« Les corps sont là, mais les attitudes ne le sont pas Une étude publiée par une enseignante dans le « Wall Street Journal » montre que les valeurs des jeunes sont en inadéquation avec celles réclamées par les recruteurs.

Le Covid avait mis en lumière de nouvelles habitudes de travail et des exigences émergentes, notamment le télétravail, brandi comme un nouveau droit acquis. Une tribune publiée dans le prestigieux Wall Street Journal pose une question aussi provocatrice que passionnante : La génération Z (née entre 1997 et 2012) est-elle inemployable ? L’interrogation est portée par Suzy Welch, professeure de pratique de gestion à la Stern School of Business de l’université de New York et auteure de « Devenir vous-même : La méthode éprouvée pour façonner votre vie et votre carrière ».
Elle a mené une étude auprès de 45 000 profils représentatifs des États-Unis en termes d’âge, de sexe et de revenus, afin de confronter les valeurs de la génération Z à celles les plus recherchées par les recruteurs dans l’économie actuelle. Selon ses résultats, seulement 2 % des membres de la génération Z possèdent les valeurs que les entreprises recherchent le plus chez les nouvelles recrues, à savoir « la réussite, l’apprentissage et un désir illimité de travailler ».
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Des valeurs irréconciliables ?
Pour la génération Z, la première valeur est « l’eudémonisme », un terme grec qui évoque la volonté de prendre soin de soi et de rechercher le plaisir personnel. Ensuite, les personnes interrogées veulent exprimer leur individualité, puis aider les gens et enfin que les choses qu’elles souhaitent réaliser soient belles. Soit un véritable décalage avec ce qu’attend le marché du travail. La réussite n’arrive qu’en 11ᵉ position pour la génération Z et « 61 % d’entre eux souhaiteraient même en avoir moins dans leur vie ».
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« J’ai partagé nos résultats avec des responsables des ressources humaines siégeant au conseil externe de l’Initiative sur le but et l’épanouissement de la Stern School of Business de l’Université de New York. La plupart n’étaient pas surpris, mais ils étaient consternés. Comme l’a dit l’un d’eux, « C’est comme la phrase 'De l’eau, de l’eau partout, et pas une goutte à boire'. » Un directeur des ressources humaines a déclaré : « Les corps sont là. Les attitudes ne le sont pas. » » Aux États-Unis, le taux de chômage des jeunes diplômés n’était que de 5,8 % en juillet, mais il est plus élevé que la moyenne nationale et il n’a jamais été aussi haut depuis novembre 2023.
Les entreprises doivent changer, plaident les étudiants
Suzy Welch a soumis les résultats à ses étudiants. « D’un point de vue statistique, les étudiants en MBA de Stern accordent davantage d’importance à la réussite que la population générale, mais leur réaction reste néanmoins empreinte de malaise. Dans un marché de l’emploi aussi précaire, la dernière chose qu’ils souhaitent entendre, c’est une professeure qui leur dit : « Et pratiquement aucun d’entre vous ne possède les valeurs recherchées par les entreprises. » Pourtant, je le dis – non pas pour provoquer, mais parce que ce sont des informations que mes étudiants doivent connaître. Les valeurs, après tout, sont des choix. Et comme tous les choix, elles ont des conséquences. »
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Les étudiants veulent que les entreprises changent, avance la professeure, et estiment que l’obsession de la réussite n’a provoqué qu’anxiété et instabilité. « Peut-être ont-ils raison, conclut-elle. Et peut-être que le monde des affaires changera un jour – lorsque la génération Z sera aux commandes. Mais pour l’instant, le marché fait face à un décalage de valeurs entre générations qui pourrait redessiner l’avenir du travail. »
https://www.parismatch.com/actu/economie/les-corps-sont-la-mais-les-attitudes-ne-le-sont-pas-la-generation-z-est-elle-inemployable-257691