25/12/2025/H14:12:24
Quatre questions pour comprendre l’affrontement entre l’animateur Arthur et la juriste Rima Hassan
Sur les réseaux sociaux, l’animateur Arthur s’est insurgé ce dimanche du choix du magazine Forbes d'une figure qu’il considère comme « antisémite » pour son classement 2023 des quarantes femmes « d'exception » : la juriste franco palestinienne Rima Hassan. Depuis l'alerte envoyée par l'animateur, plusieurs comptes s’attaquent à la trentenaire sur X (anciennement Twitter) en ressortant des extraits légèrement raccourcis.
20 Minutes vous résume l'histoire en quatre questions.
Qui est Rima Hassan ?
Depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre contre Israël, la juriste franco palestinienne Rima Hassan âgée de 31 ans est devenue l’une des figures de la jeunesse palestinienne. Elle a même créé le collectif Action France Palestine, ainsi que l’Observatoire des camps de réfugiés. A travers les médias, elle multiple ses interventions pour représenter la parole palestinienne, sans pour autant se considérer comme activiste.
Auprès de France Culture, la jeune femme née dans un camp de réfugiés en Syrie et apatride jusqu’à ses 18 ans expliquait : « Je souffre dans mon identité. Ce n’est pas un plan de carrière que de parler de la question palestinienne. C’est plutôt quelque chose qui me pèse énormément, qui me coûte aussi ».
En août 2023, Rima Hassan figurait parmi le classement Forbes des « 40 femmes d’exception ». Choix que ses détracteurs reprochent au magazine aujourd’hui.
Pourquoi la jeune femme est souvent la cible de vagues de haine en ligne ?
Ce n’est pas la première fois que les positions de Rima Hassan créent des discordes en ligne pour ses positions qui défendent la Palestine. « La quatrième fois en deux ans », souligne-t-elle sur son Instagram. Sur plusieurs plateaux, elle dénonce « l’apartheid » et le « génocide » dont seraient victimes les Palestiniens. Elle a même parfois été accusée d’utiliser des termes jugés antisémites, comme « from the river to the sea », un slogan - né des revendications de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) - qui demande la création d’un Etat unique qui s’étendrait de la mer Méditerranée à la rivière du Jourdain. Une phrase qui encouragerait « la destruction de l’Etat israélien ».
En novembre dernier, auprès de Libération, Rima Hassan avait défendu l’utilisation du slogan qui ne serait, selon elle, en rien antisémite : « Je considère qu’on est dans un régime d’apartheid. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, les Palestiniens font face à l’occupation et la colonisation. En Israël, ils sont traités comme des citoyens de seconde zone. A Gaza, ils subissent un blocus. Ceux qui sont réfugiés dans des camps n’ont pas de droit au retour ». Elle y explique également que l’utilisation du slogan demande davantage la libération des Palestiniens opprimés et une « égalité des droits ».
D’où est né le conflit avec l’animateur Arthur ?
Dimanche soir, l’animateur Arthur - qui s’est exprimé publiquement à plusieurs reprises depuis le début de la guerre en faveur d’Israël - s’est à son tour indigné de la présence de Rima Hassan dans le classement Forbes : « Si vous voulez apparaître dans le prochain classement Forbes France, le plus simple est de faire l’apologie du terrorisme du Hamas et d’être une antisémite patentée », a-t-il publié dans sa story Instagram.
La réponse de Rima Hassan a été assez immédiate ce lundi : « Voir Arthur s’en prendre à une femme palestinienne juste parce qu’elle est récompensée pour son travail et son parcours (classée parmi les 40 femmes de l’année 2023 par Forbes) et utiliser son influence pour me faire sauter de ce classement dont la cérémonie de remise des trophées se tiendra en mars en dit long sur le sexisme et le racisme de ce boomer. Je le dis ici si je suis écartée de ce classement, on saura d’où ça vient ».
Avant d’ajouter dans une nouvelle publication : « Le jour où Arthur aura fait un dixième de mon parcours on en reparle. Se donner le droit du haut de ses privilèges de remettre en cause une récompense basée sur le parcours et les réussites d’une personne c’est profondément problématique et aucun homme ne devrait user d’un tel pouvoir sur une femme ».
Que vaut l’extrait du média le Crayon ?
Très vite, l’alerte a été récupérée sur X où un extrait d’interview du média jeune le Crayon est largement diffusé. Sur la majorité des publications qui relayent l’extrait de neuf secondes, Rima Hassan est accusée de légitimer l’organisation terroriste du Hamas. « C’est cette personne que Forbes veut mettre à l’honneur ? », questionne de nombreux comptes souvent réputés pour leurs prises de position pro-Israelienne, comme Julien Bahloul ou Sword of Salomon.
L’extrait provient d’une émission diffusée le 29 novembre dernier où le média dédié aux jeunes interrogeait Rima Hassan à l’occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. On y entend trois questions : « Le Hamas mène une action légitime. L’Etat d’Israël a un droit de défense ? La solution à deux Etats est possible ? ». Vrai, faux, puis faux, répond-elle. Sur X, Rima Hassan a expliqué que l’extrait était largement tronqué, omettant notamment une question posée sur l’action terroriste du Hamas, qu'elle condamnait.. En réalité, le propos de Rima Hassan est plus nuancé qu’un simple extrait de neuf secondes.
« Les Palestiniens revendiquent toute la Palestine. Cela n’implique pas de chasser celles et ceux qui y vivent actuellement, il s’agit de pouvoir circuler librement sans être persécutés, enfermés dans des enclaves, derrière des barbelés, encerclés de colonies, contrôlés, emprisonnés, tenus sous le joug militaire parce que Palestiniens. Pour cela, il faut l’égalité des droits, soit dans un État binational, soit dans une fédération d’États avec Jérusalem comme capitale, sous statut international », soulignait-elle auprès du média féministe La Déferlante, dans un entretien également publié en novembre dernier.
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