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| ====== [Le Monde – La guerre Israël-Hamas éloigne les pays du Proche-Orient de l’Occident ====== | |
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| [Le Monde – La guerre Israël-Hamas éloigne les pays du Proche-Orient de l’Occident](https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/07/la-guerre-israel-hamas-eloigne-les-pays-du-proche-orient-de-l-occident_6198720_3210.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default ) | |
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| https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/07/la-guerre-israel-hamas-eloigne-les-pays-du-proche-orient-de-l-occident_6198720_3210.html | |
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| INTERNATIONAL | |
| La guerre Israël-Hamas éloigne les pays du Proche-Orient de l’Occident | |
| Du Liban à la Jordanie et à l’Egypte, les critiques se multiplient contre les dirigeants et les médias américains et européens, accusés de « déshumaniser les Palestiniens ». | |
| Par Laure Stephan (Beyrouth, Amman, envoyée spéciale) | |
| Par Laure Stephan (Beyrouth, Amman, envoyée spéciale) | |
| Par Laure Stephan (Beyrouth, Amman, envoyée spéciale) | |
| Aujourd’hui à 13h07, modifié à 14h39 | |
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| Des personnes manifestent en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, lors d’une marche entre l’ambassade égyptienne et l’ambassade française, à Beyrouth, au Liban, le 27 octobre 2023. AMR ALFIKY/REUTERS | |
| Dans le hall d’un bâtiment de la prestigieuse Université américaine de Beyrouth (AUB), un étudiant s’assied au piano : résonnent les notes de Mawtini (« ma patrie »), hymne panarabe et chant de ralliement des Palestiniens. Le campus de cet établissement, connu pour cultiver la modération, a été l’un des premiers lieux de mobilisation au Liban, en soutien aux habitants de Gaza pris sous les bombes israéliennes. Une solidarité à l’unisson avec celle qui s’exprime en Jordanie, en Egypte ou même en Syrie. | |
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| Une association d’enseignants de l’université a publié, le 13 octobre, un communiqué virulent : les condamnations des « atrocités commises en toute impunité par Israël à Gaza » se doublent de critiques envers les médias et les positions politiques de pays occidentaux – Etats-Unis en tête – face à la guerre, accusés de « déformation flagrante de l’histoire » et de « déshumanisation des Palestiniens ». | |
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| « Je ne supporte pas que les Palestiniens soient anéantis, réduits au silence, présentés comme terroristes, s’agace, d’une voix calme, Souma, 21 ans, étudiante de l’AUB rencontrée lors d’une manifestation, le 18 octobre, dans le centre de Beyrouth, et qui vit suspendue aux nouvelles de la guerre. Face à la désinformation, c’est notre devoir à nous, Arabes, de prendre la parole. » | |
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| Ce n’est pas la première fois que la confrontation entre Israéliens et Palestiniens laisse apparaître un fossé entre l’Occident et le Proche-Orient arabe, qui a lui-même vécu plusieurs cycles du conflit, par la guerre ou l’arrivée de réfugiés palestiniens chassés de leur terre lors de la création de l’Etat d’Israël, en 1948. Mais, cette fois, l’écart semble béant. | |
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| Presque tout, venant de l’Occident, est mis en cause, à commencer par le soutien unilatéral à l’Etat hébreu exprimé par le président américain, Joe Biden, et plusieurs dirigeants européens qui se sont rendus en Israël, dans l’onde de choc suscitée par l’attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre. Celle-ci a fait plus de 1 400 morts en Israël, tandis que 240 personnes ont été prises en otage par le mouvement islamiste. | |
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| « Les Européens ont fait imploser leur système de valeurs » | |
| Mais hérissent aussi la sémantique employée, la frilosité à appeler à un cessez-le-feu alors que plus de 10 000 personnes ont été tuées à Gaza, selon le ministère de la santé du territoire administré par le Hamas, de même que les parallèles dressés entre le groupe palestinien et l’organisation Etat islamique ou le terrorisme global, ou bien encore les réactions face aux manifestations et prises de parole propalestiniennes. Après le report du prix qui devait être remis à l’écrivaine palestinienne Adania Shibli lors du Salon du livre de Francfort, mi-octobre, ce sont, plus récemment, deux œuvres du peintre libanais Ayman Baalbaki qui ont été retirées d’une vente de Christie’s, prévue jeudi 9 novembre, à Londres. L’une d’elles représente un homme au visage masqué par un keffieh rouge et blanc (l’écharpe palestinienne est, elle, noir et blanc). | |
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| Guerre Israël-Hamas : en Turquie, les vaines gesticulations d’Erdogan | |
| Autant de signes qui incitent à la rébellion une région qui se sent accusée de tous les maux depuis plus de vingt ans : associée au terrorisme depuis septembre 2001, vivant très mal les amalgames entre islam et extrémisme, et privée de parole ou enfermée dans des stéréotypes lorsqu’elle peut s’exprimer. | |
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| « Depuis le 7 octobre, le discours européen sur le droit international, les droits de l’homme, la liberté d’expression et des médias a volé en éclats. L’Union européenne dépense quantité d’argent pour des programmes à destination des journalistes du Proche-Orient ; en guise de liberté, on a vu ces pays terrifiés par le port d’un keffieh palestinien, raille Muin Khoury, consultant jordanien, d’origine palestinienne, rencontré à Amman. Les Européens ont fait eux-mêmes imploser leur système de valeurs. » | |
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| Il partage « la tristesse et la colère » ressenties dans la région. Ancien sondeur et conseiller en communication au palais royal jordanien, il s’interroge : « Que les leaders européens expriment leur sympathie avec Israël, c’était attendu. Mais n’avaient-ils aucun geste à faire envers les peuples arabes ? N’ont-ils personne pour les conseiller sur leur image ? Ce que l’on a vu et entendu est dans la même veine que les propos de Josep Borrell, lorsque celui-ci avait déclaré [en 2022] que l’Europe est un “jardin” et “la plus grande partie du reste du monde, une jungle” ». Le chef de la diplomatie européenne s’était excusé de ses mots, sans convaincre, dans la région, qu’ils ne reflétaient pas un sentiment de supériorité ni un racisme. | |
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| « On va avancer en terrain miné » | |
| Dans un monde ultraconnecté, la question systématique adressée aux invités arabes dans divers médias occidentaux afin qu’ils condamnent les attaques du Hamas est perçue comme une autre « deux poids, deux mesures ». « Sans attendre les médias, des intellectuels arabes et musulmans ont décrit ce qu’a fait le Hamas comme horrible. Mais le débat actuel est dangereux : il dit en creux que l’on doit condamner le Hamas pour avoir le droit de parler. Il n’est pas permis, en outre, de contextualiser ; sans comprendre d’où viennent ces atrocités, rien ne sera réglé. Cela revient donc à dire “condamne le Hamas, et sors du studio” », cingle Khaled Mansour, écrivain égyptien qui vit en Jordanie. | |
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| Israël-Hamas : les colons de Cisjordanie se mobilisent | |
| Cet ancien porte-parole d’institutions de l’ONU est sans équivoque : « Le Hamas a commis des crimes de guerre – exactement comme ce que fait Israël à Gaza aujourd’hui. D’horribles massacres ont eu lieu le 7 octobre. Mais cela justifie-t-il la mort de milliers de civils à Gaza ? De tuer des civils en Cisjordanie, qui n’est pas sous le contrôle du Hamas ? De bombarder la Syrie ? » | |
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| La fracture laissera des traces. « Le refus des pays européens de contextualiser accroît le sentiment des sociétés en Egypte, en Jordanie, au Liban, de ne pas être entendues. On va avancer en terrain miné », abonde une source diplomatique occidentale. Beaucoup craignent que des violences – tout comme les actes d’antisémitisme enregistrés en Europe – ne creusent davantage le fossé, vers un horizon mortifère. | |
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| Entre l’Occident et le Proche-Orient, « il y a un avant et un après-7 octobre. Le monde ne sera plus le même », considère Roula Roukbi. Et, dans cette relation, cette intellectuelle et opposante syrienne de 67 ans, exilée au Liban, entrevoit plus d’âpreté. « Le monde qui se prétend démocrate ne l’est plus, estime-t-elle. C’est choquant. On aspirait à l’Europe comme modèle de démocratie : on y a vu des manifestations propalestiniennes être interdites, des gens privés de parole… On voit l’Europe silencieuse face aux massacres en train d’être commis contre des civils à Gaza. » | |
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| « La mère de toutes les batailles » | |
| Au cœur de la « dissonance », ancienne, la question palestinienne, qui a rejailli sur la scène internationale lors de l’attaque du Hamas. « Ici, nous ne l’avions jamais oubliée, poursuit Roula Roukbi. Les Occidentaux ne l’ont pas compris : la grande injustice qui a été infligée aux Palestiniens en 1948 est ancrée dans notre mémoire, notre existence, à nous, habitants de cette partie du monde. Le conflit israélo-palestinien nous a formés comme citoyens. » Les plus jeunes, que l’on disait désintéressés, sont descendus dans la rue ou se mobilisent en mode 2.0. | |
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| Contrainte de quitter Damas en 2016, cette militante engagée dans la société civile a conservé de l’année 1948 des souvenirs très personnels : le journal intime de son père, écrit pendant les quatre mois qu’il passa engagé comme médecin dans l’Armée du salut arabe, composée de volontaires venus prêter main-forte aux troupes égyptiennes, syriennes et transjordaniennes, lors de la première guerre israélo-arabe, et des photos de lui à Safed, en Galilée. | |
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| Elle a vécu les conflits de 1967 et de 1973. « La cause palestinienne est la mère de toutes les batailles. Sans droits accordés aux Palestiniens, il n’y aura jamais de stabilité dans cette région du monde. Il y aura toujours des problèmes et des révolutions. Les racines de toute la violence que nous voyons depuis le 7 octobre se trouvent dans le refus de reconnaître le droit des Palestiniens à exister », dit-elle. Et de préciser les raisons de son engagement : ce n’est pas « parce que je suis syrienne ou arabe, mais parce que je défends les droits humains. La question palestinienne, la dénonciation de l’occupation, est d’ordre humaine, morale ». | |
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| « Les Palestiniens avaient une terre, une maison » | |
| A l’Université américaine de Beyrouth, Fatmé Charafeddine, bibliothécaire et archiviste, partage un même vécu, comme tant de Libanais. « J’ai vécu avec la cause palestinienne depuis mon enfance. J’ai vécu la grande invasion israélienne du Liban en 1982. Certains de mes enseignants étaient palestiniens. Enfant à Tyr, dans le Sud, je me demandais toujours pourquoi les réfugiés palestiniens étaient là et vivaient mal. » Dans la foulée de 1948, les Palestiniens aisés arrivés au Liban ont été intégrés. Ceux qui étaient venus de milieux ruraux pauvres ont été placés dans des camps, qui se sont transformés en bidonvilles. | |
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| Fatmé Charafeddine a participé à la collecte de témoignages de Palestiniens ayant vécu la Nakba (la « catastrophe ») de 1948, rassemblés dans une grande base de données digitale de l’AUB. « Ces récits nous racontent que les Palestiniens avaient une terre, une maison, qu’ils ont dû abandonner, et que la société palestinienne était très avancée, très progressiste. » Un récit que l’Occident, plus prompt à mettre en avant les discriminations subies par les réfugiés dans divers pays arabes, a occulté pendant des décennies, estime-t-on dans cette partie du monde. | |
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| L’universitaire se réjouit que ces archives suscitent un intérêt accru, y compris en Europe ou aux Etats-Unis, depuis le 7 octobre. Mais elle voit aussi avec consternation « des confrères en Occident, sensibles au sort des Palestiniens, s’autocensurer en ligne, par crainte de sanctions, de perdre leur travail » . « Aujourd’hui, assène-t-elle, je me sens plus libre au Liban qu’aux Etats-Unis. » | |
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| Laure Stephan (Beyrouth, Amman, envoyée spéciale) | |
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