Le président américain veut intensifier les descentes d'agents de la police fédérale de l'immigration (ICE) dans les villes démocrates dans le but de réaliser «le plus grand programme d'expulsion massive de l'histoire»
Donald Trump veut mener le «plus grand programme d'expulsions massives de l'histoire». Le président américain a ordonné, dimanche, de nouvelles opérations antimigrants à Los Angeles, Chicago et New York, des villes dirigées par des «démocrates d'extrême gauche» à «l'esprit malade».
«Nous devons redoubler d'efforts pour arrêter et expulser les étrangers illégaux des plus grandes villes américaines comme Los Angeles, Chicago et New York, où des millions d'étrangers illégaux habitent», a déclaré le président républicain sur son réseau Truth Social. «Ces villes, et d'autres, sont le noyau central du pouvoir démocrate», a-t-il ajouté.
Des descentes à répétition d'agents de la police fédérale de l'immigration (ICE) à Los Angeles ont déclenché des manifestations parfois ponctuées de violences dans la deuxième ville des Etats-Unis, auxquelles le président a répondu en déployant 4000 gardes nationaux et 700 Marines, un corps d'élite, contre la volonté du gouverneur de Californie et de la maire. Samedi, au moment où Donald Trump présidait une grande parade militaire à Washington, des centaines de milliers d'opposants sont descendus dans les rues sous le mot d'ordre «No Kings» («pas de rois») pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des dérives dictatoriales du président.
Dans sa longue diatribe sur Truth Social dimanche, le président républicain a affirmé que «chaque jour, les courageux hommes et femmes de l'ICE sont soumis à des actes de violence, au harcèlement et même à des menaces de la part de politiciens démocrates radicaux». Mais, a-t-il insisté, «rien ne nous empêchera d'exécuter notre mission (...) Les agents de l'ICE ont, par la présente, ordre de faire tout leur possible pour atteindre l'objectif très important de réaliser le plus grand programme d'expulsion massive de l'histoire».
Il a dit avoir ordonné à l'ICE et aux autres corps de maintien de l'ordre de «SE CONCENTRER sur nos centres-villes criminogènes et meurtriers». Toute l'administration, a-t-il insisté, a ordre «de mettre toutes les ressources possibles derrière cet effort, et d'inverser la marée de la migration de destruction massive qui a transformé des villes autrefois idylliques en scènes de dystopie du Tiers-Monde».
«Vous avez mon soutien indéfectible. Maintenant allez, FAITES LE BOULOT!», a-t-il écrit à l'intention de l'ICE et des «patriotes» des autres administrations. «De VRAIS Américains vous acclament tous les jours.»
«Les démocrates d'extrême gauche ont l'esprit malade, détestent notre pays et veulent en réalité détruire nos centres-villes – et ils y parviennent!», a encore lancé le président.
«Il y a quelque chose qui ne va pas chez eux», a-t-il poursuivi dans sa diatribe, énumérant une série de griefs, notamment des accusations selon lesquelles les démocrates «croient aux frontières ouvertes, au transgenre pour tout le monde, et aux hommes jouant dans les sports féminins.»
A Los Angeles, le couvre-feu décrété par la mairie le 10 juin pour prévenir les violences et le vandalisme en marge des manifestations contre la politique migratoire de Donald Trump restera en vigueur «pendant encore au moins deux jours», a déclaré la maire démocrate Karen Bass dimanche à la chaîne locale KTLA. «Nous ne savons pas combien de raids vont avoir lieu, nous ne savons pas quelle sera la nature des raids, et chaque fois que cela se produit, cela génère vraiment beaucoup de colère dans la ville», a-t-elle expliqué.
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REVUE DE PRESSE. Dans la nuit de vendredi à samedi, une représentante démocrate de l’Etat du Minnesota et son mari ont été abattus à leur domicile. Aux Etats-Unis, la violence politique n’a jamais été aussi importante depuis les années 1970
Samedi avant l’aube, un homme s’est introduit chez la représentante de l’Etat du Minnesota Melissa Hortman, au nord de Minneapolis. Il a abattu l’élue démocrate de 55 ans, qui défendait les droits reproductifs et différentes causes progressistes depuis deux décennies, et son mari Mark. Avant de se rendre chez eux, l’agresseur avait attaqué et blessé par balle le sénateur du Minnesota John Hoffman, démocrate également, et son épouse Yvette. Les autorités, qui ont qualifié ces attaques de fusillades «à motivation politique», ont arrêté le suspect, Vance Boelter, 57 ans, dimanche.
Ce week-end, l’émotion était forte dans le pays, alors que des millions d’Américains sont descendus dans la rue pour dénoncer les politiques de Donald Trump. Le président, lui-même visé par deux tentatives d’assassinat durant sa campagne, a déclaré qu'«une violence aussi horrible ne sera pas tolérée aux Etats-Unis d’Amérique.» Dans le flot des dénonciations, il y a aussi celles de l’ancienne représentante démocrate Gabby Giffords, blessée par balle à la tête en 2011, du représentant républicain Steve Scalise, blessé par balle lors d’un match de baseball en 2017, de la gouverneure démocrate du Michigan Gretchen Whitmer, qui a fait l’objet d’un projet d’enlèvement en 2020, de l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi dont le mari a été attaqué à coups de marteau en 2022, ou encore celle du gouverneur démocrate de Pennsylvanie Josh Shapiro, qui a vu sa cuisine partir en fumée lors d’un incendie criminel en avril dernier.
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Jongler entre travail et préservation de soi est un art délicat. Pour prévenir l’épuisement, la psychologue du travail et spécialiste du burn-out Catherine Vasey livre quatre clés concrètes pour se préserver et mieux poser ses limites
Trouver l’équilibre. Un idéal aussi séduisant que flou, souvent convoqué dans le monde du travail, sans réellement savoir ce qu’il recouvre. Faut-il viser l’efficacité ou le repos? Cultiver l’ambition ou inciter à la déconnexion? Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons demandé à Catherine Vasey, psychologue du travail et spécialiste du burn-out, de nous livrer quelques conseils pour prévenir la surcharge. Une thématique qu’elle aborde notamment dans son ouvrage La Boîte à outils de votre santé au travail, publié en 2020 aux Editions Dunod.
CHRONIQUE. Il est urgent de répondre à la crise touchant la nature et le climat en comprenant, en repensant et en transformant fondamentalement notre économie
Alors que Nice vient d’accueillir la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 2025), une évidence s’impose: transformer notre économie en investissant dans la nature constitue l’une des voies à suivre pour s’attaquer aux causes profondes de la crise du climat et de la biodiversité. Le secteur financier, en particulier, joue un rôle clé, notamment en se dotant de Chief Nature Officers (CNO) capables de repenser la finance mondiale autour des limites planétaires, de mobiliser des capitaux vers des solutions fondées sur la nature et de contribuer à transformer notre modèle économique défaillant. Car l’économie de demain ne pourra prospérer que si elle le fait en harmonie avec la nature.
La crise environnementale ne peut être résolue sans comprendre, valoriser et investir dans la nature pour ce qu’elle est fondamentalement: le véritable moteur de notre économie. La nature est à la base de notre économie car elle constitue l’infrastructure clé qui régule notre système planétaire, comprenant notre climat, l’eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons et l’air que nous respirons.
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L’Organisation des Nations unies est contrainte de réduire d’un tiers son plan d’aide à destination d'une centaine de millions de personnes dans le besoin, en raison de baisses brutales de son financement
L’ONU a annoncé lundi une révision drastique de son plan d’aide humanitaire mondial pour cette année, en raison «des pires coupes financières qui ont jamais frappé le secteur humanitaire», selon un communiqué.
Le nouveau plan de 29 milliards de dollars, là où l’ONU en réclamait 44 milliards pour 2025, doit «hyper-prioriser» l’aide pour 114 millions de personnes, selon le communiqué diffusé par l’agence de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA).
Tout le secteur humanitaire mondial a été jeté dans la tourmente par la décision du président américain Donald Trump de mettre fin ou de revoir à la baisse l’aide financière à l’étranger des Etats-Unis.
Les Etats-Unis étaient jusque-là le principal donateur en termes d’aide au développement sous toutes ses formes et les coupes brutales du financement ont des conséquences dramatiques pour l’aide d’urgence, la vaccination ou encore la distribution de médicament pour lutter contre le sida.
Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, parmi de nombreux autres, avait alors dénoncé une décision qui pourrait coûter la vie à des millions de gens. Mais les Etats-Unis ne sont pas seuls en cause, nombre de pays donateurs ayant revu à la baisse leur aide pour se consacrer à d’autres priorités dans des contextes économiques parfois difficiles.
Selon OCHA, l’ONU n’a réussi à récolter que 5,6 milliards de dollars, sur les 44 milliards initialement réclamés, soit 13% du total alors que l’on est déjà à la moitié de l’année et que les crises humanitaires se sont multipliées: Soudan, Gaza, République démocratique du Congo, Birmanie notamment.
«Nous avons été forcés de faire un tri de la survie humaine», a dénoncé Tom Fletcher, le sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence. «Les comptes sont cruels, et les conséquences sont déchirantes. Trop de personnes ne recevront pas l’aide dont elles ont besoin, mais nous sauverons autant de vies que possible avec les ressources qui nous sont données», a-t-il promis.
CHRONIQUE. Notre chroniqueur Alexis Favre, journaliste à la Radio Télévision Suisse (RTS), revient sur le drame de Blatten et sur la difficulté de parler du climat et des catastrophes naturelles, entre acouphène et déni
Travailler pour un média de service public suppose de s’exposer à la critique. C’est vrai quand on tient l’antenne, plus vrai encore quand les sujets sont sensibles, et triplement vrai à l’heure du débat qui s’ouvre, sur ce que nous coûtons et le montant de la facture.
Blatten fut, et reste l’occasion d’en faire à nouveau l’expérience. Avec deux griefs parfaitement symétriques, formulés sur les tons les plus variés et les modes les plus fleuris. A ma droite, une exaspération de la ritournelle climatique, perçue comme permanente, transversale, lancinante et obsessionnelle dans les rédactions; à ma gauche, le désespoir anxieux de ne pas nous entendre marteler plus sérieusement, plus vocalement, plus urgemment et si possible en degrés Celsius les causes profondes de la catastrophe.
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Sur les 65 000 participants que réunit l’événement, quelques-uns seulement ont atteint le plus haut niveau international. Mais, à l’instar de Luca Murabito et Anny Wu, membres des cadres nationaux, ils se réclament de la même «grande famille» que tous les autres
Dans la foule, nombreuse et bigarrée, qui s’est donné rendez-vous dimanche à Lausanne pour la Fête fédérale de gymnastique, il est amusant d’essayer de deviner qui pratique quelle discipline. Ces gros biceps servent-ils à lever une pierre dans les si pittoresques Jeux nationaux? Cette silhouette cabrée et élancée excelle-t-elle en gymnastique artistique?
Méfiance, méfiance, les apparences peuvent être trompeuses. Qui oserait affirmer que ce jeune homme, parfaitement gainé certes mais pas dessiné comme d’autres, a terminé au sixième rang du concours au sol des récents Championnats d’Europe de Leipzig? Et que cette jeune femme en train de se régaler d’un gros burger fut, lors du même rendez-vous continental, la seule Suissesse à atteindre la finale du concours général?
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Quarante ans après l’introduction de la LPP obligatoire, quel bilan peut-on dresser? Devenue un élément majeur de la politique sociale suisse, à quels défis doit faire face la prévoyance professionnelle? Des réformes sont-elles nécessaires? Comment les assurés doivent-ils anticiper leur retraite? Eléments de réponses dans ce dossier spécial réalisé par l’Association Suisse des Institutions de Prévoyance (ASIP)
Les traumatismes et les blessures infligés aux civils palestiniens par les chiens de l’armée israélienne sont dénoncés depuis longtemps par des organisations de défense des droits humains. Une enquête d’Arab Reporters for Investigative Journalism et du «Guardian» éclaire sur le parcours de ces canidés-soldats
L’unité canine de l’armée israélienne s’appelle Oketz, «la piqûre» en hébreu. Elle a été fondée en 1974 sur la base de Sirkin, à une quinzaine de kilomètres de Tel-Aviv, après le massacre de Ma’alot lors duquel un commando palestinien avait fait une centaine d’otages dans une école. Une trentaine de personnes, en majorité des enfants, avaient été tuées. Les chiens de cette unité – des malinois belges et des bergers allemands principalement – bénéficient d’un important capital sympathie dans le pays. Ils reçoivent un repas spécial pour Pessah, la Pâques juive, et leurs dépouilles reposent dans des cimetières dédiés.
Sur le terrain, chaque animal est assigné à l’une des compagnies de l’unité, elles-mêmes organisées selon trois missions: «neutralisation des terroristes en situation de combat; détection d’explosifs; et recherche et sauvetage», listait le Jerusalem Post en juin 2024, dans un article consacré à ces «fidèles compagnons des soldats» qui, depuis le 7-Octobre, «ont sauvé des vies – et ont donné la leur en conséquence».
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Il ne reste plus qu’un site bernois pour accueillir la Swiss Football Home, complexe voué à devenir le siège de l’Association suisse de football autant que le lieu de rassemblement des équipes nationales. Payerne et Morat sont hors jeu
L’Association suisse de football (ASF) a tranché. Si elle parvient à mener à bout son projet de Swiss Football Home, ce sera à Thoune et nulle part ailleurs. Ces derniers mois, plusieurs sites étaient évoqués pour accueillir un complexe voué à devenir à la fois le siège de l’instance, le lieu de rassemblement des équipes nationales ainsi qu’un centre sportivo-hôtelier disponible à la location. Payerne. Morat. Las, les Romands devront franchir le Röstigraben pour s’y rendre: la «Maison du football suisse» sera édifiée sur le Burgerallmend, à proximité de la Stockhorn Arena, l’antre du FC Thoune.
Ce choix ne constitue toutefois qu’un «pas de plus» vers la construction du campus, souligne le président de l’ASF, Dominique Blanc, qui cédera son poste à Peter Knäbel au terme de l’Euro 2025, dans un communiqué. «Il s’agit maintenant de poursuivre les négociations avec la ville, le canton de Berne et la bourgeoisie de Thoune. Outre les aspects financiers, il s’agit aussi de discuter des différentes options d’exploitation du campus.» Il prévoit plusieurs terrains de football, des vestiaires, des salles de fitness, un auditorium ainsi qu’un bâtiment administratif pour accueillir les quelque 150 collaborateurs de l’ASF.
«Nous faisons partie des rares nations de football en Europe qui n’ont pas encore de campus avec leur propre infrastructure de football», rappelle Dominique Blanc, toujours dans le communiqué, jugeant le complexe nécessaire pour rester au meilleur niveau international, que ce soit sur le plan du jeu, de l’arbitrage ou de la formation des entraîneurs. Une telle «Maison du football suisse» favoriserait en outre l’identification du personnel et des internationaux avec l’association et le pays, estime le président sortant. La réalisation du projet doit être définitivement entérinée, ou pas, d’ici quelques mois.
Dans un ouvrage tourné vers les solutions, le psychologue Scott Lyons explique comment se libérer de la dépendance au chaos extérieur, pansement sur un trauma intérieur qui ne dit pas son nom
Il y a ceux qui créent du conflit à la moindre occasion, cherchant dans le chaos une manière d’exister. Et il y a ceux qui, scotchés aux informations, suivent les crises mondiales avec une telle obsession qu’elles deviennent leur seul horizon. Dans les deux cas, Scott Lyons, qui a été lui-même concerné, est formel: cette dépendance à l’agitation du monde cache une douleur profonde qui, si elle n’est pas soignée, enferme le sujet dans un tunnel de plus en plus toxique.
Dans Accro au drame. Se libérer de la dépendance aux crises et au chaos, paru ce printemps aux Editions de L’Homme, le psychologue et thérapeute donne des pistes pour s’affranchir de ce mauvais pli et comprendre ce qui souffre en nous.
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Une Traviata dédoublée et déconstruite: tel est le projet de Karin Henkel pour l’opéra de Verdi. C’est la première fois qu’on verra en Suisse romande le travail de cette star des planches allemandes
Une amie féministe m’a récemment confié qu’elle n’allait plus assister à des spectacles où les femmes avaient des rôles de victimes. Elle n’ira donc pas voir La Traviata de Verdi au Grand Théâtre, où la demi-mondaine Violetta renonce à son amour pour Alfredo après que le père de celui-lui le lui a demandé, alors qu’elle se meurt de tuberculose.
« Je partage avec cette femme la conscience que le répertoire lyrique transmet souvent une image dépassée des femmes », réagit Karin Henkel, la metteure en scène qui va s’emparer de l’ouvrage pour le Grand Théâtre – le spectacle aurait dû voir le jour pendant la pandémie. Mais elle ajoute : « Cependant, il incombe à une mise en scène de questionner, commenter et réinterpréter ces représentations féminines. En ce sens, je donnerais à chaque production l’opportunité de présenter une vision contemporaine, où les femmes ne sont pas uniquement dépeintes comme des victimes consentantes ».
Je donnerais à chaque production l’opportunité de présenter une vision contemporaine, où les femmes ne sont pas uniquement dépeintes comme des victimes consentantes
Peu connue dans l’univers francophone où elle n’a pas encore travaillé, Karin Henkel est une star des scènes germanophones. Vienne, Munich, Berlin, Hambourg, Zurich, Salzbourg : tous les centres du théâtre allemand ont accueilli ses mises en scène, depuis son premier coup d’éclat : elle fut, à 25 ans, la plus jeune metteure en scène à montrer un spectacle au prestigieux Burgtheater de Vienne.
Karin Henkel est réputée pour ses lectures complexes et extrêmement fouillées. Elle lit dix fois une pièce avant de la mettre en scène, et procède souvent par un dédoublement des personnages principaux, ce qui lui permet « de mieux entendre les thèmes et les pensées » qui les traversent. La division du moi est pour elle une manière « plus riche, plus signifiante, plus complexe de comprendre une œuvre». Une seconde Traviata est ainsi prévue à côté des deux cantatrices qui alterneront dans la production du Grand Théâtre. « Si je n’avais pas fait du théâtre, j’aurais pu être profileuse », a-t-elle coutume dire.
Ses spectacles sont souvent décrits comme « électrisants » par les critiques : un « théâtre de la révolte tempéré par la beauté et l’intelligence ». La Traviata n’est que sa seconde incursion à l’opéra, après Le Joueur de Prokoviev qu’elle a mis en scène en 2018 à Gand, déjà à l’instigation d’Aviel Cahn. Aujourd’hui, dit-elle, on attend d’elle « quelque chose d’émancipateur, de contemporain ».
Mais faut-il considérer l’opéra de Verdi comme un exemple de la reconduction des stéréotypes de genre, conduisant la femme à se sacrifier au nom des normes sociales de l’époque, ou au contraire comme une dénonciation du patriarcat bourgeois ? « Je pense que les stéréotypes de genre que Verdi reproduit révèlent un schéma qu’il convient aujourd’hui de déconstruire sur scène. Ne nous leurrons pas : l’histoire de cette Violetta mourante, contrainte pour des raisons fallacieuses de renoncer au dernier amour de sa vie, est devenue si vieillotte et historique que sa représentation semblerait involontairement comique si les participants à une mise en scène n’actualisaient pas le sujet d’une manière ou d’une autre. Bien sûr, nous ne pouvons pas réécrire le cœur de l’histoire, mais nous pouvons, par exemple, rechercher de nouvelles motivations pour les personnages et critiquer le regard masculin qui se prétend universel. Il est évident que la violence exercée contre Violetta (Marie Duplessis, qui a inspiré le personnage de la courtisane Violetta, a été vendue à la prostitution par son propre père dès son enfance) peut être vue comme une expression des rapports de pouvoir patriarcaux ».
Plus généralement, la mort des femmes est un thème récurrent dans le patrimoine lyrique et littéraire du XIXe siècle. « Edgar Allan Poe a élaboré toute une théorie sur l’exploitation de la femme morte. Il proclame dans La Philosophie de la composition que la mort d’une belle femme est sans doute le sujet le plus poétique du monde. Selon lui, ce motif allie mélancolie et beauté, générant ainsi la plus grande tension poétique. Le plus apte à exploiter cette tension artistique serait l’amant et observateur de la belle défunte, c’est-à-dire l’homme. En tant que metteure en scène, mon rôle est donc d’analyser l’histoire et de porter un regard féminin contemporain sur cette thématique».
Mais Violetta est-elle, in fine, une femme forte ou une victime ? « Il faut présenter le personnage de manière aussi complexe et nuancée que possible. Elle est bien plus qu’une victime ou une femme forte. Elle est aussi une femme traumatisée. Au moment où nous la rencontrons dans l’histoire, elle est mourante. Auparavant, elle a parfois mené une vie autonome. Maintenant, elle est victime de sa maladie, qui joue un rôle majeur dans chacune des décisions qu’elle prend ».
Née à Cologne, Karin Henkel a commencé sa carrière très jeune dans le pretigieux Burgtheater de Vienne. Elle a depuis travaillé sur les plus grandes scènes germanophones, du Thalia Theater de Hambourg au Deutsches Theater de Berlin, au Schauspielhaus de Zurich ou au Festival de Salzbourg. Sa mise en scène d’Amphytrion et son double de Kleist, à Zurich, a été élu spectacle de l’année en 2014 par la revue Theater heute.
La Traviata
du 14 au 27 juin au Grand Théâtre de Genève
La maison parisienne est en main de la famille fondatrice depuis sa création en 1880. Ce qui était un atelier de sellerie est devenu le fer de lance mondial du luxe, devant LVMH. Et tout se passe comme si Hermès suivait le même fil rouge depuis le XIXe siècle
Le luxe prend l’eau, Hermès continue de surfer: +9% au premier trimestre 2025, avec un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros. Le cours boursier monte (+3,4% depuis janvier) quand la concurrence flanche (LVMH est en recul de 25% sur la même période) et la maison est toujours citée en exemple, comme le modèle ultime de l’industrie du luxe, toujours en mains de la famille du fondateur. Mais qu’est-ce qui fait galoper Hermès?
Guillaume de Seynes, représentant de la sixième génération, cousin d’Axel Dumas, qui dirige le groupe, a son explication: «La grande force d’une maison familiale est sa cohérence stratégique sur le long terme, même si l’affaire grandit énormément.» Cela fait vingt-huit ans qu’il est dans l’entreprise, quatorze ans qu’il supervise toutes les activités de production – au titre de directeur général pôle amont et participations – et observe la force d’une entreprise qui se transforme, mais s’accroche à son credo: «Tout change, rien ne change.» La poussée a pourtant été phénoménale: «En trente ans, nous sommes passés de 1500 personnes à 25 000. Mais nous nous inscrivons toujours dans la même philosophie.»
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Depuis près de vingt ans, le photographe lausannois documente l’intimité des collections privées. A Shanghai, Genève, São Paulo ou au Caire, il fait le portrait en creux de celles et ceux qui vivent entourés d’art
Elles surplombent un canapé, décorent un mur vide, s’alignent le long d’une rampe d’escalier. Elles vous regardent dormir ou travailler, veillent sur la porte d’entrée, président à vos allées et venues dans le couloir qui mène au petit coin. Dans l’intimité des collections privées, les œuvres d’art ont une vie secrète. Un mystère que Nicolas Delaroche s’emploie à dévoiler depuis près de vingt ans.
La série, toujours en cours, trouve son origine dans un premier travail réalisé lors de ses études de photographie à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Le jeune Franco-Suisse est amené à explorer les coulisses de grands musées – réserves, ateliers de restauration, bureaux des conservateurs – et, dans la foulée, il découvre que les pièces d’art ont une vie propre, une existence matérielle parfois inattendues mais toujours significatives, en dehors des moments qu’elles passent accrochées aux cimaises.
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CHRONIQUE. Cavalier seul. Pour l’écrivain Metin Arditi, le processus de nomination de nos conseillers fédéraux s’apparente à une cooptation. Passer par le «feu du suffrage universel» permettrait l’émergence de capitaines aguerris
Appelons un chat un chat: l’autre soir, au téléjournal de la RTS, Ignazio Cassis avait des airs de bête traquée. Peu importent ses propos. M. Cassis a droit à ses opinions, qu’on les partage ou pas, et la Suisse est un pays autonome, capable d’écrire ses propres lettres sans avoir à signer celles d’autrui. Le seul reproche que l’on peut formuler à l’endroit de M. Cassis est qu’il n’était pas l’homme de la situation, et qu’il n’aurait pas dû, déjà, présenter sa candidature au Conseil fédéral. Qui ne se souvient de ses revirements à quelques semaines de son élection? Mais ce reproche peut être étendu au processus de nomination de nos conseillers fédéraux, qui s’apparente à une cooptation. Ces «nuits des longs couteaux» au Bellevue Palace de Berne me font penser à une scène du Parrain, lorsque les capi se retrouvent. Je te donne ceci, tu me donnes cela… Le sélectionné (lui ou elle), sera par essence l’objet d’un compromis. Et le peuple souverain ne saura rien de son véritable calibre. Le système actuel, c’est la nuit des petits couteaux (sorry, guys). Ça fonctionne par petite brise. Mais si notre pays a besoin d’un capitaine aguerri, le processus qui en révélera la carrure, les vrais longs couteaux, ce sera de passer par le feu du suffrage universel.
L’écrivaine franco-camerounaise faisait halte à Genève en mars dernier dans le cadre du Salon du livre. Nous avons saisi l’occasion d’en savoir plus sur ses étoiles précieuses et tutélaires
Trouver son reflet pour habiter pleinement sa demeure. C’est l’invitation qui se dessine à mesure que l’on parcourt l’œuvre de Léonora Miano. Romancière, essayiste, dramaturge mais aussi chanteuse, n’allez surtout pas lui demander quelle casquette lui sied le plus. Chez l’artiste, ces pratiques se révèlent souterrainement liées. «Certaines thématiques viennent pour la scène, d’autres viennent pour le roman, d’autres pour le chant», assure-t-elle. De passage à Genève fin mars, dans le cadre du Salon du livre, elle dédicaçait notamment ses puissantes Aventures de la foufoune (Seuil, 2024), recueil de dix monologues portés par l’expérience intime des femmes. Son «livre du confinement» dans lequel elle consacre le sexe des femmes comme origine et centre du monde, explorant avec rage, humour et profondeur l’émancipation des corps et des esprits féminins.
Complexité des liens familiaux, variété des potentialités féminines, identités contrariées nourrissent aussi ses différents écrits. Elle s’inspire tantôt de la petite histoire pour raconter la grande, fait la part belle à l’intériorité de ses personnages et enjoint de transformer le monde, à partir de soi, de son propre lieu. Rien d’étonnant, donc, à ce que Léonora Miano ne se soit jamais cherché de maître, et qu’elle rende volontiers hommage, pour Le Temps, à ses précieux compagnons moraux, «ceux qui nous obligent à trouver qui nous sommes et notre manière singulière de nous exprimer».
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Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Lettonie se «dérussifie» à marche forcée, effaçant tout vestige du passé soviétique. Mais elle se heurte à un obstacle de taille: les russophones, près d'un tiers de la population, dont une partie reste sensible à la propagande de Moscou
Sur le banc d’un parc de Daugavpils, Tanya et Marina ont coupé des quartiers d’oranges, se partagent une bouteille de «kvass», la boisson fermentée locale. Marina, 62 ans, en chaise roulante, parle lentement. En 2001, elle a fait un AVC. Le vent glacial coupe la respiration et fait flotter, au loin, un drapeau grenat et blanc. Nous sommes en plein mois de mai.
Elle raconte. Sa naissance, à Daugavpils, en République soviétique socialiste de Lettonie, puis son mariage en Russie. Comme beaucoup ici, elle est d’origine russe et se considère comme telle. Le letton, elle ne l’a jamais appris et aujourd’hui «c’est trop tard». Son époux, qui était dans l’armée soviétique, a sombré à la chute de l’URSS. «Il est devenu alcoolique, mais nous n’avions plus d’argent et il ne pouvait même plus acheter de vodka, alors il remplissait sa bouteille avec le liquide réfrigérant des vieux avions de l’armée et le buvait.» En 1994, Marina demande le divorce et se réinstalle chez elle, à Daugavpils.
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Kering cherchant un nouveau dirigeant et Renault annonçant le départ de Luca de Meo, il n’en fallait pas plus pour imaginer le transfert qui redonnerait du souffle au groupe de luxe parisien en perte de vitesse. La bourse n’a pas attendu la confirmation officielle pour tabler sur ce scénario
Renault en recul dès l’ouverture de la bourse (-6%), Kering en hausse – à plus de 9% en milieu de matinée –, les investisseurs n’ont pas attendu la confirmation pour miser sur l’arrivée de Luca de Meo, dirigeant sortant du constructeur automobile, à la tête du propriétaire parisien de Gucci et Balenciaga. L’appel d’air est salvateur pour le titre Kering, qui a égaré un quart de sa valorisation depuis le début de l’année, tombée à près de 24 milliards d’euros (22,6 milliards de francs), correspondant au niveau de 2016. Cette flambée pourrait être passagère et l’enthousiasme était suspendu en matinée à la diffusion d’un communiqué ou d’un démenti officiel. Et visiblement, tout repose sur la personnalité de Luca de Meo.
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Les incertitudes atteignent un niveau inédit en raison de la politique commerciale erratique des Etats-Unis. Les experts se perdent en conjectures sur l’évolution de l’économie helvétique. Le taux de chômage devrait augmenter
Petite économie ouverte sur l’extérieur, la Suisse n’échappe pas aux effets de la guerre commerciale. Dans un contexte aussi confus, les prévisions conjoncturelles sont entachées d’un niveau d’incertitude particulièrement élevé. Tant le Secrétariat d’Etat à l’économie que le KOF ont publié lundi leurs nouveaux pronostics. Le Seco table désormais sur une progression du produit intérieur brut (PIB) – hors événement sportif – de 1,3% cette année, contre 1,4% lors de son précédent pointage trois mois plus tôt. De leur côté, les experts du KOF anticipent toujours une croissance de 1,4% en 2025.
L’économie suisse a enregistré une croissance de 0,8% au premier trimestre, une performance supérieure aux attentes, largement portée par le secteur tertiaire et par les industries chimique et pharmaceutique. Les effets d’anticipation liés à la perspective de hausse des droits de douane étasuniens ont vraisemblablement joué un rôle, estime le Seco. L’évolution devrait cependant être nettement plus timide durant le reste de l’année.
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A la veille de l’ouverture d’Art Basel, la quatrième édition de ce salon d’art informel a investi les anciens locaux historiques d’une banque privée et invite les artistes à s’amuser avec le marché
C’était une banque, c’est devenu un espace d’art insolite. Les anciens locaux Vontobel, dans le vieux Bâle, accueillent depuis dimanche et pour une semaine la 4e édition du Basel Social Club. Cette manifestation informelle, qui ouvre avant la très officielle Art Basel, se présente comme un contrepoint festif et exploratoire à la grande foire d’art. Cette «plateforme à but non lucratif», pour reprendre la formule des organisateurs, s’installe depuis 2022, chaque année, dans un lieu différent qui donne le ton de l’édition.
L’an dernier, le Basel Social Club était aux champs après être passé par une ancienne usine de moutarde Thomy et une villa abandonnée. Le voici qui investit un établissement bancaire privé, un bâtiment historique et labyrinthique, voué pour trois ans à devenir un lieu d’art.
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Le mouvement international, qui espérait se rendre à Rafah pour réclamer la levée du blocage humanitaire, a tenté de rejoindre le Nord-Sinaï par le canal de Suez. En vain: tous les activistes ont été bloqués par les forces de l’ordre égyptiennes, qui les ont obligés à faire demi-tour
Ce vendredi, rien du plan de la Marche mondiale vers Gaza ne s’est déroulé comme prévu. Le mouvement pacifique, dont 200 activistes avaient déjà été interceptés et expulsés par les autorités égyptiennes jeudi, espérait encore rejoindre en bus spéciaux la ville d’Al-Ariche, dans le Nord-Sinaï, puis marcher 50 km jusqu’à Rafah pour réclamer la levée du blocus humanitaire.
Mais en l’absence des autorisations nécessaires, les organisateurs ont décidé de changer de plan. L’ordre a été donné à 10h30 sur un canal Telegram de se rendre non pas comme prévu à Al-Ariche, mais à Ismaïlia, petite ville bâtie au XIXe siècle lors de la construction du canal de Suez. La consigne était d’y aller par ses propres moyens, cela afin d’éviter d’éveiller la suspicion de la police.
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Le Stade de Genève accueillera cinq matchs, dont un quart et une demi-finale. Le canton et les communes prévoient une fan-zone, des animations et du sport en plein air pour transformer la compétition en fête populaire
Il reste des billets, on ne doit en principe pas craindre des hordes de supporters se tapant dessus, on pourra s’y rendre gratuitement en transports publics et y aller en famille. Vous l’aurez reconnu, il s’agit de l’Euro féminin de football. C’est dans trois semaines et ça se passe en Suisse. Il est donc grand temps de s’y préparer. Genève et Sion seront les deux villes romandes accueillant des matchs. Au bout du lac, le public en verra même cinq, dont Finlande-Suisse au premier tour le 10 juillet, ainsi qu’un quart de finale le 16 et une demi-finale le 22. Le canton, la ville et les communes vont profiter de l’événement pour promouvoir le sport féminin, offrir des espaces sportifs en plein air et monter une fan-zone dans un cadre de rêve au bord du lac. Vu le programme dans et hors du stade, tel qu’il a été présenté ce vendredi à la presse, les absents auront probablement tort.
D’ailleurs, il reste des places, en particulier à Genève. Globalement, la billetterie marche très bien, et dépasse déjà de 130 000 tickets vendus l’édition précédente de 2022 en Angleterre. Mais l’affiche a priori rêvée pour la population genevoise et ses communautés, Portugal-Italie, est encore largement accessible, avec 13 500 places à pourvoir. Les vacances de juillet, tout comme la lente progression de la popularité du football féminin, expliquent probablement ces ventes plus modestes.
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Le Musée de la Croix-Rouge craignait de se faire amputer d’un quart de son budget. Un risque à moitié écarté vendredi, après que le conseiller fédéral Ignazio Cassis a confirmé l’engagement du Département fédéral des affaires étrangères, sans en préciser le montant
Pascal Hufschmid, directeur du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR) est «soulagé». Vendredi, le conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis s’est engagé à ne pas retirer son financement à l’institution genevoise. «Je me réjouis que la Confédération réaffirme l’importance de l’institution. J’attends d’obtenir des éléments concrets», ajoute Pascal Hufschmid. Car pour l’heure, la somme de la contribution du Département des affaires étrangères (DFAE) n’est pas connue.
Le MICR s’est retrouvé sur la liste des coupes de subventions dans le cadre de la stratégie de réduction des dépenses fédérales. Le musée, une institution privée, bénéficie depuis 1991 d’une subvention du DFAE, qui représente un quart de son budget, soit environ 1,1 million de francs. Le Conseil fédéral lui intimait désormais de passer par un concours auprès de l’Office fédéral de la culture dont le montant maximal délivré équivaut à 300 000 francs. Cette réduction possible de l’enveloppe dès 2027 faisait peser sur le musée un risque de déficit structurel.
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L’UDC valaisan a été élu vendredi président central du syndicat Garanto. En compétition avec le socialiste Emmanuel Amoos, conseiller national valaisan comme lui, il est le premier UDC à diriger un syndicat
Jean-Luc Addor, 61 ans, a obtenu 19 voix contre 11 de la part des délégués de Garanto, une personne s’étant abstenue, précise le syndicat. «C’est un grand défi pour moi. Je me réjouis de le relever avec tous les membres, car l’union fait la force. Mon objectif est d’unir tous les membres autour d’un même objectif et de promouvoir leur statut», a déclaré le Valaisan après son élection.
Le politicien de la droite dure succède aux coprésidents Daniel Gisler et Roberto Messina, qui avaient assumé la présidence par intérim dès mai 2024 après la démission de la conseillère nationale socialiste bâloise Sarah Wyss.
L’élection d’un UDC à la présidence a notamment été possible parce que les membres de Garanto sont «politiquement hétérogènes, et que leurs réalités et idées pour le maintien d’un emploi de qualité sont davantage professionnelles que politiques», écrit Garanto.
Le comité central avait décidé de ne pas émettre de recommandation de vote. Cette position ne résultait pas d’une indécision, dit-il, mais respectait l’esprit des statuts, qui stipulent que le président doit être élu librement par les délégués et sans influence extérieure.
De plus, le syndicat s’est toujours engagé à être «politiquement neutre et indépendant», malgré son affiliation à l’organisation faîtière USS (Union syndicale suisse) et son partenariat étroit avec les autres associations du personnel fédéral (SSP, APC, Transfair, etc.) au sein de la Communauté d’intérêt du personnel de la Confédération (CI Confédération).
L’élection d’un membre de l’UDC à la tête de Garanto est d’autant plus légitime que le conseiller national a dû «mener une bataille électorale» pour remporter le scrutin, insiste le syndicat.
Les défis stratégiques urgents pour Garanto sont surtout le programme d’allègement budgétaire 2027 et le nouveau système salarial prévu pour 2026, poursuit-il. Au premier semestre, la CI Confédération a mené des négociations avec l’Office fédéral du personnel (OFPER) sur ces deux projets du Conseil fédéral, mais le résultat est «bien en deçà des attentes des associations du personnel».
Le Conseil fédéral a ouvert vendredi la consultation sur les nouveaux accords bilatéraux. Une petite fissure demeure dans le paquet négocié entre partenaires sociaux, à savoir la protection contre le licenciement des représentants des travailleurs
Pour convaincre de l’importance capitale des nouveaux accords avec l’Union européenne, le Conseil fédéral a sorti les grands moyens. A côté des 1800 pages mises en consultation ce vendredi, il a également rendu public le prix d’une «extinction» de la voie bilatérale, évalué par une étude externe à 520 milliards de francs entre 2028 et 2045. Un montant qui équivaut à un recul de 4,9% du PIB ou à une perte de revenus de 2500 francs par habitant.
Les auteurs de l’étude imputent les trois quarts de la facture à la fin de la libre circulation des personnes, remplacée dans leur scénario par un système de contingent annuel de 20 000 travailleurs. Insuffisant, selon leurs calculs, pour satisfaire les besoins des entreprises du pays.
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Des collaborateurs du Département fédéral des affaires étrangères dirigé par Ignazio Cassis s'alarment: ils ont reçu un appel de la Direction des ressources pour confirmer qu'ils avaient bien signé la lettre demandant à leur chef d'en faire davantage sur Gaza
Une sorte de chasse aux sorcières, ou une question d'orthographe? Le Temps a recueilli plusieurs témoignages de personnes travaillant au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui expriment leur «malaise». En cause? La lettre adressée par quelque 250 personnes au chef du Département, Ignazio Cassis, à propos de la situation à Gaza. Ces personnes sont aujourd'hui contactées personnellement pour s'assurer qu'elles sont bien parmi les signataires de la lettre. Une mesure jugée «extrêmement inhabituelle» (la lettre l'était aussi, en réalité), voire «choquante».
La lettre avait fait grand bruit. S'adressant à Ignazio Cassis, les collaboratrices et collaborateurs du DFAE «encouragent» le conseiller fédéral à prendre position de manière plus ferme face aux violations du droit international commises par l'armée israélienne à Gaza. Cette lettre s'ajoutait à une missive comparable adressée par plus d'une cinquantaine d'anciens ambassadeurs ainsi qu'à d'autres lettres ouvertes, de divers secteurs, rendues publiques pour beaucoup d'entre elles.
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Le petit espace d’exposition exploité à la gare par la biennale Images Vevey présente jusqu’au 20 juillet le travail de deux photographes africains, James Barnor, 96 ans, et Nico Krijno, 44 ans
Sorti il y a 2 mois dans les salles romandes, le documentaire Ernest Cole, photographe, de Raoul Peck, permet de redécouvrir le travail d’un artiste sud-africain ayant travaillé sur l’apartheid de l’intérieur, avant de s’installer à New York et de découvrir que, derrière les idéaux véhiculés par le rêve américain et les promesses d’une société égalitaire, un racisme systémique rongeait les Etats-Unis. A la gare de Vevey, L’Appartement, l’espace d’exposition exploité par le festival Images, met en lumière le travail d’un autre photographe africain longtemps oublié, ou ignoré: James Barnor, né le 6 juin 1929 à Accra, capitale du Ghana alors colonie britannique appelée Côte de l’Or, avant son indépendance acquise en 1957.
A Vevey, trois ans après une grande rétrospective montrée à Lugano par le Musée d’art de la Suisse italienne après sa création à la Serpentine Gallery de Londres, on peut découvrir 80 images prises entre le Ghana et le Royaume-Uni, où Barnor s’exilera en 1959 avant de revenir dans son pays d’origine dans les années 1970. Fruit d’un long et patient travail de préservation et de numérisations par la galerie parisienne Clémentine de la Féronnière de son œuvre, qui comportait de nombreux négatifs n’ayant jamais fait l’objet de tirages, cet accrochage vaudois permet d’abord de plonger dans l’effervescence qui régnait avant et après l’accession du Ghana à l’indépendance.
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Viatrans facilite le trafic de conteneurs dans les ports de Dar es Salam et de Mombasa en contournant un système de caution qui freine le commerce. Avec un succès qui fait écho à celui de nombreuses autres sociétés logistiques suisses sur le continent
Depuis ses bureaux au centre de Genève, la vue est imprenable sur un arrêt de tram. Mais c’est plutôt vers l’Afrique que regardent Morgan Lépinoy, Boris Blanche et Alexis Perinet-Marquet, les directeurs de Viatrans. Et plus particulièrement les ports tanzaniens de Dar es Salam et kényan de Mombasa. Le groupe y a développé, pendant la pandémie de Covid-19, un service qui met de l’huile dans les rouages logistiques en Afrique de l’Est et facilite donc le commerce dans la région. Cinq ans plus tard, il est en plein essor.
Viatrans est à l’image de nombreuses sociétés suisses actives dans la logistique au sud du Sahara: une exception. L’Afrique est certes en croissance, mais les PME helvétiques la délaissent et les banques s’y montrent frileuses. Par rapport aux autres régions du monde, la Suisse n’y exporte quasiment rien. C’est pour mieux connaître le continent, une condition pour pallier ces carences, qu’a été formée l’association Swiss-African Business Circle (SABC), en 2010. Ses membres se sont réunis vendredi à Genève.
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«Historienne majeure de notre siècle, pionnière de l’histoire des femmes et du genre en Suisse.» Voilà comment le canton du Valais, qui lui a remis son Prix culturel en 2024, présente la co-initiatrice de la première grève des femmes en 1991. En marge d’un nouveau 14 juin, elle partage son regard sur les trois décennies écoulées
Son vrai nom est Elisabeth – bien que ses surnoms fussent légion, dans son Haut-Valais natal où sa réputation l’a par moments précédée. L’adolescente rebelle et décoiffée qui allumait ses Gitanes sans filtre en se riant des regards réprobateurs est devenue une figure intellectuelle nationale. Et pour cause! Après avoir participé au lancement de la toute première grève des femmes de 1991, signé de nombreux articles et essais, publié le best-seller Frauen-geschischte(n) cinq fois réédité, obtenu un doctorat honorifique de l’Université de Zurich, le Valais lui a remis en 2024 un Prix culturel pour célébrer l’ensemble de sa carrière.
Trente-quatre ans après sa première édition, qu’est devenue la grève des femmes? Quel regard porte l’historienne sur l’époque? La septuagénaire présente des excuses pour le bruit, c’est son petit-fils qui lance de joyeux cris derrière elle: son mari gère. Elle s’installe dans sa chambre, une chambre à soi.
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Des bords du Léman aux pelouses de Chavannes, la Fête fédérale de gymnastique réunit à Lausanne des disciplines méconnues et des athlètes passionnés. Entre traditions alémaniques et rares représentants romands, l’esprit de compétition côtoie camaraderie, sueur… et quelques gouttes de sang
Le quart d’heure vaudois a été largement dépassé vendredi matin sur les berges du Léman, se transformant presque en heure de retard. A Dorigny, une petite foule d’athlètes patiente, puis écoute les instructions dictées par le speaker en suisse-allemand. Ces sportifs, de tout niveau, s’apprêtent à prendre part aux Jeux nationaux. C’est une première pour eux de concourir en terres vaudoises. Mais si le cadre est dépaysant, l’ambiance et la concurrence ne le sont pas pour autant.
Et pour cause, cette discipline est une tradition respectée en Suisse alémanique, pratiquement inconnue des Welches. Pas le moindre concurrent romand ne participe à cette compétition qui inclut une petite dizaine de sports différents. A l’écart de l’excitation générale, Rolf Bracher tente de s’épargner des coups de soleil en profitant d’un petit coin d’ombre. Il est l’entraîneur respecté du Turnverein Dotzigen et n’attend qu’une chose: que les Jeux commencent.
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Peut-on encore être contre l’égalité en 2025? La question peut surprendre, mais à Berne, ce principe n’arrive toujours pas à s’imposer pleinement. Analyse entre lenteurs administratives, blocages parlementaires et retour du masculinisme
L’égalité: un vaste champ de bataille qui n’en finit pas d’agiter la Berne fédérale. A intervalles réguliers, le législateur s’empare de textes et de projets de lois permettant d’adapter l’arsenal légal au principe d’égalité, inscrit dans la Constitution. Alors qu’en 2026, on célébrera les 30 ans de l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité (LEg), que reste-t-il à faire pour que ce principe soit vécu par tous et toutes?
Avant de répondre à cette question, le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG) rappelle que «ces cinq dernières années, des jalons importants ont été atteints dans ce domaine». Floriane Siegenthaler, coresponsable de la communication du BFEG, fait référence à la modification de la loi sur l’égalité en 2020, à l’introduction du congé paternité en 2021 ou encore au mariage pour toutes et tous en 2022. «C’est plutôt du côté de l’égalité de fait, celle vécue au quotidien, que le bât blesse», ajoute-t-elle. Des aménagements législatifs demeurent nécessaires: «C’est dans cet état d’esprit que le Conseil fédéral a adopté en 2021 sa première stratégie pour l’égalité au niveau national (Stratégie Egalité 2030). Un premier bilan à mi-parcours sera tiré d’ici à la fin de cette année», souligne encore Floriane Siegenthaler.
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HEIDI.NEWS. Ratage sur toute la ligne. Alors que les alertes se multipliaient depuis 20 ans, personne n'a arrêté l'homme responsable du plus grand scandale médical des vingt dernières années en Suisse
A la suite de l’élection du Zougois au Conseil fédéral, le petit canton de suisse centrale élit ce dimanche un nouveau conseiller d’Etat. Ejectée du gouvernement en 2018, la gauche croit en ses chances. D’autant qu’une partie de la droite commence à penser que la politique fiscale en place dissout l’identité cantonale
Mi-mars, le canton de Zoug célébrait à l’unisson l’élection de Martin Pfister au Conseil fédéral. Conseiller d’Etat chargé de la Santé, le centriste triomphait à la surprise générale face à Markus Ritter (Le Centre/SG), vieux briscard du Conseil national qui se voyait déjà au sommet de l’affiche. Une belle victoire pour le natif de Baar (ZG), dont le départ laisse un vide au sein de l’exécutif cantonal. Mais aussi au sein de son parti.
Plus de 3500 personnes à Genève, 3000 à Fribourg, un grand rassemblement à Lausanne... Des milliers de femmes ont défilé dans les rues ce samedi pour la grève féministe
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues à Genève, Fribourg et Sion à l’occasion de la grève des femmes, samedi. A Lausanne, il n’y a pas eu de défilé mais un rassemblement place St-François, rebaptisée Sainte-Françoise.
En milieu d’après-midi, un impressionnant cortège s’est formé aux alentours de la gare de Cornavin, à Genève. Les manifestantes, très majoritaires dans le défilé, sont descendues en direction du lac, puis ont traversé le pont du Mont-Blanc. Leur parcours s’achevait au parc des Bastions. Le violet était la couleur dominante de la foule.
La police genevoise a décompté 3500 participantes au cortège, Keystone-ATS en a compté quelques milliers de plus. Les slogans, loin de tourner uniquement autour des questions d’égalité des sexes, faisaient très souvent référence à la guerre à Gaza. A côté des pancartes, on pouvait apercevoir de nombreux drapeaux palestiniens.
A Fribourg, le collectif de la Grève féministe a indiqué, dans un communiqué, que la manifestation avait réuni 3000 femmes, personnes trans et non-binaires et des hommes solidaires. Les organisateurs du défilé ont cependant déploré le parcours que les autorités leur ont imposé, interdisant au cortège de passer par la gare.
A Lausanne, il n’y a pas eu de manifestation et de cortège à travers les rues de la capitale vaudoise, mais un grand rassemblement à la place St-François.
Organisé par le Collectif de la Grève féministe Vaud, l’événement se voulait «un moment de lutte, de solidarité et de partage». L’entier du secteur était fermé à la circulation pour la durée du rassemblement, avec des déviations prévues pour les bus et les automobilistes, selon la police.
«Nous nous organisons aujourd’hui, comme en 2019 et depuis, parce que l’oppression cis-hétéro-patriarcale, les violences qu’elle engendre et l’exploitation capitaliste continuent de contraindre nos corps et nos existences», explique le collectif vaudois.
A Sion, les militantes sont également descendues dans les rues pour une manifestation féministe sur la Place de la Planta. Il s’agissait de dénoncer «la montée du masculinisme, les féminicides, les violences à l’encontre des femmes et des minorités de genre et le retrait de certains droits acquis».
CHRONIQUE. «Aussenpolitik ist Innenpolitik». Ce slogan souvent entendu à Berne se vérifie toujours plus selon notre chroniqueur Yves Petignat. Entre un monde de rapports de force qui indigne et une capacité de mobilisation immédiate et très large
Pendant longtemps la diplomatie suisse, comme celles de tous les pays à travers le monde, s’est rassurée d’une phrase, que l’on se repassait de ministres en ambassadeurs comme un mantra: «L’intérêt pour la politique étrangère est en général peu développé dans la population.» Ce qui laissait le champ libre aux professionnels de la profession, comme aurait dit Godard. La politique étrangère serait trop délicate et complexe pour être laissée au jugement d’une opinion publique versatile.
Avant de s’envoler cette semaine pour un voyage éclair en Israël et en Cisjordanie, le ministre des Affaires extérieures Ignazio Cassis (PLR) aura pu mesurer à quel point, en Suisse, une large partie de la population entend bien que son cri d’indignation soit aussi pris au sérieux à Berne. Lettres de diplomates et de personnalités, messages des cantons, manifestations dans les rues ou occupation des voies de chemin de fer, la position officielle de la Suisse face à la catastrophe humanitaire de Gaza, voire la possibilité d’un génocide, laisse peu de monde indifférent.
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Ce dimanche, les Sierrois se sont prononcés à 63,75% des voix pour une patinoire de 6500 places et pour un écoquartier de 600 logements. A la fin d’une féroce bataille, partisans et référendaires avouent tous leur soulagement
Poignées de mains franches, embrassades et chants de supporters. Sur l’ancien terrain de football de Sierre, Chris McSorley est acclamé par une petite foule vêtue aux couleurs rouges et jaunes de son club de hockey. Pour le Canadien, qui incarne le projet depuis quelques années, «les six derniers mois ont été très longs, et aujourd’hui, nous avons fait un énorme pas en avant pour ramener Sierre en première division et permettre aux jeunes joueurs valaisans de rester en Valais». Ce dimanche, avec une belle participation et par 3596 voix contre 2045, 63,75%, les Sierrois ont accepté la construction d’une nouvelle patinoire de 6500 places et d’un méga quartier de 600 logements sur une friche industrielle située au sud de la gare. Pour Chris McSorley, «c’est le résultat d’un beau travail d’équipe».
L’instant est historique. Un peu plus tôt, au moment de communiquer les résultats du vote, Pierre Berthod se décrivait «soulagé». A Sierre, où la vétuste Graben semble à bout de souffle, les projets de nouvelle patinoire rythment la vie politique depuis des décennies. Pour le président de la ville, «après quarante ans de débats, il fallait une votation populaire». Il sourit: «J’espère que le temps des émotions est terminé et que notre communauté pourra se ressouder pour faire avancer un projet important pour la ville, mais aussi pour la région». Il réfléchit: «Je ne sais pas si c’est une marque de confiance, mais je crois que les gens ont adhéré au projet global et à une véritable vision d’avenir».
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Comme attendu, aucun candidat n’a passé la rampe du premier coup lors de ce scrutin complémentaire pour remplacer l’ancien ministre cantonal devenu conseiller fédéral
Le siège du conseiller fédéral Martin Pfister au Conseil d'Etat zougois n’a pas été repourvu dimanche au premier tour de l’élection. Le candidat du Centre Andreas Hausheer a obtenu le plus de voix. Avec 14 671 voix, ce dernier devance Andreas Lustenberger (Vert-e-s), 8562 voix. La libérale-radicale Carina Brüngger-Ebinger, avec 5802 voix, occupe la troisième place, tandis que les trois autres candidats arrivent loin derrière. Comme attendu, un second tour sera nécessaire le 10 août.
Il est clair que les Vert-e-s seront présents au second tour. Le parti va «mettre les bouchées doubles», a déclaré Andreas Lustenberger. Il a fait remarquer qu’il avait obtenu le meilleur résultat dans les communes de Zoug et de Baar, là où la pression sur les logements bon marché est la plus forte.
Le PLR décidera quant à lui mardi s’il se présente au second tour, a déclaré Mme Brüngger à l’agence de presse Keystone-ATS. Elle admet qu’on ne peut pas parler d’un bon résultat, mais le parti ne s’avoue pas encore vaincu, assure-t-elle.
Les Vert’libéraux se retireront eux de l’élection, a déclaré leur candidate, Tabea Estermann, qui ne s’est pas montrée surprise par son résultat, de 2378 voix. D’autres ont fait encore moins bien: le candidat sans parti Andy Villiger a obtenu 1775 voix et Stefan Thöni, du mouvement Parat («Prêt»), 621 voix.
Le taux de participation s’est élevé à 38,4%. Le délai de dépôt des candidatures pour le second tour est fixé au 23 juin à 17h00.
Ce scrutin complémentaire fait suite à l’élection de l’ancien ministre de la santé Martin Pfister au Conseil fédéral, le 12 mars dernier. Le nouveau chef du département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) est entré en fonctions le 1er avril.
Le Conseil d'Etat zougois est actuellement composé uniquement de membres bourgeois. Le centre détenait trois sièges, le PLR et l’UDC deux sièges chacun.
Il s’agit de la première fois en 24 éditions de la manifestation qu’une telle mesure s’impose
Le site de Festi’neuch a dû être évacué dimanche en raison d’un violent orage. De nombreuses barrières ont été balayées par le vent.
C’est la première fois en 24 éditions de Festi’neuch que le site a dû être évacué. La majorité des festivaliers se sont réfugiés dans les parkings, dans le sous-voie du Funambule ou dans des locaux scolaires. Les organisateurs ont annoncé que le site ne rouvrirait pas et ont invité les festivaliers à rentrer chez eux.
Jusqu’à l’orage de dimanche à 14h45, l’édition du festival s’était déroulée sans incident sécuritaire et sanitaire majeur. La manifestation, à guichets fermés, devait connaître une affluence de 59 000 personnes.
Les temps forts du festival ont été les concerts du groupe de rock britannique Idles, des artistes français Julien Doré et Clara Luciani ou du groupe écossais Franz Ferdinand. L’artiste neuchâtelois FlexFlab, dont Festi’neuch a accompagné l’ascension, «a cartonné et a une belle carrière devant lui», selon Antonin Rousseau, le directeur de la manifestation.
De plus en plus de jeunes se sentent gênés à l’idée d’utiliser les douches et cabines communes de leur établissement scolaire. En cause: des lieux offrant peu d’intimité, des corps qui changent mais également la présence des téléphones portables
Peu nombreux sont les élèves à se sentir à l’aise au moment de se changer dans les vestiaires de leur école, et encore moins au moment de prendre une douche. C’est ce que révèle une étude mandatée par l’Association suisse d’éducation physique à l’école (ASEP) et dont les résultats ont été publiés dans Le Matin Dimanche et la NZZ am Sonntag. Les causes de ce mal-être après l’éducation physique sont multiples: gêne corporelle, manque d’intimité liée à des infrastructures inadaptées et omniprésence des smartphones.
La problématique est répertoriée sur l’ensemble du pays, où les vestiaires semblent être le parent pauvre des réflexions architecturales lors de la construction des salles de gymnastique. L’aménagement de la salle de sport, la luminosité ou la taille des garages pour le matériel semblent ainsi être davantage réfléchis que les douches et les cabines, regrette Jonathan Badan, coprésident de l’ASEP auprès du Matin Dimanche. Ainsi, 96,3% des enseignants d’éducations physiques interrogés estiment que ces lieux sont inadaptés, avec une prépondérance de blocs vestiaires/douches communs, répartis en fonction du genre. Ce manque d’intimité affecte la plupart des étudiants, qui sont seulement 13,5% à ne jamais se sentir en insécurité dans ces espaces.
Recommandations de l’ASEP: davantage de cabines individuelles séparées des vestiaires collectifs par un couloir, et accessibles pour les personnes à mobilité réduite. Des espaces devant également être mieux aménagés pour permettre à l’enseignant de communiquer verbalement avec les élèves, sans possibilité d’interaction visuelle. Une manière de permettre une meilleure gestion des potentiels conflits (harcèlement, bagarres, etc.) qui peuvent se dérouler dans ces lieux clos.
Les cabines individuelles ont aussi le mérite de pouvoir régler (en partie) les problèmes liés aux téléphones portables et la crainte pour beaucoup d’être filmés ou photographiés à leur insu. L’étude montre en effet que dans plus de trois quarts des établissements, les étudiants sont autorisés à emporter leur smartphone dans les vestiaires. A cela s’ajoute parfois le sentiment de honte ou de gêne par rapport à son corps, ce qui résulte en des conséquences très concrètes: 60% des élèves se douchent rarement, voire jamais, et seulement 6% en prennent systématiquement une.
Certains cantons ont déjà pris des mesures. Zurich a par exemple introduit de nouvelles normes, en 2022 déjà, incluant deux cabines individuelles vérouillables par vestiaire. Une solution structurelle qui ne résout cependant pas tous les problèmes, avertissent les enseignants, qui pronent également davantage de sensibilisation et de prévention. Winterthour a de son côté adopté une politique zéro portable. Chaque matin au début des cours, les élèves sont sommés de laisser le leur dans un coffre, puis le récupèrent à la sortie des cours.
Les incidents impliquant des téléphones portables dans des vestiaires ne se cantonnent évidemment pas aux écoles. Différents cas de voyeurisme sont récemment sortis dans la presse. Le témoignage d’une femme ayant été filmée à son insu en train de se changer à la piscine Georges-Hermant à Paris a permis une libération de la parole à ce sujet, forçant même la mairie de la capitale à réagir. Plus proche d’ici, un scandale similaire a éclaboussé le Grand Théâtre de Genève, où une caméra cachée a été découverte dans le vestiaire des femmes.
Les avantages salariaux attrayants augmentent la satisfaction des employés et attirent les talents. Les «fringe benefits» sont également intéressants pour la marque employeur, car ils renforcent la position de l’employeur en tant qu’entreprise responsable
Nombreuses sont les entreprises suisses qui recherchent du personnel qualifié. Pour attirer les talents et fidéliser leurs employés, les entreprises ne manquent pas d’imagination. Les fringe benefits (avantages pour les collaborateurs et prestations supplémentaires) suscitent de plus en plus d’intérêt. Ils vont au-delà du simple salaire mensuel et comprennent des avantages financiers et non monétaires tels que des options de travail à domicile, des offres de formation continue, des programmes de santé ou encore des solutions de mobilité.
Des études montrent que pour les générations Y et Z, le salaire n’est pas la seule priorité. En effet, des critères tels qu’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, des modèles de temps de travail flexibles ainsi que des possibilités de développement pèsent également fort dans la balance. Les prestations supplémentaires allant dans ce sens sont donc particulièrement demandées. Un package d’avantages riche et durable augmente la visibilité de l’entreprise auprès des candidats potentiels.
Les fringe benefits ou corporate benefits sont une mesure importante pour la marque employeur pour renforcer l’image de l’entreprise en tant qu’employeur attractif. Ils contribuent également à promouvoir et à renforcer la motivation, la satisfaction professionnelle et la fidélisation des collaborateurs. Les avantages et les prestations supplémentaires que les entreprises suisses offrent à leurs employés vont des offres sportives à prix réduit aux cours de langue, en passant par les places de crèche et les plans de participation en actions.
Les abonnements aux transports publics (TP) entièrement ou partiellement financés sont particulièrement appréciés. Ils associent l’attractivité de l’employeur au développement durable: Proposer aux collaborateurs des solutions de mobilité écologiques et dédiées, c’est se positionner comme une entreprise moderne et responsable. De plus, les employeurs affirment leur estime envers leurs employés en leur facilitant le trajet domicile-travail et en participant aux frais de transports publics.
Les CFF proposent un portefeuille complet de solutions pour les entreprises dans le domaine des fringe benefits (voir encadré), par exemple l’AG pour apprentis, des abonnements communautaires et de parcours, des bons d’achat pour le financement partiel ou total des TP aux collaborateurs. Les entreprises intéressées trouveront toutes les informations sur le site internet pour la clientèle commerciale en allant sur cff.ch/business.
Comme l’explique Gregor Koncilja, responsable clientèle commerciale CFF, le concept est placé sous le signe de l’idée directrice «Inventez avec nous la mobilité de demain». Il précise à ce propos: «Nous nous adressons de manière ciblée aux entreprises, des PME aux grands groupes, qui souhaitent valoriser de façon ciblée les fringe benefits de leurs collaborateurs, encourager davantage l’utilisation des transports publics et contribuer dans le même temps à une mobilité plus durable.»
Une entreprise qui souhaite intégrer les offres des CFF et des TP dans son programme d’avantages sociaux a tout intérêt à procéder par étapes. Dans un premier temps, on peut recourir au conseil en mobilité des CFF. Des spécialistes analysent la situation actuelle en matière de mobilité et les besoins tels que les trajets domicile-travail des collaborateurs ou encore la situation des places de stationnement sur le lieu de travail, afin d’identifier des solutions adaptées et des potentiels d’optimisation. Ces spécialistes de la mobilité sont à la disposition des entreprises clientes pour les conseiller et mettre en œuvre des solutions de mobilité sur mesure. «Dès que les besoins sont clarifiés, les offres sont mises en œuvre individuellement. Il est même possible d’obtenir des bons d’achat directement en ligne sur notre site internet pour les clients professionnels», explique Gregor Koncilja.
Les bons d’achat des CFF comme moyen de paiement dans les transports publics sont un instrument d’une grande flexibilité pour le financement partiel ou total de la mobilité des collaborateurs. L’employeur peut définir individuellement l’offre et le montant et les mettre à disposition des employés sous forme de bons numériques pour l’achat de leur abonnement ou de leurs billets de train. «Cela garantit que la contribution de l’entreprise est sciemment utilisée pour les transports publics, contrairement à une aide financière générale, par exemple par le biais d'un versement de salaire, et rend plus facile le passage à la mobilité durable», explique Gregor Koncilja.
Les bons sont entièrement numérisés. L’entreprise cliente les commande en ligne et les reçoit en quelques jours, prêts à être transmis à ses collaborateurs. «Pour l’entreprise, c’est un moyen simple et efficace de subventionner les trajets domicile-travail. Elle garde le contrôle de la prestation subventionnée et bénéficie d’avantages fiscaux. Pour les employés, c’est une plus-value concrète, car leurs frais de mobilité quotidiens sont réduits. Par exemple, l’abonnement pendulaire est entièrement ou partiellement couvert par le bon, sans aucune charge administrative. Le bon peut être utilisé directement lors de l’achat du titre de transport», explique le responsable de la clientèle commerciale.
Les offres pour les collaborateurs obtenues par le biais des CFF impliquent toujours un financement total ou partiel par l’entreprise. «Les CFF n’accordent pas automatiquement de rabais sur les TP: les avantages nécessitent une contribution de l’employeur. Celui-ci peut par exemple mettre à disposition un montant partiel par le biais d’un bon d’achat CFF numérique que l’employé peut utiliser pour un abonnement.»
Un cas typique: l’entreprise offre à chaque travailleur un bon d’achat d’une valeur de 500 francs. Il est utilisable pour un abonnement annuel – et représente un montant qui peut être exonéré de cotisations sociales et d’impôts pour les deux parties, en accord avec l’administration fiscale compétente et selon certains critères. «Dans ce cas, l’employeur apporte une participation financière et le collaborateur paie le reste de l’abonnement au prix réduit correspondant – un bon exemple de la participation systématique de l’entreprise au programme Corporate Benefit», explique Gregor Koncilja. Et il ne s’agit là que de l’une des possibilités pour optimiser les coûts grâce aux transports publics.
«Fringe benefits» des CFF pour les collaborateurs des entreprises clientes
Tirage au sort
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Il ne reste plus qu’un site bernois pour accueillir la Swiss Football Home, complexe voué à devenir le siège de l’Association suisse de football autant que le lieu de rassemblement des équipes nationales. Payerne et Morat sont hors jeu
L’Association suisse de football (ASF) a tranché. Si elle parvient à mener à bout son projet de Swiss Football Home, ce sera à Thoune et nulle part ailleurs. Ces derniers mois, plusieurs sites étaient évoqués pour accueillir un complexe voué à devenir à la fois le siège de l’instance, le lieu de rassemblement des équipes nationales ainsi qu’un centre sportivo-hôtelier disponible à la location. Payerne. Morat. Las, les Romands devront franchir le Röstigraben pour s’y rendre: la «Maison du football suisse» sera édifiée sur le Burgerallmend, à proximité de la Stockhorn Arena, l’antre du FC Thoune.
Ce choix ne constitue toutefois qu’un «pas de plus» vers la construction du campus, souligne le président de l’ASF, Dominique Blanc, qui cédera son poste à Peter Knäbel au terme de l’Euro 2025, dans un communiqué. «Il s’agit maintenant de poursuivre les négociations avec la ville, le canton de Berne et la bourgeoisie de Thoune. Outre les aspects financiers, il s’agit aussi de discuter des différentes options d’exploitation du campus.» Il prévoit plusieurs terrains de football, des vestiaires, des salles de fitness, un auditorium ainsi qu’un bâtiment administratif pour accueillir les quelque 150 collaborateurs de l’ASF.
«Nous faisons partie des rares nations de football en Europe qui n’ont pas encore de campus avec leur propre infrastructure de football», rappelle Dominique Blanc, toujours dans le communiqué, jugeant le complexe nécessaire pour rester au meilleur niveau international, que ce soit sur le plan du jeu, de l’arbitrage ou de la formation des entraîneurs. Une telle «Maison du football suisse» favoriserait en outre l’identification du personnel et des internationaux avec l’association et le pays, estime le président sortant. La réalisation du projet doit être définitivement entérinée, ou pas, d’ici quelques mois.
OPINION. L’enseignement de l’histoire est un rempart face aux jugements hâtifs et simplistes, écrit le professeur genevois Mathieu Caesar, qui s’inquiète de la baisse de la dotation horaire qui pourrait intervenir dans le canton, à la suite de la réforme de la maturité
L’application de la nouvelle réforme de la maturité gymnasiale, entérinée par le Conseil fédéral en juin 2023, amènera vraisemblablement plusieurs bouleversements dans les collèges du canton de Genève, dont la suppression de la moitié de la dotation horaire destinée à l’enseignement de l’histoire. Cette discipline serait dès lors l’une des grandes «sacrifiées» de cette réforme.
Depuis plusieurs semaines, le débat autour de la place de l’histoire au collège refait constamment surface dans les médias et s’invite même au parlement. La question qui revient immanquablement est la suivante: quelle est l’utilité de l’histoire? Une question légitime, certes, mais qui est souvent posée – osons le dire – de manière quelque peu rhétorique, laissant entendre, à demi-mot, que l’on pourrait s’en passer. De nombreuses années d’enseignement m’ont appris que non, nous ne le pouvons pas, à moins de vouloir nous priver d’un outil indispensable.
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Nos têtes blondes inventent des mots qui n’existent pas. Ce sont des moteurs à poèmes
L’autre jour, mon gamin, 11 ans, m’a posé cette question: «Papa, c’est quoi, un serial chiller?» «Sûrement quelqu’un qui sait tuer le temps», je lui ai répondu. Ce glissement phono-sémantique (dans lequel je ne verrais pas forcément une nouvelle occurrence de ce phénomène d’affrication qu’on décèle chez nos jeunes) m’a ramené à l’époque où j’avais son âge. Ce qui nous transporte tout de même au millénaire passé, durant lequel, petit, j’étais persuadé que la ville de Bienne étouffait sous les expositions – avec toutes les biennales qu’on y organisait, vous comprenez…
Cet échange m’a invité à reprendre en main un livre que je n’avais plus ouvert depuis longtemps: Biffures (1948), le premier tome de la tétralogie autobiographique de Michel Leiris. Lequel débute par un fragment fameux, intitulé «… Reusement!»
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ÉDITORIAL. L’initiative «200 francs ça suffit!» a été refusée par le Conseil national. La grande maison de service public aurait tort de penser que les jeux sont faits. Elle a quelques mois pour apporter la démonstration de sa capacité à se réformer, avant la votation populaire
La SSR, c’est un peu notre génie à nous. Une construction bien fédérale, le soutien des minorités basé sur une clé de répartition financière solidaire, la couverture des matières et zones géographiques qui n’auraient pas droit de mention sans les deniers publics. La SSR, c’est le symbole de tout ce que l’on aime en Suisse et dont on est fier. Le compromis, la raison, l’Etat fort mais pas excessif. Le combat des reines en direct, des heures de surprenante musique folklorique, le sport, la culture et bien sûr, dans ce pays qui vote tant, l’information de qualité, dans toutes les régions helvétiques, et ouverte sur le monde.
Aujourd’hui, il y a péril en la demeure. A l’extérieur de la maison, les critiques fusent, alimentées par l’initiative de l’UDC «200 francs ça suffit!». Trop chère, trop woke, trop arrogante, la petite musique excessive trouve une écoute au-delà des cercles puristes alémaniques. Le contexte est porteur: le pouvoir d’achat des classes moyennes stagne, les entreprises vivent dans l’instabilité permanente, mille autres sources d’information et de divertissement ont émergé. A quoi il faut ajouter un secteur des médias privés en crise. Au parlement, les députés, si nombreux à vouloir prendre la parole sur ce sujet hautement identitaire, ont compris l’importance des enjeux.
Mais le vrai risque est interne à la grande maison de service public. Les unités d’entreprise collaborent très mal autour de projets nationaux, drapées dans une dangereuse autosatisfaction. La manière de travailler au niveau interrégional pourrait générer des économies qui devraient servir le programme. Le combat entre l’actualité et les magazines n’a jamais cessé. La capacité de résistance passive de collaborateurs rend la tâche de celles et ceux qui promeuvent les synergies bien compliquées. Les vieux démons, nourris par une construction décentralisée, des années de manne financière assurée et le cadre public, sont tenaces. Alors que les ressources devraient servir la production de contenus d’intérêt général que d’autres ne peuvent financer.
Une redevance diminuée de 335 à 200 francs, comme le propose l’initiative menée par l’UDC, serait une grave erreur, démarche à contretemps lancée par un groupe qui refuse de voir l’importance de la SSR, seul média national au service des quatre langues et cultures. Alors que le peuple suisse avait plébiscité le service public lors de la votation «No Billag», cette fois, il pourrait bien se laisser tenter par quelques économies sonnantes et trébuchantes. La SSR a quelques mois pour faire la démonstration de sa capacité à comprendre ce nouvel environnement et à se réformer, réellement.
CHRONIQUE. «Un salaire décent n’est pas la responsabilité des employeurs», a affirmé Roland Müller, directeur de l’Union patronale suisse, comme le révélait «Blick» la semaine passée. Un propos qui a suscité de vives réactions, dont celle de notre chroniqueuse
Il y avait plein de sujets que j’avais envie de partager avec vous pour cette chronique. J’avais même déjà griffonné quelques lignes. Puis j’ai lu les propos du directeur de l’Union patronale suisse et tout le reste m’a semblé secondaire.
D’abord, il a fallu que je retrouve mes bras tombés à terre: sans, c’est compliqué d’écrire. Puis que je relise parce que j’avais peut-être mal compris. Mais non, le message d’erreur 404 a continué de s’afficher dans mon cerveau.
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PODCAST. Défense du français, réformes de l’AVS et du système de santé: trois dossiers au sommet de la pile de la cheffe du Département fédéral de l’intérieur (DFI), Elisabeth Baume-Schneider. Nous avons aussi parlé de remontada et des risques inhérents aux ruptures de collégialité. C’est une ministre socialiste jurassienne combative qui a reçu «Sous la Coupole» du côté de l’Inselgasse à Berne. Extraits
«Les enfants apprendront durant leurs cours d’histoire que le premier Jurassien à entrer au Conseil fédéral en 2022 était… une femme socialiste!» Parole de Jean-Claude Rennwald, ancien conseiller national et syndicaliste socialiste, dans son dernier ouvrage PS jurassien, 50 ans au service de la solidarité (Ed. de la Rue du Nord).
Entre flatterie et pression, où le cœur de cette native des Franches-Montagnes balance-t-il? «La flatterie, ça ne dure pas longtemps. Par contre, je suis extrêmement reconnaissante et motivée. On l’a vu au moment de cette campagne, qui était quand même un peu improbable au niveau du résultat… C’est surtout ça qui m’émeut dans l’identité jurassienne: tout à coup, il y a une espèce de sainte alliance. Vous avez vu Charles Juillard (Le Centre) à mes côtés, on n’est pas tout à fait du même parti, mais on travaillait tous pour possiblement glaner ces voix, les unes après les autres, et cela a fonctionné.» Une surprise qualifiée de «remontada» par Jean-Claude Rennwald.
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CHRONIQUE. La richesse d’un pays découle de sa capacité à produire des choses complexes, et donc à accéder à des composants ou à des connaissances supplémentaires. Or les tarifs douaniers empêchent quasiment ce mécanisme
Rien de mieux qu’une métaphore arboricole pour décrypter les effets de la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Certains produits sont comme les arbres d’une forêt, qui elle-même représente un pays. Dans cet environnement, les entreprises sont comme des singes, qui arrivent au sommet d’un arbre puis sautent vers un autre.
Lorsqu’une entreprise est performante dans un produit, elle se lance dans une activité proche et élargit ainsi son offre. C’est ainsi que Nokia est passée de l’arbre à caoutchouc (l’entreprise fabriquait initialement des pneus et des galoches) à celui des téléphones mobiles, avant de s’écraser sur le séquoia des smartphones.
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A l’ère de l’hyper-mobilité, le cœur du monde bat dans les soutes des avions. Durant quatre ans, le pilote de ligne François Suchel a mené l’enquête au cœur du fret aérien. Il nous emmène à la rencontre de ses acteurs, dévoilant les coulisses d’un monde rythmé par le ballet silencieux mais incessant des marchandises dans le ciel
HUM, pour human remains, est le code utilisé sur la Lettre de transport aérien, document officiel détaillant le chargement d’un avion commercial, pour désigner les dépouilles mortelles, une «marchandise» infiniment précieuse aux yeux des familles qui souvent l’accompagnent. Le nombre de passagers des lignes aériennes ayant doublé tous les quinze ans au cours des dernières décennies, il n’est pas surprenant que celui des défunts ait suivi la tendance et même davantage puisque, entre-temps, les communautés d’immigrés se sont organisées, les maisons funéraires spécialisées, les démarches administratives rationalisées, la gamme de prestations des assureurs étoffée.
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ÉDITORIAL. La mobilisation féministe du 14 juin gagne une nouvelle fois les rues suisses. Alors que les fronts se durcissent, il est urgent de revenir aux bases d’un projet de société émancipateur et de renouer le dialogue
Les dates anniversaires sont pratiques. Comme des balises dans une mer où les informations s’évaporent avant même d’être digérées, elles nous lancent: stop, retournons-nous. Depuis la dernière grève féministe du 14 juin 2024, plus d’une vingtaine de femmes ont été tuées en Suisse. Pourquoi? Parce qu’elles étaient des femmes. Un homme fièrement misogyne, reconnu responsable d’agression sexuelle et sous le coup de (très) nombreuses autres accusations, s’est réinstallé à la Maison-Blanche – et en a profité pour bannir le mot «femme» de son administration. Le monde entier est aussi entré dans la chambre de Gisèle Pelicot où, droguée par son mari, la septuagénaire française a été violée pendant des années par des dizaines d’hommes. Les discours masculinistes crachant leur haine de la moitié de la population ont aussi continué d’attirer dans leurs toiles connectées les plus jeunes adolescents, tandis qu’un pays sur quatre a vu reculer les droits des femmes sur son sol en 2024 (ONU).
Pendant ce temps-là, que faisaient les Suissesses? Elles travaillaient – pour des salaires toujours plus bas que ceux des hommes. Et travaillaient encore – à la maison, avec les enfants et sans salaire cette fois (mais avec supplément charge mentale, s’il vous plaît). En 2024, elles ont consacré 32,4 heures par semaine aux tâches domestiques et familiales, soit 10,4 de plus que les hommes (OFS). Eux, pourtant, estiment que l’égalité «est atteinte en Suisse, dans presque tous les domaines», révèle le Baromètre national de l’égalité. Ouvrant au passage un tiroir sur les garçons de la génération Z, encore plus convaincus que leurs aînés que la question est réglée.
Le problème avec les dates anniversaires, c’est qu’elles restent pratiques seulement si on en fait quelque chose. Trois décennies après la première grève nationale des femmes de 1991, la cloche du dialogue sonne aujourd’hui peut-être plus fort que jamais. A l’heure où certains vents récupèrent le débat sur l’égalité pour construire des murs et des paniques morales, restons concentrés sur l’objectif et parlons-nous. Entre femmes, hommes, et minorités de genre. Entre générations et entre adversaires politiques aussi. Avant que des drames ne nous laissent plus l’occasion de le faire. Informons-nous (en particulier si on ne se sent pas concerné). Investissons-nous – un peu ou beaucoup, dans la rue ou au bistrot, dans nos chambres personnelles ou fédérales, mais faisons-le.
Ne laissons pas le bruit de la polarisation étouffer la perspective de lendemains qui chantent. Car l’égalité n’est ni une guerre des sexes ni un danger, elle est un projet de bonheur et de liberté pour toutes et tous. Qui refuse de devenir libre?
REVUE DE PRESSE. Quelques semaines avant son attendu retour au Montreux Jazz Festival, Neil Young a publié vendredi un nouvel album studio. Le rockeur canadien, qui aura 80 ans en novembre, y tacle Elon Musk tout en célébrant sa famille et les petits bonheurs du quotidien
Sorti vendredi, Talkin to the Trees est pour certains le 46e album studio de Neil Young, pour d’autres le 48e. Mais dans le fond, cela importe peu. On sait le folk-rockeur canadien extrêmement prolifique, entre nouveaux enregistrements, archives inédites et albums live, et quand on aime, on ne compte pas. Il se produira le 6 juillet prochain pour la 3e fois au Montreux Jazz Festival (après 2001 et 2016) avec son nouveau groupe The Chrome Hearts, composé de trois musiciens ayant déjà collaboré avec lui au sein de Promise of the Real (le guitariste Micah Nelson, le bassiste Corey McCormick et le batteur Anthony LoGerfo) et du redoutable pianiste Spooner Oldham, qui a enregistré à ses côtés plusieurs disques, dont le classique Harvest Moon (1992).
Mais que vaut ce nouvel album, dont il jouera forcément de larges extraits sur la Scène du lac? Selon Le Monde, «en dépit de quelques redites, dont la progression d’accords de First Fire of Winter lorgnant un peu trop sur Helpless, l’album s’avère un bon cru.» Et le quotidien français de citer les paroles d’un des dix morceaux de Talkin to the Trees qui a déjà beaucoup fait parler de lui: «Si vous êtes fasciste, achetez une Tesla/Elle est électrique, ça ne compte pas/Si vous êtes démocrate, goûtez votre liberté.» Le quotidien parisien estime que «le natif de Toronto ne mâche pas ses mots sur la charge électrique Let’s Roll Again, visant l’administration Trump», tout en concluant que «l’atmosphère générale tend finalement vers une folk apaisée et introspective: Family Life se veut ainsi une ode touchante à sa famille, tandis que Thankful tire un bilan émouvant de sa vie; sur Movin Ahead, le «Loner» ne souhaite retenir que les bons moments du passé.»
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ÉDITO. Ventes en repli, chaos tarifaire et grande bascule générationnelle. Le marché de l’art est traversé d’incertitudes. Et comme chaque année, c’est à Bâle que l’on ira pour prendre son pouls
Avant de se rendre à Bâle pour le pèlerinage de printemps des marchands d’art, on lira avec intérêt le baromètre annuel du marché, publié par Art Basel et UBS. Sans surprise, le secteur n’échappe pas à la conjoncture. L’incertitude désormais liée au chaos tarifaire ne fera qu’aggraver une tendance au repli toujours plus marquée: en 2023, les ventes mondiales avaient déjà chuté de 4%, elles ont encore décliné de 12% en 2024 pour atteindre 57,5 milliards de dollars, leur plus bas niveau depuis 2020. Le segment le plus touché? Le très haut du marché: les œuvres dont le prix excède 10 millions de dollars ont essuyé un recul de 39% du nombre de transactions, et une chute de 45% en valeur. En période d’incertitude économique, les premiers collectionneurs à se désengager sont souvent les plus riches.
Comme pour illustrer de façon spectaculaire ce rapport paru un mois auparavant, la vente de mai chez Sotheby’s New York a connu un échec on ne peut plus significatif: une sculpture d’Alberto Giacometti, estimée à 70 millions de dollars, n’a tout simplement pas trouvé preneur. Loin d’être anecdotique, un tel signal a de quoi alarmer: si la confiance s’effrite au sommet, les répercussions finiront par se faire sentir à tous les échelons de l’écosystème des arts, des galeries aux collectionneurs, des institutions aux artistes.
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A l’heure où l’enseignement de l’histoire pourrait reculer à Genève, et où l’ambassadeur américain en Israël rejette formellement la capacité d’autodétermination de tout un peuple, remontons aux sources d’un tel déni grâce à… un historien
«Nous ne pouvons pas nous priver de l’enseignement de l’histoire!» alerte ces jours-ci dans une tribune un professeur de l’Université de Genève. Face aux exigences de la réforme fédérale de la maturité, le risque d’une réduction drastique des heures dévolues à cette matière menace dans le canton de Genève. Or l’étude de l’histoire, rappelle Mathieu Caesar, est un «rempart face aux jugements hâtifs et simplistes», un outil de compréhension du présent qui met à nu les discours de propagande et de haine. Un vecteur de paix en somme.
Oui, en ce joli mois de juin 2025, on se dit que se passer des clés de lecture de l’histoire n’est pas exactement une bonne idée. Juste cette semaine, tiens, au hasard, on a vu l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, lancer le plus tranquillement du monde, à Jérusalem, «qu’il n’y a pas de place» pour un Etat palestinien, et de préciser, toujours très calme, que selon lui un tel Etat ne verrait pas le jour «de notre vivant» à moins de déporter, tranquille là aussi, les 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie (ou Judée-Samarie dans son lexique emprunté aux colons) vers un pays musulman.
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REVUE DE PRESSE. Donald Trump a décidé de fêter les 250 ans de l’armée américaine – et ses 79 ans – à grand renfort de tanks et de fantassins dans les rues de Washington. Au même moment, une partie du pays se soulève contre l’autoritarisme du président pour un «No Kings Day». Deux Amériques qui semblent de moins en moins réconciliables
Environ 6600 soldats, 150 véhicules, 50 avions pour un coût estimé entre 25 et 45 millions de dollars. Ce genre de chiffres font davantage penser aux parades militaires d’autocratie en mal de respectabilité. Et pourtant, il s’agit du raout organisé par Donald Trump pour célébrer les 250 ans de l’armée américaine, et au passage s’offrir un coûteux et pas anodin cadeau d’anniversaire pour ses 79 ans. Et c’est un euphémisme de dire que cet événement passe mal pour une bonne partie de la population.
Le pays est secoué comme rarement par des manifestations qui s’étendent de l’Atlantique au Pacifique, avec plusieurs centaines de rassemblements défilant sous la bannière «No Kings» – «pas de rois» en français. Ce slogan fait référence aux penchants autoritaires de Donald Trump, qui a décidé d’intensifier les raids de la police des frontières un peu partout dans le pays, menant à des protestations monstres à Los Angeles.
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CHRONIQUE. «Aussenpolitik ist Innenpolitik». Ce slogan souvent entendu à Berne se vérifie toujours plus selon notre chroniqueur Yves Petignat. Entre un monde de rapports de force qui indigne et une capacité de mobilisation immédiate et très large
Pendant longtemps la diplomatie suisse, comme celles de tous les pays à travers le monde, s’est rassurée d’une phrase, que l’on se repassait de ministres en ambassadeurs comme un mantra: «L’intérêt pour la politique étrangère est en général peu développé dans la population.» Ce qui laissait le champ libre aux professionnels de la profession, comme aurait dit Godard. La politique étrangère serait trop délicate et complexe pour être laissée au jugement d’une opinion publique versatile.
Avant de s’envoler cette semaine pour un voyage éclair en Israël et en Cisjordanie, le ministre des Affaires extérieures Ignazio Cassis (PLR) aura pu mesurer à quel point, en Suisse, une large partie de la population entend bien que son cri d’indignation soit aussi pris au sérieux à Berne. Lettres de diplomates et de personnalités, messages des cantons, manifestations dans les rues ou occupation des voies de chemin de fer, la position officielle de la Suisse face à la catastrophe humanitaire de Gaza, voire la possibilité d’un génocide, laisse peu de monde indifférent.
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CHRONIQUE. Depuis deux semaines, les médias relatent l’aventure auto-promotionnelle de Greta Thunberg et Rima Hassan qui exploitent jusqu’à plus soif le drame palestinien, selon notre chroniqueuse Marie-Hélène Miauton, qui les juge sévèrement
Que l’on soit ou non fervent de la cause palestinienne, l’affaire du Madleen laisse un goût amer, tant elle illustre l’instrumentalisation politique et la promotion personnelle autour des thématiques les plus dramatiques. Durant cet épisode de téléréalité, une poignée de militants qui surjouaient l’héroïsme et le martyre se sont ridiculisés aux yeux du monde puisque l’objectif publicitaire de leur démarche ne faisait aucun doute. Voici l’histoire.
Le 1er juin, un bateau, fort sérieux malgré son petit look Club Med, partait de Sicile pour cingler toutes voiles dehors vers le sud. Non pour promener quelques touristes inconscients de la marche du monde, mais pour «démonter le siège illégal de Gaza par Israël et établir un couloir maritime». Rien de moins que de percer le blocus israélien sur Gaza donc. Quel courageux petit navire! Bourré à craquer d’une cargaison «vitale», consistant en quelques sacs de riz et médicaments de première nécessité, il n’était que symbolique, mais utile pour mériter le nom de «flottille humanitaire». Ce voilier ne s’appelait pas «Les copains d’abord», mais il y en avait quand même sur le pont, et pas n’importe lesquels, afin de conférer à l’aventure un éclat planétaire.
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CHRONIQUE. De nombreux utilisateurs de Meta AI ont publié par erreur leurs discussions avec le chatbot en ligne, à la vue de tout le monde. Ce n’est pas totalement de leur faute
C’est le cauchemar de chacun, et même de ceux qui affirment qu’ils n’ont «rien à cacher»: la publication de ses pensées intimes, rêves, fantasmes, doutes ou questionnements profonds. Ce cauchemar vient de se transformer en réalité aux Etats-Unis, où Meta, le groupe de Mark Zuckerberg, a récemment lancé une version avancée de son chatbot, appelé Meta AI. Comme ses concurrents, ce service – qui n’est disponible qu’en mode limité en Europe – permet de répondre à toutes sortes de requêtes. Jusque-là, rien de très spécial.
Sauf que Meta a décidé de se différencier des autres chatbots en insérant une fonction de publication, liée à une fonction de découverte. Les utilisateurs américains peuvent ainsi décider de publier en ligne les requêtes qu’ils font à l’agent d’intelligence artificielle. Et d’autres utilisateurs peuvent explorer, via un fil appelé «discover», ce que les autres internautes ont décidé de publier.
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ÉDITORIAL. La guerre ouverte qui se poursuit depuis le 13 juin entre Israël et l’Iran est le nouveau front d’un tourbillon sanglant où il n’est pas toujours facile de distinguer les bourreaux des victimes, sous le regard bien emprunté de l’Europe
Le Moyen-Orient est frappé par une nouvelle séquence guerrière terrifiante. D’abord, parce que, en Iran comme en Israël, des populations civiles sont tuées, blessées, terrorisées. Ensuite, parce qu’elle rend plus tangible encore un embrasement massif de la région, voire au-delà. Sur un autre plan enfin, parce qu’elle souligne combien l’Europe peine à y faire face.
Israël était de plus en plus isolé ces derniers mois sur la scène diplomatique. Le sort insupportable des plus de 2 millions de Gazaouis augmentait l’écœurement dans les opinions. Les dirigeants de différents pays, comme la Suisse, étaient sous pression dans leur posture face à ce drame. Les événements de ces derniers jours ont coupé court aux velléités françaises autour de la reconnaissance d’un Etat palestinien.
En (r)ouvrant le front contre l’Iran, le gouvernement israélien déplace l’attention et, surtout, fait état, une nouvelle fois, de sa puissance militaire et de l’efficacité de ses services de renseignement, dans une opération sans doute préparée de longue date. Pour détruire le potentiel nucléaire iranien sans garantie d’ailleurs d’y parvenir seul? Entre autres. Car les cibles sont aussi non nucléaires. Sans compter, comme pour le Hamas et le Hezbollah, l’élimination de personnalités dirigeantes, ébranlant ainsi fortement la République islamique.
Le régime des mollahs, justement, est donc l’agressé et peut ainsi le clamer. Mais c’est un pouvoir très oppressif qui, même si les Iraniens ont une forte fibre patriotique, a dû faire face ces dernières années à une courageuse et déterminée opposition civile: il est très fragilisé. L’Iran, que ce soit par son ambition nucléaire, sa posture rhétorique avec en première ligne la destruction d’Israël et son soutien au terrorisme, reste une menace réelle, aussi pour les pays occidentaux.
De surcroît, dans ce contexte d’un niveau d’explosivité rare, le président Donald Trump jouait ces derniers temps le négociateur sur le nucléaire avec l’Iran, sans les Européens, d’un accord dont il avait lui-même retiré les Etats-Unis en 2018. Mais en parallèle, son administration semblait au courant de ce qu’Israël préparait.
Dans ce tourbillon sanglant, lui-même inscrit dans un contexte anxiogène global, qui est la victime, qui est le bourreau? Le paradoxe se lit dans les postures de certains pays européens, défenseurs contraints depuis vendredi du droit d’Israël à se défendre face à l’Iran. Même sincères, déterminées ou les deux, leurs voix semblent bien faibles. Et à l’affreux tournis des conflits se multipliant s’ajoute la tristesse de l’impuissance ambiante face à la fureur du monde.
La récente faiblesse du dollar a conduit les investisseurs à revoir leur exposition aux devises étrangères. Mais quelles sont les alternatives au billet vert? Décryptage
Depuis environ quinze ans, le dollar américain s’est renforcé par rapport à un panier de devises, atteignant des valorisations élevées. Cette hausse a été en partie alimentée par une forte croissance économique aux Etats-Unis.
De nombreux investisseurs ont vu leur allocation aux actifs libellés en dollar dépasser leur exposition stratégique, souvent en raison de la surperformance des actions américaines et d’un manque de rééquilibrage des portefeuilles.
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Pour Stephen Cornish, directeur général de Médecins sans frontières Suisse, l’organisation de l’aide alimentaire doit demeurer une affaire de professionnels. La Gaza Humanitarian Foundation (GHF) n’en a manifestement pas les compétences. Il attend aussi de la Suisse qu’elle fasse preuve de plus de fermeté
Les récents événements dans la bande de Gaza, qui ont causé la mort de plusieurs dizaines de personnes et des centaines de blessés lors de distributions alimentaires encadrées par des milices privées et à l’initiative de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) – organisation basée aux Etats-Unis et disposant d’une filiale à Genève –, confirment, si besoin était, le fiasco prévisible d’une aide conçue par des dilettantes et conduite par des équipes incompétentes.
La confusion entre militaire et humanitaire reste malheureusement une pratique ancienne, souvent entretenue consciemment par différents types d’acteurs. Des approches irréconciliables, car elles sont de nature à porter préjudice à la fois aux pourvoyeurs de l’aide et à leurs destinataires, comme le démontre bien le sinistre bilan de la GHF dans la bande de Gaza.
Des secours subordonnés à des fins militaires et politiques, dont on pourrait interroger le projet: une aide dérisoire, au service des objectifs stratégiques du gouvernement israélien, afin notamment de forcer le déplacement de populations dans le sud du territoire. En aucun cas l’action humanitaire ne peut servir de paravent à des politiques répressives ou privilégiant des intérêts contradictoires avec ceux des personnes qu’elle est censée soutenir.
Bénéficiant de financements occultes, la GHF est aussi le produit d’initiatives civiles et militaires. Elle collabore avec deux sociétés américaines de sécurité, UG Solutions et Safe Reach Solutions (SRS) – cette dernière étant dirigée par un ancien agent de la CIA – qui ont été désignées pour acheminer et sécuriser l’aide, et ce, avec l’appui logistique de l’armée israélienne. Elle a également profité des conseils du Boston Consulting Group, qui s’est discrètement retiré fin mai, affirmant avoir travaillé pro bono, déclaration qui a fait l’objet de nombreuses controverses.
Ainsi, c’est sous des auspices pour le moins inquiétants que la GHF chargée de contourner le système humanitaire classique a vu le jour, et a dû ponctuellement fermer ses portes après un bilan calamiteux. L’obligation de transparence, qui demeure un impératif pour le secteur de l’aide, que ce soit sur la nature des financements mobilisés ou sur les liens entretenus avec les acteurs politiques ou militaires, semble avoir été éludée à dessein.
Il apparaît aujourd’hui trivial de déclarer que l’organisation d’une aide alimentaire doit demeurer une affaire de professionnels. Activité d’autant plus complexe qu’elle s’inscrit dans un environnement où la population a été rendue exsangue, vivant dans le dénuement le plus total, et où les équipes de Médecins sans frontières (MSF) présentes sur place ont pu constater ces dernières semaines une augmentation de 32% de la malnutrition à Gaza-City.
Les principes les plus élémentaires qui encadrent les distributions alimentaires, tels que la gestion des rassemblements, la protection des structures et l’information aux personnes destinataires, ont visiblement été ignorés, conduisant à des mouvements de panique qui ont été gérés de manière chaotique et marqués par des tirs meurtriers.
Des quantités de denrées alimentaires insignifiantes ont été distribuées, dissimulant le fait que le blocus israélien est aujourd’hui la principale cause du manque d’accès à l’aide humanitaire à Gaza. Auparavant, 400 points de distribution étaient répartis sur le territoire, en comparaison des quatre centres mis en place par la GHF, lesquels sont en partie inopérants.
La Suisse, en tant que pays garant des Conventions de Genève, joue un rôle clé dans la promotion du droit humanitaire. La récente annonce d’une aide humanitaire de 20 millions de francs en faveur des réfugiés palestiniens et de l’UNRWA, et l’appel renouvelé au cessez-le-feu marquent un premier pas important. Il est toutefois souhaitable que la Suisse fasse preuve de plus de fermeté, qu’elle renforce ses condamnations des attaques perpétrées contre les civils, s’oppose à tout détournement et militarisation de l’aide humanitaire et demande la levée du blocus. Actuellement, les besoins sont immenses et MSF ne pourra seule et isolément faire face à une crise d’une telle ampleur. Il s’agit désormais d’une urgence absolue avant que Gaza ne devienne un cimetière à ciel ouvert.
CHRONIQUE. Il est urgent de répondre à la crise touchant la nature et le climat en comprenant, en repensant et en transformant fondamentalement notre économie
Alors que Nice vient d’accueillir la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 2025), une évidence s’impose: transformer notre économie en investissant dans la nature constitue l’une des voies à suivre pour s’attaquer aux causes profondes de la crise du climat et de la biodiversité. Le secteur financier, en particulier, joue un rôle clé, notamment en se dotant de Chief Nature Officers (CNO) capables de repenser la finance mondiale autour des limites planétaires, de mobiliser des capitaux vers des solutions fondées sur la nature et de contribuer à transformer notre modèle économique défaillant. Car l’économie de demain ne pourra prospérer que si elle le fait en harmonie avec la nature.
La crise environnementale ne peut être résolue sans comprendre, valoriser et investir dans la nature pour ce qu’elle est fondamentalement: le véritable moteur de notre économie. La nature est à la base de notre économie car elle constitue l’infrastructure clé qui régule notre système planétaire, comprenant notre climat, l’eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons et l’air que nous respirons.
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CHRONIQUE. Notre chroniqueur Alexis Favre, journaliste à la Radio Télévision Suisse (RTS), revient sur le drame de Blatten et sur la difficulté de parler du climat et des catastrophes naturelles, entre acouphène et déni
Travailler pour un média de service public suppose de s’exposer à la critique. C’est vrai quand on tient l’antenne, plus vrai encore quand les sujets sont sensibles, et triplement vrai à l’heure du débat qui s’ouvre, sur ce que nous coûtons et le montant de la facture.
Blatten fut, et reste l’occasion d’en faire à nouveau l’expérience. Avec deux griefs parfaitement symétriques, formulés sur les tons les plus variés et les modes les plus fleuris. A ma droite, une exaspération de la ritournelle climatique, perçue comme permanente, transversale, lancinante et obsessionnelle dans les rédactions; à ma gauche, le désespoir anxieux de ne pas nous entendre marteler plus sérieusement, plus vocalement, plus urgemment et si possible en degrés Celsius les causes profondes de la catastrophe.
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CHRONIQUE. Cavalier seul. Pour l’écrivain Metin Arditi, le processus de nomination de nos conseillers fédéraux s’apparente à une cooptation. Passer par le «feu du suffrage universel» permettrait l’émergence de capitaines aguerris
Appelons un chat un chat: l’autre soir, au téléjournal de la RTS, Ignazio Cassis avait des airs de bête traquée. Peu importent ses propos. M. Cassis a droit à ses opinions, qu’on les partage ou pas, et la Suisse est un pays autonome, capable d’écrire ses propres lettres sans avoir à signer celles d’autrui. Le seul reproche que l’on peut formuler à l’endroit de M. Cassis est qu’il n’était pas l’homme de la situation, et qu’il n’aurait pas dû, déjà, présenter sa candidature au Conseil fédéral. Qui ne se souvient de ses revirements à quelques semaines de son élection? Mais ce reproche peut être étendu au processus de nomination de nos conseillers fédéraux, qui s’apparente à une cooptation. Ces «nuits des longs couteaux» au Bellevue Palace de Berne me font penser à une scène du Parrain, lorsque les capi se retrouvent. Je te donne ceci, tu me donnes cela… Le sélectionné (lui ou elle), sera par essence l’objet d’un compromis. Et le peuple souverain ne saura rien de son véritable calibre. Le système actuel, c’est la nuit des petits couteaux (sorry, guys). Ça fonctionne par petite brise. Mais si notre pays a besoin d’un capitaine aguerri, le processus qui en révélera la carrure, les vrais longs couteaux, ce sera de passer par le feu du suffrage universel.
Auguste le grand-père est monté dans la stratosphère, Jacques le fils descendu au fond des mers, Bertrand le petit-fils a fait le tour du monde en ballon et en avion solaire. «Un, deux, trois Piccard», magnifique album de Jean-Yves Duhoo, célèbre les trois «savanturiers»
Le 31 mai 1931, le ballon stratosphérique du physicien Auguste Piccard atteint une hauteur de 15 500 mètres. Le 23 janvier 1960, le bathyscaphe de l’océanographe Jacques Piccard se pose sur le fond de la fosse des Mariannes à 10 916 mètres sous le niveau de la mer. En 1999, le psychiatre et environnementaliste Bertrand Piccard fait le tour du monde en ballon et réitère l’exploit en 2015-2016 à bord de l’avion solaire Solar Impulse. L’épatante dynastie se retrouve dans Un, deux, trois Piccard – Pionniers du ciel et des abysses, un album écrit et dessiné par Jean-Yves Duhoo, spécialiste de la vulgarisation scientifique, comme en témoignent Mister Cerveau ou Dans le secret des labos.
Sollicité il y a 4 ans par Dargaud pour retracer la geste piccardienne, Duhoo a pris le temps de réfléchir à ce «très gros projet» qui, prévu sur une centaine de pages, en compte finalement 200. «L’espace, c’est une bonne chose pour une entreprise comme celle-ci», souligne l’auteur. «Très bien dit», apprécie Bertrand Piccard.
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Maladie taboue du système digestif, le syndrome de l’intestin irritable concernerait 5 à 10% de la population européenne. Les personnes touchées vivent avec des douleurs au ventre, des diarrhées et des constipations chroniques. Diagnostic et traitement demeurent complexes
«J’ai longtemps caché que j’avais des problèmes intestinaux. Adolescente, j’avais déjà des symptômes, le ventre gonflé par les gaz, des selles molles, une gêne dans le bas-ventre. Je me retenais pour ne pas aller aux toilettes à l’école, j’attendais d’être à la maison, ce qui aggravait la situation. Je n’en parlais à personne, se souvient Evelyne*. Ensuite au travail, je surveillais les allées et venues des collègues aux toilettes pour y aller quand j’étais sûre d’y être seule à cause des odeurs, du bruit et du temps que je devais y passer. Un jour, on m’a fait une remarque, j’ai été traumatisée.»
La jeune femme d’une quarantaine d’années vit à Genève et possède un emploi dans le domaine de la formation. Elle a accepté pour Le Temps de parler de son syndrome de l’intestin irritable (SII), mais de manière anonyme, tant il est encore tabou de donner des détails sur le fonctionnement de son intestin et de son transit. Pourtant, Evelyne n’est pas la seule à supporter quotidiennement cet inconfort digestif. On estime qu’entre 5 et 10% de la population générale souffre ou souffrira d’un SII.
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Dans un essai très documenté qui sort le 12 juin prochain, la médecin Faïza Bossy montre comment les femmes peuvent tirer parti de ce chamboulement hormonal
«Plus de règles, plus de contraception, plus de risques de grossesse et, surtout, plus d’injonctions sociales pesantes sur la jeunesse et la fertilité. La ménopause n’est pas une maladie honteuse, c’est une étape de vie qui rime avec liberté!»
Avec Ménopower, ouvrage très complet sur ce basculement qu’on appelle aussi «le grand climatère», la médecin Faïza Bossy appelle les femmes à sortir de la vision doloriste de la ménopause. George Sand, célèbre écrivaine du XIXe siècle, n’a-t-elle pas vécu plusieurs histoires d’amour marquantes après 50 ans, dont une relation avec le graveur Alexandre Manceau de quatorze ans son cadet?, rappelle la spécialiste, confiante dans la capacité des femmes mûres de se réinventer.
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CHRONIQUE. Ce qu’ont conservé les habitants de Blatten ce sont leurs possessions dématérialisées sur un cloud; mais peut-on se consoler dans les bras d’un nuage?, se demande Alexis Favre
Je viens d’apprendre dans l’excellent journal qui m’héberge une fois par semaine que le philosophe et théologien Jean-Marc Tétaz a tout perdu à Blatten. Ou plus précisément à Ried, où il avait installé sa vie, ses travaux et ses idées. Les 170 mètres linéaires de sa bibliothèque, les notes d’une vie, les trésors de ses aïeux, les Mémoires de son grand-père, exilé du nazisme. «Tout». Englouti par le cône de déjection. Qu’il soit assuré de ma profonde compassion.
Nous vivons paraît-il à l’ère de la donnée infinie. Non plus seulement du Big Data, mais du très très très Big Data, de l’Omni-Data. Nos moindres faits et gestes deviennent inéluctablement des 0 et des 1 dans quelque serveur dûment réfrigéré quelque part. Tout est stocké, traité, traitable, mouliné ou moulinable et in fine monétisable.
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Plus de 60 chefs d’Etat et de gouvernement sont rassemblés dans le sud de la France pour la plus grande conférence internationale jamais organisée sur le milieu marin. Les défenseurs de l’océan espèrent des progrès en faveur de sa protection
Régulateur du climat, havre de biodiversité, source de nourriture pour des milliards de personnes, mais aussi espace d’évasion et d’émerveillement: l’océan joue un rôle central dans l’équilibre de notre planète. Or ces fonctions vitales sont mises en péril par la surpêche, les pollutions et autres destructions liées aux activités humaines. Autant d’enjeux qui ne peuvent être traités isolément, mais doivent faire l’objet d’une action concertée entre Etats.
C’est l’objet de la troisième conférence de l’ONU sur les océans (UNOC 3), qui s’est ouverte lundi 9 juin à Nice, en France, en présence d’une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, après la tenue la semaine précédente d’un important congrès scientifique sur le même thème. L’ouverture de l’UNOC a notamment été marquée lundi par l’annonce par le président français Emmanuel Macron, co-organisateur de l’évènement avec le Costa Rica, de l’entrée en vigueur prochaine du traité sur la haute mer.
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Dans les montagnes helvétiques, l’air n’est pas tout à fait clair en dépit du soleil. La cause est à aller chercher du côté des fumées des feux de forêt du Canada, qui ont entre-temps atteint l’Europe
Les fumées provoquées par les incendies précoces qui touchent depuis le milieu du mois de mai le Canada ont atteint le nord-ouest de l’Europe, selon l’observatoire Copernicus. Situées à très haute altitude, elles sont sans danger pour la santé.
Plus de 200 feux sont actuellement actifs sur le territoire canadien, et 2 millions d’hectares ont brûlé. Les régions du nord de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique sont les plus touchées.
Sur le Jungfraujoch, dans les Alpes bernoises, la concentration de particules fines est légèrement supérieure à la valeur limite, avec 57 microgrammes par mètre cube, indique lundi sur X le service météorologique Meteonews Suisse. Au Tessin, le foehn a fait descendre les particules de suie jusque dans les couches d’air plus basses. À Locarno, la visibilité n'était par moments que de cinq kilomètres, selon l’Office fédéral de météorologie et de climatologie.
Les fumées issues des #incendies au #Canada vues d’en haut.
— Sébastien DECAUX (@SebDecaux) June 9, 2025
Vol #Florence/#Nantes avec passage au-dessus des #Alpes dimanche soir. Le voile blanchâtre était permanent et épais pic.twitter.com/mFnrTr7pPf
La teneur élevée en aérosols est également visible sur les images satellites, renchérit l’office fédéral de la météorologie MétéoSuisse sur X. L’atmosphère est également trouble sur le Gemsstock, dans le canton d’Uri.
Qui donc trouble notre ciel ? 😤 Réponse : les #fumées des feux de forêt au #Canada, bien visibles sur les images satellites.
— MétéoSuisse (@meteosuisse) June 9, 2025
Détails à découvrir dans le #blogMétéoSuisse du jour : https://t.co/pciSJmV2g7 pic.twitter.com/mHmchX2ETl
Selon le rapport national sur les incendies de forêt du Canada, une sécheresse et des vents exceptionnels ont favorisé l’apparition et la propagation des incendies.
Ciel brumeux au Gemsstock (https://t.co/nB1WyPpyF3). Selon la rétro-trajectoire, l'air vient du Canada, où les #feuxdeforêt font augmenter les aérosols, également visibles par satellite (NOAA). La mesure de #PM10 de la Jungfrau montre des valeurs élevées de particules fines. https://t.co/PFrzqeVPdm
— MétéoSuisse (@meteosuisse) June 8, 2025
Chaque été, le Canada est confronté à des incendies de forêt. Mais ce début de saison inquiète par sa précocité et sa virulence: l’équivalent de la superficie de la Slovénie a déjà brûlé, et 26 000 personnes ont été évacuées. Les dizaines de mégafeux dans le centre du Canada continuent de se propager. Selon les prévisions des autorités canadiennes, la saison des feux pourrait être «au-dessus de la normale» dans le centre et l’ouest du Canada en juin et juillet, et «bien au-dessus de la moyenne» en août, notamment en raison de la sécheresse grave ou extrême qui sévit dans plusieurs endroits.
Les pays vont-ils enfin ratifier ce traité historique adopté en 2023? A Nice, la plus grande conférence jamais consacrée aux océans réunit les Etats pour tenter de le faire entrer en vigueur et ainsi offrir une protection inédite à la haute mer. Explications
Moins de 1% de la haute mer, cette vaste zone océanique située au-delà des juridictions nationales, bénéficie aujourd’hui d’une protection effective. En mars 2023, les Nations unies ont adopté un traité historique visant à préserver la biodiversité marine et à encadrer l’exploitation des ressources en haute mer. Ce texte, appelé «accord BBNJ» (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), pourrait transformer la gestion de ces espaces marins, qui couvrent près de la moitié de la planète et jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat et la sécurité alimentaire de milliards de personnes.
Pour entrer en vigueur, ce traité doit être ratifié par au moins 60 pays. La 3e Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC 3), qui se tient à Nice du 9 au 13 juin 2025, vise à franchir ce cap décisif. Une fois ratifié, le traité permettra d’instaurer une gouvernance mondiale plus stricte: toute activité en haute mer devra faire l’objet d’une évaluation environnementale rigoureuse, et un mécanisme de partage des bénéfices liés à l’exploitation des ressources génétiques marines sera mis en place.
Malgré ses limites, ce traité représente une avancée majeure dans la protection des océans, offrant une opportunité unique de préserver des écosystèmes marins fragiles face aux pressions humaines croissantes. La communauté internationale suit de près cette conférence historique, qui pourrait marquer un tournant dans la gestion durable des océans et la lutte contre leur dégradation.
CHRONIQUE. L’obsession du président français pour ces sommets, forums et autres initiatives qu’il organise, à tour de bras dans son pays, illustre aussi son manque de marge de manœuvre. La preuve par la Conférence des Nations unies sur les océans à Nice
Dernièrement, face à la crise budgétaire, le parti présidentiel français et son gouvernement minoritaire ont poussé la baisse des aides pour l’achat d’un véhicule électrique ou pour la rénovation d’un logement. Et aussi la réintroduction d’un pesticide par dérogation, afin de calmer la colère des agriculteurs. Tout se passe comme si l’écologie était devenue la variable d’ajustement préférée des macronistes quand ils font face à un problème économique ou social. Même Emmanuel Macron s'en est ému ce week-end en pointant «l'erreur historique de céder aux facilités du moment et de détricoter». Il faut dire que depuis le mouvement des Gilets jaunes, provoqué par une hausse de la taxe carbone aux effets majeurs sur le prix de l’essence, les efforts environnementaux ne séduisent plus beaucoup de politiciens français (et l’argument de «l’écologie punitive» fait partie de ceux qui portent le Rassemblement national au sommet).
Ces derniers jours, l’exécutif français n’a pourtant pas lésiné sur les moyens pour mettre en avant la Conférence des Nations unies sur les océans, coorganisée par la France et qui a lieu à Nice jusqu’au 13 juin. Pas une semaine ne s’est passée ces derniers mois sans que la présidence ou les ministères ne rappellent aux correspondants étrangers l’importance de ce rendez-vous et le rôle majeur que la France prétend y jouer.
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CHRONIQUE. L’effondrement du glacier du Birch sur le village valaisan la semaine dernière a provoqué une onde de choc au-delà des frontières nationales. En 1963, à une époque où l’empreinte de l’homme sur son environnement interrogeait déjà, Dino Buzzati désignait un seul coupable suite à un glissement de terrain meurtrier dans les Dolomites
Pourquoi la catastrophe de Blatten nous touche-t-elle à ce point? Est-il même juste de parler de catastrophe, puisqu’on ne compte pour l’instant qu’une seule personne portée disparue, le pire ayant pu être évité grâce à un exemplaire travail de surveillance? Et pourtant. Voir s’effondrer un paysage et disparaître un lieu de vie, ce n’est pas rien. S’il y a bien quelque chose que cette perte soudaine rend sensible, c’est la solidité du lien entre l’homme et son environnement naturel, qui s’est forgé durant des siècles, pour le meilleur et pour le pire.
Deux univers s’opposent sur les gravats du village de Blatten. Il y a les racines forcément locales d’un événement qui s’ancre dans l’intimité d’une petite communauté ayant vu s’abîmer le monde qui était le sien depuis des siècles. Et puis il y a ses résonances globales, inévitables, nécessaires peut-être, qui s’adressent potentiellement à tous les habitants d’une sphère toujours plus menacée par les catastrophes, réchauffement climatique oblige. Deux types de collectivité, l’une minuscule, l’autre démesurée, qui entrent donc en collision, sans pour autant s’opposer sur le fond de la solidarité humaine.
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Plus de 220 incendies sont toujours actifs au Canada – dont celui de Sandy Lake qui progresse rapidement. Depuis dimanche, l'armée canadienne a installé un pont aérien destiné à évacuer des communautés autochtones du nord de l'Ontario
La situation ne s'améliore pas au Canada. Deux provinces, l'Ontario (centre) et la Colombie britannique (ouest), sont frappées à leur tour par d'intenses incendies de forêt qui ont obligé les habitants de certaines zones à fuir tandis que le nombre de feux ne cesse de grandir sur l'ensemble du pays.
Au total, plus de 220 incendies sont actifs au Canada, dont la moitié jugés hors de contrôle, et quatorze nouveaux départs de feux ont été constatés lundi. Dans ce contexte, plus de 3,2 millions d'hectares ont déjà brûlé, notamment dans le centre du pays touché par une sécheresse.
Depuis dimanche, un pont aérien a été mis en place par l'armée canadienne pour évacuer des communautés autochtones de Sandy Lake, dans le nord de l'Ontario (centre). A la mi-journée lundi, des avions Hercules de l'armée avaient évacué un tiers des 3000 habitants de la ville, a expliqué à l'AFP Delores Kakegamic, cheffe de cette communauté.
Cela a été lent, a-t-elle indiqué, car les conditions de décollage et d'atterrissage sont très complexes dans cette zone forestière.
Selon l'armée, «les conditions dans le nord de l'Ontario se sont rapidement détériorées». Ainsi au cours des dernières 24 heures, l'incendie de Sandy Lake «a progressé de 40 kilomètres», finissant par menacer la ville.
Chaque été, le Canada est confronté à des incendies de forêt mais ce début de saison inquiète par sa précocité et sa virulence. Des mégafeux sont toujours actifs dans le centre du pays (en Saskatchewan et au Manitoba) et d'autres prennent de l'ampleur à l'ouest du pays en Colombie-Britannique.
Sur des images aériennes récupérées par l'AFPTV et tournées par les services de secours de la province, on peut voir d'immenses panaches de fumée qui recouvrent la forêt. Malgré les lacs et les rivières, les flammes s'étendent souvent à perte de vue.
Sur place, hélicoptères et pompiers sont contraints de travailler dans un épais nuage de fumée, qui se répand à des milliers de kilomètres et dégrade fortement la qualité de l'air pour des millions d'habitants en Amérique du Nord. Plusieurs villages ont été évacués.
Avec le réchauffement climatique, le Canada est de plus en plus souvent touché par des événements météorologiques extrêmes. Et le pays reste traumatisé par l'été 2023 qui fut apocalyptique avec 15 millions d'hectares brûlés. La plupart des incendies jusqu'à présent ont été déclenchés par des activités humaines, souvent de façon accidentelle, notamment par des feux de camp mal éteints ou le passage d'un train ou de véhicules tout terrain dans un paysage très asséché.
En Suisse, les animaux sont aussi exposés aux microplastiques, révèle une étude de Greenpeace publiée mardi. L’enquête se base sur un petit nombre d’échantillons mais offre «une première indication de la situation en Suisse»
La contamination aux microplastiques n’épargne pas la faune sauvage en Suisse. Une étude de Greenpeace publiée mardi, qui repose sur l’analyse de crottes d’animaux, débouche sur des conclusions sans appel. Cette pollution touche toutes les espèces et toutes les régions du pays.
Des variations importantes ont toutefois été constatées. Ainsi, plus de 600 particules de microplastique par gramme ont été découvertes dans les déjections de deux sangliers, l’un en Valais, l’autre dans le canton de Berne. Ramassée dans les Grisons, la crotte d’un loup ne contenait en revanche que 7 morceaux de plastique par gramme.
Ces résultats, dans leur teneur générale, correspondent à d’autres études effectuées sur des excréments d’animaux sauvages dans d’autres pays et pour d’autres espèces, relève Greenpeace dans son étude. Des microplastiques ont, par exemple, été trouvés dans des crottes de lapins au Mexique ou des crottes de loutres en Autriche.
C’est l’équipe du docteur Florian Breider, du laboratoire central de l’environnement de l’EPFL, qui a procédé aux analyses. Quinze échantillons d’excréments ont été passés au crible. Les particules de microplastique entre 0,05 mm et 2 mm ont été recensées. Aucun morceau plus grand que 2 mm n’a été détecté.
Greenpeace précise que son étude revêt «un caractère instantané». L’analyse porte, certes, sur un petit nombre d’échantillons, mais elle donne néanmoins «une première indication de la situation en Suisse». Il est «frappant» de constater une présence généralisée de microplastiques dans des prélèvements faits de manière aléatoire.
Outre le nombre de particules, l’analyse en laboratoire livre des informations sur la composition des microplastiques détectés, note le rapport de l’association de défense de l’environnement. Tous les échantillons, hormis deux exceptions, contiennent «au moins 5 types de plastiques» et jusqu’à 10 pour une fouine valaisanne.
Les animaux sauvages ingèrent non seulement des quantités considérables de plastique, mais sont également exposés «à un cocktail de substances différentes». Greenpeace rappelle que les microplastiques peuvent altérer la fonction de certains organes et peuvent contenir des additifs chimiques toxiques.
Greenpeace estime que son étude mériterait d’être approfondie, avec une analyse plus fine prenant, par exemple, en compte la manière de se nourrir des animaux et leur habitat, proche ou éloigné des zones urbaines. L’organisation écologiste appelle en tout cas à des mesures fortes pour lutter contre la pollution aux microplastiques.
Alors qu’une conférence internationale sur les océans se tient à Nice en France, zoom sur une technique de pêche controversée: les dispositifs de concentration de poissons ou DCP. Cette méthode de pêche intensive aurait des conséquences plus graves que prévu
La pêche au thon est une des plus largement pratiquées à travers le monde et une des plus lucratives. Quelque 5 millions de tonnes de ces grands prédateurs sont pêchées chaque année pour la consommation humaine. D’abord le fait de petits Etats insulaires, cette pêche s’est industrialisée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a mené à une multiplication par 12 des prises entre 1950 et 2016.
Les prises concernaient initialement des thons nageant librement dans les océans, mais depuis les années 1990, une nouvelle méthode s’est imposée pour les capter: les DCP, ou «dispositifs de concentration de poissons». «Si vous mettez une bille de bois dans l’eau, cela attire les poissons curieux qui se massent autour: c’est un DCP, résume Laurent Dagorn, directeur de recherche spécialisé en pêcherie à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en France. Bien sûr, aujourd’hui, les dispositifs utilisés par le passé se sont perfectionnés.»
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Alors que les vents peinent à balayer les particules fines issues du Canada, un changement de masse d’air provenant du sud apportera jeudi des poussières du Sahara en haute altitude. Le ciel restera laiteux en Suisse jusqu’à dimanche
Le plateau et les fonds de vallées baignent dans la brume et ce voile masque depuis lundi la vue sur les massifs et sur le ciel bleu. Des particules fines, émises par les feux de forêt en cours au Canada, ont volé depuis l’ouest, au-dessus de l’Atlantique jusqu’en Europe occidentale. Et elles tendent à stagner, notamment au-dessus de la Suisse. «Ces aérosols ont de la peine à se dissiper car le vent n’est pas très fort, rapporte Christophe Salamin, prévisionniste chez MétéoSuisse. Les particules fines sont encore bien présentes en dessous de 2000 mètres, selon le sondage réalisé ce mercredi à Payerne.»
Spécialiste des risques naturels en altitude, le professeur de l’Université de Genève Markus Stoffel explique pourquoi des coulées de boue se produisent actuellement en Valais et indique quel est leur lien avec le changement climatique
Des coulées de boue charriant des débris de bois, de terre et de gros cailloux s’abattent depuis plusieurs jours sur le Haut Val de Bagnes, ce qui a contraint les autorités à évacuer une trentaine d’habitants. Le professeur de l’Université de Genève Markus Stoffel, natif de Viège et spécialiste des risques naturels en altitude, revient sur les phénomènes en cause.
Alors que se tient la Conférence des Nations unies sur les océans, nombre de riches libertariens fantasment sur l’idée de mettre à flot des villes nouvelles. En face, des voix critiquent cette volonté de coloniser les eaux. De quoi augurer une nécessaire régulation
Cent vingt jours d’affilée sous l’eau, dans une capsule. C’est le record du monde de longévité sous-marine qu’a battu Rüdiger Koch le 24 janvier dernier. L’ingénieur allemand sera peut-être le premier d’une longue lignée à passer autant de temps dans les profondeurs. Son «expédition» au large des côtes du Panama a été largement relayée par le Seasteading Institute – une organisation qui promeut «la création de villes océaniques flottantes en tant que solution révolutionnaire à certains problèmes parmi les plus pressants du monde».
Cette organisation fondée en 2008 est notamment soutenue par des magnats de la tech de la Silicon Valley, comme Peter Thiel, proche d’Elon Musk, avec lequel il a notamment fondé PayPal. Si l’homme d’affaires s’est depuis retiré du Seasteading Institute, sa vision libertarienne y est toujours bien ancrée.
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Le chalutage, une pratique destructrice responsable d’un quart des captures mondiales, reste autorisé dans la majorité des aires marines dites «protégées». A l’occasion de la Conférence de l’ONU sur les océans, on vous explique pourquoi.
En Europe, près de 60% des aires marines protégées restent ouvertes au chalutage industriel. Cette méthode de pêche, qui consiste à traîner d’immenses filets sur les fonds marins, est l’une des plus destructrices qui soient: elle rase les habitats, capture sans distinction poissons, crustacés et espèces vulnérables, et contribue fortement aux émissions de CO2. Pourtant, elle représente encore un quart des captures mondiales.
Comment expliquer qu’une telle pratique soit encore autorisée dans des zones censées protéger la biodiversité? En réalité, derrière le label «aire marine protégée», se cachent des réalités très disparates. Il existe des dizaines de statuts différents, avec des niveaux de protection variables – souvent symboliques. En France, par exemple, on recense plus de 18 catégories différentes, sans interdiction systématique des activités industrielles.
A l’occasion de la Conférence des Nations unies sur les océans, qui se tient à Nice du 9 au 13 juin, plusieurs ONG réclament une protection réelle des océans: interdiction totale du chalutage industriel dans toutes les aires protégées, adoption des critères stricts de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et meilleure localisation des zones à préserver.
La ratification du traité sur la haute mer par une cinquantaine de pays, actée lundi à Nice, permet d’espérer une entrée en vigueur rapide de cet accord
Le sommet de l’ONU sur l’océan s’achève vendredi à Nice sur une avancée, saluée par les ONG, vers une meilleure protection de la haute mer, mais sans promesses de financements de grande ampleur.
Un durcissement du ton sur l’exploitation minière des fonds marins a marqué le sommet, qui a réuni sur la Côte d'Azur une soixantaine de dirigeants du monde entier. Mais des reculs sur les énergies fossiles et des déceptions sur la protection des aires marines ont laissé un goût d’inachevé aux défenseurs de l’environnement ou aux dirigeants d’Etats insulaires.
Saluée par tous, la ratification du traité sur la haute mer par une cinquantaine de pays, actée lundi à Nice, permet d’espérer une entrée en vigueur rapide de cet accord international destiné à mieux protéger les eaux internationales (au-delà de 200 milles marins des côtes, soit 370 km).
Rebecca Hubbard, de la High Seas Alliance, un regroupement d’une cinquantaine d’ONG, a salué un «progrès incroyable». Mais «nous devons garder le pied sur l’accélérateur», a-t-elle prévenu, alors que le traité n’entrera en application que 120 jours après le dépôt de la 60e ratification.
La France n’a pas réussi à atteindre ce chiffre clé à Nice, comme souhaité par le président français Emmanuel Macron. Mais «il y a eu une mobilisation démente», se réjouit Romain Troublé, directeur de la Fondation Tara Océan.
«Une vraie accélération», abonde François Chartier, de Greenpeace. «A priori, le traité va être finalisé avant la fin de l’année et on va pouvoir travailler sur les premières aires marines protégées en haute mer.»
Dès l’ouverture du sommet, les dirigeants de la planète ont durci le ton face à la décision de Donald Trump de lancer unilatéralement l’exploitation des «nodules» polymétalliques dans les eaux internationales du Pacifique.
«Les abysses ne sont pas à vendre», a lancé Emmanuel Macron, parlant de «folie» et d'«action économique prédatrice», tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mettait en garde contre un nouveau «Far West».
Cette rhétorique ferme n’a toutefois pas permis d’élargir sensiblement la coalition pour un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, passée de 32 à 37 pays seulement, sur les 169 États membres de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), chargée de rédiger un code minier.
De la Colombie aux Samoa, en passant par le Portugal, la Grèce ou la Polynésie, des pays partout dans le monde ont annoncé la création d’aires marines protégées (AMP), ou le renforcement des aires existantes, notamment en y interdisant le chalutage de fond.
Le monde pourrait dépasser les 10% d’AMP à l’issue de la conférence, contre 8,34% auparavant. La faiblesse des annonces de la France, avec une limitation du chalutage de fond sur 4% seulement des eaux hexagonales, a déçu les ONG.
Principales causes du réchauffement climatique, les énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon) ne sont pas mentionnées dans le projet de déclaration finale qui doit être adopté vendredi.
Le texte pointe «les effets néfastes du changement climatique» pour l’océan et ses écosystèmes, sans pour autant plaider en faveur d’une «transition» vers l’abandon des énergies fossiles, comme lors de la COP28 de Dubaï en 2023.
«C’est la principale cause de la détérioration des océans, et nous n’en parlons pas assez, c’est regrettable», a estimé Ralph Regenvanu, ministre de l’Environnement de l’archipel volcanique du Vanuatu, dans le Pacifique.
Les 100 milliards de dollars de financement, évoqués par le Costa Rica avant la conférence de Nice, ne se sont pas matérialisés.
Quelque 175 milliards de dollars (141 milliards de francs) par an sont nécessaires pour atteindre l’objectif de développement durable de l’océan d’ici 2030, selon un rapport du Forum économique mondial de 2022.
«Tapinoma magnum», une espèce exotique invasive capable de constituer des colonies de millions d’individus, se répand en Suisse. Des mesures destinées à contrôler sa propagation ont été prises dans la commune la plus méridionale du pays
Elles sont petites et noires, et les ouvrières sont de tailles différentes. Lorsqu’on les écrase, elles ont une odeur caractéristique de beurre rance. Et surtout, elles créent des super-colonies, comptant des millions d’individus. Tapinoma magnum est une espèce exotique de fourmi invasive, dont l’origine exacte n’est pas encore déterminée. Elle viendrait du bassin méditerranéen occidental, d’Afrique du Nord ou du sud de l’Europe.
«Si vous voyez une autoroute de fourmis à dix voies dans votre jardin, c’est probablement elle!», indique la myrmécologue (du grec myrmex, qui signifie «fourmi») Cleo Bertelsmeier, professeure à l’Université de Lausanne. Normalement, une colonie de fourmis est pourvue d’un nid et d’une ou quelques reines, et les colonies sont agressives entre elles. «En revanche, ici, on a une structure polygyne (comptant plusieurs reines) et de nombreux nids, tous connectés les uns aux autres. Et les fourmis coopèrent: elles s’échangent la nourriture, couvent les bébés des autres», précise-t-elle.
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Les chenilles du papillon bombyx disparate ont déjà dévoré 20 000 hectares de forêts en Corse. S’il est bien connu dans l’île française, le phénomène, exacerbé par la chaleur récente, représente un enfer dans les villages touchés, où tout semble avoir brûlé
«Pour les pouvoirs publics, ce n’est pas grave, mais pour nous, c’est une catastrophe.» Jean-Marie Casamarta, 49 ans, propriétaire de la maison d’hôtes Zella, à Guitera-les-Bains, village corse réputé pour son eau chaude sulfureuse, a «l’impression d’être dans Le Seigneur des anneaux, quand ils tuent dix orques et qu’il en arrive 100!». Car rien n’y fait: «J’en ai tué des milliers, j’ai balayé, brûlé, noyé, mis de l’insecticide bio et fait venir à deux reprises une société spécialisée, pour un total de 1700 euros, ce qui a permis de sauver la saison, mais elles reviennent en permanence.» Elles, ce sont les chenilles du papillon bombyx disparate, qui ont déjà dévoré 20 000 hectares de forêts en Corse.
Isolée dans la forêt, la maison de Jean-Marie Casamarta est au cœur de l’exploitation agricole familiale, avec 150 cochons, une fromagerie, des chênes multicentenaires et… ces chenilles de quelques centimètres très poilues, i brughi en corse, qui ont métamorphosé les collines boisées, les faisant virer au gris-brun, comme calcinées. «Je pensais que la vallée avait brûlé, comme il y a 40 ans», a cru Ernest Albucker, apiculteur de 70 ans à la retraite et en vacances en Corse, l’île méditerranéenne la plus boisée avec 550 000 hectares de forêts, soit 58% du territoire, selon l’Office national des forêts. «Les routes sont brunes», tachées par des milliers de chenilles écrasées, témoigne Serkan Aksin, motard gallois de 47 ans venu de Cardiff, surpris par ce paysage monochrome insolite et «l’odeur âcre».
Si cette invasion est visuellement impressionnante, cela reste un phénomène naturel bien connu dans l’extrême sud de l’île, qui dure de fin avril à juillet, quand les chenilles deviennent papillons, tente de rassurer la préfecture de Corse, précisant que «les cycles de pullulation durent de deux à quatre ans, avec une période de latence de six à douze ans entre chaque cycle».
«Les populations de chenilles vont se réguler naturellement dès la mi-juin, avec la diminution de la ressource alimentaire et l’accroissement des prédateurs, notamment des oiseaux», explique la préfecture, imputant l’ampleur du phénomène aux fortes températures récentes et soulignant que s’il affaiblit nécessairement les arbres touchés, il ne les tue pas. C’est la deuxième année de pullulation, et après 5000 hectares touchés en 2024, 20 000 hectares déjà ont donc déjà été affectés cette saison, confirme Orso Cerati, l’un des six observateurs insulaires pour le Département de la santé des forêts (DSF). «On les entend manger dans les feuillages», souligne l’expert.
«Psychologiquement, c’est dur, c’est un combat quotidien et on a perdu de l’activité. Des randonneurs ont annulé», déplore Jean-Marie Casamarta, «en colère contre les pouvoirs publics». Contrairement à sa cousine processionnaire, la chenille du bombyx disparate «ne possède pas de poils urticants», tempère la préfecture, même si plusieurs villageois, dont le propriétaire de la maison d’hôtes Zella, assurent, photos à l’appui, avoir développé des plaques rouges. «C’est invivable, l’enfer; dès 6h du matin, on balaie les terrasses, les façades, il y en a partout, même dans l’insert de la cheminée. On vit enfermé, on n’a pas le choix», confie Juliette Giannotti, factrice de 54 ans. «En cinquante ans, je n’ai jamais vu ça.» Dès mi-juillet, les arbres dévorés, principalement les chênes, vont recommencer à faire des feuilles, précise Orso Cerati. Mais cela est coûteux en énergie et réduira la production de glands.
Six mois après la chute du régime de Bachar el-Assad, les exilés reviennent dans cette région assiégée qui était autrefois le verger de Damas. Mais sous l’effet de la guerre et du réchauffement climatique, l’oasis déchue s’est muée en étendue désertique
Ghouta en arabe signifie «oasis». C’est ainsi que sont nommées les vastes plaines, jadis greniers à blé et vergers de Damas, qui bordent la capitale syrienne. Mais aujourd’hui, des étendues désertiques ont remplacé les paysages verdoyants. Il ne subsiste plus que 20% environ des près de 4 millions d’arbres que comptait la région en 2010, d’après l’ingénieur Nizar al-Samadi, opposant notoire au régime du dictateur déchu Bachar el-Assad.
Sur les deux côtés de la route qui traverse le quartier de Qaboun, des champs de ruines défilent à perte de vue. Ici, le régime n’a rien laissé au hasard. Pendant cinq années, il a assiégé et bombardé cette localité sunnite. Des destructions qui n’ont pas cessé à l’arrêt des combats: des bulldozers ont fini le travail, les ferrailleurs du régime ont récupéré les fers à bétons tandis que des élagueurs coupaient chaque arbre qui avait survécu. «Lorsqu’ils sont venus s’attaquer à mes oliviers, j’ai appelé quelqu’un qui avait des connexions à Damas. C’est comme cela que j’ai réussi à en sauver la majorité», raconte Abou Ali, 62 ans.
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HEIDI.NEWS. Partout dans le monde, des institutions conservent des graines, comme autant de petits trésors, dans des chambres froides à l’abri du monde. Quels sont les enjeux derrière ces banques de semences? Entretien