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Boualem Sansal tacle la méthode de son « ami

L’amitié en privé n’empêche pas les critiques en public. Sur France 2 dimanche, Boualem Sansal n’a ainsi pas tergiversé pour dire ce qu’il pensait de la position de Bruno Retailleau vis-à-vis d’Alger.
A l’occasion de sa première intervention médiatique depuis son retour en France, l’écrivain a ainsi admis que même si l’ancien ministre de l’Intérieur était son « ami », sa ligne très ferme face à l’Algérie avait pu être « d’une certaine manière » un obstacle à sa libération, survenue le 12 novembre après un an de détention dans ce pays.
« D’une certaine manière, oui, parce qu’il offrait à l’Algérie l’occasion de rebondir sur : “Regardez, c’est notre ennemi, ils nous détestent, etc.” Mais avec ou sans Bruno Retailleau, ils auraient réagi de la même manière avec n’importe qui », a expliqué l’auteur franco-algérien.
Macron mise sur l’apaisement avec Alger
Les deux hommes ne sont pas pour autant en froid, bien au contraire. « On va se voir, probablement dans les jours qui viennent. On s’est téléphoné. C’est mon ami », a insisté Boualem Sansal au sujet de celui qui lors de son passage à Beauvau a été le pourfendeur de la diplomatie d’apaisement prônée par le président Macron.
Le locataire de l’Élysée avait fait de la réconciliation avec l’Algérie une des priorités diplomatiques, ponctuée notamment par sa visite à Alger à l’été 2022. Mais son soutien au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le territoire disputé du Sahara occidental a suscité à l’été 2024 une crise diplomatique franco-algérienne qui dure encore aujourd’hui. Depuis, l’incarcération de Boualem Sansal et celle du journaliste français Christophe Gleizes, toujours détenu en Algérie, mais aussi la réticence d’Alger à reprendre ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) ont encore envenimé la relation.Notre dossier sur l'Algérie
Aux tensions diplomatiques s’est ajouté un bras de fer politique hexagonal, opposant schématiquement Emmanuel Macron à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur jusqu’en octobre. Après le départ du gouvernement du patron du parti Les Républicains, et avant même la libération de Boualem Sansal, Paris avait perçu des signaux positifs, dont l’invitation algérienne faite au nouveau ministre, Laurent Nuñez.
https://www.20minutes.fr/monde/4187388-20251124-boualem-sansal-tacle-methode-ami-retailleau-alger-liberation


"Je dois y retourner": l'écrivain Boualem Sansal se dit déterminé à repartir en Algérie

L'écrivain Boualem Sansal, à l'Académie française à Paris le 29 octobre 2015. - FRANCOIS GUILLOT / AFP
Invité à l'antenne de France Inter, Boualem Sansal assure, moins d'un mois après avoir été gracié et libéré, qu'il compte retourner en Algérie. “Le fait d'y aller et d'en ressortir, pour moi, c'est une réparation”, a-t-il justifié.
Dans un long entretien accordé à France Inter, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, récemment revenu en France, assure qu'il veut retourner en Algérie, après y avoir passé un an en prison pour “atteinte à l'unité nationale”.
“Je dois y retourner car quand vous subissez une injustice, vous cherchez tout naturellement à obtenir réparation”, explique-t-il. “Je n'ai pas besoin d'argent, même pas d'un nouveau procès. Juste le fait d'y aller et d'en ressortir, pour moi, c'est une réparation”.
L'auteur indique avoir partagé sa volonté de revenir en Algérie “dès la semaine prochaine” au président de la République, qui lui a demandé de faire “attention”. “C'est là qu'on va vérifier la réalité et la justesse des choses”, assure Boualem Sansal.
La veille sur France 2, lors de sa première interview depuis sa libération, l'écrivain indiquait toutefois être inquiet “pour sa famille” s'il retourne en Algérie. “J'ai peur qu'on arrête aussi mon épouse”, avait-il déclaré. Boualem Sansal ajoute qu'Emmanuel Macron lui a assuré qu'il allait poser la question du possible retour de l'auteur en terres algériennes au président.
“On s'habitue à la prison” malgré “une perte de dignité”
Dans cet entretien fleuve, Boualem Sansal est également revenu sur ses conditions de détention. “La prison, on peut s'y habituer. Il ne faut pas croire que c'est si terrible que ça: on a des amis, on a une routine, on fait du sport…”, raconte-t-il. Il souligne toutefois qu'être un prisonnier, c'est “une humiliation” constante et “une perte de dignité”. ““On vous fouille du matin au soir, vous êtes comme un toutou.”
Sans parler de sa propre souffrance, qui est un sujet tabou en prison. “Les prisonniers ne communiquent pas. On pleure le soir, seul dans sa cellule.” L'auteur n'a pas non plus pu écrire en prison. “On a besoin d'être avec soi, ça ne peut pas se faire dans ces conditions”, explique-t-il.
L'écrivain franco-algérien était détenu dans un quartier de haute sécurité, aux côtés de “terroristes, de gens de Daesh, d'islamistes combatifs et combattants”. “J'étais accusé de ça moi aussi: terrorisme, espionnage… Sur le plan statutaire, j'étais comme eux, c'était la même chose.”
Au départ traité comme tous les autres prisonniers, il a toutefois bénéficié d'une plus grande protection à partir du moment où la France s'est fortement engagée pour sa libération, notamment vis-à-vis de sa santé. L'état français et les proches de l'écrivain étaient en effet très inquiets par sa santé. Toutefois sur France Inter, Boualem Sansal se dit aujourd'hui soigné de son cancer, après une radiothérapie.
https://www.bfmtv.com/international/afrique/algerie/je-dois-y-retourner-l-ecrivain-boualem-sansal-se-dit-determine-a-repartir-en-algerie_AN-202511240364.html