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| ====== [Le Monde – Les Ukrainiens face à l’élargissement de la conscription : « Un jour ou l’autre, on y passera tous »]( ====== | |
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| [Le Monde – Les Ukrainiens face à l’élargissement de la conscription : « Un jour ou l’autre, on y passera tous »](https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/les-ukrainiens-face-a-l-elargissement-de-la-conscription-un-jour-ou-l-autre-on-y-passera-tous_6208229_3210.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) | |
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| RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE » | |
| Les Ukrainiens face à l’élargissement de la conscription : « Un jour ou l’autre, on y passera tous » | |
| Par Florence Aubenas (Kiev, envoyée spéciale) | |
| Par Florence Aubenas (Kiev, envoyée spéciale) | |
| Par Florence Aubenas (Kiev, envoyée spéciale) | |
| Aujourd’hui à 05h44, modifié à 07h03 | |
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| REPORTAGE Le président Volodymyr Zelensky a annoncé le 19 décembre la probable mobilisation de près de 500 000 nouvelles recrues, alors que des milliers de soldats n’ont pas été relevés depuis vingt-deux mois. Mais, en raison d’une guerre qui s’enlise, l’élan est retombé et de premières fissures sont apparues au sein de la population. | |
| Lecture 6 min | |
| Blotti derrière un rideau d’arbre, le restaurant à l’atmosphère feutrée en plein centre de Kiev donne l’illusion de la paix dans un pays en guerre. « Je déjeunais avec un vieil ami. C’était la période de Noël, il était 14 heures, le service battait son plein », se souvient un jeune homme rencontré dans la capitale ; il a requis l’anonymat. Leur conversation roule sur la mobilisation dans l’armée, éternel sujet depuis le début de la guerre, mais qui vient de prendre une brutale intensité : le président Volodymyr Zelensky a évoqué la probable mobilisation de 450 000 à 500 000 nouvelles recrues lors d’une conférence de presse le 19 décembre. Depuis l’été 2022, et de façon toujours plus insistante, l’état-major affirme manquer autant d’hommes que de munitions. Cette fois, le chiffre lancé est phénoménal pour une armée qui compte 1 million de soldats et pourrait mettre le pays dans une situation sociale et politique délicate. | |
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| Sous les lumières tamisées du restaurant, le jeune homme explique à son convive qu’il bénéficie d’un sursis – comme bien d’autres – grâce à son emploi dans un secteur civil stratégique. Une situation claire et parfaitement légale. Mais qu’est-ce qui est encore clair avec des troupes épuisées par vingt-deux mois de combats, attendant la relève, dans une guerre qui n’en finit pas ? Jusqu’à présent, l’Ukraine n’a pas connu de conscription générale, restant dans une sorte de flou : les hommes de 18 à 60 ans doivent s’enregistrer et ont interdiction de quitter le pays. Mais l’engagement reste volontaire, ne devenant obligatoire – pour ceux qui sont aptes – qu’en cas de convocation nominative. Là commence l’inconnu. | |
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| Comment et à qui sont distribuées ces convocations ? Elles semblent souvent tomber sans logique véritable, atterrissant chez un voisin mais pas chez un autre, ou alors en plusieurs exemplaires. Il arrive qu’elles réclament l’incorporation de soldats déjà mobilisés, ou parfois même des morts. Comble du hasard, les contrôles se multiplient dans les lieux publics, salles de sport, saunas, centres commerciaux : certains hommes se sont ainsi retrouvés encasernés, presque du jour au lendemain, après une visite médicale. Kiev, jusque-là plutôt épargnée, est désormais de plus en plus ciblée par ces « raids », le nom donné par la population. | |
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| Lire le reportage : | |
| Guerre en Ukraine : « A force de franchir tous les paliers de la peur, j’ai compris que je ne suis rien, juste un corps en vie » | |
| Le jeune homme sursitaire se souvient avoir dit à son ami au restaurant : « le cercle se resserre », tout en lui racontant comment certains de ses amis vivent désormais cloîtrés, par peur de se retrouver au mauvais moment au mauvais endroit. C’est alors que la porte du restaurant s’est brutalement ouverte sur une douzaine d’hommes en cagoule, tenue militaire, armes aux côtés. Le jeune homme a cru à l’arrestation d’un oligarque. En fait, la guerre venait de s’inviter à l’heure du dessert. En un éclair, les serveurs se sont volatilisés par la porte de derrière. Seul est resté le barman, bloqué derrière son comptoir. A l’issue du « raid », trois clients sont finalement convoqués au commissariat militaire le lendemain. Dont le jeune homme. | |
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| Un registre militaire centralisé opérationnel dans quelques mois | |
| « La conscription est la question la plus douloureuse actuellement, commente Galina Zelenko, directrice du département d’études politiques à l’Académie des sciences à Kiev. Mais combien de personnes pourront être enrôlées par les raids ? Quelques milliers peut-être ? On reste très loin, en tout cas, des 450 000 ou 500 000 conscrits annoncés. Cette stratégie relève du populisme, un affichage pour montrer que le gouvernement fait quelque chose. » Selon plusieurs experts, la méthode vise surtout à tenter de pallier les problèmes structurels de la conscription en Ukraine. | |
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| Ivan Fomichenko, 32 ans, prend des cours en ligne pour piloter des drones avec un logiciel de simulation dans l’attente de sa convocation militaire. A Kiev, le 24 décembre 2023. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE » | |
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| Un jeune homme de Kiev tient sa vocation militaire dans le cadre la mobilisation nationale, le 27 décembre 2023. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE » | |
| Pour les comprendre, il faut revenir aux premiers jours de l’invasion russe, au milieu de ces immenses files d’attente devant les centres de recrutement, où 70 % des civils se sont alors spontanément rués. Dans cet élan, le nom des volontaires est griffonné sur des cahiers d’écoliers, ou pas relevés du tout. Ils sont si nombreux qu’on doit en refuser. Qu’importe, la guerre sera courte, croit-on alors, l’urgence est à la résistance, pas à la bureaucratie. Si cet engouement permet de faire front aux assauts russes, il va laisser le pays sans registre militaire centralisé. | |
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| Pendant quelques mois, l’engouement continue, d’autres volontaires se présentent, puis le flot se tarit. Une première vague de conscription sélective cible d’abord les hommes ayant une expérience militaire ou un métier proche. Mais la guerre dure, elle mute, s’enlise dans les tranchées et les combats sanglants. Les villages prennent de plus en plus souvent le chemin du cimetière. Dans les rues, sont apparus des hommes aux visages déchirés, aux corps amputés, avec une jambe en titane et parfois même les deux, surtout après l’échec de la contre-offensive lancée en juin. | |
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| Lire aussi : | |
| En Ukraine, un projet pilote permet de réduire le nombre d’amputations des blessés de guerre | |
| Depuis des mois, l’état-major insiste auprès du gouvernement pour lancer une mobilisation plus large qui renflouerait les rangs, d’autant que la Russie – qui compte trois fois plus d’habitants – a déjà appelé des troupes supplémentaires à deux reprises. Mais comment gérer une conscription générale sans fichier militaire national informatisé ? Lancé cet été seulement sous le nom « Oberig » (« talisman »), il serait terminé à 88 %, a annoncé Kateryna Chernogorenko, vice-ministre du développement numérique à la défense, le 21 décembre. Mais il ne deviendrait opérationnel que dans quelques mois. « Il aurait fallu initier ce processus bien plus tôt pour assurer des rotations correctes, regrette un gradé. Tout le monde sans exception a été blessé au moins une fois dans notre unité et nous avons dû la mettre en pause pour reconstituer les effectifs. » | |
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| Premières fissures | |
| Dans le pays, jusque-là soudé dans la guerre, apparaissent les premières fissures. Depuis quelques mois, des femmes ou mères de militaires manifestent dans plusieurs villes d’Ukraine pour exiger la démobilisation de leurs proches, souvent au front depuis vingt-deux mois, et réclamer l’enrôlement de nouvelles recrues. « Pourquoi les nôtres et pas les vôtres ? », dénonce une pancarte. | |
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| Pour essayer d’attirer des volontaires, le ministère de la défense vient de signer des accords avec quatre sites commerciaux ukrainiens de recrutement en ligne. Le message se veut rassurant : permettre aux candidats de postuler dans l’unité et à l’emploi de leur choix, en fonction de leurs compétences. « Une méthode à l’inverse du système soviétique, qui fait une conscription forcée sans tenir compte du potentiel de chacun. De toute façon, personne ne sera envoyé en première ligne sans formation », fait valoir le ministère. En plus de fonctions strictement militaires, des places de cuisiniers, chauffeurs, spécialistes de drones ou cybercombattants sont proposées. Les appointements annoncent 3 000 euros pour un mois plein sur le front ou 620 euros pour un poste de soutien à l’arrière, alors que le salaire moyen plafonne à 500 euros. Plus d’un millier de propositions sont déjà en ligne, suscitant « des réponses par dizaines de milliers », affirme le ministère. | |
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| Aucune statistique n’est donnée pour ces recrutements sur-mesure, mais ils ne suffiront probablement pas à résoudre la tragique arithmétique des 450 000 à 500 000 conscrits. Celle-ci a, en tout cas, déjà ravivé les tensions politiques qui couvent depuis des mois entre le président Zelensky et le très populaire général Zaloujny, le plus haut gradé de l’armée. Lors d’une conférence de presse le 26 décembre, le général a confirmé le chiffre, tout en estimant que le dévoiler avait été une erreur stratégique. | |
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| Lire aussi : | |
| En Ukraine, le général Zaloujny renvoie le président Zelensky à ses responsabilités | |
| Il reviendra sans doute à la Rada, le Parlement ukrainien, de reconquérir la confiance d’une population lasse, ébranlée par des récentes affaires de corruption dans l’armée, rêvant de paix, mais qui ne voit d’autre option que se battre. Un projet de loi vient d’être déposé sur les modalités de la conscription (et non son chiffre). « Les gens veulent avant tout de la justice et de la compétence, des règles d’enrôlement transparentes, égales pour tous. Il faut que le texte voté soit capable de réconcilier le pays, pas de le diviser. C’est un vrai test pour les autorités », reprend Galina Zelenko, du département d’études politiques. Le projet prévoit l’abaissement du recrutement de 27 à 25 ans, mais quels sursis seront maintenus ? Inna Sovsoun, députée d’opposition du parti Holos, soupire. « Cela va être très compliqué, mais il va falloir trancher. Surtout que j’ai presque un conflit d’intérêts : mon mari est mobilisé depuis le premier jour. » | |
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| « Viens combattre dans la troisième brigade », peut-on lire sur l’affiche de recrutement de la 3ᵉ brigade d’assaut, à Kiev, le 23 décembre 2023. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE » | |
| Après le raid au restaurant, le jeune homme assure s’être demandé si sa vie allait basculer. Au commissariat militaire, dix hommes de tous âges attendaient, comme lui, leur convocation à la main, autour d’un seau en fer déjà plein de mégots. A l’entrée, des vétérans montaient la garde, l’un portant une imposante blessure à la tête, l’autre claudiquant. Une femme militaire a demandé au jeune homme son attestation de sursis. « Je n’ai que l’ancienne, je dois recevoir la nouvelle cette semaine », lui a-t-il répondu. « Alors, vous allez passer la commission médicale. » Après discussion, un officier a fini par lui signer le billet de sortie. Une fois dehors, il s’est senti soulagé, non sans éprouver une certaine culpabilité. « De toute façon, un jour ou l’autre, on y passera tous », confie le jeune homme. Les autorités ukrainiennes évaluent à moins de 10 % ceux qui sont prêts à fuir pour échapper à l’armée parmi la population mobilisable. | |
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| Florence Aubenas (Kiev, envoyée spéciale) | |
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