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16/09/2024

On a suivi une séance de recrutement de futurs militaires


« Pour les vomis, c'est entre les buissons »… On a suivi une séance de recrutement de futurs militaires D’une voix forte et ferme, le sergent Titouan prévient : « Pour les vomis, ça se passera entre les buissons ou derrière les voitures, mais pas devant la porte ». Le militaire sait d’expérience que l’épreuve d’endurance cardiorespiratoire de Luc Léger, pratiquée à 8 heures du matin – c’est-à-dire à la fraîche et juste après le petit-déjeuner –, laisse généralement des traces chez les candidats à l’armée. Ils sont une quarantaine ce mardi matin à participer aux épreuves physiques à la caserne Nansouty de Bordeaux, le centre de recrutement interarmées pour le Sud Ouest. Le test de Luc Léger, qui consiste à courir entre deux lignes espacées de 20 mètres le plus longtemps possible, en respectant un rythme de course qui s’accélère toutes les minutes, n’a eu raison cette fois-ci des entrailles de personne. Mais plusieurs des futures recrues, toutes autour de la vingtaine, ont manqué tourner de l’œil de peu. Toutes ont terminé sur les genoux. « Pas là pour les envoyer au casse-pipe » Mattéo a bien géré l’épreuve, même s’il est un peu déçu de sa performance. « On attaque dès 8h30, dans le froid, pas échauffé, donc on est un peu pris au dépourvu, explique-t-il. Mon résultat est en dessous de ce que je peux faire, mais ça reste acceptable. » Julie s’était beaucoup entraînée, mais le stress a eu raison de la jeune femme, qui « rêve d’entrer dans l’armée » depuis qu’elle a 4 ans. « Je me suis réveillée avec une boule au ventre ce matin, et les tests étaient un peu tôt, il faisait un peu froid » nous dit-elle en sanglots, persuadée d’avoir « tout foiré. » Elle sera rassurée un peu plus tard à l’issue des tests psychotechniques. Après le Luc Léger, place aux tractions pour les hommes, la poulie pour les femmes. L’objectif est d’évaluer les muscles du haut du corps. Les épreuves sportives se terminent par une série de squats. « Rien n’est rédhibitoire dans ces épreuves », nous glisse un évaluateur, mais les résultats permettront plus tard d’orienter le candidat vers le bon régiment. « On ne va pas affecter un jeune qui n’est pas très sportif dans une unité où le physique est primordial. On n’est pas là pour les envoyer au casse-pipe. » « Rien n'est rédhibitoire dans les épreuves sportives » indique un recruteur. - Mickaël Bosredon « Les tests physiques permettent d’évaluer les capacités des candidats évidemment, mais pas seulement, ajoute un autre militaire. L’état d’esprit est également important, on relève lorsque quelqu’un fait l’effort d’aller au bout de ses limites. Cela peut compter, surtout quand le candidat vise des unités très exigeantes comme la BSPP [Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.] » « Est-ce que je lui donne une arme ? » L’évaluation des candidats à la caserne Nansouty se déroule sur deux jours, répartie en quatre demi-journées. « Ici, on évalue, on ne sélectionne pas », insiste le lieutenant-colonel Gérald, chef du département évaluation et information. Même s’il y a tout de même des recalés : ceux qui ne passent pas l’étape de la visite médicale – environ 5 % par an – et ceux au profil psychologique trop fragile – un à deux par mois. « La question que je me pose quand on me soumet un candidat au profil dépressif, c’est : est-ce que je lui donne une arme ? » pointe l’officier. Après l’étape de la visite médicale et les tests de condition physique, vient le test de personnalité, qui se déroule au travers un questionnaire de 170 questions. Enfin, les tests cognitifs permettent d’apprécier les capacités intellectuelles du candidat, ce qui permettra notamment une orientation vers la catégorie de militaire du rang, sous-officier ou officier. Mais l’affectation ne se décidera pas au groupement de recrutement et de sélection, ce sera le rôle du conseiller au recrutement, dans un second temps. « Révéler les aptitudes du candidat » « Ici, notre but est de révéler les aptitudes du candidat et de les informer », résume le lieutenant-colonel. Qui souligne qu’ils « arrivent souvent avec des idées arrêtées sur l’armée : ils voudraient généralement être commandos ou parachutistes, mais ce ne sont pas forcément des sports de masse, il faut donc en réorienter un certain nombre. » Cela tombe bien, « il y a 400 métiers dans l’armée de terre, donc il y a quasiment de quoi satisfaire tout le monde. » « On profite de ce qu’ils soient dans une caserne pendant deux jours et une nuit pour leur donner des informations, on leur parle des valeurs de l’armée, aussi du fait de devoir côtoyer la mort… Tout cela fait évoluer leur réflexion. » « On essaie d’avoir des éléments sur la façon dont ils vont se comporter dans la vie en collectivité, leur rapport avec l’autorité, s’ils ont déjà été amenés à commander une équipe, ajoute le major Mehdi, qui fait passer les tests de personnalité. Le candidat a généralement une idée de l’arme dans laquelle il veut entrer – infanterie, cavalerie, génie… – nous, on va cibler s’il a le profil qui correspond. » Le centre de recrutement de Nansouty voit passer chaque année quelque 4.000 candidats, participant au recrutement de 16.000 personnes par l’armée de terre chaque année. <a href=“https://www.20minutes.fr/societe/4091162-20240522-armee-vomis-entre-buissons-suivi-seance-recrutement-futurs-militaires”>20minutes</a>