Dermatose bovine : l’inquiétude gagne le Cantal

Alors que la dermatose nodulaire contagieuse progresse en Savoie et Haute-Savoie où elle a fait son apparition fin juin, les éleveurs du Cantal sont à leur tour inquiets : des carcasses de bovins ont été traités par une usine d’équarrissage.

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La dermatose nodulaire contagieuse est une maladie qui, comme l’indique le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, provoque chez les bovins fièvre (pouvant attendre 41degrés), abattement, chute de lactation, hypertrophie des ganglions lymphatiques et nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes. L’évolution de ces symptômes peut être très longue et les séquelles nombreuses (avortements, stérilité, tarissement, amaigrissement). La mortalité peut atteindre 10 % du troupeau.
Elle est apparue en France fin juin dans les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie où près de 1500 bêtes ont été euthanasiées. Les conditions d’éliminations des carcasses provoquent l’inquiétude des éleveurs du Cantal depuis que Cédric Vialmontel, un éleveur, très présent sur les réseaux sociaux a détecté des mouvements de camions entre Saint-Amour dans le Jura et l’usine d’équarrissage de la Sopa au Cros de Montvert, les installations de la zone infectée ne pouvant traiter un tel afflux d’animaux. « Quand on voit les vidéos de ce qui se passe en Savoie avec les gendarmes qui envahissent les fermes avec les services vétérinaires pour euthanasier les cheptels, je suis comme tous mes collègues, j’ai la trouille au ventre » dit-il. « Je me suis fait un devoir de partager l’info pour alerter et savoir la véracité des faits. L’inquiétude c’est de voir arriver la maladie chez nous et de devoir euthanasier nos cheptels ».
L’entreprise dans un premier temps a démenti avoir traité des carcasses d’animaux euthanasiés, mais les éleveurs de la Coordination Rurale sont arrivés prouver le contraire. Dans leurs rangs, la colère monte et pour Jean-Luc Lacombe, président de la Coordination Rurale du Cantal : « C’est le flou, c’est l’énervement. Les gens commencent à comprendre qu’il y a un danger qui peut arriver demain dans le Cantal. Il faut que l’abattage massif cesse très rapidement. Cela va priver les éleveurs de leurs animaux. On se pose beaucoup de questions, à savoir pourquoi on applique ce règlement européen à la lettre alors que d’autres pays comme l’Italie et la Grèce je crois ont demandé des dérogations. Il n’est pas question qu’on vienne euthanasier les animaux dans notre ferme, on n’acceptera pas. Il faut arrêter ce massacre» .
Du côté de la FNSEA, syndicat majoritaire dans le monde agricole, on modère : « C’est une maladie très préoccupante qu’on ne connaissait pas en France. On est inquiets, alarmistes je ne sais pas car l’Etat a mis en place un cordon vaccinal et on espère de tout cœur que ce soit efficace et qu’on stoppe la maladie » explique Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme.
Guillaume Thomas-Gingand, président du groupement technique des vétérinaires AURA, régulièrement en lien avec le gouvernement pour gérer cette crise développe et justifie les abattages : « C’est une mesure très très dure à prendre et à faire accepter sur le terrain. La dermatose nodulaire contagieuse, même si elle ne concerne que les bovidés n’est pas transmissible à l’homme. C’est une maladie reconnue catégorie ADE, c’est-à-dire le plus haut degré de contrôle au niveau européen. Elle conduit à des énormes pertes d’exploitation en plus d’un pourcentage de mortalité qui n’est pas tolérable à l’échelle du cheptel français et l’idée des mesures c’est vraiment de pouvoir assommer la maladie localement quand elle apparait. L’essentiel du travail sur place c’est de tout faire pour qu’elle ne se diffuse pas ».
Sur la situation en Savoie et Haute-Savoie : « Elle est restée cantonnée à 2 points chauds et pour le moment les zones de surveillance et de protection n’ont pas évolué depuis la prise en charge au mois de juillet. La mise en place de la vaccination ne concerne que les animaux de la zone de surveillance qui fait jusqu’à 50 kilomètres de diamètre, ce qui induit des restrictions de mouvement pour les échanges commerciaux de bestiaux. L’idée de l’Etat, c’est une mise sous cloche de la maladie, d’éradiquer les foyers et faire une vaccination concomitante autour de ces foyers; c’est de frapper très très fort pour éradiquer cette maladie et ne pas la laisser s’installer et récupérer un statut sanitaire français le plus rapidement possible ».
Mais du côté des éleveurs, ces explications pourraient ne pas suffire : ils ont décidé de manifester mardi 12 août devant le Préfecture du Cantal puis de se rendre l’après-midi devant l’usine d’équarrissage Sopa, où ils devraient être rejoints pas des collègues de la Corrèze et de la Lozère.
Propos recueillis par Romain Leloutre, Pascal Franco et Rémi Paquelet / France 3 Auvergne.
https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/cantal/dermatose-bovine-l-inquietude-gagne-le-cantal-3200895.html