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| ====== [Le Monde – Le crime organisé en Europe, « une menace majeure pour la sécurité intérieure de l’Union »]( ====== | |
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| [Le Monde – Le crime organisé en Europe, « une menace majeure pour la sécurité intérieure de l’Union »](https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/28/le-crime-organise-en-europe-une-menace-majeure-pour-la-securite-interieure-de-l-union_6230437_3224.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) | |
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| https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/28/le-crime-organise-en-europe-une-menace-majeure-pour-la-securite-interieure-de-l-union_6230437_3224.html | |
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| SOCIÉTÉ | |
| Le crime organisé en Europe, « une menace majeure pour la sécurité intérieure de l’Union » | |
| Selon Europol, l’agence européenne de coopération policière, et des éléments plus confidentiels auxquels « Le Monde » a eu accès, plusieurs centaines de groupes criminels s’organisent entre eux selon les standards de véritables multinationales. | |
| Par Antoine Albertini et Thomas Saintourens | |
| Par Antoine Albertini et Thomas Saintourens | |
| Par Antoine Albertini et Thomas Saintourens | |
| Aujourd’hui à 17h58, modifié à 18h06 | |
| Lecture 6 min | |
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| Dans le monde discret du renseignement criminel, il s’agit d’une petite révolution : ne plus étudier le crime organisé à travers les marchés illégaux qu’il investit, mais en analysant sa structure même. De ce point de vue, le panorama sur les 821 organisations criminelles les plus menaçantes d’Europe, établi par Europol, l’agence européenne de coopération policière, se révèle glaçant. Selon l’étude et des éléments plus confidentiels auxquels Le Monde a eu accès, les réseaux qu’il décrit, puissants, fonctionnent selon les standards de véritables multinationales du crime. « Une menace majeure pour la sécurité intérieure de l’Union européenne », affirme le document de 60 pages paru le 5 avril, qui décrit un phénomène en pleine expansion. | |
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| A la différence d’autres Etats, comme l’Italie ou les Pays-Bas, la France n’y apparaît pas vraiment comme la base arrière d’organisations tentaculaires, plutôt comme une cible pour des filières d’importation de drogue ou, plus surprenant, des réseaux de cambrioleurs itinérants. Mais si « les réseaux criminels composés uniquement de membres français » opèrent essentiellement sur le territoire national, ils s’étendent aussi, grâce à des « connexions avec plus de quinze autres pays, dont la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne dans l’Union européenne, ainsi que les Emirats arabes unis », expose Europol. | |
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| L’intérêt de l’étude tient à une approche nouvelle, sinon novatrice : quand les rapports d’organismes internationaux s’attachent généralement à la description de secteurs d’activité illégale, comme le trafic de drogue ou la cyberdélinquance, celle-ci fournit un gros plan sur les groupes criminels eux-mêmes, leur structuration, le niveau de contrôle territorial qu’ils sont capables d’exercer, leur longévité, leurs stratégies de coopération. « Il s’agit d’un changement complet de méthodologie », explique Claire Georges, responsable de la communication d’Europol. Pour « rendre visible l’invisible », complète Catherine De Bolle, directrice exécutive de l’organisme international, dans un avant-propos au rapport. | |
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| Un « recours à une structure commerciale légale » | |
| Ce dernier synthétise les contributions des vingt-sept Etats membres de l’Union européenne et d’une dizaine de pays tiers, dont la liste précise n’est pas communiquée, mais où figurent notamment, d’après nos informations, les Etats-Unis, plusieurs pays d’Amérique latine ou l’Australie. Après avoir défini un certain nombre d’indicateurs communs (niveau de corruption, d’infiltration dans l’économie légale, de recours à la violence), tous ont répondu à un questionnaire détaillé élaboré par Europol. Aucun nom, pas le moindre visage, en revanche, dans ces 60 pages. Ceux-ci sont consignés dans une version ultra-confidentielle transmise aux services spécialisés des Etats concernés. Ce véritable annuaire international du crime organisé ne recense pas moins de 25 000 membres. | |
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| Les caractéristiques communes données aux groupes criminels européens dans le document pourraient d’ailleurs apparaître, pour une bonne part, dans un vade-mecum de la gestion d’entreprises tournées vers l’international. « Résilience », « flexibilité » ou « adaptabilité » figurent ainsi parmi les spécificités des organisations criminelles analysées. Pas moins de 86 % d’entre elles « ont recours à une structure commerciale légale » – une forme de vitrine dans le commerce international, déterminante pour dissimuler les trafics illicites mais aussi pour favoriser les opérations de blanchiment de l’argent sale. | |
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| Sans surprise, les secteurs de la logistique portuaire et de l’import-export, par exemple de fruits et légumes, sont particulièrement utiles pour couvrir les trafics de stupéfiants, cœur de métier de plus de la moitié des organisations les plus menaçantes de ce « club » des 821. Au total, précise le rapport, les structures juridiques d’entreprises (legal business structure, LBS) criminellement infiltrées sont présentes dans près de 80 pays. Et 70 % des réseaux criminels les plus menaçants utilisent abusivement les LBS uniquement dans l’Union européenne (UE), 20 % à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE, et 10 % uniquement en dehors de l’UE. | |
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| Montée en gamme du volet « cyber » | |
| Europol a résumé la dynamique entrepreneuriale de ces groupes par une formule : l’« ABC » du crime organisé. A pour « agile », avec des réseaux capables de profiter de toutes les occasions, qu’elles soient d’ordre géopolitique ou sanitaire ; B pour « borderless » (sans frontières) ; et C pour « controlling », en raison de leur capacité à maîtriser l’ensemble des étapes du processus criminel pour assurer un contrôle sur toute la chaîne. | |
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| « Ils arrivent à coordonner des activités d’entreprises globales, avec des quantités faramineuses de drogues, une grande sophistication pour échapper à l’attention des services de sécurité, le recours à des prestataires », confirme Mme Georges. C’est notamment le cas pour l’extraction de conteneurs chargés de cocaïne dans les ports d’Anvers (Belgique) ou de Rotterdam (Pays-Bas), ou pour les domaines exigeant des capacités techniques hautement spécialisées, comme la fabrication de faux documents administratifs ou la conception de logiciels malveillants utilisés pour des cyberattaques. | |
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| Contre le trafic de cocaïne, l’ébauche d’une coordination des ports européens | |
| Pour accompagner la montée en gamme du volet « cyber » de leur portefeuille criminel, même les organisations mafieuses les plus traditionnelles ont désormais recours à de l’externalisation pour mener à bien des opérations nécessitant un savoir-faire informatique de pointe. D’après les analyses d’Europol, un faible nombre de réseaux spécialisés, fonctionnant selon un modèle commercial d’affiliation, monnaient ce type de service (développement de logiciels malveillants, lancement de cyberattaques, utilisation de rançongiciels, campagnes d’hameçonnage, appuis techniques aux réseaux impliqués dans des stratagèmes frauduleux en ligne, etc.). | |
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| Les plus importants de ces groupes spécialisés sont eux-mêmes divisés entre un noyau central gérant les opérations et des filiales réservées aux lancements des attaques. Les leaders de ces prestataires de services, caractérisés par de hautes compétences techniques, apparaissent néanmoins plus « remplaçables » que les chefs des organisations criminelles historiques, souvent fondées sur un socle communautaire solide. Mais ils occupent une position cruciale dans les réseaux impliqués dans le trafic de drogue, l’extorsion, le racket et le blanchiment d’argent. | |
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| Parmi les exemples mis en avant par le rapport d’Europol figure Genesis Market, considéré comme « l’un des plus grands facilitateurs criminels vendant des informations d’identification de compte volées à des pirates informatiques du monde entier ». Ce marché en ligne sur le dark Web proposait à la vente des bots – ils coûtent entre 70 centimes et plusieurs centaines de dollars pièce – capables d’infecter les appareils des victimes, permettant aux criminels d’accéder aux données les plus sensibles − et monnayables −, telles que les identifiants et les mots de passe. Démantelé en avril 2023, à la suite d’une action coordonnée des polices de dix-sept pays (dont la France), Genesis Market avait récupéré les données personnelles de 2 millions de personnes. | |
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| INFOGRAPHIE LE MONDE | |
| « Moins de concurrence et davantage de coopération » | |
| Le numérique constitue aussi la base des communications entre des groupes criminels toujours plus enclins à coopérer entre eux. Une sorte de liant nécessaire à la mise en place d’opérations communes, fondé sur l’utilisation de réseaux sécurisés développés sur mesure. Le point fort peut aussi devenir un point faible : c’est en ciblant ces solutions de messageries que les polices française, belge et néerlandaise ont permis de lever le voile sur la teneur des échanges entre leurs utilisateurs. | |
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| Selon la commissaire Delphine Charlet, cheffe adjointe du service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée, le déchiffrage de la messagerie cryptée Sky ECC, en 2021, utilisée par des réseaux du crime organisé, a marqué « un véritable point de rupture dans l’appréhension d’un phénomène criminel en pleine mutation ». Recours systématique à une violence parfois extrême, capacités d’infiltration de l’économie légale, pratique de la corruption comme un outil stratégique et même coopération entre organisations constituaient, avant cette date, des critères d’analyse. | |
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| Lire aussi le décryptage (2022) | |
| Sky ECC, l’application prisée des trafiquants, mine d’or des enquêtes sur le crime organisé | |
| Mais, assure Mme Charlet, « Sky ECC a permis de mettre en lumière un changement de paradigme fondé notamment sur les trois principes suivants : usage des nouvelles technologies, caractère transnational de ces réseaux et prise en considération de leurs intérêts partagés. Ce qui se traduit par moins de concurrence et davantage de coopération ». « Avec le décryptage de Sky ECC, nous avons découvert tout un pan de la criminalité organisée jusque-là méconnu des forces de l’ordre européen, à un véritable niveau supérieur, renchérit Claire Georges. Il fallait développer la compréhension des services spécialisés sur cette strate de la criminalité : qui en sont les acteurs, où sont-ils localisés, comment et avec qui travaillent-ils ? » | |
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| Le résultat de cette cartographie offre une vue inquiétante sur ces réseaux, leurs pratiques et, surtout, leurs capacités à se jouer des enquêtes. En dépit de réussites policières incontestables, rendues possibles par la mise en œuvre d’outils de haute technologie et d’organismes de coordination, leur capacité de résilience demeure frappante : 34 % d’entre eux, soit 280 environ, « sont actifs depuis plus de dix ans [et sont] capables de maintenir leur influence et leur pouvoir, même si leurs dirigeants et leurs membres sont détenus ». Deux tiers de ces organisations connaissent en outre « une situation stable concernant l’ampleur de leurs activités criminelles, de domination des marchés criminels, de profits et d’infiltration des économies légales ». Un constat qui illustre l’envergure du défi sécuritaire posé par des empires du crime sans doute plus puissants que jamais. | |
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