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La France a tout : nous sommes les seuls d'Europe à pouvoir concurrencer la Chine sur les terres rares

Publié le 14/08/2025 à 22:30
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Profil de Arnaud FOLLIN-ARBELET aka « NilloF » , Jeuxvideo.com
Responsable du pôle mobilité et actu générale pour JVTECH, j’essaie de vous proposer mon expertise, nourrie d'une veille rigoureuse et d'une analyse approfondie des tendances du secteur. Mon objectif : vous offrir un éclairage précis et pertinent sur le monde de la Tech, grâce à ma (modeste) formation de journaliste.
À La Rochelle, une usine discrète du chimiste belge Solvay traite depuis 1948 les dix-sept métaux rares indispensables aux technologies modernes. Dans un contexte de dépendance mondiale à la Chine, cette singularité place la France au cœur de la stratégie européenne pour sécuriser l’approvisionnement.

La France a tout : nous sommes les seuls d'Europe à pouvoir concurrencer la Chine sur les terres rares
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Une usine unique sur le continent
Sur le port atlantique de La Rochelle, le site de Solvay est le seul en Europe capable de traiter l’ensemble des terres rares, ces métaux utilisés dans les smartphones, éoliennes, véhicules électriques ou systèmes d’imagerie médicale. L’autre usine européenne, en Estonie, n’en traite qu’une partie. Hors de Chine, aucune autre installation au monde ne dispose d’une telle capacité de raffinage intégral.

Historiquement orientée vers la production de terres rares pour les pots catalytiques, l’usine se repositionne vers les aimants permanents nécessaires aux moteurs électriques, à l’électronique avancée et aux applications de défense. « Nous pouvons offrir une alternative aux approvisionnements exclusivement chinois », affirme Philippe Kehren, directeur général de Solvay, qui évoque « une demande croissante et un besoin de chaînes d’approvisionnement plus courtes ».

La France a tout : nous sommes les seuls d'Europe à pouvoir concurrencer la Chine sur les terres rares
© Guillaume QL (Unsplash)
L’Union européenne a fixé, via le Critical Raw Materials Act, des objectifs pour réduire d’ici 2030 la dépendance aux importations sur l’extraction, le traitement et le recyclage des matières stratégiques. À ce jour, aucun gisement de terres rares n’est exploité sur le continent : les projets les plus avancés, en Norvège et en Suède, ne devraient pas entrer en service avant une décennie.

Recycler pour gagner du temps
Faute de mines opérationnelles, Solvay mise sur le recyclage des terres rares déjà présentes dans les moteurs et équipements en fin de vie. L’objectif : couvrir jusqu’à 30% des besoins européens à partir de cette ressource circulaire. Le reste devra provenir de pays partenaires comme le Brésil, le Canada ou l’Australie. Pour autant, le traitement de ces matériaux reste complexe : environ 1 500 étapes sont nécessaires pour isoler les métaux sous forme de poudres prêtes à l’emploi. L’accès aux zones clés de l’usine est strictement limité, afin de préserver un savoir-faire développé depuis 1948 et concentré ailleurs quasi exclusivement en Chine. « C’est comme séparer un jus multi-fruits en jus de pomme, d’orange et d’ananas », illustre Florian Gouneau, responsable de production, au micro de la BBC.

L’État français soutient le site à hauteur de 20 millions d’euros via des crédits d’impôt. Une aide jugée essentielle par les industriels, qui réclament un engagement plus fort des pouvoirs publics pour rivaliser avec la politique industrielle chinoise. Pékin assure que le contrôle de ses exportations relève de son « droit souverain », une position dénoncée par le Parlement européen comme « injustifiée » et « coercitive ». Pour rappel, l’accès sécurisé aux matières premières est désormais inscrit dans plusieurs accords commerciaux récents de l’UE, comme celui signé en 2024 avec l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay.