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TikTok & La Communauté Européenne
Le Parlement européen fera campagne sur TikTok, malgré les risques de sécurité
Le projet du Parlement européen d’utiliser TikTok pour la campagne électorale, alors que plusieurs institutions de l’UE — dont le Parlement — ont banni le réseau social des appareils utilisés par son personnel l’année dernière en raison de problèmes liés à la cybersécurité, soulève de nombreuses questions, les détails de l’approche du Parlement n’ayant pas été divulgués.
Début février, Euractiv a rapporté que le Parlement se préparait à utiliser TikTok pour la campagne électorale, bien que la Commission européenne et le Parlement aient interdit l’application sur les appareils de leur personnel l’année dernière en raison de problèmes liés à la cybersécurité.
L’exécutif de l’UE a été le premier à interdire l’application en mars de l’année dernière, lorsque le service informatique a demandé au personnel de la Commission de désinstaller TikTok de leurs appareils professionnels. Le Parlement européen lui a emboîté le pas quelques jours plus tard.
L’application a été bannie des appareils professionnels parce que des contacts de la Commission et des photos ou encore des documents parfois confidentiels sont stockés sur ces derniers , a expliqué à Euractiv Valentin Weber, chercheur au centre pour la géopolitique, la géoéconomie et la technologie du German Council on Foreign Relations (DGAP).
Bien que le Parlement ait confirmé qu’il prévoyait d’utiliser TikTok, il n’a pas donné de précisions sur la manière dont il comptait s’y prendre pour respecter au mieux les exigences en matière de cybersécurité.
Utiliser TikTok en toute sécurité Selon Valentin Weber, la première étape pour utiliser TikTok en toute sécurité serait d’acheter un nouveau téléphone « vierge » qui ne serait utilisé que pour se rendre sur le réseau social chinois. Il estime que l’utilisation d’un téléphone personnel serait « tout aussi néfaste » que celle d’un appareil professionnel.
Selon l’Associated Press, c’est ce que font déjà les équipes de campagne du président américain Joe Biden aux États-Unis, qui utilisent un téléphone portable spécifique pour TikTok afin d’isoler l’application des autres moyens de communication, en plus de mettre en œuvre d’autres mesures.
Joe Biden s’est récemment lancé sur TikTok, une décision qui semble diviser les Américains, alors que les employés du gouvernement fédéral et de plusieurs États américains n’ont plus le droit d’utiliser l’application sur leurs appareils professionnels depuis l’année dernière.
Suivant les conseils de l’équipe de cybersécurité du Financial Times, la journaliste Cristina Criddle a également opté pour un téléphone réservé uniquement à TikTok, après avoir découvert dans un article du New York Times paru fin 2022 qu’elle était espionnée par l’application.
« La deuxième chose à faire est de n’utiliser aucune infrastructure du Parlement européen. Cela signifie que vous ne pouvez pas utiliser le réseau Wi-Fi dans les bâtiments du Parlement européen », a ajouté M. Weber.
Un porte-parole de l’hémicycle a expliqué que « la présence institutionnelle envisagée par le Parlement peut être assurée sans utiliser l’infrastructure ou les appareils du Parlement européen ». En effet, « plusieurs options » seraient disponibles et permettraient de respecter « pleinement sa décision relative à la sécurité du réseau ».
En outre, étant donné que l’interdiction pour les personnes travaillant au Parlement d’utiliser TikTok sur leurs appareils professionnels sera maintenue, l’application ne sera probablement pas installée sur leurs téléphones professionnels.
« La décision relative à la sécurité du réseau ne sera pas remise en cause. Cette question continuera d’être évaluée », a ajouté le porte-parole.
Cependant, même un téléphone vierge sans connexion au Wi-Fi du Parlement peut présenter des risques.
« Il ne s’agit pas seulement des données [du téléphone], mais aussi de ce qu’il peut faire. Il peut enregistrer des fichiers audio et vidéo. Il ne peut donc pas être utilisé lors de réunions à huis clos, ni pendant la campagne électorale lorsque le candidat dit quelque chose ou lorsque des questions potentiellement compromettantes sont discutées », a averti M. Weber.
« Si des membres du personnel de l’UE assistaient à une réunion confidentielle avec leur téléphone portable personnel et TikTok installé dessus, cela poserait un risque similaire », a-t-il poursuivi.
Enregistrer quoi que ce soit dans de tels endroits « pourrait déjà être trop risqué », a-t-il dit, ajoutant que « la seule chose à faire en toute sécurité est de recourir à la publication croisée depuis d’autres plateformes, et ce dans un endroit où rien de confidentiel n’est en train d’être discuté ». La publication croisée consiste à partager le même contenu sur plusieurs réseaux sociaux.
« On ne peut pas se contenter de choisir [une seule de ces exigences] », toutes doivent être en place pour garantir une utilisation de l’application en toute sécurité.
« Je pense qu’il est pénible de faire tout cela. Les gens ne suivront probablement pas toutes ces règles de sécurité en tout point — si tant est que ces règles soient mises en place », a prévenu l’expert.
Le Parlement européen utilisera TikTok pendant la campagne électorale
Le Parlement européen devrait utiliser TikTok durant la prochaine campagne électorale, bien que les institutions de l’UE aient banni le réseau social des appareils utilisés par son personnel l’année dernière en raison de problèmes liés à la cybersécurité, a confirmé le service de presse du Parlement à Euractiv.
Bien que son personnel ne pourra toujours pas utiliser l’application, le service de presse de l’institution a expliqué que le Parlement maintiendrait une présence sur TikTok avant les élections de juin.
« La direction générale de la communication prévoit de mettre en place une présence institutionnelle sur la plateforme sans utiliser initialement les appareils et les réseaux du Parlement européen », a précisé le service de presse.
« Cela permettrait au [Parlement européen] de lutter contre la désinformation et de faire passer son message tout en préservant la sécurité de ses systèmes. »
La Conférence des présidents, l’organe du Parlement européen responsable de l’ordre du jour des sessions plénières, devrait discuter de la question lors de sa réunion de jeudi (8 février), comme l’ont indiqué à Euractiv plusieurs sources proches du dossier.
L’organe devrait également approuver un débat pour la prochaine session plénière de fin février sur l’ingérence étrangère lors des élections européennes, avec la commissaire à l’État de droit Věra Jourová, selon un document interne du Parlement européen, consulté par Euractiv.
La Commission européenne avait été la première à interdiction l’application chinoise, son service informatique avait demandé en février 2023 au personnel de désinstaller TikTok des appareils de l’entreprise.
À l’époque, le service informatique de la Commission avait justifié la décision en mentionnant des préoccupations de protection des données de la Commission et la nécessité d’« accroître sa cybersécurité », comme l’avait rapporté Euractiv.
Le Parlement européen lui avait emboîté le pas quelques jours plus tard et avait interdit à son personnel d’utiliser le réseau social le 28 février.
Parallèlement à cette interdiction, des groupes politiques et des membres du Parlement utilisent TikTok sur leurs appareils personnels dans le cadre de la campagne électorale à venir.
Stratégie électorale Le Parlement européen investit 37 millions d’euros dans sa stratégie de communication pour encourager les citoyens à aller voter, avait rapporté Euractiv en septembre.
Il a notamment identifié des « célébrités » européennes — des « multiplicateurs » — qui seraient essentielles à la promotion des élections de juin auprès des citoyens européens.
Lors d’une conférence de presse en janvier, le commissaire européen Margarítis Schinás a publiquement demandé à la pop-star américaine Taylor Swift d’appeler les jeunes à voter aux élections européennes.
« En septembre dernier, Taylor Swift a lancé un appel sur les réseaux sociaux aux jeunes Américains pour qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales, et le lendemain de son post, 35 000 jeunes Américains se sont inscrits », avait expliqué M. Schinás aux journalistes.
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