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Vous devriez bannir les pastilles solubles dans vos lave-vaisselle et lave-linge, voici pourquoi - Edition du soir Ouest-France
Pas d’emballage, pas de problème ? Pas si simple. Les pastilles pour laver son linge, sa vaisselle ou même désinfecter la cuvette de ses toilettes sont souvent enveloppées dans un film plastique soluble, dont les molécules se retrouvent ensuite dans l’environnement. La Ville de New York réfléchit à les interdire.
Sur le papier, l’idée est tentante. Avec les pastilles solubles, l’utilisateur soucieux d’alléger ses poubelles supprime une couche d’emballage. Pourtant, ces produits, généralement utilisés pour contenir de la lessive ou des détergents pour dégraisser la vaisselle, ne sont pas vraiment sans emballage. Ils sont le plus souvent enveloppés dans un « pod ». Cette fine couche est composée de PVA, de l’alcool polyvinylique, un plastique. Si la pastille se dissout dans l’eau, elle ne disparaît pas pour autant. « Les molécules sont toujours présentes. L’eau sépare les molécules, mais ne les désintègre pas, souligne Kako Naït Ali, docteure et ingénieure en chimie des matériaux et membre de l’association Expédition 7e continent, qui lutte contre la pollution plastique. Ce sont des matières synthétiques, issues du pétrole. Souvent, il y a une communication sur l’emballage sans plastique, mais le pod est un emballage plastique. »
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Une fois libérées dans la nature, ces molécules vont finir par se dégrader, mais le processus serait long. « Les études disponibles suggèrent que la dégradation du PVA se produit dans un ensemble de circonstances spécifiques, qui ne sont peut-être pas omniprésentes dans les stations d’épuration ou dans l’environnement naturel. En fin de compte, la dégradation du PVA serait un processus lent », avancent les chercheurs Charles Rolsky et Varun Kelkar, de l’Université d’État d’Arizona, auteurs d’une étude consacrée à la dégradation de l’alcool polyvinylique.
Des effets incertains
Les effets potentiels sur la santé et sur les écosystèmes ne sont pas encore connus avec précision. Plusieurs risques sont néanmoins pointés. « L’éthylène est un sous-produit de la dégradation du PVA et est également une hormone utilisée par les plantes. On ne sait pas si l’éthylène dérivé du PVA pourrait affecter les rendements agricoles, mais cela mérite une enquête », écrivent les scientifiques américains. Les particules pourraient aussi capter des contaminants dangereux. « Les études sont en cours. Il serait normal de ne pas envoyer dans la nature des matières qui ne se dégradent pas », milite Kako Naït Ali.
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Des alternatives émergent
C’est au nom de ce principe de précaution que certains politiques commencent à s’intéresser au sujet. La Ville de New York étudie l’éventualité d’interdire les PVA. Le mois dernier, le démocrate James Gennaro a déposé un projet de loi en ce sens. City Council Member James Gennaro introduced a bill that would make selling or distributing detergent pods or laundry sheets with polyvinyl alcohol illegal.
Polyvinyl alcohol, or PVA, is a type of plastic, and when it dissolves in water, it becomes a microplastic and can pollute… pic.twitter.com/eYSbhY3Llb— Flatbush News & Updates (@FlatbushUpdates) February 12, 2024
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L’Union européenne planche aussi sur la question. « Nous ne devrions pas interdire le produit, mais plutôt nous orienter vers des matériaux qui se dégradent naturellement dans les rivières et la mer. Il y a eu des essais et c’est au point », relaie Kako Naït Ali, qui estime que des alternatives pourraient voir le jour rapidement. Attention toutefois à ne pas confondre bioplastique et biodégradable. « On peut utiliser des matières biosourcées. Le problème est que, si elles sont modifiées et qu’elles ne se dégradent pas, ça ne changera rien », prévient la spécialiste de la chimie des matériaux. Selon elle, le plus vertueux reste encore de limiter les emballages en s’orientant vers des grands conditionnements. « Si on veut réduire l’impact, il faut augmenter la taille et surtout faire du réutilisable », encourage-t-elle.
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