26/12/2025/H07:42:08
C'est dans une ambiance étrange que s'ouvrent ce vendredi les 24es Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Pour cette édition intitulée « Relier les mondes - vers une réconciliation », il n'y aura ni les habituels ministres, ni les dirigeants politiques français qui d'ordinaire pimentaient les débats et les coulisses de l'événement. Ces derniers sont en effet interdits de parole à la veille des élections législatives qui porteront un nouveau gouvernement à la tête du pays.
D'autres figures du monde économique sont néanmoins annoncées. Parmi celles-ci, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, ou Benoît Coeuré, le président de l'Autorité de la concurrence. L'ancien Premier ministre italien Mario Monti livrera également son retour d'expérience sur un sujet qui risque d'être d'actualité en France dès lundi prochain : « Qu'attendre d'un potentiel gouvernement technique ? »
Cohésion de la société
Ces deux jours seront aussi l'occasion d'aborder des questions qui sont la clé pour assurer une meilleure cohésion de la société, selon Jean-Hervé Lorenzi, le président des Rencontres et membre du Cercle des économistes. Parmi les thèmes abordés : la jeunesse, le contrat entre générations, le financement des transitions, le travail ou encore la situation des finances publiques françaises.
« Pendant la campagne, il n'y a pas eu de débat économique. Les économistes se sont beaucoup exprimés, mais les sujets ont été posés de façon politique », estime Jean-Hervé Lorenzi qui pointe l'absence de discussions autour de la croissance, de l'innovation ou de l'équilibre des finances publiques.
Attaques
Dans l'entre-deux-tours, les questions économiques ont d'ailleurs quasiment disparu des débats, après y avoir occupé une large place avant le premier tour du scrutin.
Dans la foulée de l'annonce des législatives anticipées, les querelles entre économistes se sont, il est vrai, multipliées. Les échanges habituellement techniques se sont mués en débats souvent partisans, parfois mâtinés d'une violence peu fréquente dans ce milieu.
Face aux attaques, Antoine Lévy qui enseigne à Berkeley a ainsi choisi de suspendre son compte X. L'ancien chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, a lui aussi annoncé faire « une pause » sur le réseau social après une tribune publiée le 25 juin par « Alternatives économiques ». Six experts « hétérodoxes » l'ont ainsi pris à partie, stigmatisant « la faillite morale d'un économiste qui vise à effrayer l'électorat potentiel du Nouveau Front populaire ».
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Les économistes ont fait entendre leur voix par le biais de tribunes où ils défendaient l'un ou l'autre des camps en lice, en arguant de leur expertise. Seul le RN n'a pas donné lieu à un soutien public des experts.
En revanche, 300 économistes ont soutenu les orientations économiques de la coalition de gauche. Des habituelles figures de proues, comme Julia Cagé (professeur à Sciences Po) ou Thomas Piketty (professeur à l'Ecole d'économie de Paris), ainsi que Gabriel Zucman, spécialiste de la fiscalité des multinationales, Camille Landais, président délégué du Conseil d'analyse économique, ou Emmanuel Saez, professeur à Berkeley, ont signé le texte.
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En riposte, une centaine d'économistes (Philippe Aghion, Yann Algan, Xavier Jaravel, Etienne Wassmer, etc.), dont certains proches d'Emmanuel Macron, ont publié une tribune dans « Le Figaro » affirmant que « seule une coalition du centre pourra répondre aux défis économiques de notre époque ».
Ethique
Cet engagement des économistes pendant la campagne électorale a été critiqué par certains de leurs pairs. Dans une tribune publiée dans « Les Echos », Pierre Cahuc et André Zylberberg rappellent ainsi les mots de Max Weber dans « Le Savant et le Politique » : « L'éthique exige que les chercheurs se concentrent sur la validité de leurs méthodes et de leurs conclusions, en faisant abstraction de toute considération personnelle ou politique. »
« Dans cette campagne, rares sont ceux qui ont cherché à tenir compte de la situation économique du pays. A ne pas la comprendre, on en est venu à proposer des mesures qui auront pour conséquence d'aggraver les problèmes », regrette Denis Ferrand, le directeur général de l'institut Rexecode, proche du patronat.
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