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| ====== [Le Monde – Contre-espionnage : la DGSI enquête sur une tentative de déstabilisation des élections européennes par des prorusses en France]( ====== | |
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| [Le Monde – Contre-espionnage : la DGSI enquête sur une tentative de déstabilisation des élections européennes par des prorusses en France](https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/29/contre-espionnage-la-dgsi-enquete-sur-une-tentative-de-destabilisation-des-elections-europeennes-par-des-prorusses-en-france_6219328_3210.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) | |
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| https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/29/contre-espionnage-la-dgsi-enquete-sur-une-tentative-de-destabilisation-des-elections-europeennes-par-des-prorusses-en-france_6219328_3210.html | |
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| INTERNATIONAL | |
| Contre-espionnage : la DGSI enquête sur une tentative de déstabilisation des élections européennes par des prorusses en France | |
| Les services du renseignement intérieur français s’intéressent à la constitution d’une liste servant les intérêts de Moscou, portée par l’ancien eurodéputé français Jean-Luc Schaffhauser, lui-même aidé par des figures prorusses proches de l’extrême droite. | |
| Par Jacques Follorou | |
| Par Jacques Follorou | |
| Par Jacques Follorou | |
| Aujourd’hui à 18h58 | |
| Lecture 6 min | |
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| La France a tardé à comprendre que, dans une guerre, la propagande est aussi dangereuse que les canons. La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a ouvert, à l’automne 2023, une enquête sur des soupçons de tentative de déstabilisation des élections européennes du 9 juin. Selon les éléments réunis par Le Monde, confirmés par une source au sein du ministère de l’intérieur, ils portent sur la constitution d’une liste en France servant les intérêts de la Russie et pouvant bénéficier du soutien de Moscou. D’autres pays de l’Union européenne (UE) seraient visés par des menaces similaires visant à affaiblir le front anti-Moscou né de la guerre en Ukraine. Le 3 janvier, Josep Borrel, chef de la diplomatie européenne, avait averti qu’en cette année électorale, « l’Europe est en danger ». | |
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| Pour l’heure, les investigations de la DGSI ne sont qu’administratives mais elles ont déjà fait l’objet de nombreuses surveillances techniques et humaines. Aucune des personnes figurant parmi les acteurs présumés de cette opération n’a été interrogée et, selon nos informations, les contre-espions français n’auraient pas encore établi de liens formels entre le régime russe et ses relais français. Néanmoins, les principaux services de renseignement européens accordent assez de crédit à cette menace pour se retrouver, mi-mars, afin de coordonner leurs efforts et répondre à cette vaste attaque concertée. | |
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| La DGSI surveille ainsi depuis des mois le projet de liste européenne porté un ancien député européen français Front national (l’ancien nom du Rassemblement national, RN), Jean-Luc Schaffhauser, aidé par des figures prorusses proches de l’extrême droite, comme l’ancien militaire Pierre Plas, le journaliste Dimitri de Kochko ou d’anciens du RN comme Guillaume Pradoura. M. Schaffhauser avait été auditionné, en 2023, à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères dans la vie politique française. Il était intervenu dans l’obtention, par le Front national, de deux prêts destinés à financer le parti de Marine Le Pen, notamment celui délivré, en 2014, par une banque russe. | |
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| « J’agis dans l’intérêt de la France » | |
| Membre de l’Opus Dei, M. Schaffhauser ne cache pas son rêve de voir des partis d’extrême droite accéder au pouvoir dans toute l’UE. Cet ancien consultant pour Dassault et Thales en Russie s’applique aujourd’hui à réunir les fonds nécessaires au financement de sa campagne. « Il me faut 2,5 millions d’euros, dit-il. J’ai repris des missions de conseil sur les contentieux entre Etats, notamment avec l’Italie. Je ne peux pas faire appel à un Russe fortuné pour des raisons évidentes. Je démens toute forme d’ingérence étrangère dans ma démarche politique, j’agis dans l’intérêt de la France. » | |
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| Le nom de sa liste, « Forum vérité et justice pour la paix », déposé à l’Institut national de la propriété industrielle, et son slogan, « pour la paix avec la Russie », ne font pas mystère de ses convictions. « La guerre en Ukraine est avant tout la faute de la finance occidentale qui a poussé au conflit car elle commençait à perdre son contrôle, explique-t-il. Je pense que nous allons vers une guerre nucléaire. Il nous faut construire l’Europe de la paix avec la Russie. Il nous faut cette alliance pour faire de la France un pôle indépendant. » | |
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| Ciblé par le rapport sur les ingérences étrangères, le Rassemblement national pris à son propre piège | |
| Fin 2023, M. Schaffhauser a proposé la tête de liste à Pierre de Gaulle, l’un des petits-fils du général de Gaulle, qui a fini par décliner. Selon l’ancien journaliste Dimitri de Kochko, décoré par Moscou, qui gère le blog Stop Russophobie, l’intéressé a estimé que « les choses n’étaient pas mûres et que l’initiative de Schaffhauser n’était pas assez structurée » et qu’il voudrait « être un recours ». Pierre de Gaulle, âgé de 60 ans, vit à Genève où il travaille dans la gestion de patrimoine. Pro-Poutine, il déclarait, en novembre 2023, lors d’un déplacement à Saint-Petersbourg qu’il serait « très honoré de recevoir la citoyenneté russe » et considère que « l’Occident a déjà perdu l’Ukraine ». Il s’est refusé à tout commentaire. | |
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| M. Schaffhauser et ses soutiens avaient sollicité Anna Novikova, 39 ans, responsable de l’association humanitaire prorusse SOS Donbass, pour la deuxième place sur la liste. Originaire de Sibérie orientale, elle est installée dans le sud-ouest de la France. « C’est Pierre Plas, un ami et fidèle soutien, qui m’a fait la proposition, relate-t-elle au Monde. Ils m’ont dit que j’allais gagner beaucoup d’argent, 7 000 euros par mois. J’ai décliné, ils cherchaient juste une femme et une prorusse, je ne voulais être un pion. » M. Plas, passé par le 1er régiment d’infanterie de Strasbourg, catholique traditionaliste, dirige le blog France Russie Convergences. Contacté, il n’a pas souhaité s’exprimer. | |
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| Liens avec les services secrets russes | |
| L’enquête de la DGSI a creusé les liens entre M. Schaffhauser et des membres des services secrets russes, notamment Valery Levitsky, consul général de Russie, à Strasbourg, jusqu’au 1er avril 2018, date de son expulsion pour espionnage. Avec lui, trois autres diplomates russes en poste en France, en réalité tous membres des services secrets militaires russes (GRU), avaient quitté le territoire après l’affaire Sergueï Skripal, du nom de cet ex-agent russe passé à l’ennemi britannique, victime, avec sa fille, deux semaines plus tôt, d’une tentative d’empoisonnement, au Royaume-Uni, par deux agents du GRU. M. Levitsky aurait tenté, depuis, de revenir en France dans le cadre de délégations russes. | |
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| L’espion russe du Conseil de l’Europe | |
| « J’ai connu Levitsky quand il était à Strasbourg, notamment pour mes visas, répond M. Schaffhauser. Je n’ai pas besoin des services secrets pour communiquer avec Moscou. Les Russes ont d’autres canaux pour me joindre. J’ai aussi des amis parmi les anciens de la CIA. Ce n’est pas la première fois que la France enquête sur moi, le Parquet national financier l’avait déjà fait, sans résultat. Je sais bien que la DGSI m’écoute et me surveille. » | |
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| Les contre-espions français ont également relevé sa proximité avec Ilya Subbotin, ministre conseiller à l’ambassade de Russie, à Paris, à qui M. Schaffhauser louait un étage de sa résidence à Strasbourg. M. Subbotin était, en effet, le représentant de la Russie auprès du Conseil de l’Europe dans cette ville, jusqu’à ce que la mission soit fermée, en mars 2022, après l’attaque russe en Ukraine. « C’est un hasard, rétorque M. Schaffhauser, cela est passé par une agence, j’ai eu d’autres locataires, notamment des Américains. » Enfin, selon le Washington Post, le chef des services de renseignement extérieur de Russie, Sergueï Narychkine, une de ses connaissances datant des années 1990, lorsque ce dernier était président de la Douma d’Etat, la chambre basse du parlement russe, « aurait pris des dispositions pour que [M. Schaffhauser] se rende à Moscou en janvier afin de discuter de ces projets ». | |
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| D’après les informations échangées entre services secrets européens, les missi dominici chargés de relayer la parole de Moscou prendraient attache avec Sergueï Kirienko, chef du cabinet adjoint de l’administration de la présidence russe. Il pourrait superviser l’opération de déstabilisation du scrutin européen. Parmi ses contacts français figurerait Xavier Moreau, un activiste prorusse qui possède la nationalité russe depuis 2013. Installé à Moscou, il effectue de nombreux allers-retours en France et gère le blog Stratpol, qui relaie des analyses politico-militaires en écho avec la propagande du régime russe. Il intervient également dans une émission en français diffusé par la chaîne Russia Today. | |
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| « Campagnes de désinformation » | |
| « J’ai croisé M. Schaffhauser il y a longtemps, mais je n’ai jamais eu d’échange avec lui sur cette affaire d’élection européenne, assure M. Moreau. C’est une farce. Je préfère me jeter par la fenêtre que de m’abaisser à devenir député européen, si mes positions sont ouvertement prorusses, elles sont surtout en faveur du rétablissement de la souveraineté de la France (…), ce n’est pas en pantouflant à Bruxelles qu’on le fera. » | |
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| L’enquête en cours prête à un cadre de l’extrême droite française, Guillaume Pradoura, un rôle d’intermédiaire entre ces diverses listes chargées d’alimenter, au sein de l’UE, le discours prorusse, sous couvert de débat politique. Les services voient sa main auprès de M. Schaffhauser mais aussi aux Pays-Bas, en Belgique, en Pologne et en Allemagne. Ancien assistant parlementaire de Nicolas Bay (ancien cadre du RN aujourd’hui membre de Reconquête !) au Parlement européen, il a été exclu du RN, en 2019, pour une photo antisémite avant de retrouver un poste identique auprès de Maximilian Krah, eurodéputé de l’AfD, parti d’extrême droite allemand, allié au RN. M. Pradoura officie désormais toujours au Parlement de Strasbourg, pour Marcel de Graaff, élu du Forum pour la démocratie, le parti de Thierry Baudet, allié de Vladimir Poutine aux Pays-Bas. | |
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| Lire aussi l’analyse : | |
| Ingérences étrangères : la France mauvaise élève dans la « guerre informationnelle » | |
| « Je connais, en effet, M. Schaffhauser, note M. Pradoura, mais nos liens sont distants. Je n’ai rien à voir avec ce projet de liste aux européennes. Je ne suis pas antirusse, c’est certain, mais les prorusses ne constituent pas un groupe homogène. Quant à Xavier Moreau, c’est un ami. » M. Schaffhauser indique que M. Pradoura l’a sollicité, en janvier, pour qu’il intervienne sur la présence de mercenaires français en Ukraine, qualifié, par Paris, de « propagande russe ». Il dit avoir refusé, précisant : « J’ai beaucoup d’estime pour Pierre Plas, Xavier Moreau, Dimitri de Kochko ou Guillaume Pradoura mais ils sont parfois trop fanatiques de la Russie. » | |
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| Si la France semble avoir pris la mesure des risques d’ingérence russe, d’autres pays de l’UE, voisins de la Russie, alertent depuis longtemps sur le danger des relais de Moscou à l’intérieur de leurs frontières. Les services secrets lettons, estoniens, lituaniens, polonais et suédois, qui assisteront à la rencontre de la mi-mars, sont parmi les plus vigilants. Joint par Le Monde, le service de contre-espionnage suédois n’a pas commenté cette prochaine réunion, mais son porte-parole a indiqué : « En ce qui concerne les prochaines élections européennes, les services de sécurité suédois sont conscients de la possibilité qu’elles fassent l’objet de campagnes de désinformation ou d’influence. » Une source sécuritaire polonaise a ajouté que son pays ne tarderait pas, pour sa part, à aller sur le terrain judiciaire pour bloquer cette tentative de déstabilisation. | |
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| Jacques Follorou | |
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