25/12/2025/H22:35:49
Jeudi 4 juillet, la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier a semblé prise de court par une question sur la refonte du barème de l'impôt sur le revenu et le possible «effet Laffer» que la mesure pourrait provoquer.
Vidéo Capital : Impôt : connaissez-vous la courbe de Laffer qui a fait «bugger“ Marine Tondelier ?
Par Noah Sdiri
Publié le 08/07/2024 à 19h07, modifié le 08/07/2024 à 23h21
SAUVEGARDER
Invitée de BFMTV jeudi 4 juillet, la représentante du Nouveau Front populaire, Marine Tondelier, qu'on annonce parmi les possibles candidats pour remplacer Gabriel Attal à Matignon, a été interrogée sur un risque «d'effet Laffer» en référence à cette courbe arquée selon laquelle les recettes fiscales diminueraient au-delà d'un certain taux d'imposition. La chef de file des écologistes a ainsi connu quelques difficultés pour répondre à une question portant sur la refonte du barème de l'impôt, l'une des mesures phares du programme du Nouveau Front populaire.
Dans son programme, l'alliance de gauche promet de revoir le barème d'impôt sur le revenu sur 14 tranches, avec un taux marginal d'imposition particulièrement élevé sur les très hauts revenus, mais aussi de rétablir l'impôt sur la fortune. «Nous finançons nos dépenses en imposant l’argent oisif et non productif», a promis Alexandre Ouizille, sénateur socialiste, lors de la présentation du chiffrage du programme économique du NFP, le 21 juin. Une mesure qui serait votée «dès les 15 premiers jours» de gouvernement, et mise en œuvre dans les «premiers mois».
La suite sous cette publicité
À lire aussi : Smic, retraites… Le NFP peut-il vraiment mettre en œuvre ces mesures par simple décret ?
Une pertinence qui reste à démontrer dans les faits
Quant à la courbe de Laffer, dessinée en 1974, elle traduit une idée simple et répandue : «trop d’impôt tue l’impôt». Mais elle est difficile à vérifier scientifiquement et empiriquement. Comme le rappelle cet article de 2019 d'André Barilari, inspecteur des finances et professeur de Finances publiques, la paternité de la courbe fut faussement attribuée à Arthur Laffer, de l’Université de Chicago, qui aurait prétendument dessiné lors d'un dîner avec deux grandes figures du Parti républicain américain, Dick Cheney et Donald Rumsfeld, une courbe illustrant l’arbitrage entre le taux d’imposition et les recettes fiscales.
La courbe de Laffer «exprime le fait que lorsque le taux d’imposition est nul, les recettes fiscales sont nulles elles aussi. Au fur et à mesure que les taux augmentent, les recettes s’accroissent mais au-delà d’un certain seuil (taux maximal efficient), si le taux croît encore, les recettes baissent», explique André Barilari. Elle suggère «qu’une même recette peut être obtenue soit avec un taux bas, soit avec un taux très élevé». Et en conséquence, il serait théoriquement possible pour un gouvernement d'«améliorer les recettes fiscales en baissant les taux».
La suite sous cette publicité
À lire aussi : Impôt sur le revenu : avec le Nouveau Front populaire, vos placements seront plus taxés
Sauf qu'André Barilari rappelle aussi que «les études empiriques sont contradictoires ou ne débouchent pas sur des conclusions cohérentes» quant à la pertinence supposée de la courbe de Laffer. «On peut penser que si la courbe a une réalité, c'est sans doute uniquement dans le contexte d’une taxe avec un seul taux et sans aucune incitation, s’assimilant en quelque sorte à un péage», indique l'inspecteur des finances.
you see this when javscript or css is not working correct