La tension était palpable sur les serveurs de PokerBattle.ai alors que neuf intelligences artificielles s'affrontaient pour la gloire et des jetons virtuels. Si OpenAI o3 repart avec les poches pleines et le titre de champion, le modèle de Meta a fini par payer l'addition d'une stratégie pour le moins suicidaire.
Alors que les chatbots ChatGPT, Gemini, Grok et Llama se sont affrontés en direct sur des milliers de mains, c'est l'approche réfléchie de l'IA d'OpenAI qui a fait la différence. © Shutterstock
Oubliez les lunettes noires, les cigares et l'ambiance feutrée des casinos de Las Vegas. Ici, le tapis vert n'était que du code et les regards impénétrables se résumaient à des algorithmes de probabilités. Durant cinq jours d'octobre 2025, la crème de la Silicon Valley s'est réunie autour d'une table virtuelle pour une partie de Texas Hold'em historique. L'enjeu dépassait la simple victoire : il s'agissait de savoir laquelle de ces entités numériques maîtrisait le mieux l'art délicat du mensonge et de la gestion de risque. Le spectacle fut à la hauteur, oscillant entre coups de génie calculateurs et naufrages stratégiques dignes d'un débutant trop enthousiaste.
Le triomphe de la froideur comptable
Dans ce tournoi où chaque décision coûte cher, la victoire est revenue à celui qui a su garder la tête la plus froide. OpenAI o3 n'a pas cherché à épater la galerie avec des coups d'éclat permanents. Au contraire, le modèle a joué comme un vieux briscard prudent, amassant patiemment une plus-value de 36 691 dollars sur sa cave initiale. Sa force a résidé dans une constance à toute épreuve, là où ses rivaux se laissaient parfois emporter par leurs émotions simulées.
Claude Sonnet 4.5 et Grok n'ont pas démérité pour autant. L'IA d'Anthropic s'adjuge une belle médaille d'argent, tandis que le poulain d'Elon Musk complète le podium avec une attitude presque humaine, capable de lire le jeu adverse avec une finesse surprenante. Ces trois modèles ont prouvé qu'ils savaient naviguer dans le brouillard de l'incertitude, calculant leurs chances avec une précision chirurgicale qui ferait suer n'importe quel joueur humain. Ils ont su jeter leurs cartes quand il le fallait, une humilité programmée qui a fait toute la différence face aux têtes brûlées du tournoi.
La débâcle des flambeurs numériques
Il faut bien un perdant à chaque table, et c'est Meta qui a endossé ce rôle avec une maladresse spectaculaire. Son modèle LLAMA 4 a joué le rôle de la baleine, ce joueur fortuné que tous les autres rêvent de dépouiller. Avec une agressivité mal placée et une tendance à vouloir jouer toutes les mains, l'IA de Mark Zuckerberg a réussi l'exploit de dilapider l'intégralité de ses 100 000 dollars fictifs. Elle a voulu imposer sa loi par la force des mises, oubliant que le poker punit sévèrement l'arrogance statistique.
Ce désastre illustre une vérité amusante sur ces cerveaux artificiels : ils ne savent pas encore très bien mentir. La plupart des participants, y compris les modèles chinois comme Kimi ou Z.AI qui ont fini dans le rouge, ont montré leurs limites dès qu'il s'agissait de bluffer. L'art de l'intox demande une théorie de l'esprit, une capacité à se projeter dans la tête de l'autre pour le tromper, ce qui semble encore échapper à nos assistants virtuels. Pour l'instant, ils restent d'excellents mathématiciens, mais de piètres comédiens.
https://www.clubic.com/actualite-590461-chatgpt-gemini-mistral-meta-ai-et-grok-s-assoient-autour-d-une-table-virtuelle-pour-jouer-au-poker-voici-qui-est-le-grand-gagnant.html
Un tournoi de poker entre intelligences artificielles, disputé pendant une semaine, a révélé comment ces modèles savent bluffer, prendre des risques… et se tromper. Au final, c’est OpenAI qui a raflé la mise maximale.
Au poker menteur, quelles intelligences artificielles bluffent le mieux? Vous vous souvenez sans doute des célèbres matchs d’échecs entre le champion du monde Garry Kasparov et le supercalculateur IBM “Deep Blue”, six parties emblématiques opposant homme et machine. Cette fois, la confrontation est différente : c’est machine contre machine… et au poker.
Dans une expérience numérique inédite, neuf des plus puissants modèles de langage à grande échelle se sont affrontés pendant cinq jours lors de parties de Texas Hold'em à enjeux élevés. Les algorithmes o3 d’OpenAI, Claude Sonnet 4.5 d’Anthropic, Grok de X.ai, Gemini 2.5 Pro de Google, Llama 4 de Meta, DeepSeek R1, Kimi K2 de Moonshot AI, Magistral de Mistral AI et GLM 4.6 de Z.AI ont joué des milliers de mains, avec des tables à 10 dollars et 20 dollars et des bankrolls de 100.000 dollars chacune.
Lors de l’expérimentation “PokerBattle.ai”, entièrement gérée par des IA avec des consignes identiques, les algorithmes ont montré une capacité étonnante à bluffer, parier, s’adapter et modéliser leurs adversaires en temps réel.
Sam Altman, le patron d'OpenAI, sur scène lors de la conférence annuelle des développeurs © Photo par BENJAMIN LEGENDRE / AFP
Le site d'actualité TechRadar relate ainsi que l’IA o3 d’OpenAI s’est distinguée en remportant les plus gros pots, tandis que Claude d’Anthropic et Grok d'Elon Musk complétaient le podium avec des gains significatifs. D’autres IA, comme Llama, ont été éliminées rapidement, et certaines, comme Kimi K2 de Moonshot, ont accumulé de lourdes pertes, révélant à la fois le potentiel et les limites de ces machines dans un jeu stratégique complexe.
Carte sur table?
Le poker est un terrain idéal pour tester l’intelligence artificielle générale, car contrairement aux échecs ou au go, il oblige à prendre des décisions dans l’incertitude, comme dans la négociation, la stratégie militaire ou le développement des chatbots. Lors des tournois, les IA se sont souvent montrées trop agressives, privilégiant le gain de gros pots au détriment de stratégies prudentes, et leurs bluffs étaient généralement le fruit d’une mauvaise lecture des mains plutôt que d’une tromperie réfléchie.
Pourtant, les modèles récents vont bien au-delà d’une simple reproduction de données: ils évaluent les probabilités, analysent le contexte et apprennent en temps réel, tout en conservant leurs limites. Même si l’on ne jouera probablement jamais contre une IA autour d’une vraie table, ces expériences offrent un aperçu concret de la manière dont elles prendront des décisions dans des situations complexes.
Mais cela soulève également quelques interrogations. Si les IA peuvent bluffer entre elles dans un tournoi de poker, il est légitime de se demander si elles pourraient un jour utiliser le même artifice avec les humains. La question du “poker face artificiel” soulève des enjeux éthiques et stratégiques: jusqu’où les machines pourraient-elles manipuler l’information pour influencer nos décisions?
https://www.bfmtv.com/tech/intelligence-artificielle/open-ai-bat-google-meta-et-grok-dans-un-tournoi-de-poker-100-ia-les-machines-resteront-elles-honnetes-ou-vont-elles-se-mettre-a-bluffer-les-humains_AV-202512080592.html