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elsenews:spot-2023-12a:enfants-influenceurs [26/12/2025/H04:42:30] 216.73.216.167 supprimée |
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| ====== Les médecins nous ont annoncé que notre fille allait mourir, nous étions effondrés, se souvient-elle. Nos proches nous appelaient sans cesse pour avoir des nouvelles. Sur Insta, je leur ai dit de ne plus nous joindre mais de prier pour elle s’ils le souhaitaient, et ce, bien que ni moi ni mon mari ne soyons croyants. ====== | |
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| [Le Monde – Enfants influenceurs : la fin de la récré ?](https://www.lemonde.fr/intimites/article/2023/12/17/enfants-influenceurs-la-fin-de-la-recre_6206265_6190330.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) | |
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| https://www.lemonde.fr/intimites/article/2023/12/17/enfants-influenceurs-la-fin-de-la-recre_6206265_6190330.html | |
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| INTIMITÉS | |
| Enfants influenceurs : la fin de la récré ? | |
| Sur les réseaux sociaux, des parents font faire de la publicité à leurs enfants pour des marques de vêtements, de jouets ou de puériculture, en dehors du cadre légal fixé en 2020 par le Parlement. Une aubaine pour les enseignes, qui inquiète cependant les professionnels du mannequinat. Certains élus réclament d’encadrer plus durement encore cette pratique. | |
| Par Cyrielle Bedu | |
| Par Cyrielle Bedu | |
| Par Cyrielle Bedu | |
| Aujourd’hui à 06h10, modifié à 18h02 | |
| Lecture 7 min | |
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| BJÖRN KELLER/PLAINPICTURE/LINKIMAGE | |
| Sur Instagram, Hélène Tosco est la copine que l’on aimerait avoir. Cette trentenaire y partage ses recommandations de sorties à Lyon, ville où elle réside avec son mari et leur fille Suzon, âgée de 2 ans. Elle montre aussi ses coups de cœur vestimentaires ou décoratifs qu’elle met en avant dans son bel appartement, et dévoile parfois des pans intimes de sa vie familiale. Comme quelques jours après la naissance de sa fille en 2021. Suzon a alors de graves problèmes de santé et Hélène Tosco ressent le besoin de relayer sa peine et son désarroi en ligne. « Les médecins nous ont annoncé que notre fille allait mourir, nous étions effondrés, se souvient-elle. Nos proches nous appelaient sans cesse pour avoir des nouvelles. Sur Insta, je leur ai dit de ne plus nous joindre mais de prier pour elle s’ils le souhaitaient, et ce, bien que ni moi ni mon mari ne soyons croyants. » | |
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| Le message est partagé de nombreuses fois et son compte, jusqu’alors majoritairement suivi par sa famille et ses amis, gagne soudainement en notoriété. Les mots de soutien d’inconnus inondent sa messagerie. « Notre fille a survécu. Après son rétablissement, nous avons ressenti le besoin de partager notre joie avec ceux qui nous avaient écrit et de continuer à publier des photos d’elle pour qu’ils la voient grandir », raconte la mère. Très vite pourtant, le compte de cette attachée de presse n’intéresse plus uniquement des personnes voulant suivre l’évolution de sa petite fille. Attirées par le nombre croissant de ses followers et par les potentiels acheteurs qu’ils pourraient y trouver, des marques pour enfants la contactent également : elles aimeraient que leurs produits soient utilisés par sa fille et montrés sur son compte Instagram. | |
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| LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ | |
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| « Depuis, des marques nous envoient des produits pour enfants, des jouets ou des accessoires de puériculture sans forcément demander de contrepartie, mais dans l’espoir que l’on se montre avec. Nous ne mettons cependant en avant que les articles qui nous plaisent vraiment, explique la jeune femme. Il m’est arrivé par deux fois seulement d’accepter des partenariats rémunérés avec de l’argent. » L’un d’eux était avec la marque de poussettes haut de gamme Babyzen. A cette occasion, la jeune femme et son mari ont posé dans des rues de Lyon avec leur fille, sagement assise dans un des modèles phares de l’enseigne, la Yoyo. | |
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| Jeunes « ambassadeurs » | |
| Alice, 34 ans, fait, elle, collaborer sa fille Elsa (les prénoms ont été modifiés), 2 ans, avec des enseignes plus confidentielles. Et dans son cas, l’enfant n’est pas devenue influenceuse par hasard. Peu après sa naissance, sa mère lui a créé un compte Instagram dans l’unique but d’obtenir des partenariats avec des marques. Sur les photos postées sur le réseau social, on peut voir Elsa posant dans un environnement beige et rose poudré avec des vêtements et des accessoires envoyés par de petits créateurs : ici riant aux éclats dans un body cousu main sur la Côte d’Azur, là portant un turban et un tour de cou fabriqués par une créatrice belge. « Une amie m’avait expliqué que des marques recherchaient souvent de jeunes “ambassadeurs” pour faire la publicité de leurs produits sur les réseaux sociaux, relate Alice. Depuis, je participe régulièrement à des concours organisés par les marques : j’envoie des photos d’Elsa et, si les enseignes nous choisissent, je la fais poser avec les vêtements. En retour, nous pouvons les garder gratuitement. » | |
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| Faire de ses enfants des « ambassadeurs » de marques plus ou moins connues, les mettre au centre de l’attention l’espace d’un court instant, se faire offrir des produits en contrepartie… Nombreuses sont les raisons évoquées par les parents pour justifier de faire de leurs enfants des égéries sur les réseaux sociaux. Pourtant, ces « partenariats », qui font d’enfants mineurs des influenceurs malgré eux, se déroulent bien souvent en dehors de tout cadre légal. | |
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| Lire notre enquête (2018) : | |
| Les chaînes YouTube familiales épinglées pour travail illicite par une association | |
| « Le travail des enfants de moins de 16 ans est très réglementé en France, explique Dalila Madjid, avocate spécialisée en droit de l’Internet. Depuis le vote de la loi du 19 octobre 2020 qui encadre l’activité des “enfants influenceurs”, ces derniers bénéficient des mêmes règles protectrices que ceux qui font du mannequinat, du spectacle et de la publicité. » | |
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| Et ces règles protectrices sont nombreuses : interdiction de faire travailler un enfant de moins de 3 mois, obligation pour les parents de demander une autorisation auprès de la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités avant chaque tournage… Les enfants doivent également être payés pour chaque publicité qu’ils effectuent et 90 % de ces revenus doivent être placés par leurs parents à la Caisse des dépôts et consignations jusqu’à leur majorité. En cas de non-respect de ces règles, la loi prévoit de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à des peines d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros. | |
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| « L’objectif est d’éviter les dérives de la part des parents, poursuit Dalila Madjid. Les horaires de travail des enfants sont, par exemple, aussi encadrés par cette loi, tout comme le droit à l’oubli, auquel les enfants doivent pouvoir prétendre quand ils seront plus âgés. » | |
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| Réglementation souvent ignorée | |
| Mais ce cadre législatif strict inquiète étonnamment peu de parents, qui ne se sentent pas toujours concernés par cette réglementation. Pour certains, prendre ponctuellement leur bambin en photographie dans un cadre publicitaire est une activité relevant du loisir, bien loin de l’environnement toxique et éreintant dans lequel évoluent de jeunes influenceurs stars, comme les personnages – inspirés de vrais enfants – de Sammy et Kimmy, héros du roman à succès Les enfants sont rois, de Delphine de Vigan (Gallimard, 2021). « Je ne m’enrichis pas avec cette activité, se justifie ainsi Alice. Prendre ma fille en photo est une passion. Je travaille dans la communication, j’aime les belles mises en avant et les belles images. Je suis contente de partager cet intérêt avec Elsa. » | |
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| Pour le législateur, en revanche, la frontière entre loisir et travail est tout sauf ténue. « A partir du moment où l’image d’un enfant est associée à un produit, il doit dépendre du régime du mannequinat, résume Bruno Studer, député Renaissance du Bas-Rhin, qui a corédigé la proposition de loi sur les enfants influenceurs et l’a ensuite portée à l’Assemblée nationale en 2020. Tous ceux qui ne respectent pas cela sont hors-la-loi, et il y en a beaucoup. » | |
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| Lire les témoignages de jeunes internautes sur leurs pratiques en ligne : | |
| « Il faudrait toujours l’accord de l’enfant avant de poster » : quand les adolescents (re)prennent en main leur image sur les réseaux sociaux | |
| Les agences représentant les enfants mannequins sont, elles, tout aussi gênées par l’émergence de ces pratiques sur les réseaux sociaux. Elles sont tenues, pour pouvoir exercer leur activité, d’obtenir une licence auprès de la préfecture de police de Paris et un agrément spécifique à faire renouveler tous les ans si elles veulent employer des enfants de moins de 16 ans. | |
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| « C’est une forme de concurrence déloyale. Ces personnes font notre travail, sans respecter la réglementation », dénonce Marielle Mons, directrice associée de l’agence de mannequins pour enfants et adultes Lili. M et membre du conseil d’administration du Syndicat national des agences de mannequins. A la tête de son agence depuis dix-huit ans, la Nantaise a vu l’impact des réseaux sociaux sur son secteur et veut rappeler que les agences comme la sienne salarient les enfants et les protègent de nombreux abus : « Pour chaque campagne publicitaire, nous éditons par exemple un contrat qui encadre le droit à l’image. Nous y indiquons les supports sur lesquels peuvent apparaître les photos, le territoire de leur diffusion et leur durée d’exploitation. C’est très important pour que les parents puissent garder la main sur l’image de leurs enfants, notamment quand celles-ci sont publiées sur des plates-formes étrangères. » | |
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| Marielle Mons concède que les parents ne connaissent pas toujours la loi. Mais les marques auraient une responsabilité indéniable, d’après sa consœur Sam Tirloy, responsable de l’antenne bordelaise de l’agence de mannequins pour enfants et adultes Apparence Agency. « Les très grosses enseignes sont souvent respectueuses de la loi, et passent par des agences de mannequins comme la nôtre pour trouver des modèles mineurs, juge-t-elle. C’est en revanche moins le cas des petites et moyennes structures qui ne sont présentes que sur Internet, et qui pensent que la loi ne s’applique pas à elles. » | |
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| « Une forme de téléachat » | |
| Pour ces marques, l’intérêt d’utiliser les photos d’enfants en dehors du cadre légal est double : toucher une large audience tout en s’affranchissant des lourdeurs administratives et financières que représente l’embauche d’enfants mannequins. Pour cela, elles n’hésitent pas à cibler des enfants dont les parents tiennent des comptes avec une communauté réduite, mais engagée. « Les auteurs de ces petits comptes mettent en avant leur parentalité et ont un passif restreint en matière de publicités », explique Joseph Godefroy, sociologue et auteur d’une thèse intitulée « Des influenceurs sous influence : sociologie de la mise au travail des usagers d’Instagram », soutenue en mars à Nantes Université. « Ils attirent une communauté plus engagée, qui perçoit leur message comme étant plus honnête que celui des gros influenceurs, décrypte le chercheur. Les marques préfèrent multiplier les collaborations avec ces comptes plutôt que de s’engager avec des influenceurs stars, qui demandent de l’argent et sont de moins en moins prescripteurs. » | |
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| Après le vote de la loi sur les enfants influenceurs en octobre 2020, certaines agences de mannequins reconnaissent cependant avoir été contactées par des parents en quête de conseils pour se mettre en conformité avec la réglementation. « Ils manquaient d’informations et nous demandaient comment faire. Cela prouve bien qu’ils ne sont pas contre le fait d’être en règle », se souvient Sam Tirloy, d’Apparence Agency. Mais les prises de contact se font plus rares aujourd’hui. « Ils se sont rendu compte que les sanctions étaient peu appliquées en cas de non-respect de la loi », constate-t-elle avec regret. | |
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| Les législateurs, Bruno Studer en tête, ont conscience de cet écueil. « La loi sur les enfants influenceurs de 2020 était un premier pas, mais elle est incomplète », reconnaît le député. Adoptée en juin, une loi sur les influenceurs – adultes et mineurs – comblait déjà un manque en abordant la question de la responsabilité des parents dans le respect de la vie privée et du droit à l’image de leurs enfants. « Je réfléchis désormais à faire un parallèle entre ce type de contenus publicitaires sur les réseaux sociaux et le téléachat, affirme Bruno Studer. La loi interdit aux enfants de faire de la publicité dans des programmes de téléachat. Or, on peut considérer qu’à partir du moment où une photo ou une vidéo publiée sur les réseaux sociaux a un lien direct vers un site marchand, c’est une forme de téléachat. » | |
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| Lire aussi : | |
| La rentrée des classes avant l’heure des petits influenceurs | |
| Mais dans l’éventualité où ce point de la loi serait durci, un autre problème resterait non résolu : l’identification des enfants sur les publicités. « Il y a énormément de contenus avec des enfants sur les réseaux sociaux, il est difficile de tous les identifier pour diligenter des contrôles fiscaux, surtout quand les photos sont postées sur des plates-formes étrangères, explique Bruno Studer. Mais je ne perds pas espoir. Du côté des adultes influenceurs, les règles qui ont été mises en place pour réguler leur activité sont de plus en plus respectées. Il va donc falloir que, dans le cas des enfants, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et l’inspection du travail soient, là aussi, plus strictes ». Un lourd chantier, qui ne fait que débuter. | |
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| Cyrielle Bedu | |
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