour retrouver la trace de ce fameux viticulteur : Thierry Troccon, 66 ans, propriétaire du domaine du Clos de la Bierle, dans le village de Poncin, spécialisé dans le vin pétillant de cerdon. M. Troccon, issu d’une famille de vignerons remontant au XVIe siècle, a racheté ce domaine en 1987 pour en faire une entreprise prospère, écoulant 40 000 à 80 000 bouteilles les belles années. Mais en 2015, une catastrophe le frappe : il perd 80 000 bouteilles mal bouchées. Un désastre qui le ruine. M. Troccon se place en redressement judiciaire en 2019 et installe, pour continuer son activité, deux « hommes de paille » (selon ses propres termes), « des amis », à la tête de sa société, pensant qu’ils obtiendront plus facilement des crédits que les banques lui refusent. | |
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| Ces malheurs financiers ne l’empêchent pas d’écouler son rosé pétillant. Il promeut un millésime « de noblesse » dans des bouteilles sculptées façon champagne, une « cuvée des élites » qu’il livre sur des yachts de la Côte d’Azur, dans des hôtels monégasques ou à la table de Paul Bocuse. Mais il n’obtient toujours pas les aides espérées. A la chambre d’agriculture de l’Ain, le président, Michel Joux, se souvient de ce « viticulteur qui a eu un pépin en 2019 » : « Une partie de son vin a été perdue. Il a essayé avec les assurances. Et il y a environ un an, il m’a dit qu’il attendait une rentrée d’argent. » De l’argent public promis par un jeune fonctionnaire du ministère des finances. | |
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| Le vigneron a frappé à toutes les portes, dont l’antenne départementale de la banque publique d’investissement BpiFrance. « Puisque la BPI ne se bouge pas les fesses, je vais aller à Bercy », se dit-il. Direction la capitale, où il rencontre Alexandre Allegret-Pilot dans son bureau du ministère des finances, à l’été 2023. Le trentenaire lui fait part d’un « fond de caisse » qui reste pour les entreprises fragilisées par la guerre en Ukraine. Bingo. « Il me dit : “On a un délai très court” », raconte le viticulteur au Monde, qui se sent « au bout du bout » et saisit l’opportunité de décrocher ce prêt. | |
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| Le 22 décembre 2023, Alexandre Allegret-Pilot autorise le versement de 500 000 euros au domaine du Clos de la Bierle, par un arrêté publié au Journal officiel. Mais les semaines passent, et l’argent n’arrive pas. Thierry Troccon, anxieux, s’impatiente. Il relance son interlocuteur de Bercy, lequel lui propose alors un pacte hors de tout cadre légal, présenté comme une « restructuration ». Le viticulteur en détresse explique au sujet de M. Allegret-Pilot : « Il a voulu que je cède la totalité des parts de ma société pour pouvoir bénéficier de ce prêt. » | |
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| « Ne faites pas une bêtise pareille » | |
| De fait, le fonctionnaire lui propose de placer son domaine entre les mains d’un « ami de confiance », dénommé « Monsieur Voravong », que le vigneron ne rencontrera jamais. Pris à la gorge, impressionné par cet énarque qui parle au nom de l’Etat, Thierry Troccon accepte : « S’il faut vraiment passer par cette solution, pourquoi pas… J’ai été hypercorrect, j’ai dit “Pas de problème, mais dites-moi comment je récupérerai mes parts après”, relate-t-il. Eh bien il n’a jamais fait le document de retour. C’est là que j’ai interrogé mon avocat et mon expert-comptable, qui m’ont dit : “Mais monsieur, ne faites pas une bêtise pareille”. » | |
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| Thierry Troccon réclame alors des garanties : un acte notarié, payé par le fameux M. Voravong, et la certitude qu’il récupérera sa société une fois le demi-million d’euros empoché. Dans un échange de SMS, auquel Le Monde a eu accès, Alexandre Allegret-Pilot accroît la pression. Le 2 mars, le fonctionnaire écrit, dans un langage administratif : « Je ne pense pas qu’une identification devant notaire pose des problèmes à M. Voravong, mais je doute qu’il souhaite prendre les frais à sa charge. Je vous rappelle l’échéance pour pouvoir avancer sur un éventuel déblocage des fonds et les négociations avec vos parties prenantes, faute de quoi nous serons contraints de clore le dossier de notre côté. » Autrement dit, Alexandre Allegret-Pilot presse M. Troccon de céder les parts de sa société s’il veut recevoir l’aide publique promise. | |
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| Bercy annule un étrange prêt de 1,3 million d’euros accordé par un député ciottiste, haut fonctionnaire du ministère | |
| Le nom du haut fonctionnaire s’affiche souvent sur le téléphone du viticulteur en dehors des heures de travail, à des moments pour le moins inhabituels. Mi-mars, Alexandre Allegret-Pilot se fait plus insistant : « Bonjour M. Troccon, nous sommes le 15 mars et comme indiqué lors de notre dernière réunion, je constate qu’aucune mesure envisagée n’a été prise, malgré le mail de Mme Voravong il y a déjà plusieurs semaines. » La suite a tout d’une menace : « J’envisage de mettre un terme au dossier. » | |
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| Thierry Troccon sent alors qu’il y a « un loup », comme il le dit, « une supercherie en route », d’autant que le fameux Voravong est tantôt « une dame », tantôt un homme selon les différents messages écrits d’Allegret-Pilot. Ce que M. Troccon ignore, c’est qu’un certain Bouasomdeth Voravong existe bien et préside, depuis Casablanca, au Maroc, une société de conseil baptisée European Alpha Capital et domiciliée… chez Michel Allegret-Pilot, le propre père d’Alexandre Allegret-Pilot, chemin des Grangettes, à Fillière, petite commune de Haute-Savoie où le député d’extrême droite est élu municipal depuis 2020. | |
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| Selon ses statuts au registre du commerce d’Annecy, cette entreprise familiale appartenait principalement au père et Alexandre Allegret-Pilot lui-même en a été un associé minoritaire jusqu’en 2018. L’actionnaire majoritaire est aujourd’hui un ancien militaire reconverti dans la pesée des camions en Afrique, Maxime Mabilon-Wolpe, qui vit à Abidjan, en Côte d’Ivoire. | |
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| « Silence désespérant » | |
| Voyant que le viticulteur rechigne finalement à céder les parts de son domaine, Alexandre Allegret-Pilot se met aux abonnés absents et ne répond plus à ses messages. Désarçonné, M. Troccon multiplie les courriers tous azimuts, à Emmanuel Macron, Bruno Le Maire – qui renvoient vers les services de Bercy –, ou encore au ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. Le 28 juin, il adresse une « lettre de sommation » à Bercy pour obtenir enfin le versement du prêt qui lui a été accordé en décembre 2023. Pas de réponse. Le 9 juillet, il déplore dans un nouveau courrier à la direction générale des entreprises un « silence désespérant » et promet que « tel le roi Léonidas à la bataille des Thermopyles nous nous battrons jusqu’au bout de nos forces ». Deux semaines plus tard, il monte à Paris pour chercher l’appui de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, la puissante FNSEA. | |
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| C’est à cette occasion, le 16 juillet, que Thierry Troccon passe la soirée avec Alexandre Allegret-Pilot. Le député fraîchement élu le dissuade de parler au Monde et lui fait miroiter un nouveau prêt de 1,3 million d’euros grâce à l’arrêté qu’il a signé le 5 juillet au bénéfice de Vitis Gallica. Selon Allegret-Pilot, Thierry Troccon n’avait plus qu’à monter une nouvelle société à ce nom pour percevoir cette aide. Le haut fonctionnaire se garde bien alors de lui préciser que son arrêté, non conforme, a été abrogé par Bercy après les révélations du Monde. | |
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| Vitis Gallica ne figure en effet nulle part au registre du commerce, mais est référencé sur le réseau X comme un compte « patriote, vigneron, boxeur, contre l’islam et le multiculturalisme en France ». Thierry Troccon jure qu’Alexandre Allegret-Pilot a déniché ce nom, qu’il trouvait « sympa ». Mais un autre personnage, Marco Abittan, présenté comme un ami du viticulteur qu’il a rencontré à Monaco, a, semble-t-il, joué un rôle dans ce dispositif pour le moins brumeux. « Je suis rentré en contact par téléphone avec monsieur Allegret, indique au Monde M. Abittan. C’est moi qui lui ai suggéré de créer une nouvelle société, j’ai trouvé le nom Vitis Gallica car j’aime le latin. » | |
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| Silencieux pendant des semaines auprès de Thierry Troccon, Alexandre Allegret-Pilot multiplie les appels et SMS depuis la diffusion de l’enquête du Monde, pour l’inciter à se méfier des journalistes et à s’abstenir de parler de cette affaire. « Il avait une fonction importante, et ce qu’il a fait, ça mériterait, pour être gentil, qu’on lui tire les oreilles », soupire le viticulteur tout en mimant le geste de griffes sur la table pour signifier que l’ancien fonctionnaire devenu député a tenté de mettre la main sur son domaine viticole. « Le but de M. Troccon était de sauver son exploitation, pas de se la faire voler, relève son avocat, Me Benoît de Boysson. Il est difficile quand ça vient d’un haut fonctionnaire de penser que cela rentre dans un cadre pénal. » | |
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| A Bercy, une enquête interne tente de retracer le parcours chaotique de ce dossier encore riche en « zones d’ombre », d’après le cabinet de Bruno Le Maire. D’autres dossiers gérés par Alexandre Allegret-Pilot font également l’objet de vérifications. « Même en l’absence de préjudice financier, les premières investigations internes ont fait apparaître des agissements justifiant d’être portés à la connaissance du procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, annonce au Monde le ministère de l’économie et des finances. Il n’appartient pas aux services du ministère d’effectuer avec certitude la qualification pénale des faits et le parquet décidera des suites à donner à cette saisine. » Sollicité, Alexandre Allegret-Pilot n’a pas répondu à nos questions. Le viticulteur, harassé par des années de démarche, espère encore obtenir un prêt pour sortir du gouffre. | |
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