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| ====== Le Monde – Derrière la percée du RN, le fantôme de Patrick Buisson, idéologue d’extrême droite et chantre de la « guerre culturelle » ====== | |
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| POLITIQUE | |
| Derrière la percée du RN, le fantôme de Patrick Buisson, idéologue d’extrême droite et chantre de la « guerre culturelle » | |
| Le scénario qui se profile à l’Assemblée nationale n’est pas celui qu’imaginait l’idéologue d’extrême droite mort le 26 décembre 2023. Mais sa stratégie d’investir le champ culturel a largement favorisé l’émergence des thématiques portées par le RN. | |
| Par Ariane Chemin et Vanessa Schneider | |
| Par Ariane Chemin et Vanessa Schneider | |
| Par Ariane Chemin et Vanessa Schneider | |
| Aujourd’hui à 12h52, modifié à 14h15 | |
| Lecture 6 min | |
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| Marine Le Pen, après la cérémonie d’enterrement de l’essayiste et journaliste Patrick Buisson, à l’église Saint-Ferdinand des Ternes à Paris, le 3 janvier 2024. BERTRAND GUAY / AFP | |
| Ils ne se connaissaient pas, ou si peu. Jordan Bardella, col roulé noir, costume sombre, vient pourtant de s’asseoir, ce 3 janvier, aux premiers rangs de l’église Saint-Ferdinand des Ternes, à Paris. Sorti d’un van noir avec Marine Le Pen, il est venu assister aux obsèques de Patrick Buisson. Buisson, le stratège de la prise du pouvoir par l’extrême droite. Qu’importent les obsessions antisémites et le racisme assumé de l’ancien patron du journal Minute, qu’importent les enregistrements illégaux réalisés à l’insu de Nicolas Sarkozy par son ancien conseiller à l’Elysée : les vrais disciples ou admirateurs de cette figure de l’extrême droite française sont venus lui rendre hommage. | |
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| Lire aussi : | |
| De « Minute » à l’Elysée, Patrick Buisson, l’idéologue qui a poussé les idées de l’extrême droite française | |
| Six mois plus tard, le Rassemblement national (RN) est en passe de devenir la première force de l’Assemblée nationale. La mort est venue cueillir Patrick Buisson trop tôt pour qu’il puisse observer cette première dans l’histoire de l’extrême droite : le 26 décembre 2023, il est retrouvé seul, chez lui, aux Sables-d’Olonne (Vendée), par sa femme de ménage, en pleine écriture d’un livre sur le « génocide vendéen », une autre de ses obsessions. La distribution de ces législatives n’est pas celle que prévoyait ce mentor de l’extrême droite française. Jusqu’à son récent accord avec le président des Républicains (LR), Eric Ciotti, la stratégie du RN – vaincre sans s’allier aux partis traditionnels – n’était pas non plus celle de Patrick Buisson, qui prônait l’union des droites depuis des décennies. Le triomphe du RN a néanmoins le goût d’une victoire posthume pour lui. | |
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| LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ | |
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| L’idéologue, inspiré par le penseur nationaliste Charles Maurras (1868-1952), s’est toujours entouré d’identitaires comme Eric Zemmour ou Marion Maréchal, surtout lorsqu’ils étaient catholiques, à l’image du Vendéen Philippe de Villiers, son complice de toujours – devenu aujourd’hui celui de Vincent Bolloré. Avec une belle assurance, Buisson expliquait en avril 2023 au Point que « jamais le RN n’arrivera[it] au pouvoir tant que Marine Le Pen en sera[it] la candidate » ou la représentante. Buisson était un antimoderne, et son combat contre le « déracinement cosmopolite », sa priorité. Les mesures sociales prônées par Jordan Bardella et Marine Le Pen pour conquérir l’électorat déçu par la gauche ne pouvaient lui convenir. | |
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| « Tu as percé parce que tu as su transgresser ! » | |
| « Patrick Buisson a affirmé jusqu’au bout qu’elle ne pourrait jamais arriver au pouvoir, rappelle le directeur général délégué d’Ipsos, Brice Teinturier. Il ne croyait pas au positionnement populaire de la présidente du Rassemblement national et de Jordan Bardella. Il s’est à la fois trompé de casting et de stratégie électorale. » Pertinence des études d’opinion, portée du symbolique, nécessité de cultiver les rappels et la mémoire historique, acuité du clivage à droite sur l’immigration et, surtout, importance de se battre sur le terrain des idées : sur tous ces thèmes, en revanche, son influence est flagrante. Les militants d’extrême droite reprennent aujourd’hui à leur compte le concept d’« hégémonie culturelle » de l’intellectuel communiste italien Antonio Gramsci (1891-1937), apprécié par Patrick Buisson. | |
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| « Cette élection, je te la dois. » De l’aveu même de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson a compté pour beaucoup dans sa victoire à la présidentielle, en 2007. Sur ses conseils, le candidat Sarkozy n’avait pas hésité à dénoncer ces musulmans qui « égorgent les moutons dans leur salle de bains », puis à reprendre l’idée d’un ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, soufflée par son conseiller lorsque, quelques mois avant le premier tour, le candidat du centre, François Bayrou, gagnait du terrain dans les sondages. Buisson enrageait : « Tu te notabilises ! Tu as percé parce que tu as su transgresser ! » Le candidat Sarkozy annoncera la création dudit ministère en direct au journal télévisé. Du jamais-vu sous la Ve République. | |
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| Lire aussi | |
| Comment les idées d’extrême droite se sont banalisées dans le monde intellectuel français | |
| Sa condamnation en 2014 pour « atteinte à la vie privée » dans l’affaire des enregistrements illégaux, puis en janvier 2022 pour « détournement de fonds publics » dans l’affaire dite « des sondages de l’Elysée », a fini par faire de Patrick Buisson un proscrit, y compris aux yeux du couple Bruni-Sarkozy, longtemps en confiance avec lui, dans le salon vert de l’Elysée, à Rome chez le pape ou au pavillon de la Lanterne, à Versailles. Pour la petite famille des penseurs de l’extrême droite, il demeure néanmoins « la personnalité de l’extrême droite qui a le plus pesé sur l’appareil d’Etat », confie aujourd’hui Stanislas Rigault, président de Génération Z, le mouvement des jeunes avec Zemmour. Après avoir été la coqueluche de tous les ambitieux de la droite, de Jean-François Copé à Laurent Wauquiez en passant par la jeune génération de la Droite populaire, Guillaume Peltier ou Geoffroy Didier. | |
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| Marine Le Pen, elle, n’a pas suivi les traces de son père, et très peu consulté cet homme qui, depuis 1970, partageait avec Jean-Marie Le Pen la nostalgie de Pétain et de l’Algérie française, et s’appliquait à polir l’image du « Menhir ». Jordan Bardella, encore moins. Hormis deux ou trois réunions organisées en 2022 par visioconférence, Patrick Buisson n’a jamais travaillé avec le jeune chef de file du RN. En apprenant sa mort, Bardella a pourtant salué avec des mots choisis la mémoire de l’homme « qui a fait progresser les idées du camp national comme très peu d’intellectuels y sont parvenus, en prêtant ses mots à la parole du pouvoir ». Il se sait le premier bénéficiaire de la « guerre culturelle » déclarée il y a près de vingt ans par l’ancien journaliste de Minute, devenu, en 2007, le patron de la chaîne Histoire. | |
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| Stratégie de bloc contre bloc | |
| L’idée de Buisson ? Investir les médias, la culture et les récits historiques plutôt que les pures joutes partisanes. Ne pas se soumettre aux « diktats » de la gauche et imprégner le lexique politique de concepts comme l’« identité nationale », la « politique de civilisation » ou les « racines chrétiennes de la France ». Eric Zemmour est le premier à montrer l’exemple, qui court dès le tournant des années 2000 les talk-shows télévisés et les samedis soir de Laurent Ruquier sur le service public. « Soyez sincères et cohérents sur le fond, dites ce que vous pensez, et restez propres sur la forme », explique Buisson à ses poulains. | |
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| Début janvier, les « bébés Buisson » sont venus honorer de leur présence les obsèques de leur mentor, du haut de leurs belles carrières : Geoffroy Lejeune est directeur de la rédaction du Journal du dimanche, où travaille aussi Charlotte d’Ornellas. Les pionniers de FigaroVox, où Patrick Buisson a poussé ses pions, sont aujourd’hui directeur délégué de la rédaction du Figaro (Vincent Tremolet de Villers), rédactrice en chef adjointe chargée des idées (Eugénie Bastié) ou rédacteur en chef du service débats du Figaro (Alexandre Devecchio). Tous présents à Saint-Ferdinand des Ternes. Comme Alexis Brézet. | |
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| C’est lui, le directeur des rédactions du Figaro, qui a connu le plus long compagnonnage avec Buisson : ils furent collègues à Valeurs actuelles, à la fin des années 1980, et c’est à lui qu’il doit sa nomination à la tête du quotidien conservateur. En 1989, le journaliste ne s’était pas fait prier pour écrire, pour le compte de l’ancien député européen et maire Front national de Toulon Jean-Marie Le Chevallier, un petit fascicule de cent vingt pages intitulé Immigration en Europe : attention danger, reprenant les vieilles marottes de l’extrême droite, comme l’« invasion noire » ou la lutte contre l’avortement. | |
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| Le 13 juin, après la victoire du RN aux élections européennes, le directeur du Figaro, d’ordinaire plus prudent, explique sur Europe 1 que le rapprochement RN-LR est « un débat qui ne mérite pas ces anathèmes et ces excommunications ». Le 1er juillet, après le nouveau succès de l’extrême droite aux législatives, il écrit, dans Le Figaro cette fois, qu’il préfère « le programme du RN » à « l’idéologie » du Nouveau Front populaire. A la une, deux photos plantent le décor : pour Matignon, c’est soit Jordan Bardella et soit Jean-Luc Mélenchon. Du pur Buisson ! Lui-même a longtemps joué au même jeu avec « Méluche », son surnom de l’époque. | |
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| Au « Figaro », Alexis Brézet cabre une nouvelle fois la rédaction | |
| L’ancien trotskiste et le maurrassien de toujours avaient noué une solide complicité autour de leur culture politique et historique. Alors, lorsque quelques semaines avant la présidentielle de 2012, Mélenchon se voyait aux portes du pouvoir, Buisson avait incité Nicolas Sarkozy à faire exister le trouble-fête de la gauche – qui, lui, concentrait ses attaques sur François Hollande et Marine Le Pen, en épargnant le président de la République sortant. Aujourd’hui, c’est Bardella qui appelle l’« insoumis » à débattre avec lui, réduisant la gauche à ses excès pour effrayer la droite. Une stratégie de bloc contre bloc que les médias du groupe Bolloré se chargent depuis quelques jours de mettre en scène. De temps en temps, ces dernières années, Vincent Bolloré et Patrick Buisson échangeaient par téléphone. | |
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| Qu’aurait pensé le disparu de cette « vague brune » ? « Il aurait bien sûr un sourire au coin des lèvres, confie le président de SOS Chrétiens d’Orient, Charles de Meyer, l’un de ses derniers fidèles. Il fut le précurseur de la conquête des médias, de la bataille culturelle sur les thèmes acquis à la gauche ou au libéralisme, de l’émancipation des conservateurs et des réactionnaires de leur isolat social et institutionnel. Il n’aurait pas le sentiment de voir ses idées accomplies, mais certainement d’une première bataille gagnée. » | |
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| Ariane Chemin et Vanessa Schneider | |
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