25/12/2025/H21:02:33
https://www.20minutes.fr/sport/jo_2024/4103760-20240730-jo-2024-cuisson-point-beach-volley-pneumonie-escrime-gros-dilemme-mardi-caniculaire
De notre envoyé spécial,
Il est 10h15, la chaleur n’a pas encore atteint les 30 degrés à l’ombre mais notre corps de mâle pas du tout alpha envoie déjà un signal d’alarme par le biais d’un saignement de nez – le truc qui n’arrive jamais. La journée de l’extrême de ces JO de Paris 2024 est lancée. 36 degrés attendus le cagnard, le vrai, que le bitume vous renvoie au centuple dans la tronche pour ajouter un supplément étouffement.
Pas de quoi effrayer Patrice. En poste au contrôle des accrédités à l’entrée d’un site olympique, l’agent de sécurité, la cinquantaine, bombe le torse. « Après la fin des Jeux olympiques, je pars au bled, en Algérie. Là-bas, il fait cette température dès 6h du matin et ça monte à 50 l’après-midi. Donc pour moi c’est tranquille. » A côté de lui, son collègue fait moins le fier et finit par nous confesser ne pas avoir bu depuis 7h du matin (il est alors 13h). Sympa, la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Des volontaires résilients face au soleil de plomb
Les volontaires, eux n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Rester debout sous le cagnard, il faut vraiment le vouloir. Mais ils restent bien lotis. « Moi, je viens de finir ma journée (à 13h), donc ça allait. Mais je pense à mes collègues qui vont enchaîner derrière. Ça va être corsé », compatit Sarah, casquette rose vissée sur la tête, à quelques encablures du stade Tour Eiffel, où se déroule le tournoi olympique de beach-volley. Un peu plus loin, en tribunes, Béatrice et Paula font justement partie de celles à qui l’enfer était promis mardi après-midi. Assises à l’ombre sur les escaliers métalliques, elles agitent leurs éventails inclus dans le kit de survie fourni par l’organisation et savourent les dernières minutes avant l’entrée des spectateurs avant le match de 15h entre la paire américaine Partain-Benesh et la paire marocaine Elgraoui x Abicha.
« A partir de là, on sera tout le temps au soleil pour aider les spectateurs à se placer et répondre à leurs sollicitations, expliquent les deux femmes, l’une assistante dentaire retraitée, l’autre chef de projet. Mais si on a besoin de remplir notre bouteille, on peut faire signe au chef d’équipe qu’on revient après une petite pause fraîcheur. Et puis on est bien équipées. On a même de quoi protéger notre peau. »
On avait demandé à Paula de rester naturelles, mais elles sont tapé leur plus belle pause avec leur éventail. C'est pas plus mal. - W.Pereira / 20 Minutes
Réflexe protection solaire également à l’entrée du stade Tour Eiffel, où l’on surprend une bande de quatre potes, tous aux couleurs de l’équipe de France et fraîchement débarqués de Lille en pleine session tartinage de crème devant les tribunes, prêts à en découdre avec le four du Champ de mars. « Bon, on met aussi du monoï, on est plus dans une optique bronzage, nous dit l’un d’entre eux. On n’a pas trop eu l’occasion de le faire jusqu’ici. Il faut rentabiliser le soleil. » Quant à nous, c’est au talent que l’on escalade au sommet de l’échafaudage maquillé en gradins, avec une gourde, un short et une chemise en lin. La protection solaire ? Oubliée à la maison. On va aller le chercher avec panache, ce mélanome.
Guide de cuisson à point du journaliste de 20 Minutes
15h05 : Enfin le cul posé en tribune. Un tout petit vent
15h10 : Sudation avancée, dos, torse et même bras et visage
15h15 : L’eau de la gourde est chaude, dans une heure elle frémit et dans deux on y fait cuire des pâtes
15h20 : Intéressante découverte du concept de sudation au niveau des tibias
15h25 : Fait chaud aux bras là, non ? Ah oui, c’est rouge. Un coup de soleil en 20 minutes. Epiderme corporate.
15h30 : Les Etats-Unis remportent le premier set contre le Maroc, on fout le camp.
C'était tellement parfait qu'on aurait pu croire que la photo avait été prémédité, mais non. Ces quatre là étaient déjà en train de s'appliquer de la crème sur la peau quand on les a abordés. - W.Pereira / 20 Minutes
Chez les joueurs, il y a ceux qui subissent, et ceux qui aiment. Dans la seconde catégorie, on retrouve la paire cubaine Alayo Moliner – Diaz. Dans la première, leurs victimes brésiliennes du jour : « il fait très chaud, il y a beaucoup de soleil, comme à Cuba, ça nous favorise parce qu’on s’entraîne dans ces conditions », se satisfaisait Nolsen Diaz Amaro en zone mixte.
Du basket à Lille en passant par le judo et l’escrime, effet Mister Freeze
Direction l’Arena Champ-de-Mars, à quelques centaines de mètres de là, où l’on s’apprête à vivre un choc thermique. Une rangée de clim a été greffée au plafond, dispositif intimidant qui fait son effet, comme l’indique Maureen, 30 ans. « C’était notre premier sujet de conversation en arrivant à notre place : comment ont-ils fait pour qu’il fasse si frais sérieusement ? Je n’ai jamais eu aussi frais de ma vie dans une salle en plein été. » Un peu cocasse quand on sait que le comité d’organisation a longtemps cru bon d’imaginer un village olympique sans climatisation, avant de revenir sur son idée.
Il faut dire que certaines nations, comme les Etats-Unis, sont particulièrement friandes de l’outil. Mais chez nous aussi la clim a son public, en l’occurrence Catherine et Gabriel, venus avec leurs deux enfants. « On a de la chance : c’était la bonne journée pour venir ici. » Un avis moins partagé par les journalistes qui peuplent la tribune de presse, où les plus frileux ont carrément sorti l’artillerie lourde. Sweat à capuche, gilet… La palme d’or revient à un confrère autrichien emmitouflé dans sa veste Gore-Tex comme s’il se lançait dans un trek en Islande.
Notre ami journaliste autrichien se les pelait au judo. - J. Laugier / 20 Minutes
Il y avait pourtant pire. Le centre médias du judo mais surtout l’escrime au Grand Palais. Une expérience physique d’un genre nouveau. Rentré en nage après une marche de près d’une demi-heure depuis le Champ-de-Mars, il nous a fallu trois quarts d’heure pour sécher et une heure pour sentir les premiers effets du froid : mal de crâne, mal aux yeux et un léger mal de gorge. A notre droite, un confrère bien au chaud dans sa surchemise nous rejoue le même : « première fois hein ? ». La veille, il avait regretté de s’être pointé les mains dans les poches. Victime de la climatisation, il avait dû faire un crochet par l’infirmerie du Grand Palais pour quémander du paracétamol.
Partout où il y a des toits, c’est la même histoire. Au basket, à Lille, nos quatre mousquetaires en maillots de l’équipe de France avaient également souffert. « Parfois, ils désactivaient la clim un quart d’heure avant de la remettre. Il y a des moments où je me disais qu’un pull n’était pas de trop. » A la sortie du Grand Palais, la voix du speaker résonne : « n’oubliez pas que si la température est agréable, il fait très chaud dehors. Pensez à vous hydrater, des fontaines à eau ainsi que des brumisateurs sont à votre disposition. » Un joli choc chaud-froid en perspective qui va envoyer de l’angine au mètre carré.
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