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| - | ====== Les Marocaines dépossédées du marché de l’huile d’argan par une multinationale française ====== | ||
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| - | Bénéficiant de l’image « équitable » des coopératives féminines marocaines, l’huile d’argan est devenue un business rentable au Maroc. Sa production est aujourd’hui phagocytée par Olvea, un industriel français. | ||
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| - | Région d’Agadir (Maroc), reportage | ||
| - | « C’est la chasse ! La chasse économique ! » s’exclame Saïd [1] dans un grand éclat de rire, pour ne pas en pleurer. Chef d’une entreprise marocaine d’extraction d’huile d’argan, l’homme a requis l’anonymat pour pouvoir parler librement de la concurrence. Produit traditionnel au Maroc, découvert en France et dans le reste du monde durant les années 1990 pour ses vertus curatrices et cosmétiques, | ||
| - | La réputation de l’huile, à l’étranger comme au Maroc, est intimement liée à l’image romantique des coopératives où des femmes, assises sur des tapis, meulent à la main les amandons d’argan avec des moulins en pierre, au son d’envoûtants chants traditionnels. Loin de ces clichés, c’est aujourd’hui une multinationale française, Olvea, qui détient près de 70 % du marché, tandis que les 621 coopératives du secteur se vident inexorablement. | ||
| - | © Louise Allain / Reporterre | ||
| - | Entre 2008 et 2013, les parts de marché du secteur coopératif et du secteur privé se sont inversées, selon Lucie Polline, autrice d’un mémoire de mission professionnelle, | ||
| - | Les exportations plafonnent | ||
| - | La part de marché croissante des industriels, | ||
| - | Au-dessus d’Agadir, l’arganeraie, | ||
| - | Gaulage, surpâturage, | ||
| - | La chaleur a aussi favorisé les cultures intensives de fruits et légumes. Les serres immenses et les champs clôturés percent de toute part l’arganeraie dans la région d’Agadir et abaissent le niveau des nappes phréatiques, | ||
| - | Les arganiers sont nombreux à mourir à cause de la sécheresse exceptionnelle de ces dernières années. Au sol, les tuyaux noirs témoignent de l’activité agricole intensive qui dégrade également la forêt dans la région d’Agadir. © Julie Chaudier / Reporterre | ||
| - | Dans ce paysage, les différents producteurs d’huile d’argan se disputent une ressource structurellement limitée et de plus en plus rare : les fruits de l’arganier. « À la suite de la croissance exponentielle du marché international de l’huile d’argan, les femmes sont de plus en plus confrontées à de nouveaux acteurs qui collectent la ressource et se coordonnent avec les entreprises nationales ou internationales », détaille Bernadette Montanari, ethnobotaniste au Centre pour la recherche en anthropologie de l’université de Lisbonne, dans un article paru dans le magazine scientifique Human Ecology en novembre 2023. | ||
| - | « Les femmes ont perdu la bataille du contrôle de la ressource » | ||
| - | Dans cette dégradation des conditions de production, le Covid-19 a marqué un basculement. « Depuis, les forêts d’arganiers de la région sont occupées par des cueilleurs illégaux : les femmes sont de plus en plus agressées lorsqu’elles se rendent en forêt. Face à ce nouveau réseau d’intermédiaires, | ||
| - | En 2020, « lors du confinement, | ||
| - | Si les fruits ont disparu de la forêt en 2020, il en restait tout de même dans les souks, les marchés locaux hebdomadaires de la région. « Mais après le confinement, | ||
| - | « Dans cette crise, nous avons réussi à garder un client sur trois » | ||
| - | Depuis, les prix n’ont pas baissé, les fruits restant toujours aussi rares du fait des nouvelles conditions bioclimatiques et, quand il y en a, les cueilleurs illégaux ou les hommes des villages, les ramassent à la place des femmes. Des dizaines de coopératives féminines d’argan ont donc fermé, les autres survivent dans l’espoir de jours meilleurs. | ||
| - | « L’UFCA compte dix-huit coopératives de douze à quatre-vingt-sept femmes chacune. Neuf ont arrêté leur activité faute de matière première. Dans cette crise, nous avons réussi à garder un client sur trois », détaille Jamila Idbourrous. | ||
| - | Dans une coopérative d’huile d’argan d’Ameskroud, | ||
| - | Entre Taroudant et Ameskroud, à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Agadir, dans les locaux de la coopérative Igbar, quatre femmes âgées, assises sur des tapis sont en train d’enlever la pulpe séchée des fruits d’arganiers avec des pierres. « Nous allons produire 10 litres pour deux clients à l’étranger », explique Fatima El Mehni, présidente de la coopérative. Aujourd’hui, | ||
| - | « Avant, on produisait 3 000 litres par mois ; aujourd’hui, | ||
| - | Coopératives devenues sous-traitantes | ||
| - | Toutefois, dans la région de Sidi Ifni et de Guelmim, au sud d’Agadir, des coopératives dédiées uniquement au concassage ont été créées en nombre ces derniers temps, preuve que l’activité perdure, mais qu’elle est passée un peu plus entre les mains des grands industriels. Ces derniers sous-traitent depuis longtemps le concassage des noix d’argan, seule étape de la production à échapper encore à la mécanisation. | ||
| - | Certaines coopératives acceptent 30 dirhams (3 euros) pour concasser un kilo de fruits d’arganiers quand des femmes isolées reçoivent entre 10 et 30 dirhams (1 à 3 euros) pour le même travail, soit une demi-journée d’une gestuelle aussi belle que répétitive. Sauf que, « aujourd’hui, | ||
| - | Cette femme d’une quarantaine d’années a tout misé sur sa coopérative, | ||
| - | Olvea : de l’huile de poisson à l’huile d’argan | ||
| - | Fondée en 1929, à Fécamp (Seine-Maritime), | ||
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