Une cinquantaine de salariés du site de la Cegid de Châtillon-le-Duc (Doubs) sont concernés par une restructuration du groupe. Ils doivent accepter de déménager à Lyon, Boulogne-Billancourt ou Roubaix, sous peine d'être licenciés.
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Ils ne s'attendaient pas à une telle annonce. Les 57 employés de la Cegid de Châtillon-le-Duc, dans le Doubs, ont appris le 24 juin dernier, via un courrier de leurs délégués syndicaux, une décision radicale de la direction. Pour regrouper ses effectifs et être plus efficace, cette dernière envisage de délocaliser les filiales locales et leurs salariés dans de plus grandes structures, à Lyon, villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia du siège social, Boulogne-Billancourt ou Roubaix.
La Cegid est spécialisée dans la conception et la maintenance de logiciels de gestion pour les entreprises. Cette décision de la direction s'inscrit dans une stratégie de restructuration du groupe. Dans un communiqué interne que nous avons pu consulter, la direction annonce son ambition de devenir “le leader européen des solutions de gestion intégrant l'IA générative”. Pour ce faire, elle souhaite “rapprocher les équipes et consolider les expertises sur des sites géographiques majeurs sous un leadership unifié”.
Dans un tract émis par les représentants du personnel CFDT, l'information est passée pour alerter les salariés. “Nous sommes désolés de vous transmettre des éléments encore imprécis mais vue leur importance, pour nous, il était inconcevable de ne pas le faire. Nous prenons nos responsabilités”, indique cette lettre. Ce sont, en tout, 54 salariés du site de Châtillon-le-Duc qui devraient être concernés par cette mesure. Et pour eux, la pilule ne passe pas. Pour beaucoup, il s'agit d'un “plan social déguisé”. Dans le tract d'information, les représentants du personnel affirment : “Pour être très clair, chacun devra choisir entre accepter la mutation géographique qui lui sera proposée, ou être licencié et rentrer dans le dispositif de reclassement interne”.
Cette délocalisation concernera les métiers de la recherche et du développement, du customer care (service après-vente, conseils, maintenance, dépannage clients), du Cegid extended services (CES - services étendus) et de l’advanced services (services avancés ou supérieurs) de cinq sites en France : Aurillac, Besançon, Cournon, Nantes et Rennes. Choqués par cette annonce non officielle, les salariés réagissent depuis plusieurs jours, anonymement. “Comment pouvons-nous rester concentrés sur nos tâches avec une telle épée de Damoclès sur notre tête et celle de nos familles ? ”, “Ce sentiment de n'être que des pions et de mettre l'humain de côté nous frappe de plein fouet.”
De son côté, la porte-parole de la direction, contactée par France 3 Franche-Comté, évoque un “projet de regroupement sur des sites majeurs” non finalisé. “Nous comprenons qu'il y ait des inquiétudes, c'est tout à fait normal. Mais rien n'est encore décidé, nous en saurons plus à la fin des consultations en septembre prochain.” Mais si ce regroupement venait à être officialisé, la direction est claire : “il ne s'agit pas d'un plan social, nous ne sommes pas en train de licencier des salariés. Sur ce site de Besançon, le personnel travaille très bien, ce n'est pas une punition”, commente la porte-parole.
L'un des salariés, qui souhaite rester anonyme témoigne, auprès de France 3 Franche-Comté. “Notre entreprise est en partie détenue par un fonds d'investissement américain Silver Lake pour qui la croissance actuelle ne semble pas suffisante.” D'où ces changements qui vont affecter le personnel de plein fouet, sur le court terme dans un premier temps. “Je ne me vois pas prendre ma petite famille sous le bras et partir à Lyon sans garantie pour l'avenir”, confie un autre employé concerné par cette délocalisation.
Car la direction de la Cegid ne cache pas son ambition de devenir leader en termes de solutions intégrant l'intelligence artificielle générative, provoquant quelques inquiétudes chez les salariés. La direction se veut rassurante quant à l'outil d'IA générative. “Cela fait longtemps qu'on travaille dessus pour améliorer l'expérience des utilisateurs. Par exemple, cet outil permettra aux employés de différentes entreprises de comprendre leur fiche de paye grâce à une expérience personnalisée. Il n'est en aucun cas question de remplacer les salariés de la Cegid pour produire les logiciels de gestion”, explique la porte-parole. Pour preuve, la direction affirme “embaucher environ 450 personnes par an”.
Le plan de continuité d'activité et les consultations avec les représentants du personnel devraient se terminer en septembre 2025. Alors un retour en arrière est-il possible ? À en croire la direction de la Cegid, “beaucoup de choses peuvent encore se passer”. Du côté des salariés, l'optimisme est moindre : “Suite à ces échanges nous saurons enfin ce qu'il adviendra de nous réellement, même si j'ai eu confirmation que ce qui est indiqué dans le tract des représentants n'évoluera pas, les prochaines discussions concerneront l'ordre des départs.”
https://france3-regions.franceinfo.fr/bourgogne-franche-comte/doubs/si-on-refuse-on-sera-licencie-des-salaries-de-la-cegid-contraints-d-accepter-une-delocalisation-de-leur-activite-3180585.html