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| ====== [Le Monde – Les désillusions de certains élèves ingénieurs : « Les gens pensent qu’à l’X on est une élite, mais c’est le Club Med »]( ====== | |
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| [Le Monde – Les désillusions de certains élèves ingénieurs : « Les gens pensent qu’à l’X on est une élite, mais c’est le Club Med »](https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/12/01/les-desillusions-de-certains-eleves-ingenieurs-les-gens-pensent-qu-a-l-x-on-est-une-elite-mais-c-est-le-club-med_6203311_4401467.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) | |
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| CÉLIA CALLOIS | |
| Les désillusions de certains élèves ingénieurs : « Les gens pensent qu’à l’X on est une élite, mais c’est le Club Med » | |
| Par Alice Raybaud | |
| Par Alice Raybaud | |
| Par Alice Raybaud | |
| Le 01 décembre 2023 à 07h00 | |
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| RÉCIT De nombreux étudiants désertent les amphis de leurs établissements. Un absentéisme qui questionne notamment le contenu et le format des cours, mais aussi la place de la vie associative et festive. | |
| Lecture 6 min | |
| Sur les bancs de Polytechnique, le phénomène se répète inlassablement d’année en année : les amphis commencent à se vider peu après la rentrée. « Le premier cours, on est tous là. Le second, on n’est plus que 70 %, puis c’est 50 % voire 20 % des effectifs, et cela même dans certains cours en plus petits groupes », a constaté Paul (certains prénoms ont été modifiés), élève de l’X, comme est aussi appelée l’école militaire du plateau de Saclay. | |
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| Dans d’autres écoles d’ingénieurs qui brillent en haut des classements, cet absentéisme élevé survient aussi très tôt chez les nouveaux entrants et se poursuit dans la scolarité. Ainsi de CentraleSupélec : « On voit vite que ce n’est pas la peine de se déplacer en cours. Je bachotais quelques jours avant les évaluations et ça suffisait toujours », raconte Oscar, ancien élève de l’école de Gif-sur-Yvette. « De toute façon, il suffit d’avoir 10/20 de moyenne pour passer. Il n’y a plus tellement l’émulation de la prépa », abonde Simon, en troisième année à CentraleSupélec. | |
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| La comparaison revient sans cesse, dans les mots des étudiants, avec la formation intensive qu’ils viennent de quitter. En matière de pédagogie, en particulier, que beaucoup jugent bancale en école. « Les compétences de pédagogues de pas mal de profs à Centrale sont tellement au-dessous de ce qu’on a connu en prépa… j’étais très déçue », souligne Sylvia, passée par la prépa parisienne de Stanislas. | |
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| Bouts de cours | |
| « Beaucoup d’enseignants ne font aucun effort pour qu’on comprenne, même quand il s’agit de notions très complexes : on décroche et ça fait boule de neige, on n’arrive plus à reprendre le fil. On finit par apprendre des bouts de cours par cœur chez nous, avec des polycopiés, sans intégrer finement les enjeux », complète la jeune femme. Oscar a même trouvé les cours, lui, « vraiment barbants » – « ce qui encourage à les déserter », assure-t-il. | |
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| « La déception évoquée par certains n’est pas surprenante : de la prépa à l’école, il y a un “choc thermique” considérable, dont les étudiants parlent tous, remarque Pierre François, sociologue spécialiste des élites économiques à Sciences Po, qui a enseigné à Polytechnique entre 2009 et 2017. L’aspect généraliste en école, qui vise à leur donner une bonne culture scientifique dans de nombreux domaines, mais sans les maîtriser réellement, peut aussi faire l’effet d’un survol, qui génère chez eux de la frustration. » Cette dimension les amène souvent à parler d’une « impression de pauvreté intellectuelle, qui crée du désinvestissement », a aussi noté le doctorant en sciences de l’éducation Christophe Birolini, dans les entretiens qu’il réalise pour sa thèse sur les élèves ingénieurs. | |
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| Lire aussi l’enquête : | |
| L’université, refuge pour les étudiants déçus par la « pauvreté intellectuelle » des écoles de commerce | |
| La direction de CentraleSupélec ne cache pas que ce phénomène d’absentéisme, loin d’être tout à fait nouveau, constitue pour elle un véritable problème. « L’enjeu, c’est aujourd’hui de nous remettre en question dans nos méthodes pédagogiques, admet Didier Dumur, directeur des études du cursus ingénieur. Surtout concernant les cours magistraux, dont les élèves n’ont manifestement plus envie. On travaille pour aller vers plus de classes inversées ou de travaux pratiques, qui permettront de capter leur attention. » | |
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| Formation des élites | |
| La problématique s’est faite encore plus vive depuis la crise liée au Covid-19, durant laquelle les élèves ont pris le pli d’étudier seuls chez eux. A Polytechnique, dont l’administration conteste l’idée que l’hémorragie concernerait « d’autres cours que les cours magistraux », un « effet Covid » a également été ressenti. Pour coller aux nouvelles habitudes de certains étudiants, l’école planche sur la possibilité de suivi des cours selon diverses modalités : en présentiel, en distanciel, en différé. « Mais il est aussi vrai que beaucoup ont, après deux années de prépa, simplement envie d’autre chose que de rester assis en cours », ajoute Didier Dumur, à Centrale. | |
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| Nombre d’étudiants ne sont, en effet, pas mécontents de relâcher la pression accumulée durant cette période de préparation, dont certains ressortent avec un « dégoût du surtravail », comme le dit un élève. « C’est le contrat, quasi séculaire, de la formation des élites par les classes prépa : tu bosses à fond pendant deux ans et ensuite tu intègres une école avec une réputation et un réseau, où tu peux décider de ne plus trop travailler si tu le souhaites », souligne Pierre François. « En arrivant en grande école, certains ont le sentiment que tout est déjà joué », témoigne Erwan, en troisième année à Centrale. | |
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| « Des consignes sont d’ailleurs données aux enseignants de ces écoles : la moyenne des évaluations est fixée en amont, et il ne faut pas que la moitié des effectifs soit en dessous de cette moyenne, quitte à en faire passer certains un peu justes », ajoute Pierre François. « Et si tu rates, tu peux aller au rattrapage. Là, les examinateurs te posent des questions basiques et te mettent toujours la note qui te permet de passer », affirme aussi Paul, à Polytechnique. « On a quand même, chaque année, des élèves qui doivent redoubler, repasser des matières ou sont exclus », contredit Pauline Jubin, directrice déléguée du cycle ingénieur polytechnicien. | |
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| Investir la vie associative | |
| Sauf que cette perception secondaire de l’enseignement s’est ancrée dans la culture même des écoles. « Dès la rentrée, les anciens te disent : “Ne va pas en cours, c’est pas intéressant. L’essentiel se passe ailleurs” », raconte Paul. Pour Christophe Birolini, le désengagement par rapport aux cours est ainsi créé par le « système intrinsèque » des grandes écoles, qui encourage à investir surtout la vie associative déployée sur les campus. « C’est par ce moyen qu’on s’y fait une place, y compris pour espérer être “recrutable” à la sortie. Car l’espace de la distinction sociale s’est déplacé au fil des décennies : si vous allez à l’école et que vous ne faites que des cours, vous n’êtes plus l’élite », analyse-t-il. | |
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| Si les associations étudiantes permettent en partie aux élèves d’aiguiser de véritables compétences, notamment de « soft skills », l’aspect festif, surtout, est central. Martin, jeune diplômé de l’Ecole de l’aménagement durable des territoires (ENTPE) à Vaulx-en-Velin (Rhône), a fini par s’en lasser et regretter l’ambiance très « creuse » qui en découlait. « La vie d’école tournait énormément autour de l’alcool, omniprésent en ingé. On ne parlait que de la prochaine soirée. Les cours n’étaient pas mauvais, mais tout le monde s’en fichait et certains venaient même encore saouls de la veille », relate-t-il. | |
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| Paul le déplore aussi dans son école : « En dehors de l’X, les gens pensent qu’on est une élite intellectuelle, mais c’est le Club Med. Un gigantesque lieu de loisirs, avec des soirées à des milliers d’euros financées par des grandes entreprises. » Cela lui est, au fur et à mesure, apparu comme très superficiel : « Polytechnique est un peu une grande boîte vide : une fois qu’on y est entré, on passe un bon moment, mais on n’en ressort pas plus rempli. » | |
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| CÉLIA CALLOIS | |
| Posture de détachement | |
| Selon le sociologue Adrien Delespierre, ce qui est réellement transmis en école d’ingénieur, c’est de « savoir naviguer dans les sphères d’élite et leurs espaces mondains, éventuellement d’apprendre à gérer des équipes et des budgets en organisant de gros événements, davantage qu’un goût du savoir. On n’ambitionne pas d’y former des chercheurs ou des intellectuels ». « Le prestige de ces diplômes, c’est pas mal de poudre aux yeux », estime alors Oscar, de Centrale. | |
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| Le sociologue Pierre François tempère toutefois ce constat, expliquant que, si « les étudiants aiment bien mettre en avant ce non-travail », certains continuent à étudier très sérieusement. « D’autant plus que, dans des écoles comme l’X ou Centrale, certaines matières scientifiques, quoi qu’ils en disent, restent vraiment pointues et difficiles à réussir », dit-il. C’est l’avis d’Eléna, étudiante en troisième année à Centrale. « La formation peut être très challengeante, et tout est à notre disposition pour nous nourrir intellectuellement. Cela demande seulement d’être actif et autonome dans son cursus », assure-t-elle. | |
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| Lire aussi notre enquête (2019) : | |
| Dans les grandes écoles, « on se moque du “polard”, celui qui fait des efforts » | |
| Le discours autour d’un désintérêt pour les cours, « c’est aussi, en partie, une posture des étudiants, décrypte Christophe Birolini. Dans ces écoles, on joue de ce détachement vis-à-vis du sérieux scolaire : celui qu’on voit bosser, c’est le “polard”, comme ils le disent péjorativement ». Tout l’enjeu est d’avoir l’air de mettre ses priorités ailleurs. « Mais, derrière l’écran de fumée, il y a toute une partie qui continue à travailler un minimum, quand ils ne risquent pas d’être surpris en train d’étudier. Ils peuvent alors paraître d’autant plus brillants qu’ils clament haut et fort réussir sans bosser. » | |
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| Manque de recul critique | |
| Reste qu’un véritable malaise émerge autour d’une partie des cours découverts à leur arrivée à l’école : ceux que les étudiants appellent les « matières pipeau », qui tournent principalement autour du management. Christophe Birolini observe que, pour la majorité des étudiants, l’entrée en grande école d’ingénieur survient comme une continuité de la classe prépa, sans que l’élève se soit vraiment penché sur le contenu concret du cursus, « en réalité, ce sont des écoles de production de manageurs ». « En maths et en physique, il y avait une vérité scientifique. Là, on leur apprend surtout à convaincre, et ce, à propos de tout et n’importe quoi. Certains vivent ça comme une désillusion et disent que c’est du vent, où seule la forme importe », constate-t-il. | |
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| « On se rend compte rapidement qu’il y a beaucoup de cours “bullshit”, comme la critique souvent faite à l’égard des écoles de commerce. D’ailleurs, notre débat interne, sur le modèle de “chocolatine ou pain au chocolat”, c’est de savoir si Centrale doit être appelée “école d’ingénieur” ou “école de management” », plaisante ainsi Oscar. Le directeur des études de Centrale, Didier Dumur, rétorque que les étudiants qui reviennent de leur premier stage « s’aperçoivent à quel point ces cours qu’ils trouvaient “pipeau” en première année leur sont foncièrement utiles ». | |
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| Lire aussi notre entretien : | |
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| Une frange de plus en plus critique juge que ces établissements se révèlent peu à la hauteur pour les former à affronter et questionner les enjeux du siècle, sociaux, économiques et environnementaux. « Dans nos cours, il y a un manque énorme de recul critique, pour comprendre le contexte dans lequel s’inscriront nos actions d’ingénieurs », constate Erwan. | |
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| Certains étudiants interrogés regrettent alors qu’on leur demande encore uniquement de répondre à des problèmes donnés, sans « jamais vraiment interroger l’énoncé ». Insuffisant pour ceux qui sont convaincus que les industries ne pourront plus être dirigées de la même manière que ces dernières décennies. | |
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| Alice Raybaud | |
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