Sanctionné par l'administration Trump, Thierry Breton estime que l'UE doit "réagir avec la plus extrême fermeté"

L'ancien commissaire européen a été interdit de séjour aux États-Unis par les autorités américaines. Elles lui reprochent d'avoir porté des mesures de régulation des plateformes technologiques.
“Je pense que les institutions européennes doivent réagir avec la plus extrême fermeté”, a estimé Thierry Breton, sur RTL ce mardi 30 décembre. Cette figure centrale de l'ancienne équipe de la Commission européenne a été interdit de séjour aux États-Unis comme d'autres responsables européens. L'administration Trump lui reproche d'avoir soutenu et porté des mesures de régulation des réseaux sociaux.
“Nos institutions européennes ne peuvent montrer de signe de faiblesse. Au-delà de ma personne, si on accepte qu'on soit ostracisés, blâmés, punis, tout simplement parce qu'on a exercé le mandat qu'on nous a confié, alors on prend une pente extrêmement dangereuse”, a estimé Thierry Breton.
“La faiblesse entraîne la vassalisation. L'UE doit réagir, non pas pour mon cas, mais pour les 450 millions d'Européens que nous sommes. Ne soyons pas naïfs. Nous sommes entourés d'empires, de prédateurs qui ne nous veulent pas du bien”, a insisté l'ancien commissaire européen.
“Loi votée par l'ensemble des forces démocratiques”
Chargé du numérique à la Commission jusqu'à son départ, ce dernier a été à la manœuvre dans les enquêtes visant X (ex-Twitter), Meta (Facebook, Instagram) et TikTok, pour la diffusion présumée de “fausses informations” et de “discours de haine” et a porté le règlement sur les services numériques (DSA).
“Cette nouvelle loi a été portée par la Commission, et j'étais le rapporteur, mais elle a surtout été votée par l'ensemble de nos forces démocratiques, par près de 90% des parlementaires européens et 100% des chefs d'État et de gouvernement. Elle n'est faite contre aucun pays, elle est faite pour protéger nos enfants, nos démocraties, pour protéger toutes celles et ceux qui passent près de quatre heures et demie par jour sur les réseaux sociaux”, a poursuivi Thierry Breton.
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Ce dernier a ajouté que le DSA vise selon lui à soumettre les plateformes “à nos règles démocratiques et pas à celles des autres”. “Ce n'était pas hégémonique ou agressif de notre part, nous voulions être nous-mêmes”. Pour l'heure, la Commission européenne a condamné fermement les sanctions américaines mais aucune mesure de rétorsion n'a été annoncée.
Pour justifier ces sanctions, Marco Rubio, le secrétaire d'État américain, a déclaré: “Depuis bien trop longtemps, des idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles elles s'opposent. L'administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale. Nous prendrons des mesures pour interdire l'entrée aux États-Unis aux figures de proue du complexe industriel mondial de la censure”.
Quatre autres Européens sanctionnés
Le Britannique Imran Ahmed, l'une des cinq personnalités européennes engagées pour une stricte régulation de la technologie interdite de séjour aux États-Unis, a déposé une plainte contre l'administration de Donald Trump, écartant temporairement le risque d'être expulsé du pays où il vit. Imran Ahmed a fondé et dirige le Centre de lutte contre la haine numérique (CCDH), qui étudie les politiques de modération des grands médias sociaux.
Le gouvernement américain reproche à son ONG d'avoir “appelé les plateformes à déréférencer douze 'anti-vax' américains”, dont l'actuel ministre de la Santé américain Robert F. Kennedy Jr, a détaillé sur X la sous-secrétaire d'État pour la diplomatie publique, Sarah Rogers.
Les sanctions américaines touchent aussi trois autres représentantes d'ONG luttant contre la désinformation et les messages haineux en ligne: Clare Melford, à la tête de GDI, un index de la désinformation au Royaume-Uni, Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon, de l'ONG allemande HateAid.
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