Torrent de haine sur les réseaux après l'annonce de la venue d'Aya Nakamura à Brive : “On s'y attendait, mais pas à ce point” - La Montagne
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Aya Nakamura, artiste francophone la plus écoutée au monde, est régulièrement la cible d’attaques racistes et sexistes, notamment sur les réseaux sociaux. L’annonce de sa venue au prochain Lovely Brive Festival (Corrèze), prévue le 19 juillet 2026, a déclenché ce type de réactions.
Par Guillaume Blanc, avec P. L.
Publié le 10 novembre 2025 à 09h31 •
Mardi 4 novembre, l’annonce de la venue d’Aya Nakamura au prochain Lovely Brive Festival a suscité, sur les réseaux sociaux, dont ceux de La Montagne, une vague de commentaires haineux, certains à caractère ouvertement raciste et sexiste. Comme à chaque fois qu’elle est au cœur de l’actualité…
« On s’y attendait, parce qu’on avait vu les réactions à la suite de sa participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris en 2024, mais pas à ce point-là », assure Stéphane Canarias, patron de la manifestation corrézienne, qui a programmé la chanteuse franco-malienne, le 19 juillet, dernier soir de l’édition 2026. « Je peux comprendre qu’on n’aime pas sa musique, je ne peux pas comprendre que ça aille aussi loin dans les propos, ajoute-t-il. On ne force personne à venir la voir, mais on est très fier de l’avoir. »
« La numéro un française, tout simplement »
Figure incontournable de la pop urbaine, avec « son style propre, qu’elle a inventé » et « ses punchlines fortes », Aya Nakamura, 30 ans, s’est imposée comme l’artiste francophone la plus écoutée au monde, enchaînant les succès depuis la sortie de son premier album, en 2017, et du titre Comportement. C’est ce que retient Stéphane Canarias, et c’est tout le paradoxe de la situation : « On offre à notre public l’artiste française numéro un, tout simplement. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les chiffres. Elle est numéro un en France en termes de ventes d’albums, de streams sur les plateformes, et de remplissage de salles. » Preuve, s’il en faut une, de son immense popularité : l’interprète des tubes Djadja et Pookie a vendu les 240.000 billets de ses trois concerts au Stade de France (les 29, 30 et 31 mai 2026) en un temps record : « Elle est devenue un monstre de l’industrie musicale. Qu’on le veuille ou non. »
« Ma fille de 16 ans l’écoute en boucle »
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Pour la soirée du 19 juillet du Lovely Brive Festival, plus de 8.000 billets, sur 15.000, ont déjà trouvé preneur, cinq jours après l’ouverture de la billetterie. « Tous les festivals français se sont battus pour l’avoir, souffle Stéphane Canarias. On considère que c’est une chance qu’elle nous ait choisis. Elle a un public plus large qu’on peut le penser : elle ne plaît pas qu’aux adolescents et aux jeunes. »
« Ma fille de 16 ans l’écoute en boucle », confie Amélie, 45 ans, croisée dans les rues de Brive hier. Elle avoue être « un peu dépassée par le phénomène. Ce n’est pas le genre de musique qui me plaît, je ne comprends pas toutes les paroles. Je suis sans doute trop vieille (rires). En revanche, cela ne me dérange absolument pas que ma fille l’adore. »
Perrine, 19 ans, est une « grande » fan : « Les chansons d’Aya Nakamura mettent l’ambiance en soirée. » Une en particulier ? « Djadja, bien sûr ! »
Aurélie, 26 ans, elle, n’ira pas l’applaudir au Lovely mais elle reconnaît être impressionnée par sa personnalité : « C’est une femme forte, sûre d’elle. Elle semble se ficher des attaques dont elle est victime. Elle essuie des critiques dégueulasses, mais elle trace sa route. »
Le point de vue de Titiou Lecoq
Photo Stéphanie Para
Autrice et féministe, elle a réalisé un travail colossal au sein de la rédaction de Libération au sujet des féminicides, à partir de 2017 et elle vient de publier La vie ressemble à ça, qu’elle a dédicacé à la Foire du livre de Brive ce week-end.
“Il est important, pour commencer, de relativiser sur l’impression de surnombre. Dans les cas de cyberharcèlement, il y a souvent une même personne derrière plusieurs comptes. C’est important, sinon tu commences à paniquer devant cette violence.”
“Ensuite, je ne peux m’empêcher de me demander comment Aya Nakamura fait pour encaisser toute cette violence ? C’est dingue ! Elle, c’est sa vie quotidienne… Pour ce qui est de l’expliquer, je dirais qu’en ce moment, ils ont l’impression qu’ils peuvent gagner. Et ça, ça me fait un peu peur…”
“On a bien vu, après l’élection de Trump aux États-Unis, il y a eu une nette hausse des agressions racistes, les gens se sont sentis autorisés… Tout ceci, on sait que c’est de la bataille culturelle. Et on sait que c’est important.”
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