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-====== [Le Monde – Les IAE, ces filières universitaires qui rivalisent avec les écoles de commerce](   ======
-[Le Monde – Les IAE, ces filières universitaires qui rivalisent avec les écoles de commerce](https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/12/18/ces-filieres-universitaires-qui-rivalisent-avec-les-ecoles-de-commerce_6206419_4401467.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default )
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- M CAMPUS
-Les IAE, ces filières universitaires qui rivalisent avec les écoles de commerce
-Les trente-huit instituts d’administration d’entreprises se veulent des concurrents sérieux des écoles de management, avec des frais de scolarité moindres et un taux d’insertion professionnel élevé.
-Par Eric Nunès (Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône], envoyé spécial)
-Par Eric Nunès (Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône], envoyé spécial)
-Par Eric Nunès (Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône], envoyé spécial)
-Aujourd’hui à 05h30, modifié à 12h41
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-Sur le campus de l’IAE Aix-Marseille, le 16 octobre 2023. ERIC NUNÈS / « LE MONDE »
-Une douce chaleur plane sur l’institut d’administration des entreprises (IAE) d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) en cette matinée d’octobre. Entre les cours de marketing, d’anglais ou de communication, les étudiants rejoignent les tables et les bancs qui bordent le campus, situé au bout du chemin de la Quille. Mais ce n’est pas le climat provençal que les étudiants sont venus chercher ici. Enora Labit, 23 ans, en master 2 de commerce international, a intégré l’université après une année de classe préparatoire adaptation technicien supérieur (ATS). Bien qu’admise dans plusieurs écoles de commerce – l’Emlyon, Grenoble Ecole de management, Skema, Audencia –, elle a choisi la voie universitaire pour « ses valeurs de bienveillance, une formation qui donne du sens, une ouverture sociale ». A ses côtés Chiara, en master 2 de communication d’entreprise, a également quitté l’Edhec, à Nice, après un bachelor pour rejoindre l’IAE aixois et son cursus universitaire.
-A 750 kilomètres de là, Shanna (le prénom a été modifié) a fait ses adieux à l’ESG Finance pour rejoindre l’IAE parisien et décrocher un master 2 de finance, reconnu par le ministère de l’enseignement supérieur, ce que son ancien établissement n’était pas en mesure de lui proposer. Ils sont, chaque année, plusieurs milliers d’étudiants à faire le choix de la filière universitaire. Les trente-huit IAE sur l’ensemble du territoire français se veulent des concurrents sérieux des écoles de commerce.
-Les premiers IAE ont vu le jour en 1955, cent trente-six ans après la création de la première école de commerce, l’ESCP, en 1819. C’est sous l’impulsion de Gaston Berger (1896-1960), directeur général de l’enseignement supérieur au ministère de l’éducation nationale, que l’Etat décide de créer une filière de gestion rattachée aux universités. Il est alors impératif de former les cadres dont la nation a besoin pour accompagner le dynamisme économique des « trente glorieuses ». Aix-en-Provence, Bordeaux, Dijon, Rennes et Toulouse seront pionnières.
-A en croire Christophe Torset, directeur de l’IAE Paris-Est (Créteil), les filières universitaires n’ont désormais plus grand-chose à envier aux « grandes écoles de commerce ». « L’ensemble des éléments qui composent la pédagogie, les enseignements, l’expérience étudiante se sont beaucoup développés », explique-t-il. Soucieuses de ne laisser aucun avantage à leurs rivales privées, les IAE ne veulent rien oublier.
-Une forte employabilité
-Au sein de l’IAE d’Aix-en-Provence, 55 % des enseignements sont en anglais et il existe des programmes « full English », comme dans nombre d’écoles de commerce, ce qui permet à l’établissement de compter dans ses rangs 25 % d’étudiants internationaux.
-Concernant la professionnalisation des formations, « 100 % des élèves de second cycle sont en apprentissage », revendique Eric Lamarque, directeur de l’IAE de Paris et président du réseau des IAE de France. A Aix-en-Provence, 90 % des étudiants en master 2 suivent leur cursus en alternance, un gage d’employabilité. Selon l’enquête sur l’insertion professionnelle des diplômés d’IAE en 2022, publiée en septembre, 81 % des diplômés d’un master sont entrés sur le marché du travail dans les six mois suivant l’obtention du diplôme. Un chiffre comparable à celui publié par la Conférence des grandes écoles (CGE) dans son rapport annuel, publié en juin, affichant 77 % d’anciens élèves en activité professionnelle et 5 % en poursuite d’études.
-Lire aussi :
-L’apprentissage en école de commerce, une formule gagnante et opportuniste
-Quid des salaires à la sortie de l’école ou de l’université ? Le salaire moyen à l’embauche pour les diplômés d’un master d’un IAE en 2022 est de 36 600 euros brut annuel en moyenne, primes et treizième mois inclus. Il s’approche des 40 000 euros pour les écoles de commerce selon la CGE, mais sans compter les primes. Qu’ils soient diplômés d’un IAE ou d’une école, les étudiants se dirigent vers des petites, moyennes ou grandes entreprises dans des proportions presque identiques.
-Néanmoins, des différences demeurent. Le profil des élèves d’abord : « Le parcours de nos étudiants est très éclectique et parfois accidenté, décrit Antonin Ricard, directeur de l’IAE d’Aix-Marseille. Ils sont souvent en reprise d’études, en changement de voie, et nous comptons 70 % de boursiers. » Au niveau national, ce sont 30 % de boursiers qui intègrent les IAE contre 12 % en 2022 dans les écoles de commerce, selon le ministère de l’enseignement supérieur.
-La plus-value de la marque
-Le coût de la formation diffère également. A Aix-en-Provence, l’année de master 2 est à 4 800 euros, soit « trois fois moins qu’une école de commerce », souligne Antonin Ricard. Lorsque la formation est suivie en apprentissage, elle est financée par l’employeur. Dans son édition 2023 du classement des masters de management, le quotidien britannique Financial Times classe HEC Paris numéro un mondial, rapidement suivi par l’ESCP et l’Essec, respectivement à la quatrième et cinquième place. L’IAE d’Aix-Marseille est pour sa part soixante-septième. Toutefois, parmi les éléments d’évaluation du Financial Times figure aussi un classement qui évalue le rapport entre le coût des études et les revenus après l’obtention du diplôme. Là, l’école universitaire aixoise est propulsée en tête des établissements français, alors que HEC Paris dégringole au-delà de la trentième place du classement international.
-Mais les écoles de commerce l’assurent : il n’y aurait pas de concurrence entre leurs établissements et les écoles universitaires. « Nous n’avons pas les mêmes finalités, souligne Alice Guilhon, directrice de Skema Business School et présidente de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM). Les IAE ont été créés en suivant les règles universitaires, avec des approches scientifiques et académiques. Les écoles ont un lien indéfectible avec les entreprises qu’elles irriguent en cadres. Nos piliers sont la professionnalisation et l’international. Nous disposons d’une liberté qui nous permet d’ouvrir et de fermer une formation en fonction des besoins du marché. » Les écoles seraient plus agiles.
-Lire aussi :
-En école de commerce, l’endettement des étudiants s’aggrave : « Je n’ai pas le droit à l’erreur et plus vraiment de flexibilité dans le choix de mon orientation »
-Les alumni des écoles de commerce et des IAE n’empruntent pas toujours les mêmes chemins professionnels. En 2022, plus de 81 % des nouveaux diplômés des établissements de la CGE ont obtenu un statut de cadre contre 59 % pour ceux des IAE. Ensuite, il existe une forte corrélation entre le lieu de l’obtention du diplôme des anciens des instituts universitaires et leur région d’activité professionnelle. « Nos étudiants sont recrutés à 70 % sur leur territoire de fin d’études, reconnaît Eric Lamarque, et nous assumons ce choix d’être au plus près des besoins spécifiques de chaque région. Néanmoins, nous travaillons également à monter d’un cran, afin que l’on soit identifié par les grands groupes nationaux. »
-La relative invisibilité des élèves des instituts universitaires, Arthur Cotrel, 23 ans, en master 2 de commerce international à l’IAE d’Aix-Marseille, l’a expérimentée : « Souvent, lors d’un entretien d’embauche pour obtenir un stage ou une alternance, je dois expliquer au recruteur ce qu’est un IAE. » Les secteurs du luxe, de l’industrie, des cabinets de conseil continuent de recruter très majoritairement dans les écoles de commerce.
-La marque, ainsi qu’un réseau d’anciens élèves dense, représente également une plus-value revendiquée par les établissements les plus cotés. Il y a des noms qui brillent et c’est l’un de ceux-là que Thierry Hai Son Adam, 23 ans, en master 2 de commerce à l’IAE d’Aix-Marseille, veut pouvoir poser sur son CV. Son passage à l’université, il le voit comme une passerelle, une occasion pour décrocher un stage dans un grand groupe et rejoindre une école prestigieuse, quitte à refaire un nouveau master. « Parce que le mieux en France, c’est HEC, affirme-t-il. Et même dans le monde. »
-Eric Nunès (Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône], envoyé spécial)
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