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[Le Monde – A San Francisco, les start-up de l’intelligence artificielle en plein essor dans la « Cerebral Valley »]([Le Monde – A San Francisco, les start-up de l’intelligence artificielle en plein essor dans la « Cerebral Valley »]( [ElseNews]

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Hayes Valley

[Le Monde – A San Francisco, les start-up de l’intelligence artificielle en plein essor dans la « Cerebral Valley »]([Le Monde – A San Francisco, les start-up de l’intelligence artificielle en plein essor dans la « Cerebral Valley »](

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ISABEL ESPANOL
A San Francisco, les start-up de l’intelligence artificielle en plein essor dans la « Cerebral Valley »
Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Aujourd’hui à 05h45, modifié à 12h05
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REPORTAGE Une nouvelle génération de « techies » s’est installée dans le quartier de Hayes Valley, devenu l’épicentre d’un monde des technologies en ébullition. Les jeunes de l’IA sont persuadés de participer à un « changement de civilisation » qui, à long terme, bénéficiera à la société des humains.
Lecture 7 min
C’est une maison bleue, dans Lily Street, à San Francisco (Californie), adossée à une rangée de banians. L’allée se termine par une fresque murale – des fleurs de couleurs psychédéliques, de l’artiste italien Pepe Gaka. Dans le patchwork urbain qu’est la « cité aux quarante-deux collines », Hayes Valley fait figure d’oasis de tranquillité. Boutiques branchées, galeries, studios de poterie. Cafés où l’on déguste des donuts « artisanaux » ou des pâtisseries « botaniques ». Le quartier se trouve à deux pas de Haight-Ashbury, la capitale du flower power des années 1970.

Le calme est trompeur. Derrière ces maisons victoriennes se cache un monde en ébullition. Si le phénomène de l’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer le monde des technologies, Hayes Valley en est l’épicentre, avec ses maisons communautaires, les hacker houses, où les créateurs partagent leur espace de vie et de travail. En moins d’un an, le quartier a pris le surnom de « Cerebral Valley ». Une référence « aux esprits brillants qui sont venus s’y installer », explique Juliet Kelso, 32 ans, l’une des occupantes de la maison bleue.

Les techies d’aujourd’hui sont bien éloignés des programmeurs de la génération précédente, celle de l’expansion des plates-formes. Ceux-là habitaient dans des lofts avec vue sur l’East Bay. Ils travaillaient à « inventer des applications pour commander à manger », comme dit Gloria Felicia, 28 ans, avec un soupçon de condescendance. Les créateurs de l’IA sont persuadés de participer à « la plus grande révolution de l’histoire de l’humanité ». A La Boulangerie, le café français devenu le rendez-vous des hackeurs et des utopies, au cœur de Hayes Valley, ils sont attablés, casque antibruit sur les oreilles, sous une publicité vintage pour Orangina. « Les gens de l’IA trouvent leur inspiration dans les vieilles maisons, admire Juliet Kelso. Le passé rencontre le futur. »

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« L’IA va sauver le monde »
L’intelligence artificielle est la nouvelle ruée vers l’or. Les investisseurs déversent leur argent sur les start-up, comme il y a dix ans sur les réseaux sociaux : 21,4 milliards de dollars (23,6 millions d’euros) entre janvier et octobre, selon le site spécialisé PitchBook, contre 5,1 milliards de dollars en 2022. A écouter les anciens de la Silicon Valley, la fièvre actuelle est comparable aux débuts de l’Internet, à la fin des années 1990, à l’invention des smartphones, qui ont révolutionné la manière d’utiliser les ordinateurs après 2007.

Ou à celle de la machine à vapeur, comme l’a suggéré Reid Hoffman, le cofondateur de LinkedIn, le 15 novembre, lors du deuxième sommet de l’IA organisé par le groupe Cerebral Valley AI au SFJazz Center de Hayes Valley. En 2012, l’influent investisseur Marc Andreessen annonçait l’ère de l’expansion du numérique : « Le logiciel va dévorer le monde. » En juin, l’oracle a livré son nouveau mantra : « L’intelligence artificielle va sauver le monde », a-t-il écrit sur son blog.

Il y a encore quelques mois, la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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était dite en perdition, prise dans une spirale de déclin. Elle croit avoir trouvé son salut. « San Francisco est la capitale mondiale de l’IA », a proclamé la maire, London Breed. Comme l’avait fait son prédécesseur, Ed Lee, en 2011, pour inciter Twitter à s’installer dans le centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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, l’élue a proposé des réductions d’impôt pour les entreprises technologiques qui signeraient un bail de plus de trois ans. Selon le bureau municipal du développement économique, vingt-deux des principales start-up de l’IA ont maintenant leur siège dans la baie de San Francisco, et onze dans la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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même. Elles y occupent deux fois plus d’espace qu’il y a un an.

Après avoir frôlé la désintégration, OpenAI, la star de l’IA, a confirmé son expansion de 45 150 mètres carrés, le plus grand investissement dans l’immobilier de bureaux à San Francisco depuis cinq ans. La société de Sam Altman, qui possède déjà un siège social au Pioneer Building, une ancienne fabrique de bagages datant de 1902, sur la 18e Rue, va s’installer dans deux bâtiments de Mission Bay, libérés par Uber, après le licenciement de plusieurs centaines d’employés.

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Derrière les paillettes de la Silicon Valley
Dans l’univers des technologies, la roue tourne vite. Alors que les géants de la Silicon Valley continuent à dégraisser, les start-up de l’IA recrutent. Après la bulle « dot.com », l’heure est à l’effervescence « dot.ai ». Pas une start-up qui n’ait accroché le suffixe « ai » au nom de son invention : Pilot.ai, Snorkel.ai, Playground.ai, Letter.ai, Sanctuary.ai, Spine.ai, Revery.ai sont quelques-uns des noms figurant sur les offres d’emploi publiées sur le site de Cerebral Valley. Les disruptions sémantiques d’il y a vingt ans (Yahoo, Google) sont passées de mode. Les start-up de l’IA puisent dans les concepts. Inflection AI, Stability AI, Contextual AI, Compose AI, Atypical AI…

Plus besoin de codeurs
Les habitants de Hayes Valley ont l’impression de vivre un moment « très spécial, presque magique ». Comme Nolan Bryant, qui, à 26 ans, a laissé tomber son job dans le marketing, dans l’Etat de Washington : « C’est un tournant dans l’histoire de l’humanité. » Nolan s’est inscrit à un « boot camp » en machine learning, une formation accélérée au California Institute of Technology (Caltech). Mais coder – l’apanage des seigneurs de la tech d’il y a dix ans – a perdu en importance. « Programmer, c’était bâtir des trucs cool, avec des équipes. A l’époque, c’était révolutionnaire, dit le jeune homme. Maintenant, ça revient surtout à faire de la maintenance pour entretenir le truc cool. »

Dans l’IA, tout bouge « extrêmement vite, relate Gloria Felicia. Certains ingénieurs se demandent à quoi ils servent : les projets sur lesquels ils travaillaient il y a six mois sont maintenant automatisés ». La « fin de la programmation » a été annoncée en décembre 2022 par Matt Welsh, ex-Google et ex-professeur d’informatique à Harvard. Selon lui, les large language models (LLM), ou grands modèles de langage, capables de générer du texte, vont devenir si performants que « le concept entier de programmation d’ordinateurs va, à terme, être remplacé ». Il suffira (peut-être) de parler à son agent intelligent. Plus besoin de codeurs. Les « perturbateurs » d’hier, prosélytes de la disruption, seront les perturbés de demain…

Les habitants de Cerebral Valley sont plus accueillants que leurs prédécesseurs de Google, d’Apple et de Facebook, muselés par les accords de confidentialité imposés par leurs patrons. « Entrez ! », invite Juliet Kelso, qui guettait une livraison devant la maison de Lily Street, avec Gucci, son shih tzu. Le couloir est jonché de paquets Amazon. La maison accueille des dizaines de personnes pour des dîners autour de l’IA. Dans la cuisine, une immense table pour le coworking et un écran où une autre des colocataires, Angie Grace Ng, la fondatrice de Mimes.ai, projette ses animations en 3D.

OasisCollective – le nom de la maison – a ouvert en avril. Elles sont neuf résidentes, chercheuses, ingénieures, créatrices, réparties en trois appartements. Loyer : 1 500 dollars par chambre. Juliet Kelso est arrivée de la Côte est il y a deux ans. Consultante en respect de la vie privée pour une société sous contrat avec Meta, elle a rencontré Gloria Felicia sur Facebook Marketplace. Les deux entrepreneuses ont décidé de créer une maison pour les femmes de l’IA. « Historiquement, dans tous les booms de la tech, les hommes accaparent les opportunités, affirme Juliet Kelso. Il y a des femmes, mais elles sont incorporées dans une sphère dominée par les hommes. » Selon elle, l’IA offre une alternative au monopole des « tech bros » (« frères de la tech »).

Une pensée pour les migrants
Gloria Felicia a, de son côté, reporté son admission en doctorat à Stanford : « Un moment comme maintenant ne va pas se présenter deux fois. » « Glo » en est déjà à sa deuxième création d’entreprise de l’année. Au printemps, elle a cofondé Menubites.ai, une start-up qui propose aux petits restaurants des photos embellies par l’AI pour leur permettre d’afficher les plats sur leur site Internet sans passer par des photographes professionnels. La start-up a été vendue à la plate-forme Snappr.

Depuis l’été, elle prépare le lancement d’une autre start-up dans le domaine de la géolocalisation pour le marché de l’immobilier, Atlaspro.ai. « Pour la première fois, nous sommes confrontés au fait que les ordinateurs, sous une forme ou une autre, deviennent plus intelligents que la plupart des humains, affirme-t-elle. Cela peut faire peur. » Arrivée d’Indonésie à l’âge de 17 ans, Gloria a une pensée pour les migrants et tous ceux dont l’anglais n’est pas la première langue. « Les grands modèles de langage s’expriment déjà mieux qu’eux. »

San Francisco revit, revibre, grâce à l’IA. Le site Cerebralvalley.ai publie un calendrier des hackatons, des « demo days » (démonstrations de nouveaux produits), des « Llamas Lounge » (une référence à Llama, le modèle de langage de Meta, la maison mère de Facebook). Soit 832 événements pour les onze premiers mois de 2023, un total sans précédent depuis dix ans.

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Ce premier samedi de décembre se tient Hacktopia, un rassemblement de programmeurs au quartier général de la fondation de la plate-forme de cryptomonnaie Celo, en face du siège d’OpenAI. L’invitation est enluminée d’une illustration psychédélique que ne renieraient pas les musiciens de Grateful Dead, dont on voit encore la maison près de Hayes Valley. Une trentaine de jeunes sont là, attirés par les croissants, les sweat-shirts gratuits, l’émulation au contact d’autres développeurs, et un crédit pour accéder aux espaces de stockage des géants du numérique.

Parmi eux, deux filles arrivées tout droit du Kazakhstan, Aknur Abdikarim et Amina Tushakova, 18 ans, étudiantes à la Minerva University, à San Francisco, un établissement expérimental d’enseignement en ligne, financé par des entrepreneurs de la tech. Selali Adobor, qui a un emploi à Zoox, la filiale véhicules autonomes d’Amazon, et s’amuse le week-end à concevoir des agents conversationnels qui répondent aux enquêtes de marketing comme des vrais consommateurs (Notionsmith.ai). Et James Murdza, qui fait la promotion de Bookbites.ai, son invention, une IA qui synthétise les livres en audio pour ceux qui n’ont pas le temps de lire.

Le hackaton est organisé par deux start-up qui espèrent recruter des talents : Helicone.ai et PostHog, jeunes pousses du secteur de l’« observabilité », un domaine qui consiste à surveiller les IA pour éviter les « hallucinations », des erreurs grossières commises par les agents supposés intelligents.

« Je n’ai pas peur d’une puissance maléfique »
Ancien d’Apple, Justin Torre, 26 ans, le fondateur de Helicone.ai (du nom d’une fleur surnommée « oiseau du paradis »), s’avoue « un peu nerveux » au sujet de Q* (« Q Star »), le projet sur lequel travaillerait OpenAI : une intelligence artificielle générale, capable d’effectuer n’importe quelle tâche, le Graal dont la Silicon Valley semble incessamment attendre – et redouter – l’avènement. « Je n’ai pas peur d’une puissance maléfique, dit le jeune ingénieur. Ce qui me fait peur, c’est que OpenAI n’ait pas l’air très organisé. S’ils ont abouti à quelque chose qui est potentiellement dangereux, ils doivent mettre en place des garde-fous pour éviter que Q Star sorte des rails. »

Mais la plupart des jeunes ont plutôt confiance dans l’avenir harmonieux promis aux humains. « Les citoyens auront leur propre IA, qui travaillera et gagnera de l’argent pour eux. Ils ne seront plus des consommateurs, mais des producteurs », prédit Matt, un participant de Hacktopia. « Dans vingt ans, les gens feront peut-être des choses plus intéressantes que de répondre au téléphone toute la journée dans les centres d’appels », assure Juliet Kelso.

Pour Gloria Felicia, les néo-hippies de la vallée de l’IA sont « en quête de quelque chose de supérieur ». Une quête « presque ésotérique, liée à la crise existentielle de l’humanité », dit-elle. « Nous sommes face à quelque chose qui est plus grand que nous. » Et « c’est juste le début », prédit Justin Torre.

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Hugues Bersini, chercheur : « Il est urgent de reprendre le contrôle de l’intelligence artificielle, qui recèle de quoi provoquer des désordres sociaux sans précédent »
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Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
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