L'essentiel Inflation, croissance, emploi : les statistiques publiques américaines suscitent de plus en plus de doutes. Le récent “shutdown” a mis en lumière des fragilités déjà profondes, accentuées par des coupes budgétaires et des soupçons de politisation sous Donald Trump.
Donald Trump revendique une victoire. Les derniers chiffres officiels de l’économie américaine pour le troisième trimestre sont qualifiés de “géniaux” par le locaraire de la Maison Blanche. “60 sur 61 économistes Bloomberg se sont trompés, mais 'Trump' et quelques autres génies ont eu raison. Le succès est dû à une bonne gestion et aux droits de douane. Les dépenses de consommation sont fortes, les exportations nettes sont en claire hausse, les importations et les déficits commerciaux sont en claire baisse, et il n’y a pas d’inflation” écrit le locataire de la Maison Blanche.
Des données incomplètes ou perdues
Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Le récent “shutdown”, qui a paralysé l’administration fédérale pendant près de deux mois, a mis en évidence les failles du système statistique américain, rapportent Les Echos. Lors de la publication d’une croissance de 4,3 % au troisième trimestre, le Bureau des statistiques économiques a reconnu qu'“il en a résulté des retards dans la transmission de nombreuses données sources principales utilisées pour produire des estimations du PIB”, jetant un doute sur la solidité du chiffre.
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Même constat pour l’inflation de novembre, annoncée à 2,7 %, un niveau jugé surprenant par de nombreux économistes. “Est-il possible que l’inflation généralisée ait chuté brutalement en novembre 2025 à son niveau le plus bas depuis août 2020 ? Oui. Mais est-ce seulement probable ? Non”, a ainsi réagi l’économiste Robin Brooks, ancien directeur financier de Goldman Sachs. Selon KPMG, “de nombreuses données essentielles ont été perdues, tandis que d’autres sont incomplètes en raison d’une collecte de données écourtée en novembre”.
Une dégradation qui inquiète
Au-delà du “shutdown”, le malaise est devenu structurel. Sous la présidence de Donald Trump, les budgets des agences statistiques ont été réduits et leurs effectifs amputés. Un rapport de l’Association américaine des statistiques estime que le nombre de salariés du Bureau of Labor Statistics a chuté de 20 % en un an, conduisant à une situation où près de 40 % des prix sont désormais estimés et non observés.
Cette dégradation inquiète jusqu’aux institutions internationales. Dans un article du Fonds monétaire international, Bert Kroese, responsable des statistiques, avertit : “Sans institutions statistiques solides, la confiance dans les données économiques s’effondre, et avec elle, les fondements de politiques judicieuses”. Un signal d’alarme face à une crise de crédibilité qui complique déjà la tâche de la Réserve fédérale.
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