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-[Le Monde – Sam Altman rejoint Microsoft, le chaos à OpenAI secoue le secteur de l’IA](https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/11/20/sam-altman-rejoint-microsoft-le-chaos-a-openai-secoue-le-secteur-de-l-ia_6201254_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default )
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-ÉCONOMIE
-Sam Altman rejoint Microsoft, le chaos à OpenAI secoue le secteur de l’IA
-L’entreprise créatrice de ChatGPT a nommé lundi un nouveau patron après avoir limogé vendredi son directeur général. Ces rebondissements révèlent des divergences sur les questions financières et l’amorce d’un schisme parmi les experts de l’IA.
-Par Alexandre Piquard
-Par Alexandre Piquard
-Par Alexandre Piquard
-Hier à 10h35, modifié hier à 17h40
-Lecture 4 min
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-Sam Altman va-t-il revenir à OpenAI ? Cette question a obsédé le monde de la tech depuis le limogeage surprise, vendredi soir, du directeur général de la start-up devenue un leader de l’intelligence artificielle (IA) grâce à son service ChatGPT. Mais l’hypothèse d’un retour triomphal a brusquement été abandonnée : lundi 20 novembre matin (dimanche soir aux Etats-Unis), l’entreprise a nommé un nouveau directeur général, renforçant une crise qui secoue tout le secteur.
-Lire aussi :
-Pourquoi Sam Altman, star de l’intelligence artificielle, a été débarqué d’OpenAI
-Dans la foulée, Satya Nadella, le directeur général de Microsoft, premier partenaire d’OpenAI, a annoncé que Sam Altman était embauché par Microsoft pour y diriger une nouvelle équipe de recherche en IA. Il sera rejoint par Greg Brockman, autre cofondateur, qui avait démissionné à la suite de son éviction. Ce dernier a déjà annoncé lundi matin l’arrivée de plusieurs autres chercheurs en IA de premier plan chez OpenAI : Jakub Pachocki, un des dirigeants de l’équipe chargée du modèle de traitement du langage GPT4, Szymon Sidor, ingénieur arrivé en 2016 et Aleksander Madry, en charge d’une équipe de recherche sur les risques liés à l’IA. Selon The Information, des « dizaines » d’employés auraient signifié lundi en interne leur intention de partir.
-« Nous avons appris comment donner aux fondateurs de start-ups et aux innovateurs de l’espace, afin qu’ils créent de entités et des cultures indépendantes au sein de Microsoft, comme GitHub, Mojang Studios ou LinkedIn », a tweeté M. Nadella, se voulant accueillant et rassurant envers les transfuges d’OpenAI.
-Le nouveau dirigeant de la maison-mère de ChatGPT est Emmett Shear, qui jusqu’en mars était directeur général du service de streaming vidéo Twitch. Cette filiale spécialisée au départ dans la retransmission de jeux vidéo en direct est née de Justin.tv, une plate-forme de vidéo créée en 2007 autour d’une émission centrée sur la vie d’un internaute, Justin Kan, et lancée par ses amis, dont Emmett Shear.
-Lire aussi :
-OpenAI : dans la tête des créateurs de ChatGPT
-Son arrivée a été annoncée par Ilya Sutskever, qui a joué un rôle important dans l’éviction de Sam Altman, ont rapporté The Information et Bloomberg. Ce chercheur en IA est membre du conseil d’administration de la structure à but non lucratif qui contrôle OpenAI depuis sa création en 2015. M. Sutskever a convaincu les autres membres que Sam Altman menait une stratégie trop tournée vers le succès commercial à court terme, imprudente et décalée par rapport à la mission d’origine d’OpenAI : « créer une intelligence artificielle générale de façon sûre et bénéfique pour toute l’humanité ». M. Shear semble partager les inquiétudes sur les risques d’une telle « superintelligence ».
-Toutefois, lundi dans la journée, au vu de la tournure des événements, M. Sutskever a tenu à présenter des excuses partielles : « Je regrette profondément ma participation aux actions du conseil d’administration. Je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal à OpenAI (...) Je ferai tout pour réunifier l’entreprise », a-t-il tweeté.
-La levée de fonds remise en cause
-Le feuilleton chaotique à OpenAI va avoir des conséquences très importantes sur le projet : tout le week-end, Sam Altman a tenté d’orchestrer son retour, allant jusqu’à revenir dans les locaux de la société à San Francisco dimanche, grâce à un badge « visiteur ». L’ex-directeur général était appuyé par Greg Brockman, ancien président du conseil d’administration, mais aussi par des employés, ainsi que par les fonds actionnaires d’OpenAI et par Microsoft, principal partenaire d’OpenAI et détenteur de 49 % de la structure commerciale créée en 2019 par M. Altman pour financer de coûteux développements de produits.
-OpenAI risque de perdre des éléments importants : outre M. Brockman, la directrice technique Mira Murati a œuvré pour le retour de M. Altman et Andrej Karpathy, un chercheur respecté, a tweeté que le conseil n’avait pas réussi à « expliquer » la raison de son éviction. Et de nombreux employés d’OpenAI ont répondu par un cœur à un tweet de Sam Altman affirmant samedi qu’il « aim[ait] l’équipe ».
-Une autre remise en cause a été immédiate : celle de la levée de fonds en cours menée par l’un des fonds actionnaires, par laquelle les employés devaient vendre des parts valorisant l’entreprise à 90 milliards de dollars (82,4 milliards d’euros).
-Microsoft a investi plus de 11 milliards de dollars
-Pour Microsoft, l’épisode reste un revers. L’entreprise avait annoncé après l’éviction de M. Altman que son partenariat avec OpenAI n’était pas remis en cause. Mais Microsoft a investi plus de 11 milliards de dollars dans la structure. Et a très largement déployé ses modèles de génération de texte et d’image, dans ses logiciels comme Office ou sur sa plate-forme de services cloud.
-La déflagration à OpenAI révèle aussi un schisme au sein de la communauté des experts de l’IA, qui tiennent des discours alarmistes mais prônent dans le même temps la construction d’une superintelligence bénéfique comme seul moyen d’éviter les risques posés par l’IA. Ces derniers sont comparables aux « pandémies ou à la guerre nucléaire », affirmait en mars une pétition signée par M. Altman ou Demis Hassabis, de DeepMind, ou Dario Amodei, d’Anthropic. Mais aujourd’hui, certains, dont M. Sutskever, prennent ces dangers futuristes plus au sérieux que d’autres.
-Lire aussi :
-L’intelligence artificielle serait aussi dangereuse que « les pandémies ou la guerre nucléaire », selon des leaders du secteur
-L’ingénieur et d’autres membres d’OpenAI se sont rapprochés du mouvement long-termiste, consacré à éviter les risques « existentiels » comme l’IA, raconte The Atlantic. « Je suis très inquiet [sur OpenAI] », a aussi tweeté dimanche, dans un message de soutien à M. Sutskever, Elon Musk, cofondateur d’OpenAI et de xAI. Toby Ord, une figure du long-termisme, a publié des tweets justifiant la démarche du conseil. Et dans un podcast de juin, Emmett Shear embrassait les thèses les plus alarmistes sur la perspective de voir une superintelligence s’autorépliquer et anéantir l’humanité, évaluant cette probabilité « entre 5 % et 50 % ».
-Lire aussi le décryptage :
-Derrière l’intelligence artificielle, le retour d’utopies technologiques
-Ces spéculations sur la superintelligence sont très contestées dans la communauté de l’IA. Mais la crise à OpenAI souligne aussi les grands défis du secteur. M. Altman a notamment énervé M. Sutskever en cherchant à lever des milliards de dollars auprès de fonds saoudiens pour créer une entreprise de puces informatiques. Il a confié au Financial Times espérer que Microsoft investirait « beaucoup plus » dans OpenAI.
-Lire aussi :
-OpenAI, concurrencé, baisse ses prix et tente de s’adapter
-Ces initiatives montrent une fuite en avant liée aux coûts énormes en calcul informatique nécessaires pour entraîner et opérer des logiciels d’IA. Plusieurs services lancés avec des modèles d’OpenAI seraient déficitaires, tout comme l’entreprise. Et la rareté des ressources oblige parfois à arbitrer entre le développement à court terme de produits peu innovants (comme les « ChatGPT » personnalisables annoncés début novembre par M. Altman) et la recherche à long terme, prônée par M. Sutskever. Cette dernière, pour beaucoup de chercheurs, sera nécessaire pour surmonter les limites des modèles de traitement du langage, qui ont permis le succès de ChatGPT mais font aussi des erreurs, produisent des résultats non explicables et ne savent pas raisonner.
-Alexandre Piquard
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