16/09/2024


"Ces aides permettent une nourriture peu chère" : pour cet éleveur du Cantal, l'Europe "est nécessaire"

Patrick Bénézit, président de la fédération nationale bovine (FNB). © Thierry LINDAUER

Quand on pense à l’Europe politique, on pense souvent agriculture. Et cette fameuse PAC, politique agricole commune. Un lien justifié d’ailleurs, puisque les aides à l’agriculture s’élèvent à un milliard d’euros dans la région.

Mais lors du dernier mouvement des agriculteurs, l’Europe a souvent été pointée du doigt. On a donc demandé à Patrick Bénézit, vice-président de la FNSEA, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, premier syndicat agricole français, et éleveur dans le Cantal. L’Europe, vous l’aimez ou non?? “Elle est nécessaire. Jusque dans les années quatre-vingt, l’État soutenait le marché, intervenait quand les prix passaient en dessous des coûts de production. Il y a eu un virage libéral. Aujourd’hui, c’est l’Europe qui compense. Il y a aussi des compensations de handicap pour les régions de montagne.” Ces aides permettent aux consommateurs d’avoir une nourriture peu chère. Sans ces aides, aucune filière ne couvrirait ses coûts de production. Donc l’Europe est nécessaire?? “Cette politique est plutôt bien faite. Quand vous êtes dans le Massif central et que vous vendez de la viande en Italie, avoir une monnaie commune évite des dévaluations, comme avant.” Ces aides permettent aux consommateurs d’avoir une nourriture peu chère. Sans ces aides, aucune filière ne couvrirait ses coûts de production. Alors comment expliquer les critiques permanentes vis-à-vis de l’Europe?? “Parce qu’il y a un manque d’orientation et de cohérence entre l’Europe et l’extérieur. On ajoute une règle toutes les cinq minutes en Europe et dans le même temps, on laisse rentrer tout et n’importe quoi de l’extérieur. C’est ce qui explique la méfiance. Les agriculteurs ne comprennent pas ces contradictions. Recevez par mail notre newsletter éco et retrouvez l'actualité des acteurs économiques de votre région. Nous n’avons aucune envie de revenir à une viande avec des hormones de croissance et aux viandes bourrées d’antibiotiques. Nous ne pouvons pas être soumis à une concurrence qui n’a pas les mêmes règles. Et ce problème ne touche pas seulement l’agriculture d’ailleurs.” Oui, le grand problème de l’économie face à la mondialisation. Pour les consommateurs, c’est important de savoir : il y a encore des farines animales utilisées dans d’autres pays?? “La farine animale, les hormones de croissance sont ailleurs, oui. En fait, c’est même la norme. Le modèle européen est unique. Et nous voulons le protéger. Si nous nous battons, c’est pour le protéger et non pas le détruire.” Simon Antony lamontagne