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25/12/2025/H21:07:45
« C’est une catastrophe »… Avec les bouchons attachés aux bouteilles en plastique, des assos boivent la tasse
Juillettistes, la plage est théoriquement plus sûre pour vos gros orteils. Il y a moins de chances qu’ils ne s’enfoncent dans un bouchon en plastique orphelin, honteusement enterré ou négligemment jeté sur le sable. Car depuis le 3 juillet, en vertu d’une directive européenne datant de 2019, tous les bouchons des bouteilles ou briques en plastique doivent désormais être attachés au goulot. Selon la Commission européenne, ces bouchons multicolores représentent 7 % des déchets plastiques retrouvés sur les plages. Et comme il est moins discret de jeter la bouteille entière, l’idée est de réduire le fléau au fil de l’eau et de recycler davantage de bouchons jusqu’ici éparpillés ou égarés dans la nature.
La nouveauté, indiscutablement écolo, suscite des réactions mitigées. L’ONG Zero Waste dénonce une mesurette. « C’est une goutte d’eau. Attacher le bouton à la bouteille ne règle pas le problème majeur qui est le nombre absolument démentiel de bouteilles plastique qu’on utilise », a confié Marine Bonavita, une des chargés de mission de l’association, à France Info le 3 juillet.
L’initiative suscite aussi la raillerie sur les réseaux sociaux. Il y a ceux qui estiment qu’elle nuit à la créativité en matière de déco des châteaux de sable ; ceux qui en ont déjà marre de s’écraser le nez en sirotant leur soda préféré ; ou encore ceux qui s’agacent d’avoir à nettoyer leur réfrigérateur, le bouchon attaché étant, il est vrai, propice au « revissage » de traviole. Bref, beaucoup trouvent que les « technocrates » de Bruxelles ont poussé le bouchon un peu loin.
« 30 % à 35 % » de bouchons en moins
Mais pour Danielle Huc, l’arrivée des bouchons attachés représente bien plus qu’un désagrément passager. « C’est une catastrophe », résume celle qui préside en Haute-Garonne l’association Solidarité Bouchons 31. Son but depuis vingt-cinq ans est justement de les collecter, puis de les revendre à la tonne à un recycleur pour financer l’équipement de personnes handicapées. « En principe, on remplissait un camion de 13 tonnes tous les trimestres. L’an dernier, nous n’avons fait que deux chargements. Et cette année, nous venons à peine de faire partir le premier », explique la bénévole.
Même désarroi du côté de Guy Marquillie, le président gersois de l’association nationale Les Bouchons d’amour. Il estime que la mesure a fait baisser la collecte de « 30 à 35 % ». Mais comme il explique dans les écoles qu’il faut donner les bouchons qui traînent pour ne pas qu’ils finissent dans le ventre des poissons, il se voit mal la contester. « Ce qu’il faut dire aux gens, préconise-t-il, c’est que ce n’est pas parce que les bouchons sont attachés qu’il est interdit de les arracher pour les donner ».
A coups de canif, de ciseaux, il faut donc désormais aussi donner de sa personne. Récemment, Danielle Huc s’est plantée dans un hypermarché de Toulouse, près de la machine où les clients peuvent ramener leurs bouteilles en plastique moyennant une ristourne sur le ticket de caisse. « Je leur ai expliqué qu’ils pouvaient les arracher, et je le leur ai fait moi-même. Ce n’est pas facile, je me suis bousillé les mains », confie-t-elle. Pour rester au-dessus de la ligne de flottaison, son association a décidé de se diversifier. Elle récupère les bouchons en liège, dont le cours à la tonne frôle les 650 euros la tonne, contre un peu plus de 300 pour le plastique.
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