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elsenews:spot-2023-10:chikirou [25/12/2025/H21:02:28] 216.73.216.167 supprimée |
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| ====== Monde – Pourquoi la justice enquête sur la députée LFI Sophia Chikirou ====== | |
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| [Le Monde – Pourquoi la justice enquête sur la députée LFI Sophia Chikirou](https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/03/pourquoi-la-justice-enquete-sur-la-deputee-lfi-sophia-chikirou_6192142_3224.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%5D-%5Bandroid%5D ) | |
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| https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/03/pourquoi-la-justice-enquete-sur-la-deputee-lfi-sophia-chikirou_6192142_3224.html | |
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| SOCIÉTÉ | |
| Pourquoi la justice enquête sur la députée LFI Sophia Chikirou | |
| Selon les informations du « Monde », l’élue et ancienne conseillère en communication devrait être prochainement entendue en vue d’une éventuelle mise en examen pour « escroquerie aggravée ». Les méthodes de Mme Chikirou, mélange de brutalité et de gestion financière à la légalité parfois discutable, suscitent des critiques au sein de La France insoumise. | |
| Par Laura Motet | |
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| Sophia Chikirou, candidate (La France insoumise) aux élections législatives, devant l’Assemblée nationale, à Paris, le 13 juin 2022. AGNÈS DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | |
| Il est des rappels à l’ordre qui échappent à tous, sauf à leur cible. Ce 6 mars 2022, les quelque 15 000 personnes rassemblées sur l’esplanade du Gros-Caillou, à Lyon, pour assister au meeting de Jean-Luc Mélenchon ne se sont pas formalisées lorsque les enceintes se sont mises à cracher la musique d’entrée du candidat à la présidentielle de La France insoumise (LFI) en plein discours de Mathilde Panot. Tout juste s’en souviennent-elles. Leur leader s’était promptement hissé sur scène, cravate rouge et verbe haut, s’élançant pour cinquante minutes de discours. La députée du Val-de-Marne l’avait accueilli avec un sourire de circonstance, avant de se retirer en coulisses, des larmes de rage aux yeux. | |
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| Son intervention, un honneur longuement préparé, n’a pas été coupée par hasard. Lors de la répétition, Sophia Chikirou, prestataire à la manœuvre en régie, avait exprimé de profonds désaccords sur son texte, exigeant des changements refusés par l’oratrice. Cheville ouvrière de la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les quartiers populaires en 2017, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale en 2021, coordinatrice de la mobilisation militante en 2022… qu’importe la place prépondérante de Mathilde Panot au sein du mouvement, nul ne résiste impunément à Sophia Chikirou. | |
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| Connue dans le parti depuis 2011, la relation sentimentale – parfois discontinue – entre Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou était ignorée du public jusqu’au 16 octobre 2018. Venus perquisitionner à l’aube le domicile de Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de l’enquête sur ses comptes de campagne de 2017, les enquêteurs avaient eu la surprise d’y trouver celle qui avait assuré le rôle de directrice de la communication et de deuxième prestataire. D’un sujet privé, leur lien devient d’intérêt public, ainsi que l’a tranché la justice en août 2019, déboutant le couple de ses demandes de dommages et intérêts après la publication d’un article de Closer. « L’évocation par l’article (…) d’une relation sentimentale réelle ou supposée entretenue dans ces circonstances d’actualité judiciaire (…) [est] susceptible de contribuer à un débat d’intérêt général dont il est légitime d’informer le public », justifie le juge. | |
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| Au cœur de l’appareil politique « insoumis » | |
| En interne, l’enquête judiciaire ravive les critiques autour du poids de Sophia Chikirou dans les décisions du parti et les craintes de voir certaines de ses pratiques mettre en danger le mouvement. Selon les documents et des témoignages rassemblés par Le Monde, la « méthode Chikirou » est, en effet, un mélange de brutalité et de gestion financière à la légalité parfois discutable, perdurant, selon ses contempteurs, grâce à son statut de « femme du chef », une expression utilisée par des cadres « insoumis ». | |
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| Contactés, Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou n’ont pas répondu à nos questions – trois pour le premier, cinq pour la seconde –, en leur laissant une semaine complète pour réagir. « Cela fait des mois que vous préparez votre article. Vous me contactez au dernier moment pour vous répondre en me fixant un délai impossible à tenir compte tenu de mon agenda, a répondu Sophia Chikirou, lundi 2 octobre. Je prends acte du fait que vous avez fait en sorte de me priver du temps nécessaire pour répondre. Je trouve votre procédé déontologiquement discutable. Vous ne cherchez pas à avoir mon point de vue. Vous cherchez à vous dédouaner du fait que vous faites un article à charge, avec des allégations totalement fausses et vous ne me laissez pas le temps d’y répondre. » | |
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| Lire : | |
| Soupçons d’emplois fictifs et comptes de campagne : les deux informations judiciaires qui visent Mélenchon | |
| Selon les informations du Monde, Sophia Chikirou devrait être prochainement entendue par la justice en vue d’une éventuelle mise en examen pour « escroquerie aggravée ». Elle avait déjà été convoquée à ces fins en août 2022, mais le rendez-vous avait été reporté par la défense pour des raisons d’agenda. | |
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| La justice lui reproche à titre principal d’avoir facturé, par le biais de sa société Mediascop, des prestations avec des marges très supérieures aux autres professionnels du secteur. La facturation – dans la fourchette la plus haute du prix du marché – du travail de bénévoles ou de salariés peu payés, longtemps utilisée par les partis de gauche afin de se financer en l’absence de grands donateurs, avait généralement pour objectif de se faire rembourser ces marges par l’Etat afin de constituer une caisse noire en vue d’une prochaine échéance électorale. Mediascop fait, là, figure d’exception : selon une expertise judiciaire consultée par Le Monde, Sophia Chikirou s’est versé à elle-même la quasi-totalité des bénéfices de la campagne de 2017 en primes et dividendes. | |
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| Lire aussi : | |
| Sophia Chikirou : « Il n’y a pas eu surfacturation » dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon | |
| Ciblée par la justice, Sophia Chikirou n’a pas pris de recul dans ses activités politiques. Elle a annoncé, le 26 juin, son futur rôle de « coordinatrice » des groupes d’action LFI parisiens en vue de l’élection municipale de 2026, se replaçant ainsi au cœur de l’appareil politique « insoumis ». | |
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| Une carrière liée à celle de Mélenchon | |
| Loin d’être une novice en politique, Sophia Chikirou, arrivée sur le devant de la scène en juin 2022 en devenant, à 43 ans, députée de Paris, en a longtemps arpenté les coulisses. A 23 ans, elle devient l’assistante parlementaire de Michel Charzat, député et maire socialiste du 20e arrondissement de Paris. Il la présente à Laurent Fabius, qui en fait l’une de ses porte-parole pour la primaire socialiste en 2006, et à Jean-Luc Mélenchon, auquel elle liera son destin professionnel en 2008, lors du lancement du Parti de gauche. Entre-temps, elle fait un rapide détour en 2007 par La Gauche moderne de Jean-Marie Bockel, fraîchement rallié à Nicolas Sarkozy, et tente d’obtenir, en vain, le soutien de l’UMP pour se présenter comme tête de liste de La Gauche moderne aux municipales. | |
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| Jean-Luc Mélenchon (deuxième rang) discute avec Sophia Chikirou aux universités d’été de La France insoumise, à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme), le 27 août 2023. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » | |
| Durant les quinze années qui suivent sa rencontre avec Jean-Luc Mélenchon, la carrière professionnelle de Sophia Chikirou accompagne celle du cofondateur du Parti de gauche. En 2010, alors qu’il siège au Parlement européen, il la recrute comme assistante parlementaire pendant cinq mois. | |
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| A la mi-juillet 2011, Mediascop est créé par Sophia Chikirou et deux autres personnes. Quinze jours plus tard, ils décrochent le premier contrat avec Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2012. Depuis la création de Mediascop, « la quasi-totalité des chiffres d’affaires réalisés se rattachent à la personne de M. Mélenchon (…) ainsi qu’à des entités et-ou personnes liées au parti politique LFI et à des sociétés liées en tout ou partie à Mme Sophia Chikirou », note un rapport d’expertise comptable commandé par la justice. | |
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| Seule exception, « l’année 2013, qui présente une clientèle plus diversifiée ». En cette année postélectorale, les deux autres cofondateurs de Mediascop multiplient les candidatures aux appels d’offres. D’autant que les contrats du Parti de gauche se sont épuisés en même temps que la relation entre Sophia Chikirou et Jean-Luc Mélenchon s’est distendue. En septembre 2013, la communicante part en Equateur participer à une campagne du gouvernement équatorien contre une multinationale américaine, Chevron, accusée de polluer la forêt amazonienne. Son départ brusque ses associés, qui lui cèdent leurs parts. Désormais, le chiffre d’affaires de Mediascop évoluera au gré des activités de Jean-Luc Mélenchon. | |
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| Lire aussi la chronique (2019) : | |
| Elle est comme ça… Sophia Chikirou | |
| Equateur en 2013, Etats-Unis et Espagne en 2016, Mexique en 2018… Aucune des campagnes étrangères auxquelles Sophia Chikirou dit avoir participé – notamment pour justifier ses tarifs – n’a fait l’objet de rémunération. « Je n’ai pas facturé mon intervention [en Equateur], car cela venait enrichir mon expérience professionnelle », justifie-t-elle face aux enquêteurs en 2018. | |
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| Comment a-t-elle financé ces voyages ? Selon les documents recueillis par Le Monde, en 2016, Mediascop et le député européen Jean-Luc Mélenchon ont signé un contrat de 14 000 euros, payés sur son enveloppe parlementaire. Deux virements pour un total de 12 900 euros ont également été envoyés sur les comptes de Sophia Chikirou et de Mediascop par l’association Politique à gauche. Inconnue du grand public, cette association née en 2009 a pour objet « la promotion et diffusion par tous les moyens des idées (…) de Jean-Luc Mélenchon », notamment avec l’édition d’une collection de livres politiques. C’est un véhicule, aussi, pour collecter des fonds afin de financer des actions militantes en amont des campagnes électorales. | |
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| LFI généreuse avec Mediascop | |
| Selon les informations du Monde, le premier virement de 8 400 euros à destination de Mediascop avait été demandé par Jean-Luc Mélenchon lui-même aux gestionnaires de l’association, sous prétexte que le Parlement européen tardait à payer Mediascop. Six ans plus tard, ce qui devait initialement être une avance de trésorerie, en dehors des statuts de l’association, n’avait toujours pas été remboursé. | |
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| Le deuxième virement de 4 500 euros, effectué directement sur le compte de Sophia Chikirou, lui, était officiellement destiné à l’écriture d’un livre sur la campagne pour la primaire démocrate américaine de Bernie Sanders, finalement abandonnée – sans que l’association ait récupéré, là encore, son dû six ans plus tard. | |
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| En 2017, Mediascop est généreusement rémunéré durant la campagne de Jean-Luc Mélenchon, dont Sophia Chikirou est directrice de communication, note le rapport d’expertise comptable. Mais malgré les 1,16 million d’euros facturés par Mediascop, des locaux sont mis gracieusement à sa disposition au sein du siège de campagne. D’autres prestataires proches du candidat, comme l’association L’Ere du peuple, une cousine de Politique à gauche, se sont, eux, acquittés d’un loyer. | |
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| Lire aussi : | |
| Comptes de campagne 2022 de Jean-Luc Mélenchon : les prestations de Sophia Chikirou scrutées, mais validées | |
| La plupart des « coûts de structure » de Mediascop, soit 33 325 euros, ont également été payés par la campagne de Jean-Luc Mélenchon, diminuant drastiquement les frais à la charge du prestataire. Des doublons dans la facturation sont également repérés par les experts-comptables, comme la mise en ligne sur Soundcloud de « dix-neuf discours (…) au prix unitaire de 250 euros, étant précisé que la gestion du compte est déjà intégrée au poste de community manager » également facturé 250 euros par jour. | |
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| Sophia Chikirou facture également son rôle de directrice de campagne par le biais de Mediascop, d’abord à 400 euros par jour en 2016, puis à 600 euros en 2017. Une évolution due à l’embauche d’assistants de direction inclus dans ce tarif, explique-t-elle aux rapporteurs chargés d’examiner les comptes de sa campagne. Ceux de son entreprise montrent qu’il s’agissait d’une salariée au smic et d’un stagiaire. | |
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| Si la plupart des prestations extérieures ont été refacturées avec une faible marge, le travail des salariés et des stagiaires de Mediascop a été facturé avec des suppléments importants. La plupart étaient payés à des niveaux de salaires inférieurs à leurs compétences – six de ces salariés sur treize étaient payés au smic, trois autres touchaient 12,50 euros de l’heure. Ils avaient été convaincus par Sophia Chikirou d’accepter une faible rémunération « pour la cause », en raison du faible budget supposé de la campagne, expliquent plusieurs d’entre eux, interrogés par Le Monde. | |
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| Leur travail, lui, a été facturé au prix pratiqué par les plus grandes agences de communication. Sans coûts fixes à payer, avec des coûts salariaux faibles, Mediascop a ainsi dégagé une marge nette de 18 % sur la campagne de 2017, bien au-dessus de ses concurrents étudiés par les experts judiciaires, qui se situaient entre 1 % et 8 %. | |
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| Lire aussi : | |
| Sophia Chikirou dans « Le Monde », de conseillère de l’ombre à tête de liste de la Nupes | |
| Jusqu’ici, ce système était admis par les militants et les cadres « insoumis », qui y voyaient une méthode nécessaire pour financer leur activité politique. Selon le rapport comptable, les marges dégagées ont surtout servi à rémunérer Sophia Chikirou. A la fin de 2016, outre les 9 500 euros au titre de son statut de dirigeante (environ 2 375 euros brut entre septembre et décembre), la communicante a décidé de se verser 64 000 euros de dividendes bruts sur les 76 000 euros de bénéfices dégagés par sa société cette année-là. En 2017, sa rémunération brute s’est élevée à 64 368 euros (5 364 euros brut par mois), à laquelle s’est ajoutée une prime de 65 000 euros, versée l’année suivante. Quelques menus coûts personnels – une cafetière, un micro-ondes et une télévision – ont, par ailleurs, été pris en charge par son entreprise. | |
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| « En politique, on ne s’excuse jamais » | |
| Après la présidentielle et les législatives, Sophia Chikirou s’est lancée, dès la rentrée 2017, dans la création, avec deux autres personnes, d’une webtélé « humaniste, progressiste, écologique, féministe », officiellement indépendante de La France insoumise. Le Média naît en janvier 2018, après une campagne de financement participatif menée pendant quatre mois par la communicante. Rapidement, le style de management et la vision militante de Sophia Chikirou crispent la rédaction. | |
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| En avril 2018, Le Média annonce, à tort, que l’évacuation policière de l’université de Tolbiac, à Paris, a provoqué un blessé grave. Après plusieurs jours de flottement, un communiqué est préparé, sans que Le Média y reconnaisse directement avoir commis une erreur. Des journalistes demandent la publication d’un vrai mea culpa. « En politique, on ne s’excuse jamais », leur rétorque Sophia Chikirou, avant de déclarer à une salariée que « cette bande de tafioles de merde » devrait « se [mettre son communiqué] dans le cul profond », dans un message que Le Monde a pu consulter. | |
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| Lire l’entretien : | |
| Sophia Chikirou : « J’ai les preuves, je n’ai pas peur » | |
| Démissions, arrêts-maladie, premiers signes de défiance des journalistes… dès le printemps, la directrice du Média sent que son maintien en poste est compromis. Le 18 avril, celle qui s’était toujours présentée comme bénévole envoie au comptable du Média, sans le signaler aux autres cofondateurs, une facture de près de 64 000 euros pour l’organisation de la levée de fonds et du lancement de la webtélé. Sa facture reste ignorée jusqu’au 18 juin, date à laquelle elle signe elle-même le chèque, dont Le Monde s’est procuré la copie, pour procéder au paiement. Le 13 juillet, au lendemain de sa révocation comme présidente de l’entreprise de presse, la communicante demande le règlement d’une deuxième facture, de 67 000 euros, pour le travail effectué au premier semestre 2018. Ce deuxième versement est bloqué par la banque, inquiète du manque de fonds du Média. | |
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| Litige commercial avec Le Média | |
| Pour solder son départ, la direction l’invite à vider son bureau, le 27 juillet, jour de la fermeture estivale des locaux. Au dernier moment, elle annule le rendez-vous. A leur retour de vacances, le 20 août, les employés découvrent stupéfaits à travers les parois vitrées de son bureau qu’il a été vidé. L’alarme du bâtiment n’a relevé aucune intrusion, les seules entrées dans les locaux ont eu lieu grâce aux codes d’accès. Son bureau, désormais vide, est fermé à clé. Du matériel vidéo, un classeur contenant toutes les factures du Média, une broyeuse et deux chèques – dont celui correspondant au règlement de sa deuxième facture – ont été emportés. | |
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| Lire aussi : | |
| Sophia Chikirou veut faire payer ses anciens camarades du « Média » | |
| Après une tentative de conciliation, la webtélé dépose deux plaintes contre X pour « vol », à l’automne. La communicante, elle, assigne Le Média pour obtenir le paiement de sa deuxième facture. La justice ne tranchera pas le litige commercial. Selon les informations du Monde, un accord a été scellé entre Le Média et Sophia Chikirou. En échange de l’absence de contestation de sa première facture, l’ancienne directrice abandonne sa réclamation concernant le paiement de la deuxième. | |
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| Mme Chikirou a, par ailleurs, témoigné sur l’honneur dans le cadre d’une procédure aux prud’hommes opposant Le Média à une personne demandant à être payée après avoir participé au crowdfunding. « Les personnes intervenues entre septembre et décembre 2017 pour contribuer au lancement du Média étaient toutes bénévoles », écrit-elle dans l’attestation que Le Monde s’est procurée. L’enquête préliminaire sur les vols est, elle, « en voie d’être clôturée » et sera bientôt « transmise au parquet de la [juridiction spécialisée en matière financière] pour analyse des suites à donner », confirme le parquet de Paris. La signature d’un accord est sans effet sur la procédure pénale. | |
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| « C’est qui la stagiaire avec sa robe de chambre ignoble ? » | |
| Après le fiasco du Média, sa porte de sortie s’appelle de nouveau LFI. La communicante annonce avoir « accepté la proposition de Jean-Luc Mélenchon et de Manuel Bompard de prendre en charge une mission de contact permanent avec (…) Podemos pour la campagne européenne » de 2019. « Son arrivée n’a jamais été discutée », regrette alors auprès du Monde la professeure de droit Charlotte Girard, qui devait faire partie du binôme en tête de la liste « insoumise » aux européennes. La prise de parole publique de cette figure historique du Parti de gauche passe mal auprès de Jean-Luc Mélenchon. | |
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| En novembre 2018, Charlotte Girard annonce qu’elle ne mènera finalement pas la liste « insoumise » et quitte, dans les mois qui suivent, ses responsabilités au sein du mouvement. De nombreux compagnons de route de Jean-Luc Mélenchon s’éloignent également de LFI entre 2018 et 2020. L’influence en interne de Sophia Chikirou demeure importante. Mise en minorité en réunion, elle gagne un à un les arbitrages rendus par le chef de file des « insoumis », relatent plusieurs témoins auprès du Monde. | |
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| Après le premier tour des élections régionales de 2021, écologistes, socialistes et « insoumis » se retrouvent pour une longue nuit de négociations en vue de s’unir. Arrivé en tête des candidats de gauche en Ile-de-France, Julien Bayou désigne sa directrice de campagne pour présider le groupe le plus sensible, le « dispositif humain », chargé de monter la nouvelle liste pour le second tour. A 31 ans, vêtue d’un trench camel, Léa Balage El Mariky tranche avec les jeunes loups et les vieux briscards présents autour de la table. « C’est qui la stagiaire avec sa robe de chambre ignoble ? », s’exclame en ricanant Sophia Chikirou depuis la salle où sont rassemblés les communicants. Choqués, les écologistes obtiennent son exclusion de la négociation. Ses excuses viendront près d’un an plus tard, alors que se préparent de nouvelles négociations communes en vue des élections législatives de 2022. | |
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| Aux législatives, une investiture imposée | |
| Entre-temps, Sophia Chikirou participe à l’élection présidentielle en tant que prestataire, sans occuper cette fois de fonction officielle dans l’équipe de campagne du candidat « insoumis ». Les législatives qui suivent constituent une nouvelle occasion pour La France insoumise de faire appel à l’entreprise de Sophia Chikirou. Clips officiels, gestion des réseaux sociaux, création d’affiches… Plus de 100 000 euros ont été versés par le mouvement à L’internationale, nouveau nom de Mediascop, lors de ces législatives, selon les factures que s’est procurées Le Monde. | |
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| A la différence des autres élections, cependant, la quadragénaire n’est pas seulement prestataire : elle est candidate en son nom. Pour elle, plus qu’une consécration, il s’agit d’une revanche. En 2006, le Parti socialiste lui avait fait miroiter une investiture, avant de lui préférer une autre élue. Cette fois, la communicante a le chef de file des « insoumis » avec elle. Qu’importe donc qu’aucun des militants du 20e arrondissement n’ait voté pour son investiture. Sa candidature est également posée comme un préalable non négociable aux échanges de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), privilège en principe réservé aux seuls élus sortants. En l’espace d’un peu plus d’un an, onze assistants parlementaires ont travaillé pour elle, sans compter les stagiaires. Huit sont partis, la plaçant dans le top 5 des députés affichant le plus important taux de rotation de collaborateurs. | |
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| Des députés ont également fait les frais de sa brutalité – sans qu’elle ait été recadrée. A la fin de mai, sur la boucle Telegram des soixante-quinze députés LFI, où figure également Jean-Luc Mélenchon, l’élue de Dordogne Pascale Martin partage son retour d’expérience en vue du prochain bureau des députés LFI. La critique, qui se veut constructive, n’est pas appréciée par Sophia Chikirou. « Tu l’as passé à la presse aussi ? (…) Pas envie de faire semblant d’être camarade avec des gens qui espèrent exister en faisant les langues de pute », écrit-elle dans un message consulté par Le Monde. | |
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| Soutien public à Quatennens | |
| Les deux élues s’étaient déjà opposées à l’automne 2022 lorsqu’un proche de Jean-Luc Mélenchon, le député du Nord Adrien Quatennens, avait reconnu des violences sur son épouse. Pascale Martin avait jugé « inacceptables » les marques de soutien publiques au député, dont celles de Jean-Luc Mélenchon et de Sophia Chikirou. En coulisses, la communicante s’était aussi chargée de forger des éléments de langage, incitant les élus à défendre « un homme pris dans un divorce difficile », selon des messages consultés par Le Monde. Fine connaisseuse de BFM-TV, où elle a été chroniqueuse entre 2019 et 2021, elle était également à la manœuvre de l’entretien intimiste donné par Adrien Quatennens à la chaîne d’information, le 14 décembre 2022, au lendemain de sa condamnation pour violences conjugales et de sa suspension du groupe LFI. | |
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| Lire aussi : | |
| Le retour d’Adrien Quatennens au sein du groupe « insoumis » divise la Nupes | |
| Cette contre-offensive médiatique avait été jugée en contradiction avec les valeurs du mouvement par de nombreux militants et cadres, creusant plus encore le fossé entre le premier cercle de Jean-Luc Mélenchon et les autres « insoumis ». | |
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| En public comme en privé, Sophia Chikirou ne retient pas ses coups contre ceux qui ne suivent pas strictement la ligne dictée par le chef de file – au premier rang desquels les députés François Ruffin, Alexis Corbière, Raquel Garrido et Clémentine Autain. Le 15 septembre, sur la boucle Telegram des députés « insoumis », un élu alerte contre « les chasses aux ennemis de l’intérieur ». Réponse immédiate de Sophia Chikirou : « Tu as raison. (…) Je préfère attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps. » | |
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| Laura Motet | |
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| qui est Sophia Chikirou, la protégée de Jean-Luc Mélenchon ? qui est Sophia Chikirou, la protégée de Jean-Luc Mélenchon ? | |
| Publié le 05/10/2023 23:15 Mis à jour le 06/10/2023 00:16 | |
| Durée de la vidéo : 2 min | |
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| FRANCE 2 | |
| Article rédigé par | |
| J. Darguerre, M. Renier, J. Cohen-Olivieri | |
| France Télévisions | |
| Les équipes de "Complément d’enquête" ont enquêté sur Sophia Chikirou, députée et protégée de Jean-Luc Mélenchon. Qui est-elle ? Éléments de réponse. | |
| Son visage est peu connu du grand public, c’est pourtant l’une des plus puissantes collaboratrices de Jean-Luc Mélenchon. Sophia Chikirou, députée de Paris, a imposé un style très cash sur les bancs de l’Assemblée nationale. Critiquée jusque dans les rangs de son parti pour ses méthodes jugées brutales, l’Insoumise est au cœur de l’enquête sur les comptes de campagne de LFI. Elle est sous la menace d’une éventuelle mise en examen pour escroquerie aggravée. | |
| Lors de la présidentielle de 2017, Sophia Chikirou avec sa société est soupçonnée d’avoir surfacturé ses prestations de communication à Jean-Luc Mélenchon afin de se les faire rembourser par l’Etat. Facture totale : 1,161 millions d’euros. Selon un journaliste d’investigation, il y a un léger soupçon de dérives. Chez LFI, cette affaire embarrasse, mais rares sont ceux qui osent critiquer publiquement la femme de confiance de Jean-Luc Mélenchon. Les poids lourds qui ont témoigné ont exigé l’anonymat. | |
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| https://www.francetvinfo.fr/politique/la-france-insoumise/la-france-insoumise-qui-est-sophia-chikirou-la-protegee-de-jean-luc-melenchon_6104016.html | |