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-La mer Rouge sous le feu des houthistes, en cartes
-La guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza s’étend jusqu’au canal de Suez et déstabilise le trafic maritime mondial.
-Par Elise Vincent, Francesca Fattori (Infographie) et Julie Cassotti (Infog...
-Publié le 13 janvier 2024 à 08h00, modifié le 13 janvier 2024 à 11h02
-Temps deLecture 3 min.
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-Fermée au nord par le canal de Suez et au sud par le détroit de Bab Al-Mandab, la mer Rouge est depuis toujours une zone sensible pour la circulation maritime. Mais avec l’irruption de la guerre entre Israël et le Hamas, depuis le 7 octobre 2023, cette région qui voit transiter chaque année 12 % du trafic mondial, dont 75 % des exportations européennes, se retrouve exposée à des tensions d’un niveau inédit, du fait de la régionalisation du conflit à l’ensemble du Moyen-Orient.
-Ce pic de tensions est principalement lié à la multiplication des attaques menées, depuis les côtes occidentales du Yémen, par les rebelles houthistes, opposés à l’offensive israélienne dans la bande de Gaza. Ceux qui, en 2014, n’étaient encore qu’une simple milice, ont développé, avec l’aide de Téhéran, un solide arsenal leur permettant de multiplier les tirs de drones ou de missiles visant le territoire israélien, ou en prenant pour cible des bâtiments civils et militaires.
-La première attaque d’ampleur visant Israël a eu lieu, le 19 octobre. Trois missiles et huit drones ont été alors interceptés par la marine américaine qui a déployé plus d’une vingtaine de bâtiments entre la Méditerranée, la mer Rouge, et le Golfe Arabo-Persique, afin de constituer une large « bulle » de protection autour de l’Etat hébreu. C’est dans un deuxième temps, après le début de l’offensive terrestre israélienne dans la bande de Gaza, que les houthistes s’en sont pris aux bâtiments civils et militaires. Près d’une trentaine d’attaques ont été recensées par les Etats-Unis depuis le début de la guerre.
-« Modus operandi » similaire
-Principalement menées à l’aide de drones et de missiles de croisière, ces attaques ont souvent le même modus operandi. « Les bâtiments sont d’abord repérés par des drones de surveillance, puis il y a des injonctions émises par radio afin de mettre la pression sur les équipages pour qu’ils s’arrêtent, puis les houthistes envoient des drones kamikazes et parfois, en plus, des missiles », a décrit, jeudi 11 janvier, le vice-amiral Emmanuel Slaars, commandant français des opérations dans l’océan Indien.
-Afin de cibler les bateaux les plus vulnérables, les houthistes sont largement aidés par les Iraniens. Notamment via un bâtiment de surveillance iranien naviguant en permanence près du détroit de Bab Al-Mandab. En théorie, les houthistes s’en prennent seulement aux navires ayant un lien supposé avec Israël, mais, dans la pratique, « il arrive régulièrement qu’ils commettent des erreurs avec des informations datées », a ajouté le vice-amiral Slaars. Jusqu’à présent, ces attaques n’ont causé aucun mort ou blessé sur les bateaux ciblés. Tout l’équipage d’un navire, le Galaxy Leader, est toutefois retenu en otage, depuis le 19 novembre, dans un port yéménite.
-La mer Rouge, un axe commercial et stratégique majeur
-Les attaques de houthistes yéménites, en représailles à la guerre à Gaza
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-IRAN
-Téhéran est le principal allié des houthistes, issus d’une minorité chiite, qui lui permettent de déstabiliser les monarchies sunnites du Golfe, notamment l’Arabie saoudite. Outre les houthistes, l’« axe de la résistance », ce groupe de mouvements affiliés à l’Iran, inclut le Hamas, le Jihad islamique palestinien, le Hezbollah libanais, le régime syrien et diverses milices chiites irakiennes.
-LES HOUTHISTES
-Depuis fin octobre, les houthistes ont lancé, d’après les Etats-Unis, près d’une trentaine d’attaques contre des navires civils et militaires transitant en mer Rouge. Le 9 janvier, les forces américaines et britanniques ont abattu dix-huit drones et trois missiles, lors de ce que Londres a qualifié de « plus importante attaque » à ce jour.
-ARABIE SAOUDITE
-Le royaume dirige depuis 2015 la coalition internationale contre les houthistes, qui a permis de stopper leur progression vers le sud et l’est du Yémen, mais a échoué à les chasser de la capitale. Ces derniers ont lancé plusieurs attaques contre les infrastructures pétrolières saoudiennes, à l’aide de drones et de missiles iraniens.
-ISRAËL
-En représailles à l’offensive israélienne lancée à Gaza, les houthistes ont, depuis la fin octobre 2023, commencé à viser le territoire israélien avec des missiles, puis ils s’en sont pris aux navires suspectés d’être liés à Israël d’une manière ou d’une autre, ce qui a fait chuter le trafic portuaire d’Eilat de 85 %.
-"GALAXY LEADER"
-Le cargo britannique Galaxy Leader, propriété d’un homme d’affaires israélien, opéré par une société japonaise et battant pavillon des Bahamas, a été détourné par les houthistes, le 19 novembre 2023. Il est depuis retenu, avec les vingt-cinq membres de son équipage, dans le port yéménite de Hodeïda.
-ÉTATS-UNIS
-Pour sécuriser l’entrée de la mer Rouge, Washington crée, en décembre 2023, la coalition internationale « Prosperity Guardian », aux contours encore très flous. Excepté Bahreïn, les Etats arabes refusent d’y participer. Dans la nuit du 11 au 12 janvier, des forces américano-britanniques frappent pour la première fois des positions houthistes au Yémen.
-ALBORZ
-Le navire iranien Alborz est déployé dans la zone du détroit de Bab Al-Mandab pour assurer des missions de surveillance. Selon les états-majors occidentaux, ce bâtiment aide les houthistes à cibler les navires sur lesquels effectuer leurs attaques.
-Sources : S&P Global Commodity Insights ; IMF Portwatch ; UKMTO ; U.S. Department of Defense ; ministère de la défense ; Marine Trafﬁc ; Acled ; @SchizoIntel ; Gulf States Newsletter ; AP ; Le Monde -
-Infographie Le Monde : Julie Cassotti ; Iness Debbouza ; Francesca Fattori ; Audrey Lagadec
-L’insécurité grandissante a provoqué un effondrement d’environ 85 % du commerce dans le port israélien d’Eilat. La mer Rouge dans son ensemble est moins impactée, mais la baisse du trafic est de 22 % depuis le début de la guerre sur un transit total de 20 000 à 25 000 navires par an. Beaucoup de bâtiments peuvent donc encore circuler, mais les porte-conteneurs, premières cibles des houthistes, sont presque tous déroutés depuis mi-décembre.
-Détour par le cap de Bonne-Espérance
-Malgré une certaine discrétion entretenue sur le sujet, les principaux armateurs se sont résolus à faire faire un grand détour à leurs cargaisons, via le cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud du continent africain. Un périple de plus de 21 700 km supplémentaires pour rejoindre la Méditerranée, qui engendre une hausse importante des coûts de carburant et d’assurance.
-L’impact sur le commerce mondial, forcé d'emprunter des voies alternatives
-Route par le détroit de Bab Al-Mandab, la plus courte entre l'Europe et l'Asie
-Les recettes engrangées par le canal de Suez représentaient 10 % du budget annuel égyptien (8,6 milliards d'euros en 2022), mais les attaques houthistes ont fortement perturbé le trafic en mer Rouge, qui a baissé de 22 % depuis le début de la guerre. Pour compenser ses pertes financières, Le Caire a décidé l'augmentation des droits de passage.
-Route par le cap de Bonne-Espérance, voie alternative depuis le début des attaques houthistes
-Sources : S&P Global Commodity Insights ; IMF Portwatch ; Le Monde
-Infographie Le Monde : Julie Cassotti, Iness Debbouza et Francesca Fattori
-Pour tenter de limiter l’impact des attaques de houthistes sur le trafic mondial, les Etats-Unis ont fortement poussé, mi-décembre, pour la création d’une coalition navale, baptisée opération « Gardiens de la prospérité ». Washington a annoncé avoir le soutien de plus d’une vingtaine de pays, mais les renforts à cette coalition se sont révélés jusqu’à présent extrêmement limités, de nombreux pays arabes et européens ne souhaitant pas se retrouver à endosser pleinement le soutien américain à Israël.
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-Dans la nuit du 11 au 12 janvier, à la suite d’une attaque spectaculaire des houthistes, combinant drones, missiles de croisière antinavires et missiles balistiques antinavires, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, fidèle allié militaire de Washington, ont décidé de frapper des cibles militaires houthistes sur le sol yéménite. Les répercussions de cette décision, mûrement réfléchie par Londres et Washington, dans l’espoir de limiter l’escalade, notamment avec l’Iran, demeurent, à ce stade, imprévisibles.
-Elise Vincent, Francesca Fattori(Infographie) et Julie Cassotti(Infographie)
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