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Le grand plongeon des valorisations dans la tech européenne
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Levée de fonds
La start-up suédoise Lovable a été valorisée 1,8 milliard de dollars en août dernier.
La start-up suédoise Lovable a été valorisée 1,8 milliard de dollars en août dernier. (Photo Shutterstock)
Par Charlie Perreau
Publié le 10 déc. 2025 à 06:50Mis à jour le 10 déc. 2025 à 07:09
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2025 ne va pas être une grande année pour la tech européenne. Comme l'a montré le rapport du fonds de capital-risque Atomico, les montants levés par les start-up européennes devraient être stables sur l'année.
2025 ne sera pas non plus l'année des grosses valorisations. Selon une étude de ScaleX Invest, spécialiste de l'évaluation des profils de risque dans la tech, en exclusivité pour « Les Echos », le multiple médian de valorisation dans la tech européenne (lors d'une levée de fonds) s'élevait à 4,73 fois les revenus au premier semestre 2025. C'est 18 % de moins par rapport au premier semestre 2024, et 39 % de moins par rapport à début 2021.
Un pic avait été atteint au premier semestre 2022, en pleine euphorie de la tech (8,24 fois les revenus), avant de redescendre brutalement un an plus tard à 5,91 fois les revenus. « Ce n'est pas très surprenant », estime Sébastien Paillet, PDG de ScaleX Invest, en référence à la crise du financement qui touche l'écosystème tech depuis mi-2022 (à la suite de la hausse des taux d'intérêt).
Le pays qui enregistre le multiple médian le plus élevé est la Norvège (12,1 fois les revenus), suivi de l'Allemagne (10,7) et la Suède (10,5). La France se trouve à la sixième place avec un multiple de 6,2. « Difficile de trouver une explication rationnelle. Est-ce que c'est parce qu'ils ont une meilleure maîtrise des sorties ? Est-ce parce que ce sont des boîtes très internationales ? », s'interroge le dirigeant.
Des records en IA
L'« early stage » est le segment le moins touché puisque le multiple médian de valorisation est de 10,3 fois les revenus au premier semestre 2025, contre 10 un an plus tôt. Le « late stage » est, quant à lui, tombé à 4,72 versus 6,77 un an plus tôt. « Il y a moins d'opérations dans ce segment, on sent que les fonds sont beaucoup plus sélectifs, ce qui fait qu'ils se concentrent vraiment sur les deals à plus fort potentiel, sur lesquels il y plus de concurrence », souligne Sébastien Paillet.
L'« early stage » est aussi beaucoup porté par l'IA, où les valorisations ont explosé ces derniers mois. Le multiple de valorisation dans l'intelligence artificielle est de 12 en 2025, contre 6,5 pour le logiciel sous abonnement « traditionnel » (le SaaS) et 7,45 pour la santé. A titre d'exemple, la start-up suédoise Lovable a été valorisée 1,8 milliard de dollars en juillet dernier et annonçait quelques semaines après avoir dépassé les 100 millions de dollars de revenus annuels récurrents (ARR), indicateur phare dans le monde du logiciel.
Le seul segment qui a vu bondir son multiple médian est le « growth equity », qui concerne les start-up rentables ou quasi rentables qui réalisent des opérations de LBO (leveraged buy-out). Plusieurs fonds de « growth equity » ont fait leur apparition en Europe ces dernières années, à l'image des américains PSG Equity et Marlin Equity ou encore du français Verto. « Pas mal de fonds 'late stage' réfléchissent à changer de stratégie et regardent le growth buy-out. Je pense que ça entraîne beaucoup plus de compétition sur ces deals. Les boîtes sont rentables, donc ça doit rassurer », souligne Stéphane Paillet. Les multiples sont d'ailleurs plus élevés que dans le private equity (2,18 fois les revenus au premier semestre 2025).
Des multiples qui vont rester bas ?
Le « growth equity » et le private equity sont devenus plus populaires en Europe, et notamment en France, ces deux dernières années en raison d'un marché des introductions en Bourse en berne et de grandes entreprises frileuses quand il s'agit de racheter des start-up. D'après une étude de la banque d'affaires française Clipperton, les sorties des start-up françaises du logiciel ayant levé des fonds et valorisées plus de 50 millions d'euros ont été portées à 81 % par les fonds de private equity. Les opérations ont été réalisées soit en direct, via un LBO, soit en indirect, à travers des opérations de build-up, à 28 %.
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La baisse des multiples va-t-elle se poursuivre ? « On sent qu'il y a une dynamique qui a repris depuis septembre-octobre. Je pense que les multiples vont rester sur des niveaux bas encore au moins un bon semestre », prédit Stéphane Paillet « Mais il y a quelques signaux qui montrent qu'il y a quand même de l'activité, du cash, parce que sinon, il n'y aurait pas tous ces fonds de continuation [placer des actifs déjà possédés dans un nouveau véhicule afin de lever de nouveaux fonds, NDLR], il n'y aurait pas toutes ces opérations de secondaire. Ça veut dire que les LPs [investisseurs des fonds, NDLR] ont du cash, mais ils n'ont pas envie de le réinvestir dans des nouvelles stratégies. Ils veulent recycler le cash existant », ajoute le dirigeant.
Méthodologie
ScaleX Invest a analysé plus de 11.000 valorisations issues du capital-risque (6.259) et du private equity (5.002) en Europe. Plus de 25 % des valorisations viennent du Royaume-Uni, 13 % de France, 12 % de Suède, 10 % d'Espagne, 9 % d'Italie, 5 % de Norvège, 4 % d'Allemagne et 23 % du reste de l'Europe.
Charlie Perreau
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