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-====== Le Monde – En Mongolie, un hiver assassin décime les troupeaux des nomades  ====== 
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-[Le Monde – En Mongolie, un hiver assassin décime les troupeaux des nomades](https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/04/28/en-mongolie-un-hiver-assassin-decime-les-troupeaux-des-nomades_6230427_3244.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) 
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-https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/04/28/en-mongolie-u 
-n-hiver-assassin-decime-les-troupeaux-des-nomades_6230427_3244.html 
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-PLANÈTE 
-En Mongolie, un hiver assassin décime les troupeaux des nomades 
-De nombreux éleveurs de la steppe ont perdu tout ou partie de leur bétail ces derniers mois, à cause de la formation précoce d’une couche de glace et des froids extrêmes qui ont privé les animaux de nourriture. Pour beaucoup, ce désastre signe la fin de la vie nomade. 
-Par Harold Thibault (Munkhkhann, Mongolie, envoyé spécial) 
-Par Harold Thibault (Munkhkhann, Mongolie, envoyé spécial) 
-Par Harold Thibault (Munkhkhann, Mongolie, envoyé spécial) 
-Aujourd’hui à 16h07, modifié à 16h16 
-Lecture 7 min 
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-Des carcasses gelées de bêtes mortes, à Sükhbaatar (Mongolie), le 17 mars 2024. SIMON TOWNSLEY/PANOS-REA 
-La steppe s’est finalement libérée de la glace et de la neige. Le blanc cède au jaune encore sec du début de printemps, mais sur ces étendues vides à perte de vue, on distingue régulièrement des taches d’autres couleurs : brun, beige, noir. Des carcasses de chevaux, de moutons et de vaches, parmi les plus de 6,9 millions d’animaux qui n’ont pas traversé le si rude hiver. Les Mongols parlent d’un dzud (désastre) « blanc et de fer » : la neige est tombée soudainement dès le début du mois de novembre 2023, mais un redoux l’a fait fondre. Le grand froid est venu aussitôt après, figeant de décembre à la fin mars une couche de glace impénétrable recouverte d’une neige épaisse. 
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-Les nomades n’avaient pas souvenir de telles températures, tombées en dessous de – 40 °C. Ils sont restés impuissants devant leurs bêtes mourant une à une. Oyungerel Dolgsuren a quasiment tout perdu. Des quatre cents bêtes qu’elle élevait avec son mari, Demberelsaihan, et leurs trois enfants, ne survivent que trois moutons, une trentaine de chèvres et quatre vaches. Les treize chevaux qui subsistaient de leur troupeau de cinquante têtes se sont égarés dans le froid et le blizzard. Il n’y a aucun doute qu’ils sont désormais morts, mais le couple les cherche quand même. 
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-Chaque soir, l’éleveuse de 46 ans repense à ce qu’il aurait fallu faire si seulement on avait su : vendre toutes les bêtes dès décembre. Mais arrivé en janvier, quand le couple a compris l’ampleur de la catastrophe, il était déjà trop tard. Impossible de franchir les 40 kilomètres de piste jusqu’à la petite ville de Munkhkhaan pour vendre le bétail. Les éleveurs avaient de la neige jusqu’aux hanches et il fallait dégager la porte de la yourte pour en sortir. En quelques minutes seulement à l’extérieur pour chercher et nourrir les animaux, Oyungerel Dolgsuren avait les pommettes gelées. Elle a eu peur pour elle aussi. Les animaux ne pouvaient plus se nourrir en grattant le sol, la glace était incassable, ils en avaient les pattes écorchées. La famille a utilisé tout le grain de complément, pour lequel elle avait emprunté avant la saison hivernale, mais rien n’y a fait. 
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-Tas de carcasses 
-Affaiblies, les bêtes ont succombé au froid et à la faim. Alors que les animaux malades ou vieux mettent du temps à trépasser, raconte la nomade, là, tous mouraient vite. Ils se posaient et ne se relevaient plus. Chaque jour, il y en avait trois ou quatre, parfois plus, vingt d’un coup, un terrible matin. La famille a fait dormir les bêtes les plus affaiblies avec elle dans la yourte, mais elles étaient déjà trop diminuées. Certaines femelles sont mortes d’épuisement durant la gestation ou en mettant bas. « On a tout essayé », répète Oyungerel Dolgsuren. 
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-Elle fait faire le tour du modeste abri hissé pour couper un peu les animaux restants du vent toujours frais. Une chèvre est encore morte, ce matin de la mi-avril. Même si les températures sont désormais bien plus douces, les animaux les plus anémiés continueront, quelques jours ou semaines encore, de mourir. Comme toutes les familles de la région, Oyungerel et Demberelsaihan ont assemblé les carcasses en un tas. Le bureau de l’environnement demande qu’elles soient transportées vers des fosses identifiées, loin des cours d’eau et des habitations, pour éviter les maladies au moment du retour des chaleurs. Il faudra faire venir des camions pour dégager ces centaines d’animaux. 
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-Dans son pull à capuche violet, Oyungerel Dolgsuren raconte les discussions avec son mari de 52 ans. « Il me dit : “On n’a plus rien, que va-t-on faire ?” » Repartir de presque zéro ? Les deux taureaux et les deux béliers sont morts. L’éleveuse semble perdue. Les jours où elle va jusqu’à la petite ville à moto, elle raconte avoir des absences. « J’étais une personne sereine, avant ça ». En mars, leur fils de 25 ans est parti s’installer à Oulan-Bator, renonçant de fait au mode de vie nomade. Les épisodes de dzud précédents, notamment celui de 2010, ont vu de nombreuses familles plier la yourte, la mettre à l’arrière d’un camion pour aller s’installer dans le quartier de bidonvilles qui grimpe le long des collines de la capitale. Mais les anciens éleveurs n’ont pas le niveau d’études ou les savoir-faire pour trouver leur place dans cet autre monde. 
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-« Etés très chauds » et « hivers imprévisibles » 
-Oyungerel Dolgsuren préférerait rester, mais il faudra cinq ou dix ans pour se relancer, si toutefois les hivers à venir étaient plus stables, ce qui n’est pas garanti. Pays de climat continental extrême, la Mongolie a déjà enregistré un réchauffement de ses températures moyennes de 2,46 °C ces quatre-vingts dernières années. Mais cela n’empêche pas certains hivers d’apporter des froids d’une brutalité record, que les spécialistes peinent encore à expliquer. « L’Eurasie centrale, dont la Mongolie, est un important pôle de froid, mais le travail est encore en cours pour tenter de comprendre les dynamiques du changement climatique dans cette région, explique Jacopo Riboldi, professeur de météorologie à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Suisse). On assiste à des alternances d’extrêmes, avec des fontes de neige, puis à nouveau de grands froids. » 
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-Un enfant de 4 ans s’efforce de remettre une vache sur pied, à Sükhbaatar (Mongolie), le 17 mars 2024. SIMON TOWNSLEY/PANOS-REA 
-Les Mongols avaient pour habitude de dire que les dzuds se produisaient chaque décennie, mais leur fréquence s’est accélérée. « Les situations extrêmes sont de plus en plus rapprochées, des étés très chauds, des hivers imprévisibles. L’équilibre économique et psychologique s’en trouve affecté. Beaucoup de familles se murent dans le silence quand on essaye d’évoquer leur situation, elles ont perdu énormément », constate Bayan-Altai Luvsandorj, le responsable de l’organisation Save The Children en Mongolie. 
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-Lire aussi 
-A Oulan-Bator, les poêles à charbon empoisonnent petit à petit les Mongols 
-Le climat n’est pas le seul coupable. « C’est une combinaison de facteurs », explique Burmaa Dashbal, directrice de la Fédération mongole des groupes usagers des pâturages. Après la fin de la planification soviétique, les nomades ont développé leur cheptel pour survivre dans la nouvelle économie de marché. Le pays est passé de 25,9 millions de têtes de bétail en 1990 à plus 64,7 millions à la fin 2023. Les éleveurs misent notamment sur les chèvres pour leur cachemire, mais elles détériorent les sols en arrachant les racines. Près de 70 % de la surface d’herbage est affectée. S’y ajoutent les pluies plus tardives, les étés plus chauds et les hivers de dzud bien plus fréquents. 
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-Chevaux disparus dans le blizzard 
-Etrange voyage que de traverser l’est de la Mongolie à la fin de cet hiver furieux. Tout au long de la steppe, les éleveurs mènent les chevaux, moutons et vaches paître à nouveau, ils les rabattent en filant à moto. Mais partout il y a ces carcasses. Les bêtes qui n’ont pu suivre les troupeaux sont mortes là, juste au bord d’une piste ou à peine plus loin. 
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-Depuis Munkhkhaan, il faut parcourir une dizaine de kilomètres pour parvenir chez Gansukh Banzragch. En soixante-trois ans de vie de nomade, cet éleveur qui en a pourtant vu d’autres n’a pas le souvenir de telles chutes de neige, avec de telles variations en début de saison. « Ça a fait des couches et des couches de neige et de glace superposées », raconte-t-il. Sur les six cents bêtes que lui, son épouse et leurs enfants élevaient, seule une petite centaine a survécu. « Chaque jour, c’était un nouveau choc, j’avais envie de pleurer, j’essayais de me ressaisir », raconte cet homme d’un naturel taiseux. Eux aussi sont partis en quête de leurs seize chevaux disparus dans le blizzard, dès que cela a enfin été possible, par principe : « On a cherché quand même quand la neige a fondu, mais on savait qu’on ne les trouverait pas. » 
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-Lire aussi : 
-En Mongolie, le cuivre, matière première du développement 
-Il pense qu’il est trop tard dans leur vie pour que lui et son épouse puissent envisager de rebâtir le même élevage, mais il veut accompagner au mieux ses sept enfants. Pour eux, il n’y a pas d’autre choix que de se relancer. Une de ses filles, Bayartsetseg Gansukh, raconte que son mari et elle se sont demandé si l’heure était venue de partir vivre en ville. « Mais pour y faire quoi ? », s’interroge-t-elle. 
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-La pression des banquiers 
-Le père s’inquiète aussi de ses dettes, il y pense tout le temps. Comme beaucoup de nomades, il a emprunté à la banque au début de l’automne pour acquérir du foin et des grains qui doivent permettre de traverser l’hiver. Les années normales, l’opération est anodine : les éleveurs remboursent au début de l’été en vendant les animaux ou la laine. Mais la famille ayant perdu plus de 80 % de ses bêtes, elle ne pourra pas honorer l’échéance, en juillet. 
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-Zagdsuren Batsuuri, éleveur, dans sa maison, à Munkhkhaan (Mongolie), le 18 avril 2024. HT/LE MONDE 
-Malgré l’annonce d’un accord au niveau national pour repousser les remboursements, les familles continuent de subir la pression des banquiers à l’échelon local, les établissements eux-mêmes ne bénéficiant pas de compensations. En retour, les familles évitent de donner aux autorités locales le nombre précis d’animaux perdus, craignant d’être considérées comme définitivement insolvables et de perdre tout accès futur au crédit. Tout cela complique l’évaluation de la situation, explique une responsable de l’administration. 
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-« Ce sont des familles dont l’économie est détruite, elles sont seules face à la perte de ce qui les faisait vivre », résume Manish Tewani, le coordinateur local de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Mais toutes les organisations humanitaires disent peiner à attirer les financements, alors que l’attention est accaparée par deux conflits majeurs, en Ukraine et au Proche-Orient. 
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-« La nature ne se remet plus » 
-Toutes les familles nomades ne sont pas égales dans leur malheur. Certaines sont un peu plus riches et mieux formées aux techniques d’élevage. Munkhtsatsral Khatanbaatar, 41 ans, et son mari, Zagdsuren Batsuuri, possèdent une yourte pour leur pâturage d’été, mais aussi une modeste maison et un abri en dur pour les animaux. Lui vient d’une famille d’éleveurs reconnue dans la région. Dans leur salon trônent de nombreuses médailles et le dessin d’un cheval qui s’était hissé au sommet des classements des courses lors de festivals traditionnels. Le couple a perdu 30 % de ses cent soixante chevaux et la moitié de ses deux cents moutons. Au cours de l’hiver 2022-2023, déjà difficile, cinquante chevaux étaient morts. 
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-« C’est tout le travail fait ensemble depuis vingt ans que nous sommes mariés qui se perd », dit Munkhtsatsral Khatanbaatar. Tous deux blâment le climat qui change, ces herbes qui poussent moins haut que dans leur jeunesse, mais aussi ces familles qui élèvent trop de bétail, jusqu’à un millier d’animaux parfois, et vont empiéter sur les terres utilisées par d’autres. « La nature ne se remet plus », ajoute la femme. 
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-Lire notre archive (2016) : 
-La Mongolie victime du surpâturage 
-Ces derniers temps, les deux éleveurs ont passé autant de temps à dégager des animaux morts vers la fosse la plus proche qu’à soigner leurs bêtes. Ce matin encore, un cheval est mort. A nouveau, ils ont lié les quatre pattes par une corde, accrochée celle-ci à l’arrière de leur Toyota Prius pour treuiller la pauvre bête à l’arrière d’un pick-up. Puis ils l’ont déposée à quelques kilomètres, à côté des cadavres de tous leurs chevaux qui n’ont pas survécu à l’hiver. 
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-Harold Thibault (Munkhkhann, Mongolie, envoyé spécial) 
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