25/12/2025/H21:16:27
Dimanche, Joe Biden a annoncé qu’il renonçait à se présenter à la prochaine élection présidentielle des États-Unis. Même s’il n’est pas encore parti de la Maison-Blanche, l’heure est au bilan pour le 46e président du pays.
Qualifié par Barack Obama (et d’autres) comme « l’un des présidents américains les plus importants » de l’histoire du pays, le démocrate a plus souvent été médiatisé pour ses gaffes que pour ses réussites. Alors, qu’a-t-il réellement fait pour les citoyens et citoyennes du pays ces trois dernières années et demie ? 20 Minutes fait le point.
Trump a laissé le pays dans une situation « catastrophique »
La croissance est de retour, le taux de chômage est au plus bas depuis des années, les infrastructures se modernisent et des plans de relance massifs sont engagés. Après trois ans et demi de mandat, Joe Biden a un « bilan économique reluisant », selon Le Monde. Le Wall Street Journal le comparait même à Franklin D. Roosevelt, père du « New Deal ». Et pour cause, « Donald Trump a laissé un pays dans une situation assez catastrophique », appuie Alexis Pichard, enseignant en civilisation étasunienne à l’université Pari-Nanterre et spécialiste de la politique des États-Unis.
« Quand il est parti, les chiffres du chômage étaient effarants, au niveau de la crise financière des années 1920, pointe-t-il. Il avait cherché à relancer son économie par les énergies fossiles, un modèle économique et productiviste plus en phase avec les évolutions du monde. Joe Biden a très vite compris qu’il fallait davantage faire payer les riches pour une meilleure redistribution. Il a alors fait une réforme fiscale avec davantage d’impôts sur les riches et mis en place des mesures pour l’environnement assez extraordinaires en termes d'investissement. »
Des mesures « révolutionnaires »
Mais ce n’est pas tout. « Parmi ses plus grosses réussites, il y a la loi sur la réduction de l’inflation, votée à l’été 2022, poursuit le spécialiste des Etats-Unis. C’est un texte qui contient des mesures révolutionnaires, notamment sur l’encadrement du prix de certains médicaments comme l’insuline. »
Cette loi intitulée « Inflation reduction act » comprenait également un ensemble de mesures « extrêmement ambitieuses sur l’environnement », avec « près de 370 milliards de dollars pour développer les énergies propres comme moteur de la relance économique du pays », indique Alexis Pichard. Sur l’aspect écologique, Joe Biden a également ordonné le retour du pays dans l’accord de Paris, quitté par Donald Trump. Il a aussi révoqué le permis d’exploitation de l’oléoduc Keystone XL.
Des lois inédites sur le port d’armes
Et c’est pas fini. « Pour la première fois depuis 30 ans, les Etats-Unis ont voté des mesures sur le port d’arme, indique l’enseignant en civilisation étasunienne. Parmi elles, 65 sénateurs ont apporté leur soutien pour la régularisation de l’accès aux armes à feu. C’est un symbole fort car ça veut dire que des républicains ont voté en faveur du texte. Joe Biden a donc réussi à reconstituer le bipartisme que l’on disait mort depuis Obama. »
Quelques voix républicaines ont également permis d’autres mesures « d’importance sociale », analyse le spécialiste des États-Unis. « Après l’abrogation par la Cour suprême de la légalisation de l’avortement à l’échelle fédérale, les démocrates ont réussi à sécuriser le droit des personnes homosexuelles à se marier et l’ont transformé en loi, avec le soutien de certains républicains », dit-il.
« Joe Biden a un bilan impressionnant en termes de ce qu’il a réussi à faire avec une législature extrêmement polarisée », souligne Alexis Pichard. Car, comme il le rappelle, « la composition du Congrès était complexe pour faire passer toutes ces lois d’ampleur », avec une très courte majorité à la Chambre des représentants perdue au midterms et un Sénat très divisé.
La « seule faille » du mandat de Biden
Mais alors, pourquoi, avec un tel bilan, Joe Biden était considéré comme perdant pour la prochaine élection présidentielle ? « Une des grandes faillites de l’administration Biden, c’est de ne pas parvenir à communiquer sur ses propres réussites, constate Alexis Pichard. Et certaines lois qui sont passées n’ont parfois pas d’effets immédiats ou sont peu visibles, malgré leur importance. Quand on reconstruit des infrastructures ou on réduit les prix des médicaments, on ne va pas écrire dessus c’est grâce à Joe Biden. »
Il ajoute : « Durant la campagne pour l’élection présidentielle, tout l’argumentaire qui avait trait à son bilan a été éclipsé par la question de l’âge et sa capacité à diriger le pays avec quatre ans supplémentaires. Ainsi, si Kamala Harris est effectivement investie par le parti, elle ne pâtira pas d’être trop vieille pour le poste, âgée d’à peine 60 ans, soit vingt ans de différence avec Donald Trump. Et elle pourra s’associer aux succès de Joe Biden puisqu’elle l’a servi en tant que vice-présidente. »
Cette dernière s’est également emparée de la légalisation de l’avortement, « seule faille » du mandat de Biden, selon le chercheur, et « gros point faible de Donald Trump ».
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