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-====== Le Monde – Au procès dHenri Proglio, l’ex-PDG d’EDF jugé pour « favoritisme » : « Vingt-deux millions d’euros, c’est peu d’argent » ======
-<a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/05/22/vingt-deux-millions-d-euros-c-est-peu-d-argent-henri-proglio-l-ex-pdg-d-edf-juge-pour-favoritisme_6234903_3224.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default">Le Monde – Au procès dHenri Proglio, l’ex-PDG d’EDF jugé pour « favoritisme » : « Vingt-deux millions d’euros, c’est peu d’argent »</a>
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-SOCIÉTÉ
-Au procès dHenri Proglio, l’ex-PDG d’EDF jugé pour « favoritisme » : « Vingt-deux millions d’euros, c’est peu d’argent »
-L’ancien patron (2009-2014) est accusé d’avoir signé à la tête de l’entreprise publique une quarantaine de contrats avec des consultants vedettes sans mise en concurrence.
-Par Jérôme Lefilliâtre
-Par Jérôme Lefilliâtre
-Par Jérôme Lefilliâtre
-Hier à 21h58, modifié à 07h45
-Lecture 3 min
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-Henri Proglio, ancien directeur général d’EDF, lors du World Nuclear Exhibition 2014 (WNE), sur cette photo d’archive prise au Bourget, près de Paris, le 14 octobre 2014. BENOIT TESSIER / REUTERS
-Lentement, le président du tribunal correctionnel de Paris, Benjamin Blanchet, a serré sa prise autour d’Henri Proglio, entendu ce mercredi 22 mai dans le cadre de son procès pour « favoritisme ». L’ancien PDG d’EDF entre 2009 et 2014 est jugé pour avoir passé sans mise en concurrence une quarantaine de contrats de conseil avec des personnalités de l’ombre du monde des affaires, comme Alain Bauer, Jean-Marie Messier ou Stéphane Fouks. Le magistrat a d’abord donné tout le temps à l’ex-grand patron de raconter son parcours professionnel, de vanter son bilan financier à la tête de l’énergéticien public et de régler quelques comptes, notamment avec François Hollande, accusé de l’avoir « décapité » en refusant le renouvellement du mandat et d’avoir provoqué le déclin d’EDF à cause de l’idéologie « antinucléariste » de ses alliés écologistes.
-Alors très à l’aise, M. Proglio adoptait la posture de l’artisan mal récompensé de son travail : « J’ai le sentiment d’avoir servi. Jamais je n’aurais imaginé qu’en récompense de tout cela, j’aurais à défendre mon honneur devant ce tribunal. » Sur les contrats litigieux, d’un montant total estimé à 22 millions d’euros et dont certains ont bénéficié à de vieilles connaissances, l’ex-PDG d’EDF a assumé de les avoir validés mais a estimé qu’il ne devait pas être tenu pour responsable de la façon dont ils ont été commandés : « Personne n’est venu pour me dire : “Monsieur le président, il faudrait faire un appel d’offres”. On aurait dû m’alerter. Jamais cela n’a été le cas. »
-Lire aussi
-L’ancien PDG d’EDF Henri Proglio jugé pour favoritisme, le procès d’un homme aux larges réseaux
-La note instaurant à la demande de M. Proglio une procédure de passation spéciale pour ces contrats, rédigée en 2010 par l’ex-secrétaire général d’EDF Alain Tchernonog (dont l’audition a été renvoyée en avril 2025 pour raisons de santé), faisait pourtant état d’un risque juridique en l’absence d’une mise en concurrence. Ce que n’a pas manqué de relever le président du tribunal, qui a parfois dû batailler pour que le prévenu le laisse aller au bout de ses questions.
-« Intérêts propres »
-L’une d’entre elles a tendu la discussion. En accordant des contrats de plusieurs centaines de milliers d’euros à des consultants, communicants et intermédiaires aux missions parfois très floues, Henri Proglio n’aurait-il pas confondu ses « intérêts propres » et ceux d’EDF ?
-En demandant par exemple à ces onéreux prestataires de plaider dans les coulisses du pouvoir pour son renouvellement ou d’œuvrer à la déstabilisation de ses concurrents, tel que son successeur à Veolia, Antoine Frérot ? « Je n’ai cherché que l’intérêt d’EDF », a répliqué M. Proglio, qui se montrait dès lors beaucoup moins placide à la barre, faisant la moue, haussant les épaules, levant les bras.
-Lire notre décryptage :
-Henri Proglio : cinq ans, cinq dates pour une présidence agitée
-Devant un président songeur, qui constatait que la direction des achats d’EDF n’avait aucune prise sur ces contrats et se demandait s’il n’y avait pas là une volonté de dissimulation de leur objet réel et « sensible », l’ancien grand patron s’est aussi défendu par les chiffres : « 22 millions d’euros, c’est peu d’argent, c’est rien. C’est 0,005 % du chiffre d’affaires d’EDF [cumulé sur la période 2009-2014]. Voilà de quoi on parle ! »
-La note de la discorde
-Dans la salle d’audience, l’ambiance s’est très nettement rafraîchie lorsque Benjamin Blanchet a évoqué un drôle de document contenu dans l’enquête du Parquet national financier, qui a plongé un moment le public dans les arrière-cuisines peu reluisantes du CAC 40. Rédigée par la société d’intelligence économique Axis, cette note de 11 pages, intitulée « Les consultants d’Henri Proglio », détaille les missions supposément menées par les bénéficiaires des contrats incriminés.
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-Elle a été commandée par Anne Méaux, influente communicante et proche d’une ennemie de M. Proglio, l’ex-présidente d’Areva Anne Lauvergeon. Mme Méaux a par ailleurs été l’une des bénéficiaires des contrats douteux d’EDF, mais du temps du successeur de M. Proglio, Jean-Bernard Lévy. « Anne Méaux, je l’ai eue comme collaboratrice à Veolia et je m’en suis séparée. Depuis, elle me voue une haine profonde », a rugi son adversaire, dénonçant des méthodes de « barbouzes ». L’avocat de M. Proglio, Me Jean-Pierre Mignard, a protesté, estimant que cette note ne pouvait être considérée comme un élément judiciaire sérieux. Le procureur financier, Sébastien de la Touanne, a admis qu’elle n’était « pas au cœur du dossier ».
-Face au tribunal, M. Proglio, jurant « sur l’honneur » plusieurs fois pendant l’audience, a aussi détaillé sa méthode de recrutement de ses consultants vedettes, comme Claude Allègre, ancien ministre socialiste de l’éducation nationale, connu pour ses positions climatosceptiques. « Quand je demande son aide à M. Allègre, nous sommes sous le feu à cause de Fukushima. C’est le seul à s’exprimer en faveur du nucléaire à la télévision. Je l’ai appelé directement pour structurer notre démarche pour défendre le nucléaire. J’aurais pu faire un appel d’offres… » Selon une note de synthèse du PNF, le premier contrat entre EDF et Claude Allègre a été signé pour un an en juin 2010, quelques mois avant l’accident au Japon, et renouvelé deux fois ensuite. Son montant : 336 000 euros.
-Lors d’un vif échange, le procureur financier, Sébastien de La Touanne, a rappelé à M. Proglio que ce n’était pas sa « gestion d’EDF » qui était en cause, mais le fait d’avoir manqué à la loi en n’organisant pas de mise en concurrence. Une façon de faire qui a profité, selon le représentant du ministère public, à « ceux qui ont les bons réseaux » et laissé tous les autres sur la touche. Le procès, qui doit durer jusqu’au 31 mai, se poursuivra ces prochains jours par les auditions des consultants jugés pour « recel de favoritisme ».
-Jérôme Lefilliâtre
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